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Georges Philippar

Le Georges Philippar est un paquebot français lancé le à Saint-Nazaire. Appartenant à la Compagnie des messageries maritimes, il est affecté au transport de passagers sur les lignes d'Extrême-Orient. Considéré comme moderne lors de son lancement, il est le sister-ship des paquebots Félix Roussel (lancé en 1929) et Aramis.

Georges Philippar
illustration de Georges Philippar
Le paquebot en 1931 (carte postale).

Type Paquebot
Histoire
Chantier naval Chantiers de l'Atlantique, Saint-Nazaire
Lancement
Statut Brûle dans la nuit du 16 au 17 mai 1932, puis fait naufrage
Équipage
Équipage 253 personnes
Caractéristiques techniques
Longueur 171,50 m
Maître-bau 20,80 m
DĂ©placement 21 448 tonnes
Port en lourd 8 130 tonnes
Tonnage 17 359 tonneaux
Propulsion 2 moteurs Diesel
Puissance 11 000 ch
Vitesse 16 nœuds
Caractéristiques commerciales
Passagers 196 premières, 110 secondes, 90 troisièmes, 1 200 rationnaires
Carrière
Armateur Compagnie des messageries maritimes
Pavillon Drapeau de la France France
Port d'attache Marseille
Localisation du naufrage du Georges Phillipar, au large de l'actuel YĂ©men.
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Localisation du naufrage du Georges Phillipar, au large de l'actuel YĂ©men.

Il prend feu dans la nuit du 16 au puis coule au large d'Aden (actuel YĂ©men) lors du retour de son voyage inaugural au Japon et en Chine, entrainant la mort de 49 personnes dont le journaliste Albert Londres.

Historique

Origine du nom

Ce paquebot reçoit le nom de Georges Philippar, alors président de la Compagnie des messageries maritimes. Dans la marine marchande (voir, par exemple, le pétrolier Pierre Guillaumat) l'usage autorise à donner le nom d'un navire du vivant de la personne, contrairement à l'usage dans la marine nationale.

Caractéristiques techniques

Équipé de deux moteurs diesel Sulzer Diesel de 10 cylindres deux temps, deux hélices et deux cheminées carrées (plaisamment surnommées « jardinières de fleurs » par les matelots), il file 16 nœuds.

La propulsion Diesel est une nouveauté à cette époque et pour la faire accepter dans l'opinion, Georges Philippar crée un terme publicitaire moins allemand et plus latinisant pour désigner ce navire et ses sister-ships : les nautonaphtes.

L'installation Ă©lectrique est en 220 volts Ă  courant continu avec mise Ă  la masse par la coque (tension Ă©levĂ©e pour l'Ă©poque et pour du continu).

Elle est source d'incidents dès le chantier et durant toute la traversée inaugurale aller Marseille—Chine (échauffements, débuts d'incendie, courts-circuits, nettement minimisés par le commandant Vicq dans son rapport de mer pour des questions d'assurance, mais confirmés par les électriciens du bord et les ouvriers des Chantiers de l'Atlantique)

DĂ©coration

Parmi les artistes ayant participé à la décoration de ce paquebot, le peintre de la marine Mathurin Méheut réalise une peinture représentant Un faon avec un cerf et une biche, couchés dans un sous-bois.

La décoration, très luxueuse, utilise beaucoup de lambris en bois exotiques et le grand escalier, essentiel pour l'évacuation, est aussi en bois, verni à la cellulose (très inflammable) et les câbles électriques sont dissimulés derrière les boiseries.

Le naufrage

Parti du Japon vers l'Europe, de retour de son voyage inaugural, il transporte 767 passagers et 253 membres d'équipage. Alors qu'il quitte les eaux de l'océan Indien pour entrer dans le golfe d'Aden, le , aux environs de 2 heures 10, une passagère aperçoit de la fumée sortir de la cabine numéro 6. L'officier de quart, après avoir prévenu le commandant, tente d'éteindre le feu avec un extincteur. Quand il se rend compte de son impuissance à maîtriser le sinistre, il est déjà trop tard. Le vent aidant, le foyer se révéle trop important.

Le commandant décide alors de fermer les portes étanches; mais sa décision trop rapide laisse 54 passagers prisonniers, notamment le célèbre journaliste Albert Londres. Ne pouvant s'échapper, ils meurent brûlés vifs ou asphyxiés. Les autres passagers sont évacués dans l'ordre. 713 passagers parviennent à quitter le navire en feu dans les canots de sauvetage dont 420 sont recueillis par le paquebot des Messageries Maritimes André Lebon[1], un cargo soviétique Sovietskaia Neft, 129 par le cargo anglais Contractor et 149 par le cargo anglais Mahsud.

Le paquebot coule quelques jours après au large du cap Gardafui, dans le golfe d'Aden[2].

Une thèse alternative soutient que le commandant aurait décidé d'échouer le navire et le fit accélérer, ce qui eut pour conséquence d'attiser le foyer. Albert Londres serait mort noyé en s'échappant par un hublot[3].

L'enquête conclut que l'incendie avait pour origine un court-circuit qui avait pris naissance dans un câble électrique dissimulé derrière la cloison en bois d'une cabine. Toutefois, l'enquête n'empêche pas les rumeurs. Certains journaux de droite soupçonnent la main de Moscou. À l'extrême droite, on évoque, contre l'évidence, le rôle qu'auraient pu jouer les époux Lang-Willar, pourtant amis du grand reporter qui l'accompagnaient dans cette traversée. D'autres imputent à la mafia asiatique cet acte criminel (ayant pour but de tuer Albert Londres, qui rapportait de Shanghai un reportage sans doute explosif[4]). La compagnie des Messageries Maritimes reste toujours très discrète sur le drame du Georges Philippar.

Beaucoup de théories du complot évoquent le sabotage lié à ces révélations potentielles d'Albert Londres sur le trafic de stupéfiants et les menées japonaises en Chine. Cependant, les incendies de paquebots de luxe sont assez courants à l'époque, surtout en France, qui, à ce moment, boycotte les normes de sécurité anglo-saxonnes de la convention SOLAS. Pour ne citer que les plus importants : L'Atlantique (compagnie de navigation Sud-Atlantique), ou le Paris (Compagnie générale transatlantique), le Paul Lecat (Messageries Maritimes, remplacé précisément par le Georges Philippar).

Voir aussi

Bibliographie

  • Pierre Assouline, Le paquebot, Gallimard, , 396 p. (ISBN 9782072895296)
  • Bernard Cahier, Albert Londres : terminus Gardafui : dernière enquĂŞte, dernier voyage, Paris, ArlĂ©a, , 220 p. (ISBN 978-2-86959-978-9 et 2-869-59978-1, OCLC 785985950)
  • Jean-Paul Ollivier, Mon père, Albert Londres et le « Georges Philippar »[5], Ă©ditions GlĂ©nat, collection Hommes et ocĂ©an, 2010, (ISBN 2723473341)
  • Pierre Assouline, Albert Londres : vie et mort d'un grand reporter : 1884-1932, Paris, Gallimard, coll. « Folio » (no 2143), , 632 p. (ISBN 978-2-07-038226-2 et 2-070-38226-5, OCLC 462060413, BNF 35072105)
  • Robert de La Croix, Navires sans retour, Saint-Malo, Éd. l'Ancre de marine, (1re Ă©d. 1959), 233 p. (ISBN 978-2-84141-101-6, BNF 36159714, lire en ligne)
  • Jean Hazard et Maurice Coquin, L'Atlantique dix mètres sous la flottaison, Ă©d. Louis Soulanges, 1967

Articles connexes

Liens externes

  • Alain R. Bertrand, Transport maritime et pollution accidentelle par le pĂ©trole, faits et chiffres (1951-1999) [lire en ligne] Page 132 : l'article consacrĂ© au Georges Philippar (sur le site Google Books).
  • La fiche du Georges Philippar sur l'EncyclopĂ©die des Messageries Maritimes
  • Georges Philippar, site Frenchlines

Notes et références

  1. « Compagnie des Services Contractuels des Messageries Maritimes v. Tito Landi. », dans International Law Reports, Cambridge University Press (ISBN 9781316151358, lire en ligne), p. 464–465
  2. Alain R. Bertrand, Transport maritime et pollution accidentelle par le pétrole : faits et chiffres, 1951-1999, Paris, Éditions Technip, coll. « Publications de l'Institut français du pétrole », , 146 p. (ISBN 978-2-7108-0775-9 et 2-710-80775-0, BNF 37101175, lire en ligne), p. 132.
  3. Les grands naufrages, Gérard Piouffre, First Éditions, p. 64
  4. France Culture | http://www.franceculture.fr/oeuvre-la-guerre-%C3%A0-shanghai-dernier-reportage-de-albert-londres.html
  5. Résumé du livre sur le site Voilesnews.fr.
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