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Gatüzain

Le Gatüzain en souletin (gathuzaina en batua signifie « gardien du chat[1] »), parfois Gatia (le chat)[2] ou Gateroa (éleveur de chats[3]) est un des personnages principaux des mascarades souletines. Parent de l'Arlequin, il jouait jadis un rôle voisin de celui d'un bouffon dont la pince appelée « chat » servait à agacer les filles, effrayer les enfants ou profitant du tumulte de la mascarade, il saisissait les victuailles pendues au plafond dans les maisons où il s'introduisait. De nos jours, la danse a pris le pas sur la bouffonnerie[4].

Gatüzain
Personnage de fiction apparaissant dans
les Mascarades souletines.

La danse d'un Gatüzaina à Pagolle (2023).
La danse d'un Gatüzaina à Pagolle (2023).

Entourage gorriak

Description

Gatüzain porte une veste bleue avec un plastron blanc brodé d'argent ou d'or, un pantalon jaune, des bas blancs et des guêtres jaunes. Il est coiffé d'un bonnet blanc. Il se caractérise surtout par l'instrument qu'il porte, une longue pince articulée en forme de pantographe, qu'il déploie et referme lors de ses pas de danse[5]. Cet accessoire, nommé « chat », explique le nom du personnage : « celui qui détient le chat »[5].

Rôle dans la mascarade

Au sein de la troupe des « Rouges » (gorriak), les personnages bien habillés qui représentent l'ordre et la société souletine, Gatüzain fait partie des cinq danseurs principaux, les aitzindariak, « ceux qui marchent devant »[6] et dans l'ordre de marche il est en deuxième position, derrière le Txerrero et devant la Kantiniersa[5]. On affecte généralement ce rôle au moins bon danseur des cinq[7].

Parenté et interprétation

Violet Alford voit dans l'accessoire qu'il porte une représentation de la foudre, et dans ses gestes une cérémonie destinée à attirer la pluie sur les champs cultivés[5]. Au delà de cette interprétation originale, l'instrument est très répandu dans les farces carnavalesques d'Europe (France, Italie, Allemagne, Flandre, Espagne...)[5] : Gatüzain évoque ainsi par exemple le Ponpierra du carnaval d'Ustariz, une sorte de bouffon qui porte les mêmes grandes tenailles, nommées là haisturra[8] ; on retrouve aussi sa pince sous le nom de « hape-tchâr » au carnaval de Malmedy, en Wallonie[9], dans celui de Rottweil en Allemagne ou encore entre les mains de l'Arlequin italien[10].

Le personnage n'est pas une représentation animale[2]. Gatüzain serait une variante du personnage d'Arlequin commun à divers pays d'Europe au Moyen-Âge. Dans le groupe des cinq danseurs principaux, il est originellement une forme de fou et les couleurs qu'il porte, le jaune et le bleu, sont traditionnellement associées à la folie et détonnent avec le rouge du reste de la bande[8] , qui joue avec sa pince à faire peur aux enfants ou à embêter les filles[11]. Il n'est apparu dans la mascarade que dans le dernier tiers du XIXe siècle[8] - [12] et n'y serait devenu systématique qu'à partir de 1905[5]. Dans les versions primitives de la pièce, vêtu d'une veste blanche ornée de rubans et de pastilles colorés[2], il ouvre le chemin des danseurs (un rôle qui échoit désormais au Txerrero) et utilise sa pince pour dérober des victuailles suspendues sous les poutres des maisons qu'il visite[8].

Bibliographie

  • Jean-Michel Guilcher, La Tradition de danse en Béarn et pays basque français, Les Éditions de la MSH, , 727 p. (ISBN 978-2-901725-63-3, lire en ligne)

Références

  1. Formé de katu (chat) et du suffixe -zain (celui qui garde, celui qui prend soin de)
  2. Guilcher 1984, p. 559.
  3. gatero,-a = katu-saltzaile (vendeur de chats); katu-hazle (éleveur de chats)
  4. Dictionnaire ethnographique de Juan Garmendia Larrañaga (Juan Garmendia Larrañaga, Xabier Mendiguren Bereziartu Juan Garmendia Larrañagaren Hiztegi etnografikoa.
  5. Guilcher 1984, p. 556.
  6. François Fourquet, La mascarade d'Ordiarp, Bayonne, Association de recherche sociale Ikerka, Ministère de la Culture. Direction du Patrimoine Ethnologique. Convention de recherche 31119-1983, , 108 p. (lire en ligne)
  7. Marcel Bedaxagar, Les Mascarades : Carnaval populaire de la Soule, Institut culturel basque, coll. « Les Cahiers de Sü Azia », , 55 p., « Que sont les mascarades ? », p. 8
  8. Thierry Truffaut, Contribution à l'étude du "Gatüzain" des mascarades, Institut culturel basque, coll. « Les Cahiers de Sü Azia », , 55 p., « La Mascarade souletine », p. 47-50
  9. Jean-Dominique Lajoux, Les Mascarades : Carnaval populaire de la Soule, Institut culturel basque, coll. « Les Cahiers de Sü Azia », , 55 p., « La Mascarade souletine », p. 19
  10. Les Tournées du carnaval labourdin : Fiche d'inventaire du patrimoine culturel immatériel, Institut culturel basque, (lire en ligne), p. 27-28
  11. « Aitzindariak » (consulté le )
  12. Guilcher 1984, p. 651.
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