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Gaspard de Gueidan

Charles Pierre Gaspard, marquis de Gueidan, seigneur de Castellet-lès-Sausses, né le à Aix-en-Provence et mort le à Aix-en-Provence, est un magistrat français, président à mortier au parlement de Provence, connu pour sa vanité et les polémiques qui l'ont entouré. Il est né à Aix-en-Provence paroisse de la Madeleine au sein d'une famille de noblesse de robe provençale.

Gaspard de Gueidan
Gaspard de Gueidan en président à mortier du parlement de Provence , par Hyacinthe Rigaud, toile conservée au musée Granet
Biographie
Naissance
Décès
Activité

Biographie

Origines familiales

Gaspard de Gueidan est issu d'une famille qui au XVIe siècle pratique le commerce de bestiaux à Reillanne, bourgade proche de Forcalquier[1]. Son grand-père, prénommé comme lui Gaspard (1616-1697) se marie le à Reillanne avec Catherine Brémond qui lui donne un fils Pierre (1646-1734). Ce grand-père franchit le premier degré vers la noblesse en achetant à Michel Albert Saint-Martin, son office d'auditeur archivaire à la Cour des comptes de Provence[2].

Son père, Pierre de Gueidan, se marie en 1677 avec Madeleine de Trets, fille d'un conseiller du roi au Parlement, ce qui confirme l'entrée à part entière des Gueidan dans l'aristocratie parlementaire. Le couple a huit enfants dont sept atteignent l'âge adulte, deux filles et cinq garçons :

  • Gaspard (1688-1767) l'aĂ®nĂ© et Jean ;
  • Marie-Anne et ThĂ©rèse qui entreront au couvent ;
  • Louise qui Ă©pouse en 1700 Joseph de Galice, conseiller au Parlement ;
  • Catherine qui Ă©pouse en 1707 François de Cadenet de Charleval, prĂ©sident au Parlement de Provence, dont un des deux fils, Joseph François sera Ă©vĂŞque d'Agde ;
  • Madeleine qui Ă©pouse en 1729 Joseph de Cabannes.

Pierre de Gueidan achète en 1681 une maison sur le grand cours d'Aix, aujourd'hui au 22 du cours Mirabeau, et en 1683 il acquiert sur la commune de Gardanne le domaine de Valabre qu'il agrandit progressivement. Pierre de Gueidan succède en 1691 à son père dans la charge d'auditeur à la Chambre des comptes et en 1713 achète un office de président à la Cour des comptes[3].

Les débuts de Gaspard de Gueidan

Gaspard de Gueidan en joueur de musette, par Hyacinthe Rigaud (1659-1743), 1738, musée Granet, Aix-en-Provence (INV. 880.1.23)

Gaspard de Gueidan achète le la charge d'avocat général au Parlement ce qui lui permet de se désister en faveur de son frère Jean de la charge d'auditeur à la Chambre des Comptes transmise la même année par son père Pierre[3]. Il est attaché à cette charge et y donne satisfaction ; ses plaidoiries remportent un tel succès qu’elles sont publiées chez l’éditeur parisien Quillau. Lorsqu'en 1734, à la mort de son père, il a l'opportunité d'une promotion par succession dans une charge de Président de la Chambre des Comptes, il renonce à cette possibilité[4]. Cependant il acquiert en 1740 une charge de président à mortier au Parlement, ce qui le place au sommet de sa carrière.

Le il épouse Angélique de Simiane, fille de Joseph marquis de Simiane et de Marguerite de Valbelle. Le couple a plusieurs enfants et notamment :

  • Joseph Gaspard, l'aĂ®nĂ©, nĂ© le et dĂ©cĂ©dĂ© le ; il Ă©pousera premières noces HĂ©lène de Clapiers-Collongues et en secondes noces Henriette de FĂ©lix d'Ollières. Il aura un fils unique de cette deuxième Ă©pouse, Alphonse de Gueidan (1783-1853) qui, dernier marquis de Gueidan, Ă©pouse JosĂ©phine Sibillot. Cette dernière, une fois veuve, se remarie avec Jules Lemercier de Maisoncelle de Richemond (1803-1882) et dĂ©cède le sans avoir eu d'enfants et lègue Ă  la ville de Gardanne le château de Valabre pour y faire un institut agronomique. Le château est actuellement occupĂ© par les services de la Protection Civile et sur les terres se trouve l'actuel LycĂ©e agricole de Valabre.
  • Anne AdĂ©laĂŻde (1725-1786) Ă©pouse le Pierre Louis de Demandolx de La Palud. D'après Louis AndrĂ©, membre de l'AcadĂ©mie d'Aix, cette AdĂ©laĂŻde aurait rencontrĂ© en 1749 Ă  Civitavecchia le sĂ©ducteur Giacomo Casanova et serait devenue sa maĂ®tresse connue sous le nom d'Henriette dans les mĂ©moires du VĂ©nitien[5].
  • Catherine nĂ©e le Ă©pouse le Claude de Prats, âgĂ© de soixante ans[6].
  • Pierre Claude Secret nĂ© en 1733, reçu de minoritĂ© dans l'ordre de Saint-Jean de JĂ©rusalem, Ă  l'âge de 8 ans, en 1741, et fit ses caravanes pour devenir chevalier de Malte en 1785 Ă  l'âge de 52 ans[7].
  • Étienne Alexandre nĂ© en 1735, reçu dans l'ordre de Saint-Jean de JĂ©rusalem, Ă  l'âge de 9 ans, en 1744 mais ne prĂ©sentera pas ses vĹ“ux de frère hospitalier[7].
  • TimolĂ©on nĂ© en 1744, reçu dans l'ordre de Saint-Jean de JĂ©rusalem, Ă  l'âge de 4 ans, en 1748, mais ne prĂ©sentera pas ses vĹ“ux de frère hospitalier[7].
Angélique de Simiane en Flore -1730- par Nicolas de Largillierre.

Il réussit, grâce aux nombreux services qu'il rendit dans divers procès, à présenter ses trois derniers fils dans l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem malgré une ancienneté dans la noblesse insuffisante[8]. Forcer la porte d'une telle institution constituait une acrobatie généalogique d'autant plus que la grand-mère des trois frères, Madeleine de Trets épouse de Pierre de Gueidan, avait des ancêtres figurant d'après les sources avignonnaises, au rang des néophytes convertis de la religion judaïque[9]. Une telle origine était éliminatoire pour pouvoir accéder à l'Ordre[9].

Une ambition démesurée

Gisant du baron de Gueidan par Jean-Pancrace Chastel.

Après avoir acquis la charge de président à mortier, Gaspard de Gueidan a l'ambition d'accéder à la haute noblesse. Il achète en 1746 les terres du Castellet, d'Aurenc et Mousteiret dans la viguerie de Guillaume au diocèse de Glandèves et obtient du chancelier Henri François d'Aguesseau de donner à la terre du Castellet le nom de Gueidan. Par la suite en il obtient l’érection de cette terre en marquisat de Gueidan.

Mais Gaspard de Gueidan ne se contente pas de cette situation, il veut effacer la trace de ses ancêtres marchands de bestiaux et pour cela il s'invente des ancêtres qu'il fait remonter jusqu'à Bertrand, comte de Forcalquier. Il va jusqu'à faire saisir le livre L'histoire héroïque et universelle de la noblesse provençale édité à Avignon en 1757 sous le pseudonyme collectif d'Artefeuil qui ne contient pas ses mémoires justifiant selon lui son ascendance jusqu'au comte de Forcalquier et fait insérer la version développée par ses soins[10]. Une telle mystification ne passe pas inaperçue et dans les années 1760 plusieurs chansons populaires tournèrent en ridicule les prétentions de Gaspard de Gueidan[11].

Gaspard de Gueidan acquiert du couvent des Observantins, une chapelle dans laquelle il fait installer vers 1757 un mausolée à Guillaume de Gueidan, fondateur mythique de sa famille avant 1208. Le gisant du mausolée, sculpté par Jean-Pancrace Chastel artiste renommé à cette époque, est revêtu d'une armure qui évoque plutôt le XVIe siècle et repose ses pieds sur un lion couché. À la Révolution, le couvent des Observantins est fermé et le mausolée rendu à la famille qui en fait don en 1836 au musée Granet[12].

Vaniteux, véritable incarnation du bourgeois gentilhomme de Molière, Gaspard II se pique de philosophie, de musique et de danse. Il ambitionne même un moment d’entrer à l’Académie française.

Son portrait est peint deux fois par Hyacinthe Rigaud, en 1719 puis en 1734, pour une commande livrée en 1738.

Gaspard de Gueidan est mort le Ă  Aix-en-Provence paroisse de la Madeleine et est enseveli le aux Observantins.

Notes et références

  1. Monique Cubells (préf. Michel Vovelle), La Provence des lumières : Les parlementaires d'Aix au XVIIIe siècle, Paris, Maloine, , 421 p. (ISBN 2-224-00949-6), p. 42.
  2. Registre Arrogantia, f°199.
  3. Michel Vovelle, Les folies d'Aix ou la fin d'un monde, Pantin, Le temps des cerises, , 286 p. (ISBN 2-84109-389-1), p. 157.
  4. Michel Vovelle, Les folies d'Aix ou la fin d'un monde, Pantin, Le temps des cerises, , 286 p. (ISBN 2-84109-389-1), p. 165.
  5. Louis Jean André, Memoires de l'Academie des sciences, agriculture, arts & belles lettres d'Aix. Tome 6. Aspects du XVIII° siecle aixois, Aix-en Provence, Académie d'Aix, (ISBN 2-906280-07-0), p. 191-192.
  6. Michel Vovelle, Les folies d'Aix ou la fin d'un monde, Pantin, Le temps des cerises, , 286 p. (ISBN 2-84109-389-1), p. 182-183.
  7. de La Roque, 1891, col. 114.
  8. Augustin Roux, « La famille des Gueidan » dans Une famille provençale: les Gueidan, Arts et livres de Provence, bulletin no 29, Marseille, juin 1956, p. 26.
  9. Michel Vovelle, Les folies d'Aix ou la fin d'un monde, Pantin, Le temps des cerises, , 286 p. (ISBN 2-84109-389-1), p. 185.
  10. Bulletin de la société d'études scientifiques et archéologiques de Draguignan, tome XXIX, p. 82 (1912-1913) Gallica.
  11. Michel Vovelle, Les folies d'Aix ou la fin d'un monde, Pantin, Le temps des cerises, , 286 p. (ISBN 2-84109-389-1), p. 191-192.
  12. Michel Vovelle, Les folies d'Aix ou la fin d'un monde, Pantin, Le temps des cerises, , 286 p. (ISBN 2-84109-389-1), p. 203.

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • Michel Vovelle, Les folies d'Aix ou la fin d'un monde, Pantin, Le temps des cerises, , 286 p. (ISBN 2-84109-389-1)
  • Une famille provençale: les Gueidan, Arts et livres de Provence, bulletin no 29, Marseille, , p. 9-132
  • Louis Jean AndrĂ©, Memoires de l'Academie des sciences, agriculture, arts & belles lettres d'Aix. Tome 6. Aspects du XVIII° Ă©diteur. Aix-en-Provence, AcadĂ©mie d'Aix, 1999, p. 191-192.
  • Monique Cubells, La Provence des Lumières, les parlementaires d’Aix au XVIIIe siècle, Paris, 1984, p. 56-57
  • Ariane James-Sarazin, Hyacinthe Rigaud et ces messieurs d’Aix-en-Provence, dans Bibliothèque de l’École des chartes, 2003, tome 161, p. 241-287.
  • Louis de la Roque, Catalogue des chevaliers de Malte appelĂ©s successivement chevaliers de l'ordre militaire et hospitalier de Saint-Jean de JĂ©rusalem, de Rhodes et de Malte, 1099-1890, Alp. Desaide, graveur hĂ©raldique, Paris,

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