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Gaspard Michel

Gaspard Michel, dit l’abbé Leblond, né à Caen le , mort à L'Aigle le , est un bibliothécaire et antiquaire français.

Gaspard Michel
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  70 ans)
L'Aigle
Nationalité
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Bibliothécaire, antiquaire
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Biographie

Après des études à la faculté des arts de Caen, l'abbé Leblond vint à Paris où il obtint un doctorat en théologie en 1762[1]. Il devint alors le secrétaire d’un des plus grands numismates du temps, Pellerin. Ses succès lors des concours de l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres (lauréat de quatre prix successifs entre 1768 et 1772), le firent connaître : en 1770, il fut choisi par l’abbé de Vermond pour succéder à Molé comme sous-bibliothécaire du collège Mazarin (c’est-à-dire de l’actuelle bibliothèque Mazarine) et, en 1772, il fut élu membre associé de l’Académie qui l’avait couronné et participa à ses travaux jusqu'à sa suppression en 1793. Il fit ensuite partie de l'Institut dès la création de celui-ci en 1795[2].

En 1790, il fut nommé secrétaire de la « Commission des Quatre-Nations », commission de savants instituée par l’Assemblée constituante pour inventorier et sauvegarder les richesses artistiques, scientifiques et littéraires devenues propriété de l’État, en raison notamment de la nationalisation des biens du clergé. Leblond demeura ensuite membre - souvent secrétaire ou président - de toutes les commissions qui se succédèrent sur ce même sujet : Commission des monuments ( - ), Commission temporaire des arts ( - ), Conseil de conservation des objets de sciences et d'arts ( - )[3].

En 1794-1795, l'abbé Leblond fit partie (avec Charles de Wailly, André Thouin et Barthélemy Faujas de Saint-Fond) du groupe de savants chargés de procéder aux saisies scientifiques et artistiques en Belgique, Hollande et Allemagne[4].

Il prit également une part déterminante dans le projet de création, en faveur de son protégé Alexandre Lenoir, du Musée des monuments français[5].

En 1799 il fut nommé par le Sénat conservateur membre du Corps législatif, mais en démissionna deux ans plus tard[6].

En 1791, il Ă©vinça l'abbĂ© Luce Joseph Hooke, bibliothĂ©caire du collège Mazarin, et prit sa place. Usant de son influence, il obtint dans un premier temps que la bibliothèque dont il avait la charge ne fĂ»t pas mise sous scellĂ©s puis rĂ©ussit Ă  lui faire attribuer en nombre livres et mobilier, parvenant Ă  augmenter de façon spectaculaire ses collections qui passèrent de 60 000 Ă  plus de 130 000 volumes (parmi lesquels plusieurs milliers de manuscrits enluminĂ©s provenant des abbayes parisiennes, des Ă©ditions rares, de somptueuses reliures, …) ; il meubla enfin la salle de lecture de la bibliothèque en y dĂ©posant commodes, bustes et lustres qui en font aujourd’hui encore l’incomparable ornement[7]. Son action lui valut d'ĂŞtre qualifiĂ©, après sa mort de « second fondateur de la bibliothèque Mazarine Â» par son ami et disciple Antoine-Alexandre Barbier.

Victime d'un accident de santĂ© en 1801, l'abbĂ© Leblond se retira auprès de sa sĹ“ur Ă  L'Aigle. TĂ©moin, le , de la chute d'une mĂ©tĂ©orite aux abords de la ville, il alerta ses confrères de l'AcadĂ©mie des sciences qui mandatèrent Jean-Baptiste Biot pour Ă©tudier le phĂ©nomène[8]. Peu de temps avant sa mort d'une « forte apoplexie mĂŞlĂ©e de goutte Â», Leblond aurait brĂ»lĂ© tous ses manuscrits dans un accès de dĂ©lire produit par une fièvre violente. Son monument funĂ©raire, dressĂ© par ses amis Dubos et Galeron a Ă©tĂ© dĂ©truit durant la Seconde Guerre mondiale.

On ne connaît aucun portrait de l'abbé Leblond.

Monseigneur Edouard Massaux, bibliothĂ©caire en chef de 1961 Ă  1965 de la prestigieuse grande bibliothèque de l'UniversitĂ© Catholique de Louvain raconte dans un manuscrit inĂ©dit[9] comment, en 1794, son prĂ©dĂ©cesseur Jean-François Van de Velde (bibliothĂ©caire de 1772 Ă  1797) considĂ©rĂ© comme ennemi par les "citoyens" Le Blond et De Wailly, commissaires de la RĂ©publique française, car ayant refusĂ© de prĂŞter le serment de fidĂ©litĂ© Ă  la RĂ©publique, fut emprisonnĂ© et condamnĂ© aux bagnes de Cayenne. Il parvint Ă  se sauver Ă  temps par la Hollande pour gagner l’Allemagne. Il rentra au pays après le Concordat de 1802 et dut constater que des milliers de volumes avaient Ă©tĂ© dĂ©truits ou volĂ©s, notamment de nombreux prĂ©cieux manuscrits. ExpulsĂ© Ă  nouveau par NapolĂ©on, il mourra Ă©puisĂ© après son dernier retour Ă  Louvain en 1814. 

Principaux ouvrages

  • Description des principales pierres gravĂ©es du cabinet de S. A. S. Mgr le duc d'OrlĂ©ans, premier prince du sang, Paris : chez M. l'abbĂ© de La Chau, ... ; chez M. l'abbĂ© Le Blond, ... et chez Pissot, tome premier, 1780 ; tome second, 1784, in-f°.
  • « Dissertation sur le vrai portrait d’Alexandre le Grand », MĂ©moires de l’institut national des sciences et arts, pour l’an IV de la RĂ©publique. LittĂ©rature et Beaux arts, tome premier, Paris, thermidor en VI, p. 615-642.
  • Dissertation sur les Attributs de VĂ©nus, qui a obtenu l'Accessit, au Jugement de l'AcadĂ©mie Royale des Inscriptions & Belles-Lettres, Ă  la SĂ©ance Publique du mois de , de L'imprimerie de Prault, Ă  Paris, 1776.
  • Dissertation sur les noms et attributs de Jupiter chez les diffĂ©rents peuples de l´Italie, Paris, 1771.
  • « Dissertations sur les vases murrhins Â», MĂ©moires de littĂ©rature, tirĂ©s des registres de l’acadĂ©mie royale des inscriptions et belles-lettres, t. XLIII, Paris, 1786, p. 217-227
  • « DrĂ´leries Ă©parses de cĂ´tĂ© et d’autre dans ce volume », [8e index de] MĂ©moire sur VĂ©nus, auquel l'AcadĂ©mie royale des Inscriptions & Belles-lettres a adjugĂ© le prix de la Saint Martin 1775, par M. Larcher..., Paris, Valade, 1775, in-8°. Deux Ă©ditions, la seconde plus longue.
  • Histoire de l'art chez les anciens, par M. Winckelmann ; traduite de l'allemand par M. Huber, nouvelle Ă©dition augm. et corr. par Krutoffer et l’abbĂ© Le Blond, Paris, Barrois aĂ®nĂ©, 1789, 3 vol., in-8°.
  • Lettre d'un amateur des beaux-arts Ă  M***, [Paris], : J.-C. Desaint, [1790], in-8°.
  • « MĂ©moire sur la vie et les mĂ©dailles d’Agrippa, gendre d’Auguste », Histoire de l’AcadĂ©mie royale des inscritpitons et belles-lettres, avec les mĂ©moires de littĂ©rature…, t. XL, Paris, 1780, p. 37-68.
  • MĂ©moires pour servir Ă  l'histoire de la rĂ©volution opĂ©rĂ©e dans la musique par M. le chevalier Gluck, Paris, chez Bailly, 1781, in-8°.
  • Monumens de la vie privĂ©e des douze CĂ©sars, d’après une suite de pierres gravĂ©es sous leur règne, Ă  CaprĂ©es, chez Sabellus, 1780, in-4°.
  • Monumens du culte secret des dames romaines, pour servir de suite aux monumens de la vie privĂ©e des XII CĂ©sars, Ă  CaprĂ©e, chez Sabellus, 1784, in-4°.
  • « Observations sur la magie », MĂ©moires de l’institut national des sciences et arts, pour l’an IV de la RĂ©publique. LittĂ©rature et Beaux arts, Tome premier, Paris, thermidor en VI, p. 181-199.
  • « Observations sur le prĂ©tendu dieu Lunus Â», Histoire de l’acadĂ©mie royale des inscriptions et belles-lettres, aves les mĂ©moires de littĂ©rature…, t. XLII, Paris, 1786, p. 381-391.
  • Observations sur quelques mĂ©dailles du cabinet de M. Pellerin, La Haye, Paris, Vve Desaint, 1771, in-4°, pl.
  • Observations sur quelques mĂ©dailles du cabinet de M. Pellerin,par M. l’AbbĂ© Le Blond… seconde Ă©dition revue, corrigĂ©e et augmentĂ©e par l’auteur ; suivie de nouvelles remarques de M. Pellerin sur l’ouvrage de M. Eckhel, Paris : chez Barrois l’aĂ®nĂ©, 1823, in-4°.
  • « Rapport sur des vases trouvĂ©s dans un tombeau près de Genève, dont le dessin a Ă©tĂ© adressĂ© Ă  l’Institut par la SociĂ©tĂ© pour l’avancement des sciences et arts de Genève, par MM. Vien et Leblond », MĂ©moires de l’institut national des sciences et arts. LittĂ©rature et Beaux arts, tome II, Paris, fructidor an VIII, p. 182-194, pl.
  • « Rapport sur le fragment d’un monument antique envoyĂ© Ă  l’Institut national par Achard, conservateur du musĂ©e de Marseille », [par Leblond, La Porte-Du Theil et Mongez, MĂ©moires de l’institut national des sciences et arts, pour l’an IV de la RĂ©publique. LittĂ©rature et Beaux arts, tome premier, Paris, thermidor an VI, p. 170-180.
  • « Recherches sur deux mĂ©dailles impĂ©riales de la ville d’Hippone », MĂ©moires de littĂ©rature, tirĂ©s des registres de l’acadĂ©mie royale des inscriptions et belles-lettres, t. XXXIX, Paris, 1777, p. 549-565.
  • « Recherches sur la ville de Lamia, sur les Lamiens, et sur quelques-unes de leurs mĂ©dailles », Histoire de l’AcadĂ©mie royale des inscriptions et belles-lettres, avec les mĂ©moires de littĂ©rature…, t. XL, Paris, 1780, p. 86-95.
  • Thesis theologico-hebraica in Sorbonna, propugnanda a Gaspardo-Michaele Le Blond, subdiacono Cadomaeo e Collegio Justitiano, juxta institutionem Cathedrae Aurelianensis, die Lunae 19 mensis Julii anno Domini M DCC LXII, Paris : Vincent, 1762.

Leblond passe également pour avoir collaboré aux ouvrages suivants :

  • Histoire gĂ©nĂ©rale et particulière des religions et du culte de tous les peuples du monde, tant anciens que modernes, par François-Henri-Stanislas-Delaulnaye, tome I, Paris : J.-B. Fournier, 1791, in-f°.
  • Observations prĂ©sentĂ©es au comitĂ© des monnaies de l'AssemblĂ©e nationale, par M. DuprĂ©, graveur en mĂ©dailles, [Paris], impr. de C.-F. Perlet, , in-8°.
  • Origine de tous les cultes, ou Religion universelle, par Dupuis..., Paris, chez H. Agasse, an III, 4 vol. in-4°, dont un atlas.

On lui attribue parfois Ă©galement :

  • Monsieur Guillaume ou Le disputeur. Nouvelle Ă©dition, revue, corrigĂ©e et considĂ©rablement augmentĂ©e, avec des notes critiques, politiques et littĂ©raires. Enrichie du portrait de M. Guillaume, disputant dans le CafĂ© de Patural, avec M. Larcher, de l'AcadĂ©mie des Belles-Lettres, Amsterdam, 1781, 116 p., in-8°. [1re Ă©d. sans lieu ni nom d’éditeur la mĂŞme annĂ©e ; ce texte est attribuĂ© par Barbier Ă  l’abbĂ© ThĂ©ophile-Imarigeon Duvernet]

Bibliographie

  • AntiquitĂ©, Lumière et RĂ©volution. L'abbĂ© Leblond (1738-1809), second fondateur de la Bibliothèque Mazarine, Paris, Bibliothèque Mazarine, 2009
  • Dictionnaire de biographie française, t. XX, 2003
  • S. Brunet, "Ă€ propos des 'captations' de livres et d'objets d'art durant la RĂ©volution : le rĂ´le de l'abbĂ© Leblond, conservateur de la Bibliothèque des Quatre-Nations", Archives de l'art français, 1959
  • Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, vol. 10, Paris, Administration du grand Dictionnaire universel, p. 288.

Notes et références

  1. Thesis theologico-hebraica, propugnanda a Gaspardo-Michaele Le Blond, subdiacono Cadomaeo e Collegio Justitiano, juxta institutionem Cathedrae Aurelianensis, die Lunae 19 mensis Julii anno domini M DCC LXII, Parisiis, Typis Vincenti, via Sancti Severini, M DCC LXII
  2. C. Vellet, Un parcours inachevé, une œuvre inaccomplie ? L’abbé Leblond savant et académicien dans Antiquité, Lumière et Révolution. L'abbé Leblond (1738-1809), second fondateur de la bibliothèque Mazarine, Paris, Bibliothèque Mazarine, 2009
  3. S. Chambon, Le rôle de l'abbé Leblond dans les commissions de savants, dans Antiquité, Lumière et Révolution. L'abbé Leblond (1738-1809), second fondateur de la Bibliothèque Mazarine, Paris, Bibliothèque Mazarine, 2009
  4. B. Savoy, Patrimoine annexé. Les biens culturels saisis par la France en Allemagne autour de 1800, Paris, Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme, 2003
  5. E. Schwarz, Leblond et son double. Portrait d'Alexandre Lenoir, dans Antiquité, Lumière et Révolution. L'abbé Leblond (1738-1809), second fondateur de la Bibliothèque Mazarine, Paris, Bibliothèque Mazarine, 2009
  6. Dictionnaire des parlementaires français, Paris, 1891.
  7. P. Latour, Du sous-bibliothécaire du collège Mazarin à l'administrateur perpétuel de la bibliothèque des Quatre-Nations, dans Antiquité, Lumière et Révolution. L'abbé Leblond (1738-1809), second fondateur de la bibliothèque Mazarine, Paris, Bibliothèque Mazarine, 2009.
  8. Relation d'un voyage fait dans le département de l'Orne pour constater la réalité d'un météore observé à l'Aigle le 6 floréal an 11, Paris, Baudoin, 1803
  9. La Bibliothèque de l'Université Catholique de Louvain. Manuscrit inédit d'Edouard Massaux, 1963, p.12-14. [Archives personnelles confiées à Luc Michel (chirurgien)]
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