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GĂ©rard Gasiorowski

Gérard Gasiorowski est un photographe, peintre et artiste plasticien français, né à Paris le , et mort à Bron[1] le .

GĂ©rard Gasiorowski
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  56 ans)
Bron ou Lyon
Nom de naissance
GĂ©rard Henri Gasiorowski
Nationalité
Activités

Vie et Ĺ“uvre

Après une formation Ă  l’École des arts appliquĂ©s entre 1947 et 1951, GĂ©rard Gasiorowski dĂ©veloppe progressivement une Ĺ“uvre entre les annĂ©es 1964 et 1972. L’artiste commence Ă  peindre en 1953 puis interrompt son activitĂ© de peintre en 1964. Cette coupure a Ă©tĂ© une pĂ©riode nĂ©cessaire pour lui, consistant Ă  trouver le bon moment pour peindre[2]. L'artiste Ă©prouvait simultanĂ©ment amour et haine envers la peinture, souvent Ă  des limites extrĂŞmes. Il s'interroge sur le rĂ´le de l'artiste tout en dĂ©cortiquant le tableau dans toute sa dimension et ce, avec une humour noir qui le caractĂ©rise[3]. Peintre, il fait un travail « prĂ©cisionniste Â» qui valorise un choix d’images rĂ©coltĂ©es chez l’éditeur Robert Delpire oĂą il est documentaliste. IntĂ©ressĂ© par le retour gĂ©nĂ©ral de l’image dans la pratique picturale de son temps, du pop art en particulier, il produit un travail original sans lien formel avec ce courant. Reproduisant et magnifiant des images photographiques, il dĂ©veloppe un travail en noir et blanc, sĂ©rie de tableaux qui connote Ă  la fois l’étrangetĂ© d’un album de famille et celle des photos de presse. Gasiorowski revendique en effet « l'inquiĂ©tante Ă©trangetĂ© Â» des images qu’il restitue. Après 1972, il rĂ©prouve toute assimilation ; très soucieux de construire une Ĺ“uvre Ă  partir d’une attitude radicale, il procĂ©dera dans son travail Ă  un effacement de l’image, de la peinture, du tableau.

MalgrĂ© le succès de ses premières toiles hyperrĂ©alistes (L'Approche, 1965), Gasiorowski, se lance dans une sorte de « suicide pictural » qui est une critique radicale de la tradition picturale occidentale et du marchĂ© de l’art. Il cherche Ă  faire disparaĂ®tre la peinture (sĂ©rie des « Albertines Â», 1971), Ă  Ă©liminer le cadre et la toile pour accumuler des jouets, avions de guerre, tanks, rails et trains jetĂ©s Ă  bas, maculĂ©s de peinture.

« Toute cette traduction de l’horreur n’est en fin de compte que l’horreur du pictural », dira-t-il au critique Bernard Lamarche-Vadel[4]. « Ce qui est en cause n’est et n’a toujours été que la peinture, l’acte pictural est mon unique problème[5]. »

C’est au moment où il reprend son activité qu’il reprend l’hyperréalisme américain de façon ironique en noir et blanc. Cette série, intitulée « L’Approche », intéresse et connaît un grand succès parmi les critiques d’art mais aussi au niveau commercial. Dans son travail, il procède toujours par série[6].

Gasiorowski s’ennuie et entre dans ce qu’il appelle sa « pĂ©riode Barbizon ». L’artiste connaĂ®t une pĂ©riode de dĂ©couragement et de dĂ©sillusion. Il n’est plus compris par son entourage et les personnes proches qui le soutiennent le dĂ©laissent et l’abandonnent. Il parvient Ă  rĂ©sister Ă  tout cela mais se dit nĂ©anmoins « choquĂ© de constater que le monde « officiel Â» de l’art puisse ĂŞtre aussi bigot que ça Â». Il souhaite alors dĂ©jouer les attentes du milieu artistique et se dĂ©tacher des conventions historiques de celui-ci. Son approche artistique est Ă  la fois sarcastique et nostalgique, notamment en ce qui concerne la peinture. Il produit diverses sĂ©ries Ă  commencer par « Les CroĂ»tes », oĂą il utilise ses excrĂ©ments comme Ă©lĂ©ments afin de crĂ©er des tableaux volontairement vulgaires et repoussants, provoquant le dĂ©goĂ»t et l’aberration. Il parodie ensuite des portraits photographiques de personnes disparues avec sa sĂ©rie « Les Albertines Â». Il s’ensuit « Les FatalitĂ©s Â» oĂą il joue sur la notion de « fausse ressemblance Â». Par la suite, il reprend des images issues du dictionnaire sur de très petits formats dans le but d’une rĂ©duction mĂ©canique de l’image dĂ©nuĂ©e d’imaginaire avec « Les Impuissances ». Il cherche d’autant plus l’effacement par la sĂ©rie « Les Aires Â» dans laquelle il reprĂ©sente des oiseaux volants, sans aucun dĂ©tail de reprĂ©sentation : seulement un V est peint sur monochrome. Il produit ensuite deux sĂ©ries « Les Fleurs Â» et « Les Amalgames » puis finit par « Les RĂ©gressions ». On peut se demander si Gasiorowski n’aurait pas volontairement organisĂ© la rĂ©gression de la peinture pour en arriver Ă  cette sĂ©rie oĂą il peint Ă  la manière d’un Ă©tudiant dĂ©butant en art. Le dĂ©sir Ă©tant de revenir Ă  un stade antĂ©rieur au « parfait pictural Â»[7].

Ses sĂ©ries dĂ©goulinent avec « Les CroĂ»tes Â» puis dĂ©crivent cliniquement son Ă©volution jusqu’aux « Impuissances Â» et aux « RĂ©gressions Â».

Le monde de l'art, les galeries, les musĂ©es, et mĂŞme les artistes ne lui pardonnent pas cette critique acerbe de la sociĂ©tĂ©. Plus aucune exposition ne lui est proposĂ©e et Gasiorowski s'enferme alors dans un isolement total. Il se retire du monde de l'art mais poursuit ses interrogations sur les fondements de l'art en inventant des fictions : d'abord celle de La Guerre (1975) puis l'AWK, fausse acadĂ©mie Worosiskiga (anagramme de son nom), acadĂ©mie imaginaire dirigĂ©e par un tyran, dont sortent 500 chapeaux signĂ©s des noms d'artistes cĂ©lèbres. LĂ  encore, il critique violemment le système du marchĂ© de l'art et dĂ©nonce la compromission des artistes, dĂ©montrant ici encore que l’humour est très prĂ©sente dans ses Ĺ“uvres jusqu’en 1982. Il avance d’ailleurs que pour lui l’humour est la forme raffinĂ©e du dĂ©sespoir. L’artiste est dans un processus de rĂ©pĂ©tition pour atteindre l’épuisement, selon lui « la fatigue, c’est le meilleur moment de la peinture Â».

Comme il l'a écrit, il reprend pied grâce à la confiance que lui témoigne Adrien Maeght. Sa première exposition à la galerie Maeght est organisée en 1981. Pour la première fois l'académie AWK est déployée. Malgré l'échec cuisant de l'exposition, d'autres expositions sont organisées et soutenues par Maeght. Le musée d'Art moderne de la ville de Paris lui consacre une rétrospective en 1983.

L’AWK peut se placer comme œuvre centrale dans la vie de Gasioroski, elle s’étale de 1975 à 1981 et renferme tout ce que l’artiste a pu créer jusque-là. Elle met un terme à une période de sa vie et lui permet de renaître. Ses prolongements et ses aboutissements la rendent complexe. On comprend qu’il s’est interrogé sur le sens de l’œuvre, sa fonction ainsi que son existence. AWK est une sorte d’enquête pleine d’éléments. Elle reflète la pensée de l’artiste, acceptant toutes les interprétations possibles, sans jamais figer l’œuvre. AWK se divise en deux temps chronologiques. Tous d’abord, l’œuvre s’inscrit dans la peinture et l’évolution de l’artiste puis elle part ensuite dans la fiction. L’œuvre est d’ailleurs elle-même un récit constituant une mythologie qui considère le travail artistique comme une globalité permettant de saisir ce qu’est la peinture. Pour lui, être peintre ne signifie pas simplement peindre[6].

Les fictions se succèdent, dĂ©routant les visiteurs. On y dĂ©couvre celle de l'Indienne Kiga (dernière et premières syllabes de son nom), de la tribu imaginaire des Worosis, incarnation prĂ©tendue de la peinture innocente et primitive. Apparaissent « Les Paysans Â» et les hommages Ă  CĂ©zanne. Kiga, qui est l'incarnation de la peinture primitive, mĂ©lange ses excrĂ©ments Ă  des plantes aromatiques, obtenant ainsi un produit avec lequel elle fabrique des compositions Ă  la manière de Paul CĂ©zanne.

Parallèlement Ă  ces travaux fictionnels dont l’aventure est traduite en peintures, dessins, objets peints, sculptures organiques, deux sĂ©ries de peintures, « Les Fleurs Â» et « Les Amalgames Â», se dĂ©veloppent avec une vĂ©ritable virtuositĂ©.

Après 1983, Gérard Gasiorowski revient définitivement à la peinture et développe de grands ensembles souvent monumentaux soutenus par l’inscription d’une ligne, fil d’Ariane d’un parcours qui, de pièce en pièce, se revendiquait comme une œuvre unique. Cette dernière partie de l’œuvre s’installe dans l’invention et la référence, de Lascaux à Manet comme autant de cérémonies contemporaines. C’est dans la certitude d’avoir rejoint le territoire de la peinture que Gasiorowski peint un dernier polyptyque de douze tableaux, Fertilité.

Il meurt brutalement d'un infarctus en . Il est enterré à Saint-Julien-du-Sault.

Notes et références

  1. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  2. Œuvre sur papier du Centre Georges Pompidou, musée d'art national moderne, Au fil du trait, de matisse à basquiat, Carré d'Art.
  3. GĂ©rard Gasiorowski - Galerie Adrien Morceaux Choisis 1970-1986.
  4. Cité par Michel Guilloux, art. cit.
  5. Ibid.
  6. Académie Worosis Kiga - Gasiorowski. 1979.
  7. GĂ©rard Gasiorowsk : « Recommencer. Commencer de nouveau la peinture Â», CarrĂ© d'Art.

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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