GĂ©ognosie
La gĂ©ognosie (du grec ancien geo : ÎłÎ·Ì (guĂȘ) « terre » et -gnosie, ÎłÎœáż¶ÏÎčÏ (gnĂŽsis) « connaissance »), est un terme utilisĂ© jusqu'au XIXe siĂšcle pour dĂ©signer l'Ă©tude par les gĂ©ognostes de la composition de l'Ă©corce terrestre, la description des formations stratifiĂ©es, ainsi que de lâanalyse des gĂźtes minĂ©raux et mĂ©tallifĂšres[1].
« Uniquement descriptive, elle prĂ©cise les relations mutuelles et le contenu minĂ©ralogique des unitĂ©s lithologiques superposĂ©es, et aboutit dâune part Ă lâĂ©tablissement dâune chronologie relative, et dâautre part Ă la crĂ©ation de cartes gĂ©ologiques en couleur. Cette science aux enjeux miniers Ă lâaube de la rĂ©volution industrielle a Ă©tĂ©, selon François Ellenberger, lâune des bases organisatrices de la gĂ©ologie moderne. Elle naĂźt entre 1810 et 1830 aprĂšs une triple prise de conscience : dâabord celle de lâimmensitĂ© des temps gĂ©ologiques, qui ne fait plus problĂšme, mĂȘme chez les chrĂ©tiens fervents ; ensuite, la succession des faunes dans le temps, grĂące aux travaux de Georges Cuvier, concept rĂ©orientĂ© par Jean-Baptiste de Lamarck dans un sens Ă©volutionniste, et Ă la datation des couches par leurs fossiles caractĂ©ristiques, Ă©tablie par Alexandre Brongniart et William Smith ; enfin, par lâinexistence dâune formation primitive originelle montrĂ©e par James Hutton dans Theory of the Earth (1788, 1795). Un siĂšcle avant Nietzsche, James Hutton donne une fin de non recevoir Ă lâobsession de lâorigine. Jusquâalors, plutonisme et neptunisme sâopposent[2] ».
Historique
Le terme a été défini par Abraham Gottlob Werner en 1776 pour désigner la « science qui étudie la répartition naturelle des minéraux dans tous les types de roches, les relations entre ces roches, leur répartition géographique », science exercée par de nouvelles générations de naturalistes appelés géognostes. Il a été utilisé jusqu'au début du XIXe siÚcle puis fut remplacé par les termes stratigraphie et géologie, bien que certains auteurs aient employé dans leurs écrits les deux termes simultanément comme chez Casiano de Prado (es) ou Guillermo Schulz (es).
Une distinction a été faite entre la géognosie préparatoire, qui comprenait la géomorphologie, la pétrographie et la paléontologie, et la géognosie systématique, qui visait à mieux comprendre la structure de la croûte terrestre.
En 1839, le géologue et paléontologue, Philippe Matheron, publie un ouvrage consacré à la géognosie, Essai sur la constitution géognostique du département des Bouches-du-RhÎne[3].
Le terme disparaßt définitivement de la littérature scientifique au XXe siÚcle[4]. Le terme sera remplacé par celui de « géologie », utilisé depuis la fin du XVIIIe siÚcle. La géologie faisait d'abord référence à la zone d'investigation relativement limitée de l'histoire de l'évolution de la Terre. Plus tard, le sens du terme s'est élargi, et la géologie, en tant que science de la construction et de l'histoire évolutionnaire de la terre, a complÚtement supplanté le terme « géognosie ».
Bibliographie
- Jean-François d'Aubuisson de Voisins, Amédée Burat, Traité de géognosie, 3 vols., 1819-1835[5]
- Marcel de Serres, GĂ©ognosie des terrains tertiaires, 1829
- Claude Antoine Rozet, Cours élémentaire de géognosie, 1830
- Clemençon, Considérations sur la géognosie et sur l'extraction des diamants du Brésil, 1836
- G. Barruel, Cours élémentaire de géologie, minéralogie et géognosie, 1843
Notes et références
- Dictionnaire de lâAcadĂ©mie française, huitiĂšme Ă©dition, 1932-1935 (gĂ©ognosie)
- Régis Poulet, « De la géologie à la géopoétique », sur institut-geopoetique.org (consulté en ).
- Philippe Matheron, Essai sur la constitution géognostique du département des Bouches-du-RhÎne, BibliothÚque patrimoniale numérique
- E. Ălvarez Muñoz, FilosofĂa de las ciencias de la tierra: el cierre categorial de la geologĂa, 22: Pentalfa Ediciones, 2004, p. 355 (Lire en ligne)
- Jean-François d'Aubuisson de Voisins, Traité de géognosie, éditions Levrault, Paris, 1835