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Frette zéro

Une frette zéro est, sur les instruments à cordes tels que guitares, banjos ou mandolines, une frette insérée tout au début de la touche devant le sillet. Son rôle est de donner la hauteur de corde à vide au-dessus de la touche. La plupart des guitares aujourd'hui produites en sont dépourvues, dans la mesure où leur sillet assure cette fonction tout en déterminant les intervalles entre les cordes. Avec une frette zéro, ces deux fonctions sont séparées, les encoches du sillet ne servant plus qu'à donner l'espacement des cordes.

Frette zéro sur une ancienne guitare allemande Hopf, de 1963 (modèle Saturn 63).

La frette zéro est restée fortement associée aux guitares économiques européennes des années 1960. Elle n'est de nos jours montée que sur une minorité d'instruments, mais elle conserve ses partisans dans le domaine des instruments haut de gamme.

Avantages

  • La frette zĂ©ro est une solution simple et Ă©conomique pour assurer une hauteur d'action idĂ©ale au dĂ©but de la touche (elle est gĂ©nĂ©ralement d'un calibre lĂ©gèrement supĂ©rieur Ă  celui des autres frettes), en suivant exactement la courbure du manche. Aucun usinage de prĂ©cision n'est requis sur le sillet, qui peut ĂŞtre une simple pièce moulĂ©e en bakĂ©lite ou autre polymère.
  • Inversement, les encoches d'un sillet seul doivent faire l'objet d'une dĂ©licate mise au point pour garantir le meilleur rĂ©sultat, travail qui n'est Ă  la portĂ©e que de techniciens expĂ©rimentĂ©s.
  • La frette zĂ©ro permet d'utiliser des cordes de n'importe quel tirant, alors qu'un sillet seul tend Ă  ĂŞtre optimal pour un tirant de cordes donnĂ© (des cordes plus grosses risquent de se bloquer ou de se retrouver trop hautes, des cordes plus fines risquent de laisser du jeu et donc d'amortir la vibration).
  • Les instruments dotĂ©s d'une frette zĂ©ro sont en gĂ©nĂ©ral plus faciles Ă  jouer sur les premières cases, en particulier les guitares acoustiques montĂ©es de cordes Ă  fort tirant ou Ă  douze cordes.
  • Selon certains musiciens, le fait que les cordes reposent toujours sur une frette mĂ©tallique mĂŞme quand elles sont jouĂ©es Ă  vide procure une meilleure homogĂ©nĂ©itĂ© du son.

Inconvénients

  • Avec le temps, et plus particulièrement en cas d'usage intensif du vibrato, les cordes crĂ©ent des rainures sur la frette zĂ©ro, et il peut arriver que des bends vigoureux effectuĂ©s vers le dĂ©but de la touche fassent dĂ©railler la corde de cette rainure, entraĂ®nant un dĂ©clic audible.
  • La juxtaposition d'un sillet et d'une frette zĂ©ro tend Ă  crĂ©er un point supplĂ©mentaire de friction, et par consĂ©quent davantage de possibilitĂ© qu'une sous- ou surtension occasionnĂ©e par un coup de vibrato ou un bend vigoureux reste partiellement emprisonnĂ©e entre le sillet et la mĂ©canique, d'oĂą risque de dĂ©saccordage.

Historique

La frette zéro est pratiquement inexistante au XIXe siècle. Les guitares de type espagnol à cordes en boyau la rejettent absolument, de même que les premières guitares américaines à cordes en acier. Elle semble ne s'être répandue en Europe que dans l'entre-deux-guerres, surtout pour des fabrications allemandes et italiennes à bon marché. Pourtant, dès cette époque, on la trouve aussi montée sur des instruments de grand prestige comme les Selmer conçues par Mario Maccaferri. Depuis lors, elle est restée un attribut obligé des guitares acoustiques pour style manouche.

À partir des années 1950 et jusque dans les années 1970, quasi tous les fabricants européens de guitares montent des frettes zéro sur leurs instruments, excepté les Suédois (Levin, Hagström), très sensibles aux demandes du marché américain, et Höfner qui l'abandonne peu à peu vers la fin des années 1960.

À l'inverse, les principaux facteurs américains (Gibson, Fender, Martin) l'évitent systématiquement, avec là aussi quelques exceptions comme Mosrite et occasionnellement Gretsch.

Aux alentours de 1980, la disparition de la plupart des grands fabricants européens (Framus, Eko, Burns, Jacobacci etc.) ainsi que de Mosrite a donné à la frette zéro l'image d'une relique du passé, à tort ou à raison.

Cependant, des instruments hautement réputés comme les guitares Vigier en France ou les basses MTD aux États-Unis continuent à considérer la frette zéro comme irremplaçable aux points de vue de la qualité de son et de la facilité de jeu. Elle fait partie des nombreuses particularités qui distinguent la célèbre Red Special de Brian May.

Ce système est avant tout une tradition de la lutherie italienne, qui offre l'avantage d'ĂŞtre tout aussi efficace qu'un sillet de tĂŞte et plus facile Ă  mettre en Ĺ“uvre ; par contre, la frette zĂ©ro ne permet pas le rĂ©glage de l'action du cĂ´tĂ© de la tĂŞte, comme avec un sillet (il faut donc le prĂ©voir une fois pour toutes).

Maccaferri et les autres grands luthiers « manouche » des annĂ©es 1930, 1940 et 1950 (Busato, di Mauro, Favino, Castellucia) Ă©tant tous d'origine italienne, il n'est pas Ă©tonnant qu'ils aient choisi cette solution.

Le « Zero-Fret Adjustable Nut » de Gibson

À l'automne 2014, la firme Gibson présente un nouveau type de sillet réglable en hauteur, appelé Zero-Fret Adjustable Nut (ou Z-FAN), disponible sur ses guitares à partir de 2015. Il reprend explicitement le principe de la frette zéro en séparant les fonctions espacement et hauteur des cordes, mais consiste en une pièce unique, en laiton, combinant une partie sillet et une partie frette. Entre les deux se trouvent deux vis Allen autorisant un réglage précis de la hauteur d'action au début de la touche[1].

Notes et références

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