Franc-maçonnerie au Portugal
La franc-maçonnerie au Portugal existe depuis 1727 et connaît plusieurs périodes de développement et d'extinction qui suivent l'histoire politique du pays. Elle est reconnue dès 1802 et connaît de nombreuses péripéties jusqu'à son interdiction en 1935. Après la Révolution des Œillets du , elle reprend ses activités au sein du Grand Orient lusitanien (GOL) et avec le retour de la démocratie de nombreuses obédiences se créent de nouveau.
Histoire
XVIIIe siècle
La franc-maçonnerie est introduite au Portugal en 1727, par des commerçants britanniques qui créent un premier atelier à Lisbonne. En 1733, un second atelier est fondé par des frères dont la plupart sont Irlandais et catholiques. Mais en 1738, cette loge est dissoute au regard de la bulle pontificale In eminenti apostolatus specula de Clément XII du . Un troisième atelier voit le jour en 1741 à Lisbonne, à l'initiative du lapidaire suisse Jean Coustos (1703-1746) et deux autres membres portugais qui seront arrêtés par l'Inquisition portugaise et interrogés sous la torture dans les années 1740[1].
La franc-maçonnerie portugaise se réorganise entre 1760 et 1770 grâce à la tolérance du marquis de Pombal (1699-1782). Il s'installe alors des loges à Lisbonne, Coimbra, Valence, Porto et aux Açores. Mais à la chute du marqui de Pombal en 1777, l'Inquisition et la police démantèlent les loges existantes. À partir de 1798, avec l'arrivée d'un corps expéditionnaire anglais, trois loges militaires et une quatrième acceptant des civils se mettent en activité en étant affilié à la Grande Loge d'Angleterre[1].
XIXe siècle
Au début du XIXe siècle, Hipólito José da Costa se rend à Londres pour faire reconnaître le Grand Orient lusitanien (Grande Oriente Lusitano) qui est fondé en 1802. Mais en 1809-1810, les persécutions reprirent et la franc-maçonnerie est de nouveau démantelé. L'ordre renaît brièvement après l'invasion des troupes napoléoniennes et s'éteint en 1817. Une brève renaissance de l'ordre entre 1826 à 1828 ne résiste pas à de nouvelles persécutions. Les francs-maçons portugais se rallient à la franc-maçonnerie brésilienne[1].
Il faut attendre la victoire définitive du libéralisme de 1834 qui amène des francs-maçons au pouvoir et pour voir le Grand Orient lusitanien reprendre ses activités. Mais des scissions, entre 1849 et 1867, voient la création d'un « Suprême Conseil portugais de grands inspecteurs généraux du 33e degré » qui autonomise le Rite Écossais Ancien et Accepté (introduit dès 1837). En 1869, l'unification prend forme sous le nom de « Grand Orient lusitanien uni, Suprême Conseil de la franc-maçonnerie portugaise ». La période de 1864 à 1926 sera la période faste à l'implantation maçonnique au Portugal[1].
En 1870, les francs-maçons sont près de 500 frères pour 36 ateliers. En 1913, ils sont plus de 4 000 répartis dans près de 200 loges. La révolution espagnole de 1868 amène de nombreuses loges d'Espagne et des colonies espagnoles à rejoindre le Grand Orient lusitanien uni (GOLU), ainsi que quelques loges roumaines et bulgares[1].
XXe siècle
Au début du XXe siècle, la franc-maçonnerie portugaise soutient la constitution de la Carbonária Portuguesa et déclenche la révolution républicaine de 1910. Cette politisation provoque une multiplication des initiations. Dans les gouvernements, jusqu'en 1926, on trouve de nombreux francs-maçons. Mais le rapprochement du GOLU avec le Parti républicain en 1914 provoque la création d'une nouvelle obédience qui draine un tiers des effectifs. Début 1926, les deux obédiences se réunissent un peu tard pour contrecarrer les forces de droite qui instaure une dictature militaire le . La franc-maçonnerie est de nouveau inquiétée et en 1935 elle est légalement interdite. Néanmoins le GOL résiste dans la clandestinité durant 37 ans. Durant la seconde guerre mondiale le GOL tente de se faire reconnaître par la Grande Loge unie d'Angleterre sans succès. Après la Révolution des Œillets du , le GOL renaît et l'État portugais lui restitue le musée maçonnique portugais (pt))[1].
La juridiction portugaise « le Droit humain » prend naissance en 1923 à l'initiative d'Adelaide Cabete, vénérable maître de la loge Humanidade au sein du GOL quand on lui demande d'y rester en tant que loge d'adoption. Elle quitte le GOL et crée d'autres loges sous l'égide de l'OMMIDH. Mais avec l’avènement de la dictature militaire, le DH disparaît du Portugal. Dès 1980 il se réimplante par la réactivation d'une nouvelle loge Humanidade à Lisbonne qui donne naissance, quelques années plus tard à la Fédération portugaise « le Droit humain ». D'autres obédiences suivent[1].
Situation obédientielle
Les scissions au sein de la franc-maçonnerie dite régulière du courant anglo-saxons conduisent à la création d’obédiences diverses comme la Grande Loge du Portugal en 1986 et plus tardivement en 1990 à la Grande Loge régulière du Portugal. La franc-maçonnerie mixte présente depuis 1980 est rejointe par une franc-maçonnerie féminine au travers de la Grande Loge féminine du Portugal [1]. En 2016, l'ensemble des courants de la franc-maçonnerie sont présents au Portugal.
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Freemasonry in Portugal » (voir la liste des auteurs).
- António Henrique de Oliveira Marques, « La franc-maçonnerie portugaise », sur www.bibliomonde.com, (consulté le ).
Annexes
Articles connexes
Bibliographie
- António Henrique Rodrigo de Oliveira Marques (pt) A maçonaria em Portugal. Lisbonne, 1998. (ISBN 978-972-662-644-2).[lire en ligne]