François de Beaumont
François de Beaumont, baron des Adrets (né en 1512 ou 1513 - mort en 1587) est un capitaine dauphinois des guerres de Religion. Réputé pour sa cruauté dans les actions, il est un fidèle partisan des troupes protestantes, puis change de camp en 1564 pour rejoindre les catholiques.
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Biographie
Il naît vers 1512 ou 1513 dans la maison-forte de son père à Villard-Château, dans la commune des Adrets.
De 1525 à 1559, il guerroie en Italie, où il se distingue par sa bravoure sous les ordres du maréchal de Brissac. Il est fait prisonnier en 1558, à Moncalvo par les Espagnols et doit payer rançon pour se libérer.
À la suite du massacre de Wassy en par de Guise puis des défaites des armées protestantes à Cahors, Amiens, Sens, il prend en avril le commandement des protestants de Provence, et pénètre dans Valence avec 8 000 hommes. À partir de cet instant et par des chevauchés fulgurantes, il pille et saccage Vif[1], déroute l'adversaire à Romans-sur-Isère, Vienne et Grenoble où il pille la collégiale Saint-André et la cathédrale Notre-Dame de Grenoble. Ils pillent et brûlent le monastère de la Grande Chartreuse, le 5 juin 1562[2]. Le , il rentre victorieux dans la ville de Lyon[3]. Après avoir pris Feurs dans le Forez, le 3 juillet, il marche sur Montbrison à la tête de quatre mille hommes et s'en empare le . Il y fait sauter la garnison du haut des remparts sur des piques.
Le baron se dirige ensuite directement vers le château de Montrond, où le gouverneur du Forez s'était retranché. Il y entre le lendemain ; puis, y laissant Quintel, un de ses lieutenants, se retire à Lyon, non sans avoir laissé derrière lui de nombreuses traces de sang. À Montrond il pille l'église ; et parce qu'ils étaient trop lents à lui apporter les vases sacrés, il fait, ajoute la chronique, « jeter en bas du clocher le curé et le marguillier ».
Cette façon de faire la guerre déplaît à Calvin. Le 17 juillet, il est remplacé à Lyon, au poste de lieutenant général, par Soubise. Le récit des représailles d’Orange par les troupes papales le met en furie. Il brûle la Grande Chartreuse, puis pille et massacre dans plusieurs villes de la vallée du Rhône. Le , le palais des papes de Sorgues, défendu par une garnison italienne, fut brûlé par le baron[4].
Son contemporain Jacques-Auguste de Thou narre : « le Baron va à Tulette, à deux lieues de Valréas, il chasse les Italiens qui sont en garnison à Caderousse, à Bédarrides, à Courthézon, à Orange, à Sarrians, à Piolenc, et à Châteauneuf. Il se rend maître du pont de Sorgues, et du fort qui est dessus. L'épouvante et la frayeur que son arrivée causent dans le pays sont si grandes, que même la ville d'Avignon craint et se prépare à soutenir un siège : mais il fait tout d'un coup volte-face, et tourne du côté de Carpentras, qu'il croit pouvoir surprendre par finesse »[5].
Un historien du début du XIXe siècle donne une version légèrement différente : « Il attaque le superbe château du Pont de Sorgues, anciennement bâti par le cardinal François de Clermont. Quelques Italiens mis en garnison par Fabrice Serbelloni, font mine de vouloir le défendre : il les enterra tous pêle-mêle dans les cendres de la place presque entièrement brûlée »[6].
Le baron ruina aussi le couvent des CĂ©lestins de Gentilly de Sorgues[7].
En novembre, il rencontre le duc de Nemours, assiégé dans Vienne, qui offre au baron des Adrets le titre de gouverneur du Dauphiné. Mais en décembre Condé le démet de son poste.
Le baron quitte alors la religion protestante et revient au catholicisme.
En 1564, le baron des Adrets, alors catholique, échoue devant Sancerre, place forte protestante. Il juge l'entreprise difficile et conseille à Claude de La Châtre, gouverneur du Berry, de se retirer. En 1567, il repart en guerre aux côtés du lieutenant général du Dauphiné, Bertrand de Gordes, sous la bannière des catholiques[8] à la tête de son régiment, le régiment des Adrets. Deux ans plus tard il se remet en campagne, mais son infanterie est écrasée à Selongey. Enfin, dans le Trièves, il gagne sa dernière bataille contre Lesdiguières.
Il se retire dans son château de la Frette où il emploie son humeur belliqueuse qui l'avait conduit à tant d'excès à des procès contre des membres de sa famille, sa belle-mère et sa belle-sœur pour l'héritage de son beau-père. Il décède en 1587, dans son lit[9] - [10] (certains auteurs donnent la date du 2 février[11]). On ignore le lieu de sa sépulture.
Famille
Il est le fils de Georges de Beaumont, baron des Adrets et de Jeanne de Guiffrey, sœur de Guigues Guiffrey. Il épouse Claude de Gumin dont il a plusieurs enfants. Aucun de ses deux ou trois fils ne lui a survécu. L'un d'eux trouve la mort au siège de La Rochelle en 1573[12]. Il laisse également deux filles dont une seule a des descendants.
Archives
En 2013, le conseil général de l'Isère a pu acquérir en préemption pour les archives départementales de l'Isère, une lettre rédigée le par François de Beaumont, informant le lieutenant général du Dauphiné Bertrand de Gordes de l'état d'avancement d'un rassemblement de soldats près de Grenoble[13].
- Plaque de verre, collection V Perrot, 1910.
Notes et références
- Yves Armand et Jean-Claude Michel, Histoire de Vif, Mairie de Vif, , 292 p., « Les Guerres de Religion », p. 99-101
- Cyprien-Marie Boutrais, La Grande Chartreuse (Nouvelle Ă©dition refondue et mise Ă jour), Grenoble, Arthaud, , 528 p. (lire en ligne), p. 96
- Patrice Béghain, Bruno Benoît, Gérard Corneloup, Bruno Thévenon (coord.), Dictionnaire historique de Lyon, Lyon, Stéphane Bachès, 2009, 1 054 p.
- Robert Bailly, op. cit., p. 412.
- Histoire universelle par Jacques-Auguste de Thou, 1560-1567, vol. 3, La Haye, 1740
- J.C. Martin, Histoire militaire et politique de François de Beaumont, baron des Adrets, Grenoble, 1803
- Jules Courtet, op. cit., p. 317.
- Selon Paul Dreyfus dans Histoire du Dauphiné, page 145.
- Gilbert Dalet, L'étrange figure du baron des Adrets, FeniXX réédition numérique, (ISBN 978-2-307-20436-7, lire en ligne)
- Eugène Arnaud, Histoire des protestants du Dauphiné aux XVIe, XVIIe et XVIIIe Siècles, Grassart, (lire en ligne), p. 452
- Paulin, Histoire de Saint-Jean-de-Cole (en Périgord) depuis la fondation de l'église (1080) jusqu'à nos jours: comprenant l'historique du prieuré, du château et des congrégations qui ont successivement habité le pays, suivi de l'application des décrets du 29 mars aux chanoines prémontrés, Seguin frères, (lire en ligne), p. 95
- Arlette Jouana, Histoire et dictionnaire des guerres de religion, Robert Laffont 1998, p. 636
- Lettre d'information des Archives départementales de l'Isère, septembre 2013.
Voir aussi
Bibliographie
- Pierre de Vaissière, Le Baron des Adrets, Paris : Firmint-Didot et Cie, coll. Histoires de France, 1930. 136 pp.
- Paul Dreyfus, Histoire du Dauphiné, Hachette, 1976, (ISBN 2-01-001329-8)
- Robert Bailly, Dictionnaire des communes du Vaucluse, A. Barthélemy, Avignon,, , 475 p. (ISBN 2-903044-27-9)
- Jules Courtet, Dictionnaire géographique, géologique, historique, archéologique et biographique du département du Vaucluse, Nîmes, Christian Lacour, Nîmes (réed.), , 385 p. (ISBN 2-84406-051-X)
- Just-Jean-Étienne Roy, Le baron des Adrets : épisode du commencement des guerres de religion du XVIe siècle : par Théophile Ménard, Tours, A. Mame et fils, (lire en ligne)
- « Le Sac de Lyon par les calvinistes en 1562 » [PDF], sur gadagne.musees.lyon.fr
Liens externes
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