François Schlatter
François Schlatter ou Francis Schlatter, (1856-1896 ?) Ă©tait un cordonnier alsacien Ă©migrĂ© aux Ătats-Unis auquel on a attribuĂ© de nombreuses guĂ©risons miraculeuses. Il a Ă©tĂ© connu en son temps sous de nombreux noms dont « The Healer » (le GuĂ©risseur), « Le plus grand thaumaturge de son siĂšcle », « El Sañador », « Le marcheur de Dieu », « Le Saint de Denver », « Le ProphĂšte aux 100 000 guĂ©risons », « Le pauvre cordonnier du Colorado »[1].
Biographie
Enfance
Schlatter naĂźt, neuviĂšme enfant dâune famille de tisserands, dans le village d'Ebersheim, dans le Bas-Rhin, prĂšs de SĂ©lestat, en Alsace, le 29 avril 1856. François, sourd et aveugle Ă un an, grĂące Ă la foi de sa mĂšre qui le consacre Ă Dieu, guĂ©rit de sa cĂ©citĂ© et partiellement de sa surditĂ©. Pendant une dizaine dâannĂ©es un rĂȘve prĂ©monitoire le hante ainsi quâune de ses sĆurs. Il pense quâune mission lâattend, liĂ©e au destin de lâhumanitĂ©. En 1870, son pĂšre meurt, il a 14 ans, et devient apprenti cordonnier ; sa mĂšre meurt en 1871.
Ămigration aux Ătats-Unis
En 1884, il Ă©migre aux Ătats-Unis, oĂč il travaille dans divers commerces dans diverses villes. Il s'installe Ă Denver, au Colorado, en 1892. LĂ , quelques mois plus tard, Ă son banc de cordonnier, il a une vision et entend la voix du PĂšre lui ordonnant de vendre son entreprise, de donner l'argent aux pauvres et de consacrer sa vie Ă guĂ©rir les malades.
Il entreprend alors un pĂšlerinage Ă pied, pendant deux ans, d'environ 9 000 kilomĂštres autour de l'Ouest amĂ©ricain qui le conduit Ă travers l'est du Colorado, le Kansas et l'Oklahoma, puis Ă Hot Springs, Arkansas, oĂč il est arrĂȘtĂ© et emprisonnĂ© pour vagabondage.
Au dĂ©but de 1894, il s'Ă©chappe et se dirige vers l'ouest, traverse le Texas, le Nouveau-Mexique, l'Arizona et se rend dans le sud de la Californie, oĂč il commence ses premiers essais de guĂ©rison avec les Indiens de la vallĂ©e de San Jacinto (San Jacinto Valley (en)).
AprĂšs deux mois, il reprend son pĂšlerinage et se dirige vers l'est Ă travers le dĂ©sert des Mojaves, ne vivant que de farine et d'eau. En juillet 1895, il se manifeste comme guĂ©risseur chrĂ©tien dans les villages du Rio Grande au sud d'Albuquerque. LĂ , tout en soignant des centaines de malades, de souffrants et de handicapĂ©s qui affluent dans la vieille ville d'Albuquerque, il devient cĂ©lĂšbre. Les foules se rassemblent autour de lui tous les jours, espĂ©rant ĂȘtre guĂ©ries de leurs maladies simplement en serrant ses mains. Le mois suivant, il retourne Ă Denver, et ne reprend ses guĂ©risons qu'Ă la mi-septembre. Au cours des semaines suivantes, son ministĂšre attire des dizaines de milliers de pĂšlerins dans sa petite maison du nord de Denver. Schlatter aurait refusĂ© toutes les rĂ©tributions pour ses services. Son mode de vie est des plus simples, et il n'enseigne aucune nouvelle doctrine.
Il a seulement dit qu'il obéit à un pouvoir qu'il appelle PÚre, et que de ce pouvoir il a reçu son pouvoir de guérison[2].
Dans la nuit du 13 novembre 1895, il disparaßt subitement, laissant derriÚre lui un message dans lequel il a écrit que sa mission est terminée[3].
AprĂšs sa mort
En 1897, l'écrivain et suffragette Ada McPherson Morley (en) publie The Life of the Harp in the Hand of the Harper (La vie de la harpe dans la main du harpeur), un livre qui raconte la retraite de trois mois du guérisseur dans son ranch des Datil Mountains (en), au Nouveau-Mexique, aprÚs sa disparition de Denver.
Le livre, comportant le nom que le guĂ©risseur sâĂ©tait donnĂ©, contenait Ă©galement une description Ă la premiĂšre personne de son pĂšlerinage de deux ans, qui, selon lui, avait la mĂȘme signification pour l'humanitĂ© que les quarante jours du Christ dans le dĂ©sert. En quittant le ranch de Morley, Schlatter lui aurait dit que Dieu avait l'intention d'Ă©tablir la Nouvelle JĂ©rusalem dans les Datil Mountains, et lui aurait promis de revenir Ă ce moment-lĂ .
Au mĂȘme moment, on apprend que les os et les biens du guĂ©risseur ont Ă©tĂ© trouvĂ©s Ă flanc de montagne dans la Sierra Madre au Mexique[4]. Mais Ada Morley, qui avait souvent rendu visite Ă Schlatter lors de son sĂ©jour de trois mois dans son ranch au Nouveau-Mexique au dĂ©but de 1896, avait des doutes. Le New York Times du 19 juin 1897 exprimait les mĂȘmes doutes : « Il ne semble pas que les restes humains aient Ă©tĂ© rĂ©ellement identifiĂ©s comme Ă©tant ceux de Schlatter, ni qu'une identification ait Ă©tĂ© possible ».
Dans son roman autobiographique Inferno, August Strindberg dĂ©crit Francis Schlatter comme le doppelgĂ€nger d'un autre homme, rencontrĂ© par Strindberg Ă Paris en 1896, l'annĂ©e suivant la disparition de Schlatter[5]. Il avait peur de Schlatter[6]. Le « double » s'est avĂ©rĂ© ĂȘtre Paul Herrmann, un peintre germano-amĂ©ricain[7].
La baguette de cuivre du guérisseur
En 1906, Edgar Lee Hewett (en), archĂ©ologue rĂ©putĂ© et directeur de musĂ©e, mĂšne des recherches prĂšs de Casas Grandes, Chihuahua, au Mexique, lorsque son guide mexicain lui signale une tombe non marquĂ©e. Dix ans auparavant, lui raconte le guide, il Ă©tait tombĂ© sur le corps d'un homme mort Ă la suite d'une tempĂȘte ; d'aprĂšs la description du guide, Hewett en dĂ©duit que l'homme mort Ă©tait Francis Schlatter que Hewett avait rencontrĂ© et dont il avait observĂ© les sĂ©ances de guĂ©rison en 1895.
Hewett demande au guide si l'un des biens de l'homme avait Ă©tĂ© sauvegardĂ©, le guide le conduit Ă la maison du shĂ©rif de Casas Grandes, oĂč Hewett peut voir la Bible, la selle et la baguette de cuivre de Schlatter, devenues la marque mystĂ©rieuse du guĂ©risseur depuis sa disparition.
Des annĂ©es plus tard, en 1922, Hewett retourne au Mexique et examine Ă nouveau la baguette de cuivre. Alors directeur de la School of American Research (maintenant la School for Advanced Research) et du MusĂ©e du Nouveau-Mexique, il montre son intĂ©rĂȘt pour la baguette et fait un don au village de Casas Grandes pour embaucher un enseignant. De retour Ă Santa Fe, quelques semaines plus tard, il reçoit, enveloppĂ©e de toile de jute, la baguette de cuivre de Francis Schlatter qu'il installe dans les collections du MusĂ©e d'histoire du Nouveau-Mexique dans le Palais des Gouverneurs Ă Santa Fe, oĂč la baguette se trouve encore de nos jours[8].
Imposteurs
Plusieurs hommes prĂ©tendant ĂȘtre Francis Schlatter font la une des journaux dans tout le pays en 1909, 1916 et 1922[9].
L'un d'eux, un pasteur presbytĂ©rien nommĂ© Charles McLean, mort Ă Hastings dans le Nebraska en 1909, suscite une controverse entre les sceptiques et les croyants[10]. Deux autres, August Schrader et Jacob Kunze, ont formĂ© une Ă©quipe de guĂ©rison qui a fonctionnĂ© entre 1908 et 1917, ils sont arrĂȘtĂ©s et emprisonnĂ©s en 1916 pour fraude postale[11]. En 1910, Ă Toledo, Ohio, un certain Francis Schlatter est arrĂȘtĂ© pour "fraude"[12], mais la photographie sur le document de la police ne ressemble pas Ă celles qu'on connait du Schlatter d'avant 1896.
Un dernier guĂ©risseur meurt Ă Saint-Louis, (Missouri), en octobre 1922[13]. Au cours de la seconde moitiĂ© du XXe siĂšcle, le regain d'intĂ©rĂȘt pour Schlatter se portĂ© sur le guĂ©risseur dĂ©cĂ©dĂ© Ă Saint-Louis. Plus rĂ©cemment en 2016 David N. Wetzel dans The Vanishing Messiah: The Life and Resurrections of Francis Schlatter soutient que le guĂ©risseur a mis en scĂšne sa mort dans les montagnes du Mexique puis est retournĂ© aux Ătats-Unis pour continuer Ă guĂ©rir dans les parties est et sud du pays jusqu'Ă sa mort Ă Saint-Louis en 1922[14]. Le postulat de l'auteur repose en partie sur la dĂ©couverte d'une autobiographie, longtemps oubliĂ©e Ă la BibliothĂšque du CongrĂšs, intitulĂ©e Modern Miracles of Healing: A True Account of the Life, Works and Wanderings of Francis Schlatter, the Healer, attribuĂ©e à « Francis Schlatter, The Alsacian » et publiĂ©e en 1903.
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Francis_Schlatter » (voir la liste des auteurs).
- « François Schlatter », sur francois-schlatter.org (consulté le )
- Ada McPherson Morley, The Life of the Harp in the Hand of the Harper (Denver: Private printed, 1897. Il n'existe que quelques exemplaires de l'original; cependant, en 1989, Norman Cleaveland a publié The Healer: The Story of Francis Schlatter (Santa Fe, NM: Sunstone Press), qui incorpore le texte original
- Rocky Mountain News (Denver), 15 novembre 1895, et New York Times, 15 novembre 1895
- Rocky Mountain News du 7 juin 1897, et New York Times du 7 juin 1897
- (en) August Strindberg, The Inferno, BiblioBazaar, (ISBN 978-1-103-14192-0, lire en ligne)
- Vance University of California et August Strindberg, Strindberg and his plays, New York, McDevitt-Wilson's inc., (lire en ligne)
- Evert Sprinchorn, Ă©d., August Strindberg, Inferno, Alone, and Other Writings (Garden City, N.Y.: Doubleday/Anchor Books, 1968), 156â57, 341
- « Musée d'histoire du Nouveau-Mexique / Nouveau Mexique | Gevgelija Tourism - Devenir un voyageur expérimenté », sur web.archive.org, (consulté le )
- Les journaux de tous les Ătats-Unis ont couvert ces Ă©vĂ©nements, mais ils peuvent tous ĂȘtre trouvĂ©s dans le ââNew York Timesââ des 22 octobre 1909, 28 mai 1916 et 18 octobre 1922
- Denver Post, 21 octobre 1909
- New York Times, 29 octobre 1916
- (en) « Vanishing Messiah », sur Vanishing Messiah, (consulté le )
- Denver Post, 29 octobre 1922
- (en) « Vanishing Messiah », sur Vanishing Messiah (consulté le )
Bibliographie
- (en) « François Schlatter », dans New International Encyclopedia [détail des éditions]
- Gil Alonso-Mier, François Schlatter, Lâhomme aux 100 000 guĂ©risons, aux Ă©ditions ARQA, 2006, rĂ©Ă©d. en 2013