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François Bertrand (sergent)

François Bertrand (né le à Voisey en Haute-Marne et mort le au Havre[1]), surnommé le Sergent nécrophile ou le Vampire du Montparnasse, est un sergent de l'armée française, connu pour avoir exhumé et mutilé des cadavres, essentiellement de femmes, dans plusieurs cimetières français, en particulier dans le cimetière du Montparnasse à Paris, avant de pratiquer sur eux des actes de nécrophilie et de nécrosadisme.

François Bertrand
Le sergent François Bertrand, vue d'artiste publiée dans l'hebdomadaire Détective, no 410, 3 septembre 1936.
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  54 ans)
Le Havre
Surnom
Le Vampire du Montparnasse
Nationalité
Activité
Autres informations
Arme
Grade militaire
Le Vampire, gravure extraite des MĂ©moires de M. Claude.

Biographie

Entre l'Ă©tĂ© 1848 et mars 1849, une sĂ©rie de cadavres sont retrouvĂ©s exhumĂ©s et mutilĂ©s dans des cimetières parisiens. Celui que la presse appelle « le Vampire du Montparnasse Â» Ă©chappe toujours Ă  la surveillance des fossoyeurs et des gardiens. De sorte que les autoritĂ©s prennent la dĂ©cision d’installer une machine infernale près du mur d’enceinte du cimetière du Montparnasse, lĂ  oĂą des traces de boue indiquent son passage. Un fil mĂ©tallique discret doit dĂ©clencher, s’il est heurtĂ©, un tir de mitraille, ce qui se produit dans la nuit du 15 au 16 mars 1849. Grièvement blessĂ©, le sergent Bertrand est soignĂ© au Val-de-Grâce oĂą il est d'abord sauvĂ©, puis confiĂ© au mĂ©decin militaire le Dr Charles Marchal de Calvi (1815-1873), qui recueille ses confidences et lui demande de les rĂ©diger [2].

François Bertrand avoue que dès l'adolescence, il a la pulsion de tuer des femmes et de se masturber sur leurs cadavres [3]. Il comparaĂ®t devant la cour martiale, oĂą le Dr Marchal de Calvi plaide son irresponsabilitĂ© en raison d'une monomanie destructive, compliquĂ©e de monomanie Ă©rotique. Le conseil de guerre ne suit pas sa conclusion, dĂ©clare le sergent responsable et le condamne Ă  un an de prison, pour « violation de sĂ©pulture » au titre de l'article 360 du Code pĂ©nal[4]. L’écrivain Michel Dansel, qui a repris l’intĂ©gralitĂ© du parcours du sergent Bertrand dans son livre : Le Sergent Bertrand : portrait d’un nĂ©crophile heureux, a retrouvĂ© sa trace après que le nĂ©crophile eut purgĂ© sa peine : Bertrand est intĂ©grĂ© dans le deuxième bataillon d’infanterie lĂ©gère d’Afrique, chargĂ© de construire des routes en AlgĂ©rie, puis rentre dans la vie civile. En 1856, il se marie au Havre et effectue de nombreux petits mĂ©tiers : commis, facteur, gardien de phare. Michel Dansel lui attribue deux violations de sĂ©pultures, qui se sont produites dans la rĂ©gion du Havre en 1864 et en 1867.

Répercussions de son cas sur les concepts psychiatriques de déviations et de perversions sexuelles

L’étrangetĂ© du cas du sergent Bertrand, et surtout le fait que le conseil de guerre qui a jugĂ© ce soldat n’ait pas suivi le Dr Marchal de Calvi dans son argumentation en faveur d'une pathologie caractĂ©risĂ©e par une « monomanie destructive Â» compliquĂ©e de « monomanie Ă©rotique Â», a provoquĂ© l’indignation unanime des mĂ©decins aliĂ©nistes de l’époque. Certains ont exprimĂ© leur point de vue par des articles savants parus dans des revues mĂ©dicales : Henri de Castelnau, Alexandre Brierre de Boismont, Claude-François MichĂ©a, FĂ©lix Jacquot, Ludger Lunier. Brierre de Boismont, et MichĂ©a ont, Ă  cette occasion, situĂ© la nĂ©crophilie parmi d’autres « dĂ©viations maladives de l’appĂ©tit vĂ©nĂ©rien Â» et MichĂ©a s’est employĂ© Ă  les classer. L’article du Dr MichĂ©a[5], longtemps considĂ©rĂ© par les historiens des idĂ©es et des mĹ“urs comme la première Ă©tude mĂ©dicale de l’homosexualitĂ©[6] (dĂ©nommĂ©e philopĂ©die par MichĂ©a dans son article), constitue en vĂ©ritĂ© le premier plaidoyer scientifique pour l’innĂ©itĂ© de cette disposition, basĂ©e sur les observations anatomiques de la bisexualitĂ© originelle des embryons de mammifères[7]. Il est prouvĂ© que MichĂ©a Ă©tait lui-mĂŞme pĂ©dĂ©raste [au sens de ce mot au XIXe siècle, cĂ d. homosexuel] : l’inscription de son nom dans les registres de pĂ©dĂ©rastes de la PrĂ©fecture de Police repose sur des faits avĂ©rĂ©s[8]. Les mĂ©rites du Dr Claude-François MichĂ©a[9] (1815-1882), membre fondateur de la SociĂ©tĂ© mĂ©dico-psychologique et aliĂ©niste Ă©minent, ont du reste Ă©tĂ© occultĂ©s par une condamnation pĂ©nale pour une affaire de mĹ“urs Ă  Dijon.

Inspirations

Guy de Maupassant mentionne le sergent Bertrand dans sa nouvelle La Chevelure, qui traite un sujet s'apparentant à la nécrophilie, et dans La Tombe, une des nouvelles du recueil intitulé Misti.

L'histoire du sergent Bertrand a donné lieu à un roman écrit en 1933 par l'Américain Guy Endore (en) : Le Loup-garou de Paris. Charles Fort évoque son cas dans son livre Talents insolites (en) (Wild Talents) et François Bertrand est le personnage principal du roman de Guy de Wargny La Bête noire (1965).

En 1965, lors de la XIe exposition internationale du surréalisme intitulée L'Écart absolu, à la galerie de la revue L'Œil à Paris, l'artiste plasticien surréaliste Jean Benoît lui rend hommage en apparaissant dans un costume de nécrophile, dont le poète Radovan Ivsic réalisa des photographies[10].

Le groupe allemand Sopor Aeternus & The Ensemble of Shadows a écrit une chanson sur François Bertrand, intitulée Dark Delight sur l'album Es reiten die Toten so schnell (en).

Annexes

Notes et références

  1. Cf. les fac-similĂ©s de ses actes de naissance et de dĂ©cès : Bulletin mensuel Quintes-feuilles de mai 2014, p. 7. http://www.quintes-feuilles.com/Bulletins/Mai%202014.pdf
  2. Le vampire de Montparnasse : l’affaire qui a terrorisé Paris pendant le XIXème siècle Le Bonbon, 12 février 2021
  3. La fesse cachée du cul : François Bertrand, le nécrophile Libération, 2 août 2016
  4. Agnès Giard, « Les 400 culs : La nécrophilie n’est pas condamnée par la loi française », (consulté le )
  5. Michéa 1849, p. 338-339.
  6. Manfred Herzer – Zum Ursprung des Angeborenseins. Capri, Zeitschrift für schwule Geschichte. 1987. 1. 20-24.
  7. Jean-Claude Féray – Les grands procès qui ont marqué l’histoire de l’homosexualité au XIXe siècle. III – L’affaire du sergent Bertrand. Bulletin mensuel Quintes-feuilles. Mai 2014. 2-7.http://www.quintes-feuilles.com/Bulletins/Mai%202014.pdf
  8. [Collectif] - Le Registre infamant. Quintes-feuilles. 2012, pp. 348-349.
  9. Jean-Claude Féray, L’impossible conciliation ou la vie héroïque du Dr Claude-François Michéa., Paris, Quintes-feuilles, , 283 p. (ISBN 978-2-9551399-0-5)
  10. Catalogue de vente, Ader.

Études

Littérature

  • Guy de Wargny, La BĂŞte noire, Paris, Le Dinosaure, , 189 p. RĂ©Ă©dition : Paris, Sortilèges, coll. « Les anges du bizarre » (no 3), 185 p., (ISBN 2-251-82003-5).
  • Guy Endore (trad. de l'anglais par Jacques FinnĂ©), Le Loup-garou de Paris, Dinan, Terre de Brume, coll. « Terres fantastiques », , 377 p. (ISBN 978-2-84362-589-3)
  • CĂ©line Maltère, Les Cahiers du sergent Bertrand, Sous la Cape, 2015, 69 p, (ISBN 978-2-86807-293-1)

Articles connexes

Liens externes

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