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Forum social européen

Le Forum social européen (FSE) est l'une des déclinaisons continentales du Forum social mondial (FSM), à côté du Forum des Amériques, du Forum social asiatique, etc. La première organisation du FSE eut lieu en 2002 à Florence.

Un Forum social consiste en un espace de rencontres et d'échanges conçu pour permettre des réflexions de fond, des débats d'idées, la mise à jour de propositions et d'alternatives, l'échange d'expériences et de projets d'actions, entre les différentes entités et mouvements de la société civile se disant « engagés dans la construction d'un autre monde possible centré autour de la personne humaine, et non sur le profit économique ».

Résumé chronologique

Édition Année Lieu Pays
1er forum 2002 Forteresse de Basso Ă  Florence Drapeau de l'Italie Italie
2e forum 2003 Paris, Saint-Denis, Bobigny et Ivry-sur-Seine Drapeau de la France France
3e forum 2004 Londres Drapeau de l'Angleterre Angleterre
4e forum 2006 Athènes Drapeau de la Grèce Grèce
5e forum 2008 Malmö Drapeau de la Suède Suède
6e forum 2010 Istanbul Drapeau de la Turquie Turquie

Organisation et animation

Le Forum social mondial est créé à l'initiative de 8 organisations (MST, CUT, ABONG, I-Base, etc) qui assument toujours le rôle de secrétariat international en lien, après le 4e FSM de Mumbai en 2004, avec le comité organisateur indien. Dès 2001 les organisateurs brésiliens prenaient l'initiative de constituer le Comité International du FSM qui s'élargit par cooptation à diverses organisations et ONG (plus de 100 en 2006).

Le Forum social européen est animé différemment. Dès la première réunion de préparation du FSE de Florence, à Bruxelles au printemps 2002, les différents mouvements européens décidaient la mise en place d'une « Assemblée Européenne de Préparation » qui assurerait l'organisation des différents FSE. Cette assemblée est ouverte à toute association, collectif, syndicat, ONG, réseau ou organisation qui souhaite s'y investir et se réunit au moins 3 fois par an, à chaque fois dans une ville différente dans le souci de permettre la participation la plus large des mouvements issus des différentes parties de l'Europe.

Ce choix d'une AEP ouverte s'explique par des raisons pratiques : les organisations brésiliennes qui ont inventé le « concept » de Forum social pouvaient décider qui devaient en assumer la responsabilité, ce qui était impossible pour des organisations européennes qui auraient eu de grosses difficultés à déterminer les critères de participation à une structure fermée. Mais cette décision renvoie également à la volonté de mettre en œuvre de façon pratique le principe d'horizontalité.

Histoire

Premier FSE (Florence 2002)

Le slogan de ce forum était « contre la guerre, le racisme et le néo-libéralisme », en référence spécifique au plan de George W. Bush pour l'Irak.

Avant même son commencement, le FSE de Florence réveilla des polémiques, surtout dans la perspective que ne se reproduisent des événements comme lors du sommet du G8 à Gênes l'année précédente.

Finalement le FSE, avec ses 60 000 dĂ©lĂ©guĂ©s qui occupèrent la Forteresse de Basso (lieu historique) et d'autres centres de confĂ©rences, ne provoqua aucun incident et se termina par une grande manifestation contre la guerre, de 1 million de personnes selon les organisateurs.

Parmi les thèmes abordés : immigration, constitution de l'union européenne, la taxe Tobin et surtout les débats sur la paix et le pacifisme. Ce thème compta parmi ses orateurs Gino Strada, chef de file du mouvement pacifiste en Italie et président de Emergency, une association italienne qui aide les victimes civiles des conflits armés.

Des grandes ONG telle que Amnesty International joignirent le FSE ainsi que des organisations de citoyens comme ATTAC.

À la fin de la rencontre même Romano Prodi, à l'époque président de la Commission Européenne, montra de la sympathie pour la modération du mouvement et ses thèmes pacifistes[1].

Second FSE Paris 2003

Manifestation au FSE de Paris en 2003

Plus de 40 000 inscrits au forum 2003 dont des ONG, des organisations syndicales, anticapitalistes. Quelques personnalitĂ©s se prĂ©sentèrent aussi au forum, dont JosĂ© BovĂ©, Laurent Fabius, François Hollande. Les groupes politiques les plus visibles furent la Ligue communiste rĂ©volutionnaire (LCR) et le Parti communiste français (PCF). Le parti socialiste Ă©tait prĂ©sent (voir controverse). Ă€ cĂ´tĂ© des participants officiels il y a aussi eu beaucoup de participants non inscrits qui portent le nombre total de participant Ă  50 000 personnes[2]. 150 000 manifestants lors de la marche de fermeture. Signalons aussi qu'un forum des femmes eut lieu les jours prĂ©cĂ©dents le FSE, pour rĂ©agir Ă  la sous-reprĂ©sentativitĂ© fĂ©minine lors du premier FSE. Ce forum des femmes compta 3 000 participantes.

Forum polyglotte

Les langues de travail au FSE 2003 sont le français, l'anglais, l'allemand, l'italien et l'espagnol. Les orateurs peuvent s'exprimer dans la langue de leur choix et l'interprĂ©tation est assurĂ©e par Babels, rĂ©seau international d'interprètes et de traducteurs volontaires dont l'objet est de couvrir les besoins en interprĂ©tation des forums sociaux et autres Ă©vĂ©nements internationaux. Les bĂ©nĂ©voles ne reçoivent que le remboursement de leurs frais de transport. Cette gestion babĂ©lienne du plurilinguisme a un coĂ»t qui estimĂ© Ă  300 000 euros au forum de Paris. Les organisateurs de ce forum ont considĂ©rĂ© cette solution au multilinguisme si pertinente qu'ils ont dĂ©cidĂ© de faire dĂ©filer les interprètes de Babels en tĂŞte du cortège de leur manifestation le 15 novembre 2003 Ă  Paris.

Controverse

Toujours à Paris, il y a eu beaucoup de critiques sur la participation du Parti socialiste français, qui, affirment certains altermondialistes, a participé de la « globalisation capitaliste » durant les années précédentes. Quelques groupes anarchistes avaient organisé un événement « concurrent » dans la ville, le Forum Social libertaire.

Pendant la manifestation du 15 novembre, de violents affrontements ont eu lieu entre les militants du Parti socialiste et les autonomes.

Troisième FSE (Londres 2004)

Plus de 20 000 personnes de 70 pays diffĂ©rents assistèrent aux rĂ©unions[3], la plupart organisĂ©es Ă  l'Alexandra Palace.Parmi les participants, des partis politiques comme le Green Party, (parti vert), des anarchistes, des socialistes, des ONG. Les membres du Socialist Workers Party (UK) (Parti socialiste des ouvriers) et le Globalise Resistance formèrent le noyau organisateur, ainsi que Socialist Action (UK) (action socialiste) avec la campagne de dĂ©sarmement nuclĂ©aire. Pour l'organisation du FSE deux visions se sont affrontĂ©es : les organisateurs anglais privilĂ©giait la centralisation de l'Ă©vènement (avec une manifestation contre la guerre) en argumentant que ça lui donnerait plus d'impact, d'autres composantes du mouvement altermondialiste (par exemple le Forum local de Londres) dĂ©fendaient que le FSE ne devait pas ĂŞtre considĂ©rĂ© comme un Ă©vĂ©nement mais plutĂ´t comme une partie de processus, reprochèrent une approche et une organisation trop hiĂ©rarchisĂ©e et proposèrent par consĂ©quent, « horizontalement », des Ă©vĂ©nements en marge du FSE, plus spontanĂ©s dans leur approche[1].

Quatrième FSE (Athènes 2006)

Une affiche du Forum social européen d'Athènes.

Le quatrième Forum social européen s'est tenu à Athènes, en Grèce, du 4 au 7 mai 2006. Selon les organisateurs, plus de 35 000 personnes se seraient inscrites. Les médias ont annoncé que la manifestation du samedi 7 mai après-midi, avait réuni environ 80 000 manifestants[4], un record à Athènes depuis la mobilisation anti-guerre du 15 février 2003.

Cinquième FSE (Malmö 2008)

Le cinquième Forum social europĂ©en s'est dĂ©roulĂ© Ă  Malmö en Suède, du 17 au 21 septembre 2008. Environ 20 000 participants Ă©taient attendus[5]

Sixième FSE (Istanbul 2010)

Le sixième Forum social européen s'est tenu à Istanbul, en Turquie, du 1er au 4 juillet 2010 et rassemble entre 3 000 et 5 000 participants seulement[6] - [7].

Fin et remplacement par d'autres mouvement

Pierre Khalfa, de l'association Attac France, fait l'analyse que la diversité des courants politiques qui traversent le FSE (et qui faisaient au début sa force) a fini par être sa perte car le FSE n'a pas su surpasser « cette diversité pour arriver à élaborer des propositions alternatives communes et des mobilisations capables de peser sur la situation en Europe »[8]. La faiblesse des propositions du FSE et le manque d'unité dans le rassemblement est soulevé par plusieurs associations et médias[6] - [7] - [9].

D'autres mouvements comme le Join Social Summit et l'Altersummit[10] tentent de dépasser les problèmes rencontrés par le FSE.

Notes et références

  1. traduit de en:European social forum Ă  ver.
  2. « Journal de l'annĂ©e », sur Gallica, (consultĂ© le ) : « deuxième rendes-vous de la sociĂ©tĂ© civile europĂ©enne, qui Ă  drainĂ© plus de 50 000 participants venus d'une soixantaines de pays, pendant trois jours, dans des centaines de dĂ©bats, ateliers et sĂ©minaires. », p. 120
  3. « Forum Social Europ�en 2004 », sur web.archive.org,‎ (consulté le )
  4. « Forum social européen d’Athènes », sur alterinter.org (consulté le )
  5. « Mobilisation — European Social Forum 2008 », sur web.archive.org, (consulté le )
  6. « Compte rendu du Forum social européen d’Istanbul à Istanbul, du 1er au 4 juillet 2010 », sur snesup.fr, (consulté le )
  7. « Forum social européen. Istanbul, sursis ou sursaut ? », sur npa2009.org, 2010-10-10cest22:487200 (consulté le )
  8. Pierre Khalfa, « Du Forum social européen à l'Altersummit: À la recherche du mouvement social européen », Savoir/Agir,‎ , pages 45 à 54 (lire en ligne)
  9. « Mouvements sociaux en Europe : ça bouge, mais l'unité manque », sur reporterre.net (consulté le )
  10. « Qu'est-ce que c'est ? - Alter Sommet », sur altersummit.eu (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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