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Fort d'Émines

Le fort d'Emines construit entre les villages d'Émines et de Saint-Marc, est l'un des 9 forts construits entre 1888 et 1892 autour de Namur en Belgique conjointement à ceux de Liège, afin de défendre la neutralité du pays contre les velléités françaises (ou allemandes pour Liège) qui étaient susceptibles d'emprunter la vallée de la Meuse pour s'envahir l'un l'autre en bafouant la neutralité belge au passage. Tous ces forts ont été conçus par le général Henri Alexis Brialmont et mettent en œuvre un béton non-armé, matériau assez novateur à l'époque. Il est positionné au nord de la ville et est considéré comme l'un des "petits" forts de la ceinture namuroise.

Fort d'Emines
Image illustrative de l’article Fort d'Émines

Lieu Entre les villages d'Émines et de Saint-Marc, à proximité immédiate de l'autoroute E411
Fait partie de Position fortifiée de Namur
Type d’ouvrage Fortification
Construction 1892
Architecte Henri Alexis Brialmont
Matériaux utilisés Béton non armé
Utilisation DĂ©fense de Namur
Utilisation actuelle Terrain de chasse.
Ouvert au public Oui (limité)
Appartient à privé
Contrôlé par Armée belge
Événements Première Guerre mondiale (pas transformé pour la Seconde Guerre mondiale)
CoordonnĂ©es 50° 30′ 24″ nord, 4° 51′ 00″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Belgique
(Voir situation sur carte : Belgique)
Fort d'Emines

Les événements de 1914

Obusier allemand Krupp de 420 mm type M "Grosse Bertha"

En 1914, les bombardements sur le fort dĂ©butent le 23 aoĂ»t avec des tirs de petit calibre, alors que l'artillerie allemande a dĂ©jĂ  perforĂ© la ceinture namuroise en concentrant son attaque sur Marchovelette, Maizeret et Andoy (et - dans un second temps - CognelĂ©e), les forts les plus Ă  l'est, qui ont Ă©tĂ© mis hors jeu, provoquant la dĂ©cision d'Ă©vacuer la garnison de la ville. Les Allemands, ayant appris lors du siège de Liège que la prise de ces forts par l'infanterie Ă©tait trop coĂ»teuse en vies, mirent en Ĺ“uvre leurs pièces les plus lourdes (notamment des obusiers de type M "Grosse Bertha", de calibre 420 mm (soit deux fois le diamètre et 10 fois le poids unitaire des munitions prises en compte pour dimensionner le blindage des forts). Le fort d'Émines succombera sous ces obusiers lourds le 24 aoĂ»t[1]. Il sera renforcĂ© comme les autres forts par l'occupant, qui le dotera notamment

  • d'un blindage intĂ©rieur en tĂ´le ondulĂ©e cintrĂ©e,
  • d'anneaux en bĂ©ton armĂ© autour des tourelles,
  • de guĂ©rites permettant une position favorable lors de combats sur le fort mĂŞme,
  • de ventilation forcĂ©e,
  • d'un tunnel reliant la contrescarpe au bâti central, utile en cas de prise des fossĂ©s par l'ennemi ou de bombardement,
  • d'une gĂ©nĂ©ratrice au diesel remplaçant la machine Ă  vapeur d'origine.

La Seconde Guerre mondiale

Parmi les 9 forts, Émines est l'une des deux installations à ne pas avoir été réarmée entre les deux guerres dans le cadre de la position fortifiée de Namur. L'endroit fut utilisé comme entrepôt de munition (ce qui est toujours visible aux baraquements en maçonnerie légère construits dans le fossé des saillant II et III). Deux bunkers furent ajoutés au massif central pour renforcer la défense à courte portée du bâtiment, qui reçut un second accès en contre escarpe pour faciliter le mouvement du charroi.

Vers une valorisation patrimoniale...

L'intérieur du fort

Aucun des forts de Namur ne fait actuellement l'objet d'une mise en valeur muséale. Toutefois, le Fort d'Émines fut le moins dégradé par le second conflit mondial, les eaux ou les usages ultérieurs et - n'ayant pas été réarmé avant le second conflit armé, il témoigne de l'aménagement de l'édifice tel qu'il était lors du premier conflit mondial.

  • En fĂ©vrier 1991, la commune de La Bruyère, dont fait partie l'entitĂ© d'Émines, prĂ©voyait d'en faire une dĂ©charge de classe 3 (dĂ©chets inertes : gravats et terres), suscitant la protestation du cercle d'histoire locale "La maison de la mĂ©moire rurale". Projet temporairement mis au frigo et en mars 1992, le sujet est Ă  nouveau abordĂ©, ce qui se traduit par l'inscription au budget 2013 d'une provision d'un million de francs belges en vue d'acquĂ©rir l'Ă©difice, sans but clair (pour cause de dissension entre les partenaires de la majoritĂ© communale, qui balance entre valorisation patrimoniale et utilisation comme dĂ©charge)[2].
  • La saga se termine en 1994, annĂ©e ou l'armĂ©e belge met en vente une sĂ©rie de domaines inutilisĂ©s, dont ce fort. La commune n'est pas en mesure d'acquĂ©rir le fort, et un particulier le rachète en vue d'une prĂ©servation "passive" (sans exploitation touristique) et de l'utilisation de ces 6 hectares boisĂ©s comme domaine de chasse[3].
  • Un projet a vu le jour dĂ©but 2014 en vue d'un amĂ©nagement dans le cadre des commĂ©morations du centenaire du premier conflit mondial[4]. Si l'avis des pompiers sur la sĂ©curitĂ© du bastion central ne permet pas d'y faire venir de groupes de visiteurs, les extĂ©rieurs et locaux de contrescarpe donneront matière Ă  une visite intĂ©ressante.
  • En aoĂ»t 2015, Albert Hublet, propriĂ©taire privĂ© du fort, le met en vente pour la somme d'un million d'euros. La commune de La Bruyère se montre intĂ©ressĂ©e, mais pour un prix moindre[5].

DĂ©gradations

La nuit du 31 octobre au 1 novembre 2015, plusieurs centaines de personnes pénètrent illégalement sur le site en forçant différents accès, en vue d'y organiser une rave-party illégale. Des murs et inscriptions historiques sont détruites par les fêtards. Des croix gammées sont notamment taguées. Certaines installations didactiques facilitant les visites touristiques sont détruites[6] - [7].

Références

  1. http://www.fortiff.be/ifb/index.php?page=e34 Emines - RĂ©armement allemand 1915-1917
  2. http://archives.lesoir.be/domaines-militaires-en-attente-d-acquereurs-ii-interet-_t-19940107-Z07P58.html Le Soir - Domaines militaires en attente d’acquéreurs
  3. Catherine Dethine, « FIN D'UNE SAGA AUX MULTIPLES EPISODES LE VIEUX FORT D'EMINES ACQUIS PAR UN CHASSEUR ENTREPRENANT » Accès libre, sur lesoir.be, (consulté le ).
  4. http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=dmf20140228_00441201 L'avenir.net De l'argent public pour un fort d'Emines toujours privé
  5. « Le fort d'Emines est à vendre », sur rtbf.be, (consulté le )
  6. « Le fort d'Emines vandalisé lors d'une rave-party », sur rtbf.be, (consulté le )
  7. « Des croix gammées taguées sur le fort d'Emines durant une fête d'Halloween », sur LaLibre.be, (consulté le )

Bibliographie

  • P. Bragard, J. Chainiaux (sous dir.), V. Bruch, D. Francois, A. Furnemont, J. Marchal, Namur face aux « Grosses Bertha » - Le siège de la position fortifiĂ©e en aoĂ»t 1914, Les Amis de la Citadelle de Namur, Bouge, 2006 (ISBN 2-9600661-0-3 et 978-2-9600661-0-4)
  • D. Dessy, Namur militaire - La Citadelle, les forts, Namur, 1976.
  • C. Donnel, The Forts of the Meuse in World War I, Osprey Publishing, Oxford, 2007.
  • C. Faque, Henri-Alexis Brialmont. Les Forts de la Meuse 1887-1891, Bouge, 1987.
  • P. BEAUPAIN, La prise de Namur : le siège de Namur et les premières semaines d'occupation allemande, Namur, 1922.

Voir aussi

Liens externes

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