Accueil🇫🇷Chercher

Fort Napoléon (Les Saintes)

Le fort Napoléon est une fortification située sur l'île de Terre-de-Haut dans l'archipel des Saintes en Guadeloupe. Propriété du conseil départemental de la Guadeloupe, il fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le [1].

Fort Napoléon
Cour intérieure du fort Napoléon.
Présentation
Type
Style
Fort militaire
Construction
XIXe siècle
Propriétaire
DĂ©partement
Patrimonialité
Coordonnées
15° 52′ 31″ N, 61° 34′ 56″ O
Localisation sur la carte de la Guadeloupe
voir sur la carte de la Guadeloupe
Localisation sur la carte des Petites Antilles
voir sur la carte des Petites Antilles

Le fort est bâti au sommet du morne Mire, Ă  l'emplacement d'un premier fortin appelĂ© initialement « fort Louis Â» et rebaptisĂ© fort NapolĂ©on en 1805 peu avant sa destruction par les Anglais. Totalement reconstruit en 1867, sous le règne de NapolĂ©on III[2] - [3], le fort ne servit jamais de forteresse, en temps de guerre, mais de camp d'internement jusqu'au dĂ©but du siècle dernier.

Aujourd'hui transformé en petit musée sur l'histoire des Saintes et son environnement culturel, il est situé au milieu d'un jardin botanique dédié aux plantes grasses auxquelles se mêlent de nombreux iguanes.

Histoire

Un enjeu de la rivalité franco-anglaise au XVIIIe siècle

De 1759 à 1763, les Anglais prennent possession des Saintes et d'une partie de la Guadeloupe continentale. L'archipel est restitué au royaume de France à la signature du traité de Paris, le .

SuccĂ©dant Ă  une redoute de la fin du XVIIe siècle, un fortin est Ă©difiĂ© entre 1777 et 1779[4] sur le morne Mire Ă  119 m d'altitude. Cet ouvrage, de forme rectangulaire, est protĂ©gĂ© par une enceinte de maçonnerie en mortier de terre. Il comporte un casernement pour 45 hommes et deux citernes recueillant l'eau de pluie. Son armement est constituĂ© de deux canons et trois mortiers destinĂ©s Ă  protĂ©ger la passe de la Baleine et la rade de Terre-de-Haut.

Parallèlement est édifié le fort de la Reine (fort Joséphine en 1805) sur l'îlet à Cabrit. Suivront la redoute du Prince Joseph[5] sur le morne Morel en 1805, la tour Modèle au sommet du morne Vigie en 1843. La batterie de Tête rouge ne sera implantée près du bourg qu'en 1869-70.

En 1782 a lieu la bataille maritime des Saintes dans le cadre plus global de la guerre des Antilles entre Français et Anglais. Lors des guerres napoléoniennes, les Anglais débarquent sur l'île en et rasent les forts Napoléon et Joséphine.

Reconstruction au XIXe siècle

Après le traité de Paris de 1814 et la restitution de la Guadeloupe, le fort Napoléon[6] est reconstruit sur les ruines du fortin en élevant de hautes murailles d’enceinte et en aménageant un magasin à poudre. Les travaux se déroulent de 1816 à 1840[7].

Le Comité des Fortifications du Ministère de la Marine et des Colonies décide, en 1842, de bâtir une véritable fortification bastionnée[8], système offrant de meilleurs atouts défensifs. Le chantier s'étale de 1844 à 1867, avec une interruption entre 1849 et 1857.

Le fort n’a jamais été utilisé à des fins militaires. Il ferme ses portes au moment du départ de la garnison (1889) et du retrait de la compagnie de discipline (1890).

Un camp d'internement pendant la Seconde Guerre mondiale

Le fort n'a pas connu l'épreuve du feu. Il sert de camp d'internement pendant la Seconde Guerre mondiale quand le régime de Vichy y fait interner des français d’origine italienne et libanaise dont Paul Valentino, résistant et député de la Guadeloupe qui s’en évade.

Abandon du fort

La colonie de vacances de l’Association des Sonis de Pointe-à-Pitre y organise des séjours durant les grandes vacances dans les années 1950-60. Puis le fort reste à l'abandon, livré à la végétation et aux dégradations jusqu'à l'installation du Club du Vieux Manoir en 1973.

Restauration du fort

Cette association spécialisée dans la restauration de vieilles bâtisses historiques envisage le lancement d'un vaste programme de mise en valeur et d’animation culturelle et touristique des monuments et sites naturels de Guadeloupe. Son chantier du fort Napoléon est repris l’année suivante par l'Association saintoise de Protection du Patrimoine. Un contrat est passé avec le département, et de nombreuses actions vont voir le jour sous la conduite du bureau et des membres de l’association.

Un musée et un jardin botanique y sont aujourd'hui aménagés.

En , l'État alloue une enveloppe de 600 000 euros pour la restauration du fort dans le cadre du plan « France Relance » Ă  la suite du diagnostic Ă©tabli par l'architecte Laurent Lavall (en accord avec Pierre Bortolotti, architecte en chef des monuments historiques) sur la liste des travaux prioritaires Ă  entreprendre[9]

Architecture et caractéristiques

Fort

Le fort est construit avec des pierres extraites localement[10]. En forme d'octogone irrĂ©gulier, ce troisième fort NapolĂ©on comporte 8 bastions. Les  courtines hautes d'une dizaine de mètres au-dessus des fossĂ©s relient entre eux les bastions. Le chemin de ronde, long de 400 mètres fait le tour des remparts. Un chemin de ronde intĂ©rieur est sĂ©parĂ© du premier par un talus[11]. C’est sur ce talus qu’étaient disposĂ©es les pièces d’artillerie protĂ©gĂ©es latĂ©ralement par huit traverse-abris[12]. L'entrĂ©e est protĂ©gĂ©e par un pont-levis Ă  contre-poids encore en place.

Caserne

Elle est Ă©difiĂ©e au centre de la cour. C'est un bâtiment Ă  3 niveaux constituĂ©s de 7 travĂ©es[13]. Le rez-de-chaussĂ©e comporte un four Ă  pain, une cuisine, un rĂ©fectoire, une citerne souterraine de 370 m3 recueillant les eaux de pluie et une salle de garde ainsi que diffĂ©rents magasins. Au premier Ă©tage on trouve les chambres des officiers et de grandes salles servant de dortoirs Ă  la troupe. On peut y loger  220 hommes sur plusieurs rangĂ©es de lits sĂ©parĂ©es par un couloir central de 1,60 m. Au troisième niveau du bâtiment est amĂ©nagĂ©e une terrasse entourĂ©e d’un parapet percĂ© de meurtrières et de six bretèches en retrait avec leurs mâchicoulis, faisant ce cette caserne un rĂ©duit dĂ©fensif. Contrairement Ă  l’usage qui privilĂ©gie un revĂŞtement de terre pour amortir les boulets, cette terrasse, au sol dur pavĂ©, recueille l’eau de pluie qui, par une canalisation verticale et un ingĂ©nieux système de filtration, alimente la citerne souterraine du rez-de-chaussĂ©e.

Musée et jardin

Le fort est aujourd’hui, la plaque tournante de l’écotourisme culturel aux Saintes grâce Ă  la crĂ©ation d’un jardin exotique et d’un musĂ©e de l’histoire et des traditions locales. InstallĂ© Ă  l’étage de la caserne, ce musĂ©e est consacrĂ© Ă  la connaissance de l’histoire et du milieu naturel de l’île. Sont prĂ©sentĂ©es des maquettes et modèles rĂ©duits retraçant la bataille navale des Saintes de 1782. A voir Ă©galement les reconstitutions de batailles, les techniques de navigation, l’histoire de la colonisation, des cartes postales et photographies anciennes.

  • Caserne du fort
    Caserne du fort
  • Vuede l'Ă®le depuis le fort
    Vuede l'île depuis le fort
  • EntrĂ©e de la caserne
    Entrée de la caserne
  • Bastion du fort
    Bastion du fort
  • Traverse-abri
    Traverse-abri
  • Bombarde et son boulet
    Bombarde et son boulet
  • Maquette du Formidable
    Maquette du Formidable

Notes et références

  1. Notice no PA00105874, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. Les Saintes Guadeloupe Le Fort Napoléon
  3. Le Fort Napoléon , la mémoire des Saintes
  4. Sous le règne de Louis XVI, d'où le nom de fort Louis.
  5. À la suite d'un drame amoureux resté célèbre, une jeune fille prénommée Caroline, se jette des hauteurs du morne en 1822. Depuis, les Saintois appellent cet ouvrage la batterie Caroline.
  6. Il s'agit bien de Napoléon Ier et non de Napoléon III
  7. Comme de nombreux bâtiments de Guadeloupe, le fort est endommagé par le tremblement de terre de 1843.
  8. C'est Vauban qui a développé la fortification bastionnée en France, c'est pourquoi on parle d'un fort "à la Vauban".
  9. Guillaume Farel, « Rénovation du Fort Napoléon, dans le cadre du plan France Relance », Guadeloupe La 1re, 14 avril 2021.
  10. Les voĂ»tes des poudrières ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es avec des briques amenĂ©es de la MĂ©tropole.
  11. Un jardin exotique est aménagé sur ce talus.
  12. les rails de pivotement d'une partie des pièces d'artillerie sont encore visibles aujourd'hui.
  13. Longueur 46 m, largeur 20 m et hauteur 10 m.

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.