Font Estramar
La font Estramar, ou fontaine de Salses, est une exsurgence située au pied des CorbiÚres maritimes sur le territoire de la commune de Salses-le-Chùteau, dans les Pyrénées-Orientales. Elle est l'une des deux exsurgences alimentant l'étang de Leucate.
Coordonnées |
42° 51âČ 33âł N, 2° 57âČ 30âł E |
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Pays | |
Région française|Région | |
DĂ©partement | |
Massif | |
Localité voisine |
Type | |
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Altitude de l'entrée |
0 m |
Longueur connue |
2 900 m |
PĂ©riode de formation | |
Température |
17 °C |
Cours d'eau |
Exsurgence (-286m en 2019) |
La font Estramar est la résurgence la plus profonde explorée en plongée humaine au monde. En 2019, elle est le septiÚme plus profond siphon naturel dans le monde[N 1].
Toponymie
Le nom gĂ©nĂ©rique « font » signifie source[1]. Le nom de la font Estramar vient de « Font Extrema », en rĂ©fĂ©rence Ă sa situation Ă l'extrĂȘme limite du territoire de la commune de Salses-le-ChĂąteau[2].
Spéléométrie
La dénivellation de la cavité est de 286 mÚtres, pour un développement[N 2] de 2 900 mÚtres[3]. La cavité est totalement noyée et seulement accessible aux plongeurs équipés de scaphandres autonomes et rompus aux techniques de la plongée souterraine.
GĂ©ologie
La cavité s'ouvre dans les calcaires jurassiques.
Une fontaine salée
L'eau a la particularitĂ© d'ĂȘtre saumĂątre du fait de la rĂ©gression de la MĂ©diterranĂ©e (entre 1 000 et 1 200 m) au MiocĂšne supĂ©rieur (Messinien) il y a plus de 5 millions d'annĂ©es qui entraĂźna une karstification sous le niveau marin actuel[4] - [5]. Sa tempĂ©rature reste constante tout au long de l'annĂ©e (17-18 °C). Son dĂ©bit est le plus important de la rĂ©gion avec en moyenne 2,11 m3/s[6].
Exploration
EntiĂšrement noyĂ©, le rĂ©seau est explorĂ© en technique de plongĂ©e souterraine. L'apport des recycleurs et des mĂ©langes synthĂ©tiques a permis de repousser Ă â286,2 mĂštres [7]la profondeur maximum connue, cet exploit a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© en 2019 par le plongeur professionnel Xavier Meniscus. Ă cette mĂȘme date, son extension atteint les 2 900 mĂštres[8].
La construction de l'autoroute A9 exploitée par la société ASF, ainsi que les accidents successifs de plongée ont entraßné d'importantes restrictions d'accÚs à cette cavité[9].
Historique des explorations
Les explorations ont commencé en 1949 par M. Dupas et Geroges. Dans les premiers temps, la cavité voit passer quelques grands noms comme Jacques-Yves Cousteau en 1951 et Haroun Tazieff[10] - [11]. La profondeur atteinte en 1955 est de 50 mÚtres, les techniques de l'époque ne permettant pas de descendre plus bas.
Dans les annĂ©es 1970, Claude Touloumdjian parvient Ă â90 m [N 3] pour 850 mĂštres de galeries explorĂ©es.
En 1991, L'ARFE (Association de Recherches de Font Estramar) est crĂ©Ă©e et la profondeur de 164 m est atteinte le 15 aoĂ»t 1997 par Cyrille Brandt[12]. Pascal BernabĂ© poursuit jusqu'Ă â184 m le 4 juin 2006. Jordi Yherla, plongeur catalan, descend Ă â191 m sans trouver de suite au siphon en juillet 2013. Le , Xavier MĂ©niscus, Ă©quipĂ© de double recycleur et aidĂ© par une grosse Ă©quipe internationale, poursuit l'exploration de la cavitĂ© dans le puits du Loukoum gĂ©ant situĂ© Ă 513 mĂštres de l'entrĂ©e, jusqu'Ă la profondeur de â248 mĂštres, portant le dĂ©veloppement de la cavitĂ© Ă environ 2 900 mĂštres[6].
En juillet 2015, le mĂȘme plongeur, avec lâaide dâune quinzaine dâĂ©quipiers, repousse l'exploration dâune trentaine de mĂštres Ă la profondeur de â262 mĂštres[8].
En juin 2019, Xavier MĂ©niscus poursuit son exploration sur une distance de 50 m Ă l'horizontale Ă la profondeur de 262 mĂštres pour atteindre la lĂšvre d'un puits vertical.
AprĂšs ces trois explorations, le 30 dĂ©cembre 2019 Xavier MĂ©niscus descend jusqu'Ă â286 mĂštres dans les entrailles de la Font Estramar, Ă une distance de 1 020 m de l'entrĂ©e[13] - [14]. Il bat ainsi le record du monde de plongĂ©e souterraine jusque lĂ dĂ©tenu par Nuno Gomes (â283 m Ă Boesmansgat).
Accidents de plongée
L'accident mortel de J. Claude en 1955 provoqua une interdiction temporaire de plongĂ©e. Le plongeur n'ayant pas Ă©tĂ© retrouvĂ©, la portion de galerie oĂč son corps est supposĂ© reposer est obstruĂ©e. Quelque temps plus tard, le corps est cependant retrouvĂ©, coincĂ© dans une cheminĂ©e[10].
Un autre plongeur meurt dans Font Estramar en mai 2008[15].
Le 24 mai 2012, un spécialiste du lieu, le Gruissanais Jean-Luc Armengaud y perd également la vie[16] - [17].
On recense également, le 23 janvier 2016, le décÚs d'un plongeur sétois d'une cinquantaine d'années, puis le 10 juin 2017 le décÚs d'un finlandais de 44 ans[18].
Le cascadeur belge Marc Sluszny disparaßt dans un accident de plongée le 28 juin 2018 ; le 9 juillet suivant, Laurent Rouchette, un plongeur-spéléologue du Spéléo Secours Français, décÚde pendant la recherche du corps[19] - [20].
Bibliographie
- « Source de Font Estramar », Inventaire national du patrimoine naturel
- Henri Salvayre, FĂ©dĂ©ration française de spĂ©lĂ©ologie, « Le karst des CorbiĂšres d'Opoul - DonnĂ©es rĂ©centes sur un karst mĂ©diterranĂ©en actif », Spelunca, Paris, FĂ©dĂ©ration française de spĂ©lĂ©ologie, no 85,â , p. 43-49 (ISSN 0249-0544, lire en ligne, consultĂ© le ).
- Cyrille Brandt, « Observation in situ des hétérogénéités thermiques dans le réseau noyé de Font Estramar », , p. 23-30
- Jean Nicod, « Sur quelques sources littorales et sous-marines autour de la mĂ©diterranĂ©e », Ătudes de GĂ©ographie Physique, no 36,â , p. 10-13 (lire en ligne, consultĂ© le )
- Xavier MĂ©niscus, « Font Estamar : une plongĂ©e souterraine Ă -286 m. L'histoire d'un record du monde de plongĂ©e », SpĂ©lĂ©o magazine, Corenc, SpĂ©lĂ©o magazine, no 110,â , p. 6-11 (ISSN 1629-1573).
Notes et références
Notes
- En 2019, les six plus profonds siphons naturels ont Ă©tĂ© mesurĂ©s par sondage et seulement plongĂ©s partiellement jusqu'Ă une profondeur intermĂ©diaire par un ĂȘtre humain.
- En spéléologie, le développement est la longueur cumulée des galeries et salles interconnectées qui composent un réseau souterrain.
- En spéléologie, les mesures négatives ou positives se définissent par rapport à un point de référence qui est l'entrée du réseau, connue, la plus élevée en altitude.
Références
- Bigot Jean-Yves, Vocabulaire français et dialectal des cavités et phénomÚnes karstiques, Paris, Spéléo-club de Paris, SCP - CAF édit., coll. « Mémoires du Spéléo-club de Paris » (no 25), , 184 p. (ISBN 2-910783-14-6, lire en ligne)
- « Salses-le-Chùteau », sur Pyrénées-Orientales.com (consulté le )
- Bigot Jean-Yves, « SpĂ©lĂ©omĂ©trie de la France. CavitĂ©s classĂ©es par dĂ©partement, par dĂ©nivellation et dĂ©veloppement. », Spelunca MĂ©moires n° 27,â , p. 160 (ISSN 0249-0544).
- Paul Courbon, « La régression messinienne »,
- Paul Courbon, « Fontaine de Vaucluse », ANAR Bull', Lyon, Association nationale des anciens responsables de la FĂ©dĂ©ration française de spĂ©lĂ©ologie (ANAR-FFS), no 51,â , p. 2-3 (lire en ligne)
- Xavier MĂ©niscus, « Exploration de la rĂ©surgence de Font Estramar Ă â248m » (consultĂ© le ).
- (en-US) InDEPTH, « Diving Beyond 250 Meters: The Deepest Cave Dives Today Compared to the Nineties », sur InDepth, (consulté le )
- « -262 m pour Font Estramar », spĂ©lĂ©o magazine, Corenc, SpĂ©lĂ©o magazine, no 91,â , p. 4 (ISSN 1629-1573).
- « Résurgence de Font Estramar > L'ARFE communique », sur plongeesout.com (consulté le )
- « Résurgence de Font Estramar > Historique des plongées dans Font Estramar, 1951 - 1957 », sur plongeesout.com (consulté le ).
- « FONT ESTRAMAR explorĂ©e par Maurice PIOVANO, lâun des premiers de plongĂ©e », sur plongee-infos. (consultĂ© le ).
- Cyrille Brandt, « Observation in situ des hétérogénéités thermiques dans le réseau noyé de Font Estramar », , p. 23-30.
- « Record mondial de plongĂ©e souterraine dans les PyrĂ©nĂ©es-Orientales â Un exploit technique et scientifique », sur https://madeinperpignan.com, Site d'information en ligne,
- « P.-O. : Xavier Méniscus bat le record du monde plongée souterraine à - 286 m », sur Journal Midi Libre (consulté le ).
- « OpĂ©ration de secours-Font Estramar (Salse le Chateau â 66)-CommuniquĂ© officiel du SpĂ©lĂ©o Secours Français. ».
- Thierry Bouldoire, « PlongĂ©e fatale au cĂ©lĂšbre Font Estramar », L'IndĂ©pendant,â (lire en ligne)
- Un Gruissanais trouve la mort en plongée dans la Font Estramar
- « Un plongeur spéléo meurt dans les Pyrénées-Orientales », sur www.francebleu.fr, (consulté le )
- « Un spéléologue meurt dans un gouffre des Pyrénées-Orientales », sur lefigaro.fr site du journal Le Figaro, (consulté le )
- « OpĂ©ration de secours-Font Estramar (Salse le Chateau â 66)-CommuniquĂ© officiel du SpĂ©lĂ©o Secours Français. ».
Voir aussi
Vidéos
- [vidĂ©o] Exploration de la rĂ©surgence de Font Estramar Ă -248m, Xavier MĂ©niscus, Dire Straits (bande sonore) () youtube. ConsultĂ© le . â31 min 44 sâ.
- [vidĂ©o] Font Estramar "La boucle Ă Tom", Franck Gentili (Epaves-passion) (rĂ©alisateur), Level42, Patty Grifin (bande sonore) () vimeo. ConsultĂ© le . â4 min 7 sâ.
Articles connexes
Liens externes
- « Font-Estramar », sur ffessmpm.fr
- « Font-Estramar, la mer d'eau douce enfouie sous les Corbieres. », sur Ladepeche.fr (consulté le )