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Financement des partis politiques au Canada

Le financement des partis politiques au Canada est encadré par la Loi électorale du Canada, qui repose sur des principes de transparence, d'équité et d'accessibilité[1].

La législation canadienne en matière de financement électoral plafonne les contributions apportées aux partis politiques et aux candidats. Ces contributions individuelles sont plafonnées annuellement à 1500 $ pour chaque parti politique et à 1500 $, au total, pour l’ensemble des associations de circonscription enregistrées, des candidats à l’investiture et des candidats de chaque parti. De plus, les donateurs peuvent apporter une contribution maximale totale de 1500 $ à l’ensemble des candidats à la direction.

Ces plafonds ont été fixés pour 2015. Ils augmentent de 25 $ chaque année.

Chaque province du Canada a sa propre législation en matière de financement politique provinciale et municipale. Cependant, tous offrent des crédits d’impôt en cas de don. Toutes les provinces, à l’exception de l’Alberta et du Yukon, plafonnent légalement les dépenses électorales. Au Québec, depuis l'immense scandale de corruption Charboneau, les règles ont été significativement améliorées.

Avant 1970

En 1874, l'Acte des Ă©lections fĂ©dĂ©rales adoptĂ© par le gouvernement libĂ©ral de l'Ă©poque exige que « les candidats et leurs agents (les partis politiques ne seront reconnus comme des entitĂ©s juridiques qu'un siècle plus tard) divulguent la manière dont ils dĂ©pensent leurs fonds. Mais ces dĂ©penses ne sont pas limitĂ©es, la divulgation des contributions n'est pas obligatoire et personne n'est chargĂ© d'administrer et d'appliquer la loi[2]».

En 1908, les entreprises se voient interdire toute contribution Ă  une campagne[2].

En 1920, il devient obligatoire pour les candidats de révéler les noms des donateurs et le montant de leurs contributions. Toutefois, « en l'absence d'un organisme de surveillance, la loi a peu d'effet et les entreprises continuent de donner généreusement aux partis susceptibles de les favoriser[2]».

Loi de 1974

La loi C-203, Loi sur les dépenses d'élection, votée en 1974, oblige les partis à limiter leurs dépenses électorales et à déclarer leurs sources de contributions et, d'autre part, les rend admissibles au remboursement d'une partie de leurs dépenses électorales[2].

Loi de 2002

Le projet de loi C-2, qui connaîtra de nombreux amendements[3], réintroduit des mesures pour limiter les dépenses des tiers, dont l'impact, sous forme de publicité, peut jouer un rôle déterminant lors d'une élection.

La publicitĂ© Ă©lectorale y est dĂ©finie comme Ă©tant la Â« Diffusion, sur un support quelconque au cours de la pĂ©riode Ă©lectorale, d'un message publicitaire favorisant ou contrecarrant un parti enregistrĂ© ou l'Ă©lection d'un candidat, notamment par une prise de position sur une question Ă  laquelle est associĂ© un parti enregistrĂ© ou un candidat[2]».

Les dĂ©penses des tiers – que la Loi Ă©lectorale du Canada dĂ©finit comme « une personne ou un groupe, Ă  l'exception d'un candidat, d'un parti enregistrĂ© et d'une association de circonscription d'un parti enregistrĂ© Â» – sont limitĂ©es Ă  150 000 $ pour l'ensemble du Canada et Ă  3 000 $ dans une circonscription[2]. Cette disposition est contestĂ©e par Stephen Harper, au nom de la Coalition nationale des citoyens. L'affaire Harper c. Canada (Procureur gĂ©nĂ©ral) va jusqu'en Cour suprĂŞme, dont le jugement, en 2004, maintient la validitĂ© d'un plafond de dĂ©penses Ă©lectorales, estimant que cette disposition vise Ă  « faire en sorte que ceux qui souhaitent participer au dĂ©bat Ă©lectoral puissent le faire Ă  armes Ă©gales, permettant ainsi aux Ă©lecteurs d’être mieux informĂ©s[4] ».

Loi de 2003

En , le Parlement adopte le projet de loi C-24, Loi modifiant la Loi Ă©lectorale du Canada et la Loi de l'impĂ´t sur le revenu, considĂ©rĂ©e comme la plus importante rĂ©forme du financement politique depuis la Loi sur les dĂ©penses d'Ă©lection de 1974[2]. Cette loi, qui prend effet au , impose des contraintes de transparence rigoureuse quant au financement des partis et oblige Ă  remettre chaque annĂ©e un rapport dĂ©taillĂ© contenant les noms et adresses de tous les dons reçus. Il est ainsi possible de voir sur une carte interactive la provenance de tous les dons de plus de 200 $ effectuĂ©s par 567 706 donateurs sur la pĂ©riode 2007-2010, avec indication du montant et du parti bĂ©nĂ©ficiaire[5].

En contrepartie de ces exigences de transparence, les partis ont accès Ă  trois sources de financement :

  1. les partis reçoivent une allocation annuelle de 1,75 $, ajustable en fonction de l'inflation[6], pour chaque vote obtenu Ă  la dernière Ă©lection gĂ©nĂ©rale. Pour ĂŞtre admissible, un parti doit avoir obtenu au moins 2 % de tous les votes Ă  l'Ă©chelle nationale ou 5 % des votes dans les circonscriptions oĂą il prĂ©sentait des candidats[2];
  2. les contributions privĂ©es, d'abord plafonnĂ©es Ă  5 000 $, sont dĂ©ductibles d'impĂ´t jusqu'Ă  un maximum de 75 %, ce qui est une forme indirecte de financement public : en 2009, on estimait Ă  20 000 000 $ le coĂ»t pour le trĂ©sor public de ces crĂ©dits d'impĂ´t[7];
  3. les partis obtiennent un remboursement de 50 % de leurs dépenses électorales, alors qu'il n'était que de 22,50 % auparavant[2].

En 2004, un amendement à la loi électorale définit un parti comme « une organisation dont l'un des objectifs essentiels consiste à participer aux affaires publiques en soutenant la candidature et en appuyant l'élection d'un ou de plusieurs de ses membres ». Pour être reconnu, un parti doit avoir en tout temps un chef et trois autres dirigeants et au moins 250 membres. Il doit aussi soumettre une liste à jour de ses membres et présenter chaque année un énoncé de son objectif essentiel. Tout manquement à ces conditions risque d'entraîner la radiation[2].

En 2006, le plafond des contributions privĂ©es est rĂ©duit Ă  1 000 $, par annĂ©e civile, ajustable en fonction de l'inflation. En 2012, ce plafond est de 1 200 $ par an, par parti politique enregistrĂ©, par candidat Ă  l'investiture, par candidat aux Ă©lections et par candidat Ă  la direction d'un parti. Ces contributions sont subventionnĂ©es par des crĂ©dits d'impĂ´t dĂ©gressifs allant de 75 % Ă  50 % du montant[2]. En outre, il est dĂ©sormais interdit aux personnes morales, aux syndicats et aux associations de faire des contributions politiques[2].

En 2015, le plafond des contributions privĂ©es est ajustĂ© Ă  1 500 $, par annĂ©e civile, ajustable en fonction de l'inflation. De plus, il est prĂ©vu dans la loi que le plafond augmente de 25 $ par annĂ©e. En 2019, ce plafond est de 1 600 $ par an, par parti politique enregistrĂ©, par candidat Ă  l'investiture, par candidat aux Ă©lections et par candidat Ă  la direction d'un parti[8].

Controverse sur les allocations par Ă©lecteur

L'introduction en d'une allocation de 1,75 $ par vote recueilli est loin de faire l'unanimitĂ©. Certains estiment que ce système pourrait amener Ă  un dĂ©sengagement par rapport aux partis et favoriser excessivement des partis marginaux[9].

En , alors que Stephen Harper venait Ă  peine d'ĂŞtre Ă©lu, l'annonce de l'Ă©limination prochaine de cette allocation entraĂ®ne une coalition des partis d'opposition, qui menace de faire tomber le gouvernement[10]. La mesure sera rĂ©introduite lorsque le Parti conservateur deviendra majoritaire au Parlement, en 2011. La volontĂ© d'Ă©liminer cette allocation repose sur une raison de principe : « aucun Canadien ne devrait ĂŞtre forcĂ© de faire un don Ă  un parti dont les politiques ne sont pas conformes Ă  ses intĂ©rĂŞts ou dont il ne partage pas la philosophie[11]».

De leur côté, les partisans de l'allocation font valoir que ce système est en vigueur dans plusieurs pays démocratiques et que son élimination favoriserait en fait les partis comptant des membres assez riches pour contribuer financièrement et pouvoir attendre un crédit d'impôt. Le Parti conservateur aurait ainsi reçu, en 2008, plus de 50 % des fonds publics redistribués sous forme de crédits d'impôt aux donateurs, alors qu'il ne recueillait que 38 % du vote[7].

Malgré l'opposition de tous les autres partis, l'élimination graduelle de cette allocation est votée avec l'adoption de la loi C-13 en . Le montant accordé par vote commencera à diminuer le et sera complètement éliminé après le [1].

Références

Articles connexes

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