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Femme sauvage

La femme sauvage est une composante de la féminité, qui pour une femme ayant fait la paix avec sa masculinité, voit se déployer en elle, sa féminité. La « femme sauvage » peut alors s'épanouir. Il s'agit d'un concept élaboré par Clarissa Pinkola Estés qui est à replacer parmi les autres concepts de la théorie dite de la psychologie analytique.

Ce concept ne doit pas ĂȘtre confondu avec un des archĂ©types de la part fĂ©minine anima de l'homme : La Femme primitive. La femme primitive est une expression fĂ©minine Ă  l'intĂ©rieur de l'homme. Elle est Ă  l'image de Ève, VĂ©nus pour ces formes dites « positives », mais aussi les sirĂšnes, ou les femmes fatales etc. pour ses formes dites « nĂ©gatives ».

« La complexité de la psychanalyse jungienne tient au fait que toutes les instances psychiques sont en étroites relations les unes avec les autres. Décrire isolément un concept donne de lui une vision forcément partielle car ne tenant compte ni des rapports dynamiques avec les autres instances ni de l'ensemble du systÚme psychique. Tout est lié, tout est en mouvement[1]. »

La femme sauvage articule la part masculine et la part féminine de la Femme

Le concept de « femme sauvage » que Clarissa Pinkola Estés a imaginé est sans doute une restitution des plus novatrices de la psyché féminine de notre époque.

La « femme sauvage » est la femme qui en paix avec son animus (le masculin de la femme), aurait réussi à se libérer et à faire « jaillir » naturellement la force et la puissance intérieure et profonde de la femme.

« Chaque femme porte en elle une force naturelle riche de dons crĂ©ateurs, de bons instincts et d’un savoir immĂ©morial. Chaque femme a en elle la Femme Sauvage. Mais la Femme Sauvage, comme la nature sauvage, est victime de la civilisation. La sociĂ©tĂ©, la culture la traquent, la capturent, la musellent, afin qu’elle entre dans le moule rĂ©ducteur des rĂŽles qui lui sont assignĂ©s et ne puisse entendre la voix gĂ©nĂ©reuse issue de son Ăąme profonde[2]. »

Ce n'est qu'aprÚs avoir compris le versant masculin que possÚde chaque femme, aprÚs l'avoir accepté, et en le dépassant (la femme quitte par exemple une guerre intellectuelle qu'elle mÚne depuis l'enfance) qu'elle devient véritablement femme par un processus d'individuation.

« Pourtant, si Ă©loignĂ©s que nous soyons de la Femme Sauvage, notre nature instinctuelle, nous sentons sa prĂ©sence. Nous la rencontrons dans nos rĂȘves, dans notre psychĂ©. Nous entendons son appel. C’est Ă  nous d’y rĂ©pondre, de retourner vers elle dont nous avons, au fond de nous-mĂȘmes, tant envie et tant besoin. [
] La femme qui rĂ©cupĂšre sa nature sauvage est comme les loups. Elle court, danse, hurle avec eux. Elle est dĂ©bordante de vitalitĂ©, de crĂ©ativitĂ©, bien dans son corps, vibrante d’ñme, donneuse de vie. Il ne tient qu’à nous d’ĂȘtre cette femme-lĂ [2]. »

Cet animus (et mĂȘme pour certaines femmes simplement leur en parler ou Ă©voquer le concept ou sa dĂ©finition) peut parfois ĂȘtre tout aussi « insupportable en elle » que lorsque l’on parle Ă  un macho de sa fĂ©minitĂ© ou de son anima. Pour ainsi dire l’animus pose problĂšme Ă  l’animus car il n’y a pas socialement d’idĂ©e prĂ©conçue sur l’animus. Il oblige la femme Ă  entrer dans un vrai dialogue, un dialogue vrai ou dans un vĂ©ritable travail sur elle-mĂȘme.

Mais cela est possible ; Clarissa Pinkola Estés ouvre la voie pour chaque femme, à se découvrir et à découvrir une voie en elle qui propose finalement un dépassement à l'alternative de Carl Gustav Jung sur l'animus :

«... l'animus est aussi un ĂȘtre crĂ©ateur, une matrice, non pas dans le sens de la crĂ©ativitĂ© masculine, mais dans le sens qu'il crĂ©e quelque chose que l'on pourrait appeler un logos spermatikos - un verbe fĂ©condant. De mĂȘme que l'homme laisse sourdre son Ɠuvre, telle une crĂ©ature dans sa totalitĂ©, Ă  partir de son monde intĂ©rieur fĂ©minin, de mĂȘme le monde intĂ©rieur masculin de la femme apporte des germes crĂ©ateurs qui sont en Ă©tat de faire fructifier le cĂŽtĂ© fĂ©minin de l'homme. C'est lĂ  l'origine de la « femme inspiratrice » qui, si elle est mal formĂ©e, recĂšle aussi en elle la possibilitĂ© de devenir la pire des viragos[3]... »

L'invitation à se découvrir

Clarissa Pinkola EstĂ©s invite Ă  la dĂ©couverte de cette partie de l'ĂȘtre fĂ©minin propre Ă  chaque femme mais cette invitation n'est pas juste une connaissance intellectuelle de plus, sur l'existence d'un concept ou des termes « femme sauvage », mais elle est une entrĂ©e dans un cheminement afin d'avoir conscience et de ressentir cette force intĂ©rieure et cet Ă©tat d'ĂȘtre, que toute femme peut ressentir aprĂšs un long et difficile cheminement.

Ce parcours et ses processus ne concernent, a priori, pas les femmes sous emprise d'un archétype puissant et restées « bloquées » à un stade de maturité psychoaffectif antérieur, souvent à cause d'« un choc », d'une personne « méchante » ou « destructrice » ou d'une enfance malheureuse.

Cependant elles peuvent y ĂȘtre aidĂ©es, lors d'une psychothĂ©rapie avec un(e) psychothĂ©rapeute compĂ©tent(e), ayant lui(elle) mĂȘme pu le vivre par une approche issue de la psychologie analytique.

Car dit-elle « les loups, mĂȘme malades, mĂȘme acculĂ©s, mĂȘme seuls ou effrayĂ©s, vont de l’avant. [
] Ils donneront toutes leurs forces pour se traĂźner si nĂ©cessaire d’un endroit Ă  l’autre, jusqu’à ce qu’ils aient trouvĂ© un bon endroit pour guĂ©rir et pour revivre. La nature sauvage va de l’avant. Elle persĂ©vĂšre[4]. »

Il s'agit pour la femme de comprendre la puissance des archĂ©types (notamment de ceux dits masculins) sur elle. Les figures masculines de la catĂ©gorie de l’Animus jouent le mĂȘme rĂŽle chez la femme que l'anima sur l'homme. C’est pourquoi on la nomme la part masculine de la femme.

Le processus d’individuation et l’acceptation de cet Ă©tat de fait, aussi difficile pour la femme que pour l’homme qui doit accepter sa fĂ©minitĂ©, conduit aussi Ă  un aboutissement de rĂ©alisation de soi par le processus d’individuation.

De la mĂȘme maniĂšre que l'homme rencontre la femme sage, une rencontre a finalement lieu, mais avec l'homme sage.

Constituant l'animus, la part masculine, de la femme on peut trouver :

Chaque niveau correspond a un niveau de maturité psycho-affective. Le dernier niveau est l'accord entre son féminin et son masculin : La femme est dite alors « femme libérée » ou « femme sauvage » car elle a fait face à homme sage, sa force, sa puissance intérieure émerge alors.

Notes et références

  1. dans La psychanalyse jungienne, Collection Essentialis, ED. Bernet-Danilot, avril 2002
  2. dans Femmes qui courent avec les loups.
  3. C.G. Jung Dialectique du moi et de l'inconscient, Idées / Gallimard, 1973 p 187/188.
  4. dans femmes qui courent avec les loups.

Annexes

Bibliographie

  • Clarissa Pinkola EstĂ©s, Femmes qui courent avec les loups.
  • Clarissa Pinkola EstĂ©s, Le Jardinier de l'Éden.
  • Clarissa Pinkola EstĂ©s, Le Don de l'histoire.
  • Moidi Paregger, Claudio RisĂ© Donne selvatiche. Forza e mistero del femminile. Ed. San Paolo 2015 (ISBN 978-88-215-9612-4)
  • La psychanalyse jungienne, Collection Essentialis, ED. Bernet-Danilot,
  • C.G. Jung, Dialectique du moi et de l'inconscient, IdĂ©es / Gallimard, 1973 p 187/188.

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