Faure Gnassingbé
Faure GnassingbĂ© (prononciation : /foÊ ÉČasiĆÉĄbe/[N 2]), nĂ© le Ă Afagnan, au Togo, est un homme d'Ătat togolais, prĂ©sident de la RĂ©publique depuis 2005. D'abord prĂ©sident par intĂ©rim du au , il est ensuite Ă©lu Ă quatre reprises, dans des conditions contestĂ©es. Il succĂšde Ă son pĂšre, GnassingbĂ© Eyadema, prĂ©sident de la RĂ©publique de 1967 Ă sa mort en 2005.
Faure Gnassingbé | |
Faure Gnassingbé en 2014. | |
Fonctions | |
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Président de la République togolaise | |
En fonction depuis le (18 ans, 2 mois et 2 jours) |
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Ălection | 24 avril 2005 |
Réélection | 4 mars 2010 25 avril 2015 22 février 2020 |
Premier ministre | Koffi Sama Edem Kodjo Yawovi Agboyibo Komlan Mally Gilbert Houngbo ArthÚme Ahoomey-Zunu Komi Sélom Klassou Victoire Tomegah Dogbé |
PrĂ©dĂ©cesseur | Abbas Bonfoh (intĂ©rim) Lui-mĂȘme |
â [N 1] (18 jours) |
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Premier ministre | Koffi Sama |
Prédécesseur | Gnassingbé Eyadema |
Successeur | Abbas Bonfoh (intĂ©rim) Lui-mĂȘme |
Biographie | |
Nom de naissance | Faure Essozimna Gnassingbé |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Afagnan (Togo) |
Nationalité | Togolaise |
Parti politique | Rassemblement du peuple togolais UNIR |
PÚre | Gnassingbé Eyadema |
DiplÎmé de | Université Paris-Dauphine |
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Présidents de la République togolaise | |
Biographie
DĂ©buts du parcours
Il est titulaire d'une licence dâĂ©conomie et gestion de lâuniversitĂ© Paris-Dauphine et d'un MBA de l'universitĂ© George Washington[1].
Il commence sa carriÚre politique comme député au sein du Parlement togolais pour la circonscription de Blitta, sous l'étiquette du Rassemblement du peuple togolais (RPT). Il est ensuite nommé ministre des Travaux publics, des Mines et des Télécommunications du gouvernement de Koffi Sama le .
Héritage de Gnassingbé Eyadéma
Sa nomination en tant que prĂ©sident de la RĂ©publique Ă©tait dĂ©jĂ prĂ©vue, en raison du mauvais Ă©tat de santĂ© de son pĂšre. En , GnassingbĂ© Eyadema avait fait amender la Constitution du pays, avec entre autres mesures lâabaissement de l'Ăąge nĂ©cessaire pour ĂȘtre prĂ©sident de 45 Ă 35 ans, Ăąge qu'avait son fils Ă cette Ă©poque. Ceci aurait permis Ă Faure GnassingbĂ© de se prĂ©senter Ă lâĂ©lection prĂ©sidentielle de 2003 au cas oĂč EyadĂ©ma ne pourrait se prĂ©senter[N 3].
Avec l'aval de Jacques Chirac et tel que permis par lâamendement constitutionnel de [N 4], EyadĂ©ma se prĂ©sente finalement Ă lâĂ©lection prĂ©sidentielle de 2003 qu'il remporte officiellement au premier tour avec 52 % des voix. Il fit entrer Faure GnassingbĂ© (jusquâalors dĂ©putĂ©) au gouvernement en lui confiant le ministĂšre des Travaux publics, des Mines et des TĂ©lĂ©communications. EyadĂ©ma annonça engager de grands travaux de rĂ©habilitations des infrastructures partout dans le pays aprĂšs le rĂ©tablissement de la coopĂ©ration avec l'Union europĂ©enne (coupĂ©e depuis 1993 Ă la suite de la rĂ©pression d'une manifestation en [2]).
Ă la suite du dĂ©cĂšs de son pĂšre le et d'un coup d'Ătat constitutionnel soutenu par l'armĂ©e, Faure GnassingbĂ© devient prĂ©sident aprĂšs avoir Ă©tĂ© Ă©lu prĂ©sident de l'AssemblĂ©e nationale[3]. Sous la pression de l'opposition, de l'Union africaine et de la communautĂ© internationale, Faure GnassingbĂ© renonce d'abord Ă ĂȘtre prĂ©sident jusqu'au terme du mandat normal de son pĂšre en renonçant Ă la modification de la constitution votĂ©e en toute hĂąte. Il annonce alors une Ă©lection dans les 60 jours. Ensuite, le , il renonce Ă son mandat de prĂ©sident par intĂ©rim et se porte candidat Ă l'Ă©lection prĂ©sidentielle.
Ălection prĂ©sidentielle de 2005
LâĂ©lection a lieu le . Le scrutin est marquĂ© par l'irruption de militaires des forces armĂ©es togolaises (FAT) dans les bureaux de vote et le vol des urnes dans des quartiers rĂ©putĂ©s favorables Ă l'opposition[4] - [5]. Faure GnassingbĂ© est Ă©lu avec 60,15 % des voix selon les rĂ©sultats dĂ©finitifs annoncĂ©s par la Cour constitutionnelle du pays[6].
L'opposition accuse dâirrĂ©gularitĂ©s, et des affrontements entre partisans de l'opposition et forces de l'ordre et des milices du Rassemblement du peuple togolais (parti au pouvoir) armĂ©es de coupe-coupe (machettes traditionnelles utilisĂ©es principalement dans l'agriculture en Afrique de l'Ouest) et aidĂ©s par 2 500 militaires ont lieu dans les grandes villes du pays[7]. Ils auraient entraĂźnĂ© 790 morts parmi les opposants selon la ligue togolaise des droits de l'homme[8] et 154 selon la commission d'enquĂȘte officielle togolaise[9]. Le rapport d'enquĂȘte de l'ONU annonce entre 400 et 500 morts[10]. Le pouvoir organisateur de l'Ă©lection dĂ©nonça les chiffres publiĂ©s par l'ONU sous prĂ©texte que ce dernier n'aurait repris que les chiffres donnĂ©s par le chef de l'ONU au Togo, Fidele Sarassoro, ami personnel de l'ancien ministre de l'IntĂ©rieur Akila-Esso François Boko qui avait dĂ©missionnĂ© de son poste quelques jours avant les Ă©lections avertissant que des massacres Ă©taient en prĂ©paration par des proches du pouvoir et qu'il ne maĂźtrisait pas la situation.
Le 3 mai, la Cour constitutionnelle confirme les rĂ©sultats de l'Ă©lection et Faure GnassingbĂ© prĂȘte serment le 4 mai.
Au cours de ce mandat, il nâest reçu officiellement que dans trĂšs peu de pays occidentaux. Les Ă©lections lĂ©gislatives de 2007 lui sont favorables, bien que leur reprĂ©sentativitĂ© ait Ă©tĂ© mise en cause, en raison d'un dĂ©coupage Ă©lectoral favorable au parti au pouvoir[11] oĂč il fallait dix mille Ă©lecteurs pour Ă©lire un dĂ©putĂ© dans certaines rĂ©gions du Nord acquis au pouvoir mais cent mille au sud (plus peuplĂ©) acquis aux opposants.
Ălection prĂ©sidentielle de 2010
Le , le président de la Commission électorale nationale indépendante, Issifou Taffa Tabiou, le déclare vainqueur de l'élection présidentielle du , le créditant de 60,9 % des suffrages[12] face à Jean-Pierre Fabre (Union des forces de changement), qui obtient 33,9 % des voix, et à l'ancien Premier ministre Yawovi Agboyibo (Comité d'action pour le renouveau), crédité de 2,9 %.
La totalitĂ© des candidats, sauf Fabre et Nicolas Lawson (0,29 % des voix)[13], refusent de reconnaĂźtre la supposĂ©e victoire de Faure GnassingbĂ©. Ces derniers estiment que les chiffres publiĂ©s par la Commission Ă©lectorale nationale indĂ©pendante sont de pures fabrications. La commission Ă©lectorale avait changĂ© le mode de transmission des rĂ©sultats des bureaux de vote au bureau central de la CENI aux derniers moments sous prĂ©texte de pannes du systĂšme VSAT implantĂ© par le Programme des Nations unies pour le dĂ©veloppement (PNUD)[14]. L'expert du PNUD responsable, Yoro Thiam, dĂ©niera la version racontĂ©e par la CENI quelques jours plus tard en affirmant qu'il y avait eu des attaques virales, mais qui n'ont fait que ralentir le systĂšme pour un bout de temps sans toutefois indiquer la source des attaques. L'ancien ministre de l'IntĂ©rieur Akila Esso François Boko ajouta quelques jours plus tard que le clan au pouvoir aurait fait implanter une antenne pirate pour manipuler les chiffres transmis par le systĂšme VSAT. Ceci ayant Ă©chouĂ© et Faure GnassingbĂ© perdant selon les rĂ©sultats recueillis, la commission Ă©lectorale aurait tout simplement changĂ© de mĂ©thode de compilation des rĂ©sultats. Selon Akila-Esso François Boko, ancien ministre de lâIntĂ©rieur de GnassingbĂ© EyadĂ©ma, Faure ne peut mathĂ©matiquement pas gagner une Ă©lection au Togo malgrĂ© la division de l'opposition parce que la vraie base Ă©lectorale de son parti n'est Ă peu prĂšs que de 10 % de lâĂ©lectorat[15].
Faure GnassingbĂ© n'a pas fait dâapparition publique ou tĂ©lĂ©visuelle entre la date de sa rĂ©Ă©lection, et le , date Ă laquelle il sâest rendu au port de LomĂ©, le point central du business familial. Il prĂȘta serment le aprĂšs avoir fait boucler les artĂšres de LomĂ© par des centaines de militaires[16].
Ălection prĂ©sidentielle de 2015
Faure Gnassingbé se présente en 2015 pour un troisiÚme mandat[17]. Il est réélu le avec 58,75 % des suffrages exprimés contre 34,95 % pour son adversaire Jean-Pierre Fabre à l'occasion d'élections contestées par l'opposition et une partie de la presse[18] - [19].
En 2017-2018, le Togo connaßt une grave crise politique, alors que des dizaines de milliers de personnes manifestent pour réclamer la démission de Faure Gnassingbé. Le président modifie par la suite la constitution afin de limiter à deux le nombre de mandats présidentiels. Cette mesure n'étant pas rétroactive, cela lui permet de se présenter une nouvelle fois en 2020 et en 2025[3].
Ălection prĂ©sidentielle de 2020
Faure Gnassingbé se présente pour un quatriÚme mandat lors de l'élection présidentielle du , qui oppose sept candidats[20]. Un changement constitutionnel limite le président de la République à deux mandats, qui sera applicable à partir de 2020[21].
Le scrutin se dĂ©roule dans un contexte oĂč, note Le Monde, « la famille de Faure GnassingbĂ© monopolise le pouvoir au Togo depuis cinquante-trois ans »[3]. Quelque 500 observateurs de la sociĂ©tĂ© civile ont Ă©tĂ© dĂ©chus de leur accrĂ©ditation, tandis que le systĂšme de sĂ©curisation Ă©lectronique des rĂ©sultats a Ă©tĂ© annulĂ© au dernier moment, faisant craindre Ă certains observateurs des fraudes Ă©lectorales[4].
Plusieurs artistes ont appelĂ© Ă voter pour le prĂ©sident togolais, comme le duo Toofan[22]. Le Plan national de dĂ©veloppement (PND) qu'il a initiĂ© en , constitue le fer de lance de son programme. Il cite parmi d'autres projets : continuer l'Ă©lectrisation du pays, rĂ©fection de 4 000 km d'axes routiers et dĂ©senclavement des zones rurales du pays[23]. Il promet Ă©galement, sâil est rĂ©Ă©lu prĂ©sident, de garantir la stabilitĂ© et la sĂ©curitĂ© au Togo, insistant sur le fait que le pays se trouve dans une rĂ©gion fortement menacĂ©e par la pression djihadiste, et qu'il faut la contrer pour assurer le bon dĂ©roulement des projets de dĂ©veloppement[24].
Il est rĂ©Ă©lu le , dĂšs le premier tour, avec 72,36 % des suffrages exprimĂ©s[25] contre 4,35 % pour son adversaire Jean-Pierre Fabre et 18,37 % pour le chef de file de l'opposition, la sociĂ©tĂ© civile dĂ©nonçant Ă©galement des bourrages dâurnes et des inversions de rĂ©sultats[3].
Plus ancien président en exercice en Afrique de l'Ouest, il exerce une influence sous-régionale diplomatique lui permettant de d'entreprendre des médiations avec les rebelles tchadiens et de disposer d'une écoute attentive auprÚs des militaires maliens[26].
Controverses
Faure GnassingbĂ© est surnommĂ© « BĂ©bĂ© Gnass » par ses adversaires politiques, qui l'accusent de considĂ©rer la prĂ©sidence de la RĂ©publique comme un hĂ©ritage paternel. Plus gĂ©nĂ©ralement, sa famille monopolise le pouvoir depuis plus de cinquante ans, ce qui constitue de ce point de vue un record aprĂšs la CorĂ©e du Nord. Kpatcha, un des demi-frĂšres de Faure GnassingbĂ© et ex-ministre de la DĂ©fense, est toujours en prison en 2020 aprĂšs un coup d'Ătat manquĂ© en 2009. L'affaire divise la famille et certains de ses membres Ă©voquent un coup montĂ© destinĂ© Ă Ă©carter un rival de GnassingbĂ©[28] - [29] - [30].
En 2008, il achete comme voiture prĂ©sidentielle une voiture de marque Maybach Ă 1,8 million d'euros[31], tandis quâil essayait de renouer avec la Commission europĂ©enne afin dâavoir accĂšs Ă des prĂȘts pour la rĂ©habilitation des infrastructures du pays.
Les élections législatives togolaises de 2018 sont boycottées par les partis d'opposition, qui dénoncent des irrégularités[32].
Militants, opposition et journalistes
En 2014, Le Monde diplomatique qualifie le régime de « dictature à bout de souffle »[33].
En 2021, dans le cadre de l'affaire Pegasus, plus de 300 numéros togolais sont répertoriés dans la base du logiciel espion israélien[34] - [35]. L'affaire révÚle alors que Faure Gnassingbé, qui n'a pas nié au moment des révélations[36], s'est servi du logiciel pour faire surveiller des opposants notamment, mais aussi des militants de la société civile et des journalistes, entre autres[37] - [38] - .
Distinctions et décorations
Notes et références
Notes
- Par intérim du 21 au 25 février 2005.
- Prononciation en français standard retranscrite phonémiquement selon la norme API.
- Diplomatiquement, il devait pour cela obtenir le soutien du Quai d'Orsay, EyadĂ©ma ayant promis Ă son ami Jacques Chirac lors de la visite de ce dernier Ă LomĂ© le 20 juillet 1999 de prendre sa retraite politique en 2003. Sa lĂ©gitimitĂ© Ă©tait aussi menacĂ©e du fait des accusations (faits confirmĂ©s par un rapport dâenquĂȘtes des Nations unies) par Amnesty International en mai 1999 dâexĂ©cutions de plusieurs centaines dâhommes en tenues militaires togolaises (certains toujours menottĂ©s) dont les cadavres ont Ă©tĂ© jetĂ©s en mer et retrouvĂ©s sur les cĂŽtes bĂ©ninoise, ceci aprĂšs la proclamation des rĂ©sultats de la prĂ©sidentielle de 1998 que lâopposant historique Gilchrist Olympio affirmait avoir remportĂ©e de lâextĂ©rieur.
- Lâamendement constitutionnel Ă©liminait la limitation du nombre de mandats prĂ©sidentiels, mesure qui fut qualifiĂ©e de « coup d'Ătat permanent » par lâopposant Kofi Yamgnane.
Références
- Site de la présidence de la République togolaise.
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- Journal télévisé de 13 h de France 2 du , voir en ligne.
- « Chronologie », sur L'Obs, (consulté le ).
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- VidĂ©o : Ăclairages de François Boko et Jean-Baptiste Placca sur l'Ă©lection de 2010.
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- Vincent Deguenon, « Le régime de Faure Gnassingbé a utilisé Pegasus pour espionner des religieux catholiques », sur beninwebtv.bj, (consulté le ).
- « Visite officielle du chef de l'Ătat au BĂ©nin : le prĂ©sident Faure Essozimna GnassingbĂ© fait Grand Croix de lâOrdre national », sur editogo.tg, (version du 7 avril 2014 sur Internet Archive).
- « Faure décoré », sur republicoftogo.com, (consulté le ).
- Lassaad Ben Ahmed, « Togo : Faure Gnassingbé prend officiellement fonction pour un 4e mandat », sur aa.com.tr, (consulté le ).
Annexes
Articles connexes
Bibliographie
- « Faure Gnassingbé. Cartes sur table », entretien de François Soudan dans Jeune Afrique, no 2 561, du 7 au 13 février 2010, p. 22-28.
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Archives INA: élection présidentielle du 2 avril 2005.