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Famille de Petersen

En mathématiques, et plus précisément en théorie des graphes, la famille de Petersen est un ensemble de sept graphes non orientés contenant le graphe de Petersen et le graphe complet K6. Cette famille a été découverte et étudiée par le mathématicien danois Julius Petersen.

La famille de Petersen. Le graphe complet K6 est en haut de l'illustration, et le graphe de Petersen est en bas. Les liaisons bleues indiquent des transformations Δ-Y ou Y-Δ entre les graphe s de la famille.

DĂ©finition

La forme des transformations Δ-Y et Y-Δ utilisĂ©e pour dĂ©finir la famille de Petersen est la suivante :

  • Si un graphe G contient un sommet s ayant exactement trois voisins (donc trois arĂȘtes partant de lui), la transformation Y-Δ de G en s est le graphe obtenu en supprimant s (et les trois arĂȘtes qui en partent) de G et en ajoutant une nouvelle arĂȘte entre chaque couple de voisins de s.
  • Si un graphe H contient un triangle rst, la transformation Δ-Y de H en rst est le graphe formĂ© en supprimant les arĂȘtes rs, st, et rt de H, et en ajoutant un nouveau sommet x et les trois arĂȘtes rx, sx et tx.

(le nom de ces transformations provient de la forme en Δ d'un triangle du graphe, et de la forme en Y d'un sommet de degrĂ© 3). Bien que ces opĂ©rations puissent en principe conduire Ă  des multigraphes, cela ne se produit pas pour les graphes de la famille de Petersen. Ces transformations conservant le nombre d'arĂȘtes d'un graphe, on ne peut, en les utilisant, construire qu'un nombre fini de graphes (ou de multigraphes) Ă  partir d'un graphe initial donnĂ©.

La famille de Petersen est dĂ©finie comme l'ensemble des graphes qui peuvent ĂȘtre atteint Ă  partir du graphe de Petersen par combinaison de transformations Δ-Y et Y-Δ. Parmi les sept graphes de la famille, outre le graphe de Petersen, on trouve le graphe complet K6 Ă  six sommets, le graphe Ă  huit sommets obtenu en supprimant une arĂȘte du graphe biparti complet K4,4, et le graphe complet triparti Ă  sept sommets K3,3,1.

Mineurs exclus

Le graphe apical irrĂ©ductible de Robertson, dĂ©montrant que les graphes YΔY-rĂ©ductibles ont d'autres mineurs exclus que ceux de la famille de Petersen.

Un mineur d'un graphe G est un autre graphe formĂ© Ă  partir de G en contractant et en supprimant des arĂȘtes. Le thĂ©orĂšme de Robertson-Seymour montre que de nombreuses familles de graphes peuvent ĂȘtre caractĂ©risĂ©es par un ensemble fini de mineurs exclus : ainsi, d'aprĂšs le thĂ©orĂšme de Wagner, les graphes planaires sont ceux n'ayant comme mineurs ni le graphe complet K5, ni le graphe biparti complet K3,3.

Neil Robertson, Paul Seymour et Robin Thomas utilisĂšrent la famille de Petersen pour caractĂ©riser de mĂȘme les graphes plongeables dans l'espace usuel sans entrelacements, dĂ©finis comme Ă©tant les plongements tels que tout cycle du graphe soit la frontiĂšre d'un disque non traversĂ© par le reste du graphe[1]. Horst Sachs avait dĂ©jĂ  Ă©tudiĂ© ces plongements, montrĂ© que les sept graphes de la famille de Petersen ne pouvaient ĂȘtre ainsi plongĂ©s, et posĂ© la question de caractĂ©riser les graphes plongeables sans entrelacements par une famille de mineurs exclus[2]. Robertson et al. rĂ©solurent cette question en montrant que la famille de Petersen constituait exactement l'ensemble des mineurs exclus recherchĂ©.

La famille de Petersen est aussi contenue dans l'ensemble des mineurs exclus pour une autre famille de graphes fermĂ©e pour les mineurs, la famille des graphes YΔY-rĂ©ductibles. Un graphe connexe est YΔY-rĂ©ductible s'il peut ĂȘtre rĂ©duit Ă  un seul sommet par une succession de transformations Δ-Y ou Y-Δ, de suppressions de boucles ou d'arĂȘtes multiples, de suppression de sommets n'ayant qu'un voisin, et de remplacements d'un sommet ayant exactement deux voisins par une arĂȘte les reliant. Ainsi, le graphe complet K4 peut ĂȘtre rĂ©duit Ă  un seul sommet par la sĂ©quence : la transformation Y-Δ qui en fait un triangle Ă  cĂŽtĂ©s doubles, la suppression de ces trois cĂŽtĂ©s doubles, la transformation Δ-Y l'amenant au graphe en Y K1,3, et la suppression des trois sommets simples. Chacun des graphes de la famille de Petersen est un mineur exclus minimal pour la famille des graphes YΔY-rĂ©ductibles[3].

Cependant, Neil Robertson a donnĂ© un exemple, montrĂ© ci-contre, d'un graphe apical (en) (un graphe obtenu en ajoutant un sommet Ă  un graphe planaire, et donc clairement plongeable sans entrelacements) qui n'est pas YΔY-rĂ©ductible, montrant que les graphes YΔY-rĂ©ductibles forment un sous-ensembles strict des graphes plongeables sans entrelacements, et donc possĂšdent un ensemble de mineurs exclus plus vaste que la famille de Petersen[3]. En fait, Yaming Yu a montrĂ© en 2006 qu'il y avait au moins 68 897 913 652 mineurs exclus pour cette famille[4].

Notes

  1. Cette définition est plus forte que celle correspondant à la version usuelle, demandant que deux cycles quelconques soient non entrelacés, puisqu'elle exclut également les entrelacs brunniens ; voir Robertson, Seymour et Thomas 1993.
  2. (en) Horst Sachs, « On a spatial analogue of Kuratowski's Theorem on planar graphs – an open problem », dans M. Horowiecki, J. W. Kennedy et M. M. SysƂo, Graph Theory: Proceedings of a Conference held in ƁagĂłw, Poland, February 10–13, 1981, vol. 1018, Springer-Verlag, , p. 230–241.
  3. (en) Klaus Truemper, Matroid Decomposition, Academic Press, , 100–101 p. (lire en ligne).
  4. (en) Yaming Yu, « More forbidden minors for wye-delta-wye reducibility », Electronic Journal of Combinatorics, vol. 13, no 1,‎ , #R7 (lire en ligne).

Références

Voir aussi

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