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FĂ©tichisme du caoutchouc

Le fĂ©tichisme du caoutchouc — le plus souvent le latex — se traduit chez ses adeptes par la crĂ©ation d'une forte stimulation sexuelle provoquĂ©e par la vision, le toucher ou le port de vĂȘtements en caoutchouc ou latex. Hors francophonie, la notion de latex fetish s'Ă©tend parfois au port de vĂȘtements en cuir ou en vinyle.

Femme portant un catsuit en latex.
Deux personnes en catsuit et masques Ă  gaz.

Description

L'odeur, le bruit provoquĂ© par les frottements, la dĂ©shumanisation du porteur ou encore la mise en valeur des courbes du corps serrĂ© dans le latex peuvent ĂȘtre trĂšs excitants pour le fĂ©tichiste. Pour certains, de simples gants d'examen mĂ©dical deviennent un objet de fantasme. Pour d'autres, le fantasme de l'infirmiĂšre y est associĂ©. La sensation d'ĂȘtre emprisonnĂ© dans un vĂȘtement qui Ă©pouse la peau, voire la perte de la vision et de l'ouĂŻe provoquĂ©es par le port d'une cagoule, peuvent ĂȘtre hautement Ă©rogĂšnes pour les fĂ©tichistes.

Histoire

Si les premiĂšres expressions mĂ©diatiques du vĂȘtement en latex remontent aux annĂ©es 1960, notamment avec l'utilisation assez rĂ©guliĂšre de tenues en caoutchouc (et plus spĂ©cifiquement des impermĂ©ables de type « Mackintosh ») dans la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e Chapeau melon et bottes de cuir, c'est en 1972 que la premiĂšre revue consacrĂ©e au sujet, Atomage[1], crĂ©Ă©e par John Sutcliffe, fait son apparition. D'autres publications, toujours considĂ©rĂ©es comme appartenant Ă  la culture underground[2], voient le jour : Rubberist[3], Dressing for Pleasure[4].

Mais c'est en 1983 qu'à Londres, Tim Woodward lance un night-club destiné aux fétichistes du latex : Skin Two, et, devant le succÚs qu'il remporte, lance le magazine éponyme[5] qui, entre 1983 et 2014, sera distribué au fil de 66 numéros.

Dans la lignée de Skin Two, nous verrons ensuite apparaßtre en Allemagne "O", puis Marquis[6] et Heavy Rubber[7], et en France le magazine La ScÚne, dont seulement deux numéros seront édités en 1993 et 1994.

Il est permis de penser que toutes ces publications, ainsi que l'utilisation de plus en plus fréquente du latex dans les médias et notamment le spectacle, le cinéma et le show business, auront contribué à ce qu'aujourd'hui le fétichisme ait acquis un statut plus « acceptable » qu'à ses débuts.

Association au sado-masochisme

FĂ©tichistes latex marche pour les droits des homosexuels Ă  Londres.

Le fĂ©tichisme du latex est souvent associĂ© au monde du sado-masochisme ou du bondage, bien qu'il puisse exister complĂštement indĂ©pendamment de ceux-ci. Le fĂ©tichisme du latex peut ĂȘtre rapprochĂ© du bondage, dans la mesure oĂč certains fĂ©tichistes sont excitĂ©s par la privation sensorielle qui peut ĂȘtre rendue plus importante par des entraves aux mains ou aux pieds.

Celle-ci est rendue totale par l'utilisation d'un vacuum bed (littĂ©ralement, lit-aspirateur), qui se constitue de deux draps de latex insĂ©rĂ©s dans un cadre rigide. Une personne s'y place allongĂ©e, comme dans un sac de couchage, et un aspirateur est alors mis en marche par une tierce personne afin d'Ă©vacuer tout l'air qui se trouve entre les deux draps. La personne se trouvant Ă  l'intĂ©rieur est alors immobilisĂ©e dans un sarcophage de latex, respirant par un trou au niveau de la bouche ou un tuyau. La vision d'une personne ainsi emprisonnĂ©e et parfaitement moulĂ©e par le latex peut Ă©galement ĂȘtre trĂšs excitante pour les fĂ©tichistes. (Note : les couches de latex ont gĂ©nĂ©ralement une Ă©paisseur d'environ 0,4 mm. Sur un vacuum bed, le matĂ©riau devient si fin que de simples bas rĂ©silles se verront en relief Ă  travers.)

L'utilisation du vacuum bed demande beaucoup de prĂ©cautions. En faisant le vide d’air, on coupe facilement la circulation et notamment au niveau du cou. Cela peut provoquer un malaise. Il est conseillĂ© d'utiliser « l’inflatable » sorte de ballon en forme de sac de couchage Ă  double parois. En gonflant entre les parois, le sujet est immobilisĂ© et le sang circule normalement.

Fétichisme du caoutchouc dans les médias et internet

Kylie Minogue en robe de latex lors d’un concert de sa tournĂ©e Kiss Me Once Tour en 2014.

Depuis quelques annĂ©es, on retrouve le latex et le vinyle dans les mĂ©dias, dans des films tels que la sĂ©rie des Batman, Matrix ou Underworld, la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e Alias, certains clips d'artistes tels que Britney Spears, Kylie Minogue, Rihanna, Lady Gaga, Avril Lavigne ou encore dans la mode. Le personnage de Catwoman campĂ© par Michelle Pfeiffer dans le film Batman, le dĂ©fi, vĂȘtu d'une combinaison en vinyle intĂ©grale, est devenu une icĂŽne du monde fĂ©tichiste.

L'émergence d'Internet a permis une popularisation du monde du fétichisme du latex, notamment avec l'apparition de vendeurs spécialisés sur des plates-formes de vente telles qu'eBay ainsi que la popularisation de sites commerciaux proposant des photos ou vidéos de mannequins fétichistes en latex.

VĂȘtements

VĂȘtement en latex rouge.

Le latex est livrĂ© en larges rouleaux d'une Ă©paisseur infĂ©rieure au millimĂštre. Il est taillĂ© puis collĂ© ou cousu afin de façonner les vĂȘtements. On trouve du prĂȘt-Ă -porter, gĂ©nĂ©ralement de qualitĂ© infĂ©rieure, ou du sur-mesure, de meilleure qualitĂ© et beaucoup plus onĂ©reux. Potentiellement, tout vĂȘtement peut ĂȘtre rĂ©alisĂ© en latex. On trouve ainsi, entre autres, des bas, collants, gants, chaussettes, pantalons, tops, sous-vĂȘtements, cagoules ou combinaisons intĂ©grales, appelĂ©es catsuits. Celles-ci sont trĂšs prisĂ©es de nombreux fĂ©tichistes parce qu'elles enveloppent le corps dans son intĂ©gralitĂ©. On en trouve avec ou sans pieds, mains, col ou cagoule, ouvertures pour les orifices naturels ou encore sur les seins. De mĂȘme, on trouve des cagoules avec ou sans ouvertures pour les oreilles, les yeux ou la bouche mais toujours pour les narines dans le cas oĂč la bouche est scellĂ©e.

Traditionnellement, la couleur prĂ©fĂ©rĂ©e des fĂ©tichistes est le noir, mais le latex est un matĂ©riau translucide qui peut ĂȘtre teint de toutes les couleurs, et de plus en plus, les maisons spĂ©cialisĂ©es dans la fabrication de ces vĂȘtements proposent de larges gammes de couleurs.

On trouve Ă©galement de nombreux vĂȘtements ayant trait au fĂ©tichisme de l'uniforme (fantasme de l'infirmiĂšre, de la femme de mĂ©nage, de la policiĂšre
), ou de la dĂ©shumanisation (combinaisons intĂ©grales, combinaisons incluant des seins moulĂ©s de taille gigantesque, cagoules et combinaisons gonflables, costumes de chien
).

Le latex tel qu'il est livrĂ© n'est pas brillant mais mat. Or, pour certains fĂ©tichistes, l'aspect brillant est une partie essentielle du vĂȘtement. Pour le lui donner, une couche de polish est appliquĂ©e.

Mettre un vĂȘtement en latex peut ĂȘtre une entreprise longue et difficile, car c'est un matĂ©riau qui frotte Ă©normĂ©ment contre la peau. L'utilisation de talc est recommandĂ©e, mais mĂȘme avec, enfiler un catsuit demande en gĂ©nĂ©ral pas moins d'un quart d'heure. L'utilisation d'un produit lubrifiant a base d'eau ou de silicone peut Ă©galement faciliter les choses, mais on doit s'assurer d'utiliser un produit qui n'endommagera pas le latex.

On peut Ă©galement appliquer du latex liquide directement sur le corps, le laisser sĂ©cher et l'enlever afin de crĂ©er soi-mĂȘme son vĂȘtement. C'est cependant une opĂ©ration compliquĂ©e, qui demande de la pratique et de la prĂ©paration, notamment pour Ă©viter de s'arracher les poils en enlevant le latex une fois sec : il est donc indispensable d'enduire la partie du corps avec de la crĂšme hydratante avant.

Notes et références

  1. Site de la revue Atomage
  2. Émission TV de 1977 sur le fĂ©tichisme du latex
  3. Revue Rubberist
  4. Dressing For Pleasure
  5. Skin Two Magazine
  6. Marquis
  7. Heavy Rubber

Voir aussi

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