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Fédération de la haute couture et de la mode

La Fédération de la Haute Couture et de la Mode (FHCM) (anciennement Fédération française de la couture, du prêt-à-porter des couturiers et des créateurs de mode ou FFC jusqu'en 2017) est un regroupement de trois chambres syndicales d'industriels de la mode française.

Fédération de la Haute Couture et de la Mode
Logo de l’association
Cadre
Forme juridique Regroupement de syndicats accrédité en vertu de la loi sur les syndicats professionnels
But L'étude, la défense, l'éducation et la promotion des droits et intérêts des Créateurs de la mode de France
Zone d’influence Drapeau de la France France
Fondation
Fondation 1868
Identité
Siège Paris
Président Ralph Toledano
Pascal Morand (président exécutif)
Affiliation Ministère de la Culture et la Communication
Membres 3 syndicats nationaux ou internationaux
Site web www.fhcm.paris

Historique

La Fédération de la haute couture et de la mode regroupe trois entités[1] - [2] :

  • la Chambre syndicale de la haute couture, créée en 1868, et dirigée par Ralph Toledano
  • la Chambre syndicale de la mode masculine, créée en 1973, et dirigée par Sydney Toledano[3].
  • la Chambre syndicale de la mode féminine, anciennement « Chambre syndicale du prêt-à-porter des couturiers et des créateurs de mode », créée en 1973 et dirigée par Bruno Pavlovsky.

Fondements

Après la Seconde Guerre mondiale, le marché de l’habillement est occupé par trois intervenants[4] : la couture, qu'elle soit réalisée chez soi ou auprès de couturières de quartier, qui détient la majeure partie, la haute couture, et la confection, ancêtre du prêt-à-porter. La Fédération nationale de la couture est fondée le . Elle associe les grands couturiers parisiens issus de la Chambre syndicale de la couture parisienne[n 1] ainsi que les couturiers de province autorisés à reproduire leurs modèles et faire usage du nom des prestigieuses maisons[6]. Dès l'année suivante, les choses évoluent : l'ancienne « confection pour dames » est rebaptisée « industrie du vêtement féminin » ; la Fédération du vêtement féminin est fondée[n 2]. Les divergences sont nombreuses avec les couturiers[8]. Depuis 1910 où les couturiers se sont désolidarisés des confectionneurs[9], la séparation est alors claire entre une haute couture manuelle et une production industrielle.

À la fin des années 1950, la haute couture régresse et ne peut survivre avec son modèle économique désuet. Jacques Heim, alors président de la Chambre syndicale de la couture parisienne, encourage les membres de la haute couture dans leur volonté de créer le « prêt-à-porter des couturiers »[10]. De très nombreuses expériences avaient été réalisées les décennies passées, mélange de confection et de couture, avec plus ou moins de succès[11]. Au cours des années suivantes, le prêt-à-porter des couturiers connait la même croissance que les créations des autres stylistes[12] et au début des années 1970, la notoriété de nombreux jeunes créateurs atteint celle des grands couturiers[13] - [9]. Plusieurs de ces derniers souhaitent ne plus différencier haute couture et prêt-à-porter, jusqu'à vouloir les regrouper au sein d'un même défilé[14].

La Fédération française de la couture, du prêt-à-porter des couturiers et des créateurs de mode est fondée en octobre 1973, en même temps que la Chambre syndicale de la mode masculine (présidée au départ par Pierre Cardin[15]) et la Chambre syndicale du prêt-à-porter des couturiers et des créateurs de mode[16]. Cette dernière est créée sous l'impulsion de Jacques Mouclier alors président délégué de la Chambre syndicale de la couture et de Pierre Bergé[17] qui en prend la présidence[9]. La Chambre syndicale de la couture est rattachée à la Fédération[9] : de cette façon, les couturiers et stylistes perpétuent la séparation entre le prêt-à-porter de marque et la confection en gros[18] rattachée à une autre fédération. Madame Grès, alors présidente de la haute couture, prend la direction de la Fédération lors de sa création[15]. Nécessaire réorganisation, tout ceci entérine le regroupement de la confection avec les couturiers et stylistes, séparés soixante-trois plus tôt[9].

L'une des premières actions de la Fédération est de regrouper les défilés éparses en un lieu commun[19]. D'abord au récent Palais des Congrès pour quelques mois, puis au Jardin d'acclimatation, aux Tuileries, au forum des Halles, puis dans la Cour Carrée du Louvre pour de nombreuses années[20] - [9] à partir des années 1980. Les présentations dans les murs des maisons de couture sont révolues[9]. Les autres missions concernent la médiatisation des adhérents de la Fédération, la formation, ou l'ouverture de Paris capitale de la mode aux stylistes étrangers[21], ce qui ne se fait pas sans crainte de la part des créateurs français en place[22].

Mais dans les années 1980, la cohabitation entre la « couture » et les « créateurs de mode » ne se fait pas sans heurt[23]. Les relations vont s'améliorer dans les années qui suivent. Le mélange des genres, entre les maisons de haute couture qui produisent du prêt-à-porter et les créateurs de mode qui font du sur mesure, fait que les barrières s'estompent[24] : coordonnant les Chambres entre elles, « la Fédération française de la couture est devenue plus homogène »[25]. Durant cette décennie, Jack Lang remet en question l'occupation qui devait être temporaire de la Cour Carrée, souhaitant une solution définitive pour la Fédération[22]. Dans le cadre du projet du Grand Louvre, un bâtiment est construit qui permettra finalement à la mode de défiler au Carrousel du Louvre[26]. Les « Oscars de la Mode », éphémère événement médiatique, sont organisés par la Fédération en 1985[27].

De 1988 à 1998, la fédération est dirigée par Jacques Mouclier, qui a permis notamment l'accès aux défilés parisiens pour les marques étrangères[28]. Didier Grumbach lui succède et reste président de la fédération jusqu'en 2014[29].

De nos jours

À l'exception de la Chambre syndicale de la couture[n 3] uniquement parisienne, les deux autres composantes de la Fédération sont également internationales et accueillent des membres étrangers depuis 1998[30].

Cette Fédération regroupe actuellement une centaine de groupes industriels de la mode. La Fédération a aussi une école de mode par l'intermédiaire de la Chambre syndicale de la haute couture, l'École de la chambre syndicale de la couture parisienne créée en 1927[1]. En 2013, le marché de la haute couture française représente un chiffre d'affaires de 15 milliards d'euros[31].

En , le joaillier De Beers rejoint la fédération française de la couture en tant que membre officiel[32].

En 2016, Alexandre Mattiussi, fondateur de la marque Ami Paris rejoint la Chambre Syndicale de la Mode Masculine. en tant que membre officiel[33]

Activité

Cette fédération a été créée pour mieux défendre les intérêts et pour coordonner les trois chambres syndicales qui la composent, pour promouvoir la profession des entrepreneurs et industriels de la mode et pour donner de la cohérence à la communication de cette profession : « une politique d'ensemble [peut] être menée »[34]. Elle encourage les nouveaux créateurs et représente les intérêts des marques en protégeant les droits de propriété intellectuelle[35] - [36]. Elle négocie la convention collective et autres négociations paritaires[37]. Elle a également des liens étroits avec l'Union nationale artisanale de la couture et des activités connexes, un syndicat de couturiers, retoucheurs, modistes, brodeurs[38]. Les entreprises de la Fédération ont un effet d'entraînement sur l'activité des façonniers et sous-traitants[39].

La Fédération fixe aussi les dates et le lieu des semaines des défilés à Paris[40] - [36], que ce soit pour la haute couture ou pour le prêt-à-porter féminin et masculin, en coordination avec Londres, New York et Milan.

La Fédération est également chargée de former une commission indépendante qui recommande chaque année au ministère de l'industrie les nouvelles maisons de couture qui devraient bénéficier du label "haute couture". Les marques désignées par la fédération devaient être recommandées par deux autres noms de la couture, présenter au moins 2 collections contenant au moins 25 modèles par an, et posséder au moins 20 salariés, mais ces critères ne sont aujourd'hui plus obligatoires [41].

Son ancien président, Didier Grumbach, met en exergue les synergies entre la haute couture et le prêt-à-porter. « Quand la haute couture était organisée et structurée comme elle l‘était en 1944, le prêt-à-porter créatif n‘existait pas. Aujourd'hui, Chanel et Dior, les plus mythiques maisons de couture, sont aussi les plus gros exportateurs français de prêt-à-porter et sans celui-ci, leur ligne couture n'existerait pas. La haute couture est devenue la partie supérieure du prêt-à-porter, un service pour les adeptes de la marque[35]» explique-t-il en 2009.

Depuis 2012, la Fédération française de la couture a créé un showroom intitulé Designers apartment afin de soutenir et promouvoir des créateurs émergents[42]. Ce showroom présente les collections d'une sélection de créateurs, basés à Paris et ayant une société française, dans un hôtel particulier parisien. Les collections sont exposées à destination de la presse et des acheteurs.

En 2014, après le départ de Didier Grumbach, la présidence de la Fédération est assurée par Ralph Toledano[29] (ne pas confondre avec Sidney Toledano, président de la chambre syndicale de la mode masculine, sans lien de parenté).

Notes et références

Notes

  1. La Chambre syndicale de la couture parisienne est alors composée des grands couturiers pratiquant la haute couture, ainsi que des couturiers de Paris pratiquant la confection. Au total, c'est 1 100 membres[5].
  2. Cette fédération regroupe les entreprises de couture en gros et les sociétés de confection[7].
  3. la Chambre syndicale de la couture parisienne change de nom en 2001 pour Chambre syndicale de la haute couture.

Références

  1. Bye 2010, p. 1.
  2. Godart 2010, p. 30.
  3. « Sidney Toledano à la tête de la chambre syndicale de la mode masculine », sur m-mmm.fr, Maison Méditerranéenne des Métiers de la Mode, (consulté le )
  4. Grumbach 2008, p. 185
  5. Grumbach 2008, p. 94
  6. Grumbach 2008, p. 93
  7. Grumbach 2008, p. 186
  8. Grumbach 2008, p. 187 et 190
  9. Guénolée Milleret (préf. Alexis Mabille), Haute couture : Histoire de l'industrie de la création française des précurseurs à nos jours, Paris, Eyrolles, , 192 p. (ISBN 978-2-212-14098-9), « La haute couture en question. 1960-2000 », p. 142 à 145
  10. Grumbach 2008, p. 225
  11. Grumbach 2008, p. 226 et suiv.
  12. Grumbach 2008, p. 287
  13. Grumbach 2008, p. 304
  14. Grumbach 2008, p. 306 et 307
  15. Mouclier 2004, p. 54
  16. Grumbach 2008, p. 376
  17. Mouclier 2004, p. 49 à 53
  18. Grumbach 2008, p. 308
  19. Mouclier 2004, p. 55
  20. Mouclier 2004, p. 55 à 58
  21. Mouclier 2004, p. 77
  22. Mouclier 2004, p. 79
  23. Grumbach 2008, p. 320 et 321
  24. Grumbach 2008, p. 338 et 339
  25. Grumbach 2008, p. 338
  26. Mouclier 2004, p. 82
  27. Mouclier 2004, p. 113 à 116
  28. « Décès de Jacques Mouclier, ancien président de la Fédération française de la Couture », sur Ladepeche.fr,
  29. « Didier Grumbach quitte la présidence de la Fédération de la couture », Mode, sur lemonde.fr, Le Monde, (consulté le )
  30. Grumbach 2008, p. 339
  31. « La création de mode pèse 15 milliards d'euros en France », Le Point, (lire en ligne)
  32. Mathilda Panigada, « De Beers rejoint la Fédération française de la couture », sur Abc-luxe.com,
  33. « Les Membres - Fédération de la Haute Couture et de la Mode », Fédération de la Haute Couture et de la Mode, (lire en ligne, consulté le )
  34. Mouclier 2004, p. 83
  35. Shu 2009.
  36. (en) Catherine Shu, « The economy is on the outs, but fashion is always in », sur Taipeitimes.com,
  37. Mouclier 2004, p. 104
  38. Waddell 2013, p. 178.
  39. AFP, « La création de mode pèse 15 milliards d'euros en France », Le Point, (lire en ligne)
  40. Rédaction Le Monde, « A Paris, le noir n'est pas austère dans les défilés hommes », Le Monde, (lire en ligne)
  41. Julien Neuville, « Les nouveaux venus de la haute couture », sur Lemonde.fr,
  42. « Designers apartement », sur France 24,

Voir aussi

Bibliographie

  • Didier Grumbach, Histoires de la mode, Paris, Éditions du Regard, (1re éd. 1993 Éditions du Seuil), 452 p. (ISBN 978-2-84105-223-3), p. 93 et suiv. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Jacques Mouclier, Haute couture, Neuilly-sur-Seine, Jacques-Marie Laffont, , 270 p. (ISBN 2-84928-052-6) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Gavin Waddell, How Fashion Works : Couture, Ready-to-Wear and Mass Production, John Wiley & Sons, (lire en ligne), p. 178-179
  • (en) Elizabeth Bye, Fashion Design, Berg, (lire en ligne), p. 1
  • Frédéric Godart, Sociologie de la mode, Éditions La Découverte, (lire en ligne), p. 30

Articles connexes

Lien externe

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