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Exploration de Mercure

L'exploration de Mercure à l'aide de sondes spatiales est tardive car la planète intéresse moins les scientifiques que Mars et Vénus et elle représente une destination difficile à atteindre du fait de la proximité du Soleil. En 2016, seules deux sondes spatiales de la NASA ont étudié la planète, Mariner 10 qui a effectué de simples survols en 1974 et 1975 et MESSENGER lancée en 2004 qui en a fait une étude détaillée entre 2011 et 2015 après s'être mis en orbite. Une troisième mission baptisée BepiColombo et développée conjointement par l'Agence spatiale européenne et l'Agence spatiale japonaise lancée le 19 octobre 2018 devra atteindre Mercure en 2024. La principale découverte de ces missions menées relativement à proximité de la planète (rapprochement jusqu'à 200 km du sol) porte sur la présence d'un champ magnétique qui semble indiquer que Mercure dispose d'un noyau encore partiellement liquide contrairement aux hypothèses initiales.

Lancement de la sonde spatiale MESSENGER.

La planète Mercure

Mercure est la planète la plus proche du Soleil et la moins massive du Système solaire. Son Ă©loignement au Soleil est compris entre 0,31 et 0,47 ua (46 Ă  70 millions de kilomètres). Mercure a la particularitĂ© d'ĂŞtre en rĂ©sonance spin-orbite 3:2 : sa pĂ©riode de rĂ©volution (~88 jours) vaut exactement 1,5 fois sa pĂ©riode de rotation autour du soleil (~59 jours), et donc la moitiĂ© d'un jour solaire sur la planète (~176 jours).

Mercure est une planète tellurique, comme le sont également Vénus, la Terre et Mars. Elle est près de trois fois plus petite, et presque vingt fois moins massive que la Terre, mais presque aussi dense qu'elle, avec une gravité de surface pratiquement égale à celle de Mars, qui est pourtant près de deux fois plus massive. Mercure est quasiment sphérique. Elle est dépourvue de véritable atmosphère, sa surface est très fortement cratérisée, et globalement similaire à la face cachée de la Lune, le signe qu'elle est géologiquement inactive en surface depuis des milliards d'années.

Une planète difficile à atteindre

La mise en orbite d'une mission spatiale autour de la planète Mercure nĂ©cessite de faire face Ă  deux difficultĂ©s que seules des Ă©volutions relativement rĂ©centes de la technique astronautique ont permis de surmonter. Pour se placer en orbite autour de Mercure en suivant une trajectoire directe, une sonde lancĂ©e depuis la Terre doit, en vol direct (orbite de Hohmann) rĂ©duire fortement sa vitesse orbitale (de 13 km/s pour un dĂ©part depuis une orbite Ă  300 km de la surface de la Terre vers une orbite Ă  200 km de la surface de Mercure) sans compter l'Ă©nergie nĂ©cessaire pour se placer dans le plan orbital de Mercure, qui est inclinĂ© de 7° par rapport Ă  l’écliptique[1]. Le recours Ă  une trajectoire directe est donc particulièrement coĂ»teux. Au milieu des annĂ©es 1980, les progrès dans le domaine de la mĂ©canique spatiale rendent ce type de mission rĂ©alisable Ă  un coĂ»t raisonnable grâce Ă  un enchainement de manĹ“uvres d’assistance gravitationnelle. La proximitĂ© du Soleil constitue la deuxième difficultĂ© d’une mission vers Mercure : une sonde orbitant autour de la planète reçoit onze fois plus d’énergie du Soleil que lorsqu’elle se situe sur une orbite terrestre et le sol de Mercure sur sa face Ă©clairĂ©e rĂ©flĂ©chit une grande partie de la chaleur qu’il reçoit du Soleil, accroissant les contraintes thermiques subies par un engin croisant Ă  basse altitude.

Trajectoire de la sonde spatiale MESSENGER : la sonde spatiale survole à six reprises des planètes qui lui fournissent l'assistance gravitationnelle nécessaire pour atteindre Mercure.

Histoire de l'exploration spatiale de Mercure

La mission Mariner 10 (1973-1975)

Mariner 10 peu avant son lancement.

Mariner 10, développé par l'agence spatiale américaine, la NASA, et lancé le 3 novembre 1973, est le premier engin spatial qui s'approche de Mercure. Il survole la planète à trois reprises en 1974 et 1975. Pour atteindre la planète, la sonde utilise pour la première fois la technique de l’assistance gravitationnelle en passant à faible distance de la planète Vénus. Équipée d’une caméra, d’un magnétomètre et de plusieurs spectromètres, Mariner 10 a permis notamment la découverte d’un champ magnétique significatif et de la forte densité de la planète révélatrice d’un noyau ferreux de grande taille. Les télescopes terrestres les plus puissants n’avaient pas permis d’obtenir des images de qualité de la surface, du fait de la proximité et de l’alignement avec le Soleil. Les photos prises par Mariner 10 ont permis de cartographier près de 45 % de la surface de la planète avec une résolution d’environ km et révéler une surface ancienne couverte de cratères à l’apparence très proche de celle de la Lune[2].

  • Mercure en vraies couleurs
    Mercure en vraies couleurs
  • Mercure en fausses couleurs
    Mercure en fausses couleurs
  • L'escarpement Discovery Scarp
    L'escarpement Discovery Scarp

La mission MESSENGER (2004-2015)

La sonde spatiale sur son lanceur.

MESSENGER, projet sĂ©lectionnĂ© par la NASA en 1999, est la septième mission du programme Discovery qui rassemble des projets d’exploration du système solaire Ă  coĂ»t modĂ©rĂ© et durĂ©e de dĂ©veloppement courte. La sonde, dont la masse, ergols compris, est de 1,1 tonne, emporte sept instruments scientifiques dont plusieurs spectromètres, un altimètre laser, un magnĂ©tomètre et des camĂ©ras. Les spĂ©cifications techniques de la sonde et l’orbite retenue pour la partie scientifique de la mission sont largement dictĂ©es par les tempĂ©ratures qui peuvent atteindre 350 °C. La sonde doit effectuer ses relevĂ©s depuis une orbite polaire fortement elliptique de 200 km Ă— 15 000 km. La mission MESSENGER est lancĂ©e en 2004 et devient la première sonde spatiale Ă  se placer en orbite autour de Mercure le . Pour y parvenir, elle effectue durant son transit six survols rapprochĂ©s des planètes intĂ©rieures (la Terre, VĂ©nus Ă  deux reprises et Mercure Ă  trois reprises) avec quelques corrections de trajectoire intermĂ©diaires, ce qui lui a permis de limiter la masse de carburant embarquĂ© par la sonde Ă  un peu plus de 50 % de sa masse totale. L’objectif de la mission est d’effectuer une cartographie complète de la planète, d’étudier la composition chimique de sa surface et de son exosphère, son histoire gĂ©ologique, sa magnĂ©tosphère, la taille et les caractĂ©ristiques de son noyau ainsi que l’origine de son champ magnĂ©tique. Les instruments de la sonde spatiale fournissent un grand nombre d'informations scientifiques : la couverture photographique de la planète, dĂ©sormais complète, a rĂ©vĂ©lĂ© des formations qui n'ont jusqu'Ă  prĂ©sent pas trouvĂ© d'explications ; plusieurs dĂ©couvertes inattendues sur la composition du sol de Mercure ont Ă©tĂ© effectuĂ©es tandis que le champ magnĂ©tique mesurĂ© a confirmĂ© la prĂ©sence d'un noyau partiellement liquide. De la glace d'eau a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©e dans les rĂ©gions polaires plongĂ©es en permanence dans l'ombre. La fin de la mission fixĂ©e initialement Ă  mars 2011 est repoussĂ©e jusqu'en avril 2015 et dans la phase finale, la sonde spatiale est placĂ©e sur une orbite plus rapprochĂ©e permettant d'allonger le temps d'observation de ses instruments et d'accroitre la rĂ©solution des donnĂ©es. MESSENGER, après avoir Ă©puisĂ© les ergols utilisĂ©s pour maintenir son orbite, s'est Ă©crasĂ©e sur le sol de Mercure le 30 avril 2015.

Carte en fausses couleurs de Mercure mettant en évidence les différences de composition des roches de surface.

La mission BepiColombo de l'Agence spatiale européenne (2017-2026)

Le module MPO de BepiColomboB.

L'Agence spatiale européenne développe avec l'Agence spatiale japonaise la mission BepiColombo dont le lancement initial était planifié en 2017 et qui doit atteindre la planète en 2025. La mission prévoit de placer deux engins spatiaux en orbite autour de Mercure : MPO (Mercury Planetary Orbiter) a pour objectif principal l'étude de l'intérieur et de la surface de la planète Mercure tandis que MMO (Mercury Magnetospheric Orbiter) étudie le champ magnétique, la magnétosphère, l'exosphère ainsi que des ondes et des particules situées dans l'environnement immédiat de la planète. Initialement, la mission devait comprendre un troisième engin qui devait se poser sur le sol de Mercure mais celui-ci a été abandonné pour des raisons budgétaires. Ces deux sondes ont été envoyées par un lanceur Ariane 5 le 19 octobre 2018[3]. Elles vont rejoindre Mercure environ huit ans plus tard pour l'étudier durant une année. Les objectifs de la mission portent sur la nature du noyau de Mercure (liquide ou solide), la possible présence de glace au fond des cratères constamment à l'ombre, la formation du système solaire et l'évolution en général d'une planète au voisinage de son étoile. Des mesures très précises du mouvement de Mercure vont également être effectuées afin de vérifier la théorie de la relativité générale, à l'origine des anomalies observées dans son orbite.

Projets abandonnés ou à l'étude

Mercury-P est un projet de mission étudié par l'Institut de recherche spatiale de l'Académie des sciences de Russie depuis 2008. Le projet comprend un orbiteur et un petit robot destiné à circuler à la surface. Après avoir envisagé un lancement vers 2024, le projet a été repoussé et ne figure plus en 2016 parmi les missions projetées par la Russie.

Historique des missions et des projets

Missions achevées, en cours ou en développement

Mission Statut Lancement Arrivée Fin de mission Type Principales réalisations
Drapeau des États-Unis Mariner 10Succès 1973 1974 1975 Survol Premier survol réussi de Mercure.
Première utilisation de l'assistance gravitationnelle d'une planète pour modifier la vitesse et la trajectoire d'une sonde spatiale.
Drapeau des États-Unis MESSENGERSuccès 2004 2011 2015
La sonde s'est écrasée
Orbiteur Première mise en orbite autour de Mercure (2011)
Drapeau du JaponBepiColomboEn transit201820262027
sauf extension de mission
Orbiteur

Projets à l'étude ou abandonnés

Projet Statut Date d'initialisation projet Date de lancement prévue Type Notes
Drapeau des États-Unis Mercury Observer Abandonné 1983 Orbiteur Faisait partie du Programme Planetary Observer, seul Mars Observer a été concrétisé
Drapeau de la Russie Mercury-P Abandonné 2008 Orbiteur + atterrisseur

Notes et références

  1. (en) Albert Park, « Messenger Mission to Mercury » [PDF], sur ESA (consulté le )
  2. (en) « APL’s Messenger kit press - first flyby » [PDF], sur Université Johns-Hopkins - site MESSENGER,
  3. BepiColombo fact sheet, site officiel ESA

Sources

Ouvrages sur l'ensemble des missions et des projets étudiés
  • (en) Paolo Ulivi et David M Harland, Robotic Exploration of the Solar System Part 1 The Golden Age 1957-1982, Chichester, Springer Praxis, , 534 p. (ISBN 978-0-387-49326-8)
    Description détaillée des missions (contexte, objectifs, description technique, déroulement, résultats) des sondes spatiales lancées entre 1957 et 1982.
  • (en) Paolo Ulivi et David M. Harland, Robotic exploration of the solar system : Part 4 : the Modern Era 2004-2013, Springer Praxis, , 567 p. (ISBN 978-1-4614-4811-2) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

Voir aussi

Articles connexes

Mercure
Missions d'exploration de Mercure
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