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Etta Palm d'Aelders

Etta Palm, connue également comme la baronne d'Aelders, (née en [1] à Groningue et morte le à La Haye) est une espionne et féministe néerlandaise qui s'impliqua dans la Révolution française.

Etta Palm d'Aelders
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  55 ans)
La Haye
Nom de naissance
Etta Lubina Johanna Aelders
Nationalité
Domiciles
Activités
Espionne (à partir de ), écrivaine, salonnière, militante pour les droits des femmes
Autres informations
Organisation
Genre artistique
Lieu de détention

Elle est à l'origine du premier cercle exclusivement féminin de l'histoire de France, la Société patriotique et de bienfaisance des Amies de la Vérité.

Biographie

Avant la RĂ©volution

Etta Lubina Johanna Aelders naĂ®t dans une famille bourgeoise de Groningue. Elle est la fille de Jacob Aelders van Nieuwenhuys, nĂ©gociant en papiers peints et prĂŞteur sur gages, et d'Agatha Petronella de Sitter, une simple religieuse. Au dĂ©cès du père en 1759, sa mère reprend les affaires de celui-ci et permet Ă  Etta de suivre une bonne scolaritĂ© au cours de laquelle elle rencontre Christian Palm, fils d'un procureur d'Arnhem qu'elle Ă©pouse en 1762. Cette union ne dure pas et Etta s'installe, dès 1767, Ă  Amsterdam oĂą elle se lie avec un patriote hollandais, Jan Munniks, qui est bientĂ´t nommĂ© consul Ă  Messine. Sur le chemin de Messine, vers 1773, elle tombe malade et s'arrĂŞte Ă  Paris oĂą elle s'installe. Se faisant appeler « baronne d'Aelders Â», elle frĂ©quente dès lors les salons et la bonne sociĂ©tĂ©, devenant la maĂ®tresse de nobles et de diplomates. Ă€ partir de 1778 elle tiendra elle-mĂŞme un salon.

Parallèlement, elle s'engage dans une intense activitĂ© de « correspondante officieuse Â» - espionne - qui ne cessera qu'en 1792. Elle se mettra au service d'intĂ©rĂŞts souvent antagonistes, tantĂ´t les Pays-Bas, tantĂ´t la Prusse tantĂ´t la France. Ainsi, Ă  son arrivĂ©e en France, elle est payĂ©e pour renseigner le stathouder sur la diplomatie française. Dès 1774, elle a pour protecteur le comte de Maurepas qui lui demande de retourner en Hollande en 1778 afin de « s'informer Â» de l'Ă©tat d'esprit y rĂ©gnant dans l'Ă©ventualitĂ© d'une guerre franco-anglaise.

Sous la RĂ©volution

Durant la Révolution, elle déploiera une remarquable activité en faveur de l'émancipation des femmes et de l'égalité des femmes et des hommes. Elle fut très liée à Louise-Félicité de Kéralio, rédactrice en chef du Journal d’État et du Citoyen. Elle entretient également des liens avec Olympe de Gouges dont elle soutient les idées.

La FĂ©ministe

Etta Palm d'Aelders est une des rares femmes à entreprendre une action politique directe. Le 30 décembre 1790, elle lit devant le Cercle Social un discours sur Sur l´injustice des Loix en faveur des Hommes, aux dépens de Femmes. Elle ne remet pas en cause le rôle domestique des femmes, ni la subordination des femmes. Elle revendique la possibilité pour les femmes d'intervenir dans la vie politique. Elle tente de fédérer les sociétés fraternelles et les mouvements politiques féminins de Bordeaux, d'Alès et de Creil. Elle fonde en mars 1791, la Société patriotique et de bienfaisance des Amies de la Vérité, équivalent féminin mais indépendant de la société masculine du même nom, la société patriotique des Amis de la Vérité. Le , Etta Palm d’Aelders accompagnée d'un groupe de femmes intervient à l'Assemblée. Elle revendique pour les femmes, le droit à l'éducation, la majorité à 21 ans, la liberté politique, l'égalité des droits, la loi sur le divorce. La réponse du président de l'Assemblée est une fin de non-recevoir : « L’Assemblée évitera dans les lois qu’elle est chargée de faire, tout ce qui pourra exciter les regrets et les larmes » [2]. Elle disparaît ensuite du paysage public français [3].

Citations

  • « Messieurs, (...)si [la Nature] vous donna un bras plus nerveux, elle nous fit vos Ă©gales en forces morales, et vos supĂ©rieures peut-ĂŞtre par la vivacitĂ© de l'imagination, par la dĂ©licatesse des sentiments, par la rĂ©signation dans les revers, par la fermetĂ© dans les douleurs, la patience dans la souffrance, enfin en gĂ©nĂ©rositĂ© d'âme et zèle patriotique, et si ces qualitĂ©s naturelles Ă©taient fortifiĂ©es par une Ă©ducation soignĂ©e, par l'encouragement de vos suffrages, par des rĂ©compenses publiques, je ne crains pas de le dire, notre sexe surpasserait souvent le vĂ´tre. »[4].

Ĺ’uvres

  • Sur l´injustice des Loix en faveur des Hommes, aux dĂ©pens de Femmes, in The French Revolution and Human Rights: A Brief Documentary History, translated, edited, and with an introduction by Lynn Hunt (Bedford/St. Martin's: Boston/New York), 1996, 122–23.
  • Appel aux Francoises sur la rĂ©gĂ©nĂ©ration des mĹ“urs, et nĂ©cessitĂ© de l'influence des femmes dans un gouvernement libre, L'imprimerie du Cercle Social, probablement imprimĂ© en juillet 1791. Facsimile in: Les femmes dans la rĂ©volution Française, T. 2, Paris, Edhis, 1982 et sur Gallica

Bibliographie

  • Olivier Blanc, Etta-Lubina-Johana d'AĂ«lders, Mme Palm, in Les Libertines, Plaisir et LibertĂ© au temps des Lumières, Paris, Perrin, 1997, p. 213-234; 256-258.
  • Marc de Villiers, Histoire des Clubs des Femmes et des LĂ©gions d´Amazones, Paris, 1910, p. 14- 41
  • W. J. Koppius, Etta Palm. Nederlands eerste feministe, Zeist, 1929
  • H. Hardenberg, Etta Palm. Een Hollandse Parisienne 1743-1799, Assen, 1962
  • Judith A. Vega (1989b), Luxury, necessity, or the morality of men. The republican discourse of Etta Palm-Aelders, in : Les Femmes et la RĂ©volution Française, Actes du Colloque, I, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, p. 363-370
  • Judith A. Vega (1989a), Feminist Republicanism. Etta Palm-Aelders on justice, virtue and men, in : History of European Ideas, special issue on Women and the French Revolution (eds. R.M. Dekker and J.A. Vega), 10, 3, p. 333-351
  • Judith A. Vega, Inventing enlightenment's gender, The representation of modernity in dispute., thèse de doctorat, UniversitĂ© de Leyde, 1998, p. 96-116
  • La prise de parole publique des femmes, Annales historiques de la RĂ©volution Française, No 344, avril-juin 2006, en ligne

Références

  1. Gérald Arboit, « NOTE HISTORIQUE N°12 - Souvent femme varie - Une espionne hollandaise à Paris... », sur Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R), (consulté le )
  2. Christine Fauré, « Doléances, déclarations et pétitions, trois formes de la parole publique des femmes sous la Révolution », Annales historiques de la Révolution française, no 344,‎ (lire en ligne)
  3. Jean-Clément Martin, La révolte brisée : femmes dans la Révolution française et l'Empire, Paris, Armand Colin, , 272 p. (ISBN 978-2-200-34626-3), p. 100-101.
  4. discours prononcé le 25 mai 1791 au club des Amis de la Liberté, publié par la Confédération des amis de la Vérité

Liens externes

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