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Enclos des fusillés (Liège)

L'Enclos des fusillés de Liège est un petit cimetière situé dans le parc de la citadelle qui compte 415 tombes de personnes fusillées ou abattues par la Wehrmacht ou la Waffen-SS pendant la Seconde Guerre mondiale ainsi que celle de l’aumônier de la citadelle de Liège Mathieu Voncken.

Enclos des fusillés (Liège)
Entrée du cimetière de l'enclos des fusillés
Pays
Province
Commune
Superficie
0,8 hectare
Tombes
416
Personnes
99
Mise en service
Patrimonialité
Icône du bouclier bleu apposé sur un immeuble classé de la Région wallonne Patrimoine classé (1977, enclos et vestiges du bastion Saint-François, no 62063-CLT-0247-01)
Coordonnées
50° 39′ 14″ N, 5° 34′ 43″ E
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Situation et description

L'enclos et son cimetière font partie des vestiges du bastion Saint-François de l'ancienne citadelle.

L'entrée des lieux se fait par le cimetière qui comporte 416 sépultures avec croix mais seules 98 personnes, sans compter l’aumônier Voncken, restent inhumées. Les autres corps ayant été rendus à leur famille. Viennent ensuite la pelouse d'honneur avec l'endroit des poteaux d'exécution, un enclos muré, dit place d'arme, avec le souterrain par où arrivaient les condamnés en provenance du bloc 24 et un deuxième enclos muré accessible du premier par un escalier et qui a servi de lieu d'exécutions et de fosse commune.

Monuments

Plan de l'Enclos des fusillés.

Plusieurs monuments émaillent le site de mémoire.

  • Bastion Saint-François :
    • entrée principale : le seul des cinq poteaux d'exécution d'origine restant inséré dans un bloc de rocher, une plaque en bronze représentant un fusillé mort, toujours attaché au poteau, ainsi qu'une femme et deux enfants en pleur et l'inscription « N'oubliez pas mes enfants... » (plaque disparue en [1]) ;
    • cimetière :
      • monument aux résistants à l'endroit des exécutions. En 1951, de la terre provenant d'un lieu d'exécution de la région gantoise a été unie à celle de la citadelle,
      • un autel au sommet d'un perron et surmonté d'une croix blanche sur la pelouse d'honneur ;
    • place d'arme : une plaque commémorative sur le mur extérieur ;
    • charnier : une croix blanche avec l'inscription « Charnier où furent retrouvés les derniers fusillés » ;
    • corps de place :
      • plaque commémorative sur la porte du bloc 24,
      • monument Cornerstone of Freedom.
  • Bastion Sainte-Marie :
    • une haute croix blanche à l'endroit des sept premières exécutions.

Tombes notables

Historique

Dès l'occupation de Liège par les troupes allemandes en , la citadelle leur sert de caserne, de centre d'entrainement pour les gardes wallonnes et le bloc 24 de prison pour les Juifs et les patriotes[note 1].

La première exécution a lieu le . Il s'agit du maréchal des logis René Zabeau accusé par les Allemands d'avoir abattu un des leurs au fort de Tancrémont alors qu'il s'enfuyait. Cette première exécution ainsi que les six suivantes n'ont pas lieu dans le bastion Saint-François mais dans le bastion Sainte-Marie[note 2].

Le , les résistants Georges Béchoux, Georges Gadisseur et Robert Gendarme s'échappent par le bastion Saint-Maximilien. Ce sera la seule évasion[6].

Flèche indiquant l'endroit de l'évasion des résistants.

À partir de 1943, les corps ne sont plus rendus aux familles mais enterrés à la citadelle. Les condamnés ont droit, avant leur exécution, à la visite de l’aumônier et à écrire trois lettres à leur famille à l'aide d'une machine à écrire.

Les quatre dernières exécutions ont lieu le matin du . Dans la nuit du 6 au 7 septembre, les Allemands abandonnent la citadelle non sans emmener des jeunes prisonniers qu'ils exécutent au pont-barrage de Monsin avant de jeter leur corps dans la Meuse. Le 7 septembre, les prisonniers se libèrent eux-mêmes[7].

En , le Front de l'Indépendance remet la citadelle à la 3e division blindée de l'armée américaine. L'exhumation, l'identification des dépouilles et le transfert de certaines d'entre elles débutent.

Le nombre de personnes signalées comme exécutées à la citadelle s'élève à 221 — dont 7 au bastion Sainte-Marie et 24 directement à la fosse commune — mais le nombre de tombes s'élève à 418 à cette époque. 197 sépultures concernent des personnes tuées ailleurs. On y recense 10 nationalités : 377 Belges, 10 Luxembourgeois, 10 Polonais, 10 Russes, 6 Français, 1 Néerlandais, 1 Espagnol, 1 Italien, 1 Serbe et 1 Américain.

En 1946, le fossé du bastion Saint-François est comblé afin de permettre aux familles des victimes restant inhumées de venir se recueillir sans passer par la caserne. L'entrée principale actuelle est inaugurée le .

En 1967, l'armée belge quitte définitivement les lieux acquis par le CPAS de la Ville de Liège. En 1974, la construction du Centre hospitalier régional de la Citadelle nécessite la démolition d'une grande partie de la citadelle.

Le , l'enclos et les vestiges du bastion Saint-François (section 433T2 au plan cadastral) sont classés[8].

Depuis , le cimetière est géré et entretenu par le ministère de la Défense. Entre 2010 et 2011, la place d'arme, le souterrain et le portail du bloc 24 sont l'objet d'importantes restaurations. La fosse commune reste en attente de telles réfections.

Pendant le week-end du 12 au , des individus dérobent les deux plaques en bronze du monument de l'entrée principale et la plaque de huit tombes[1].

Autre lieu d'exécutions

Le fort de la Chartreuse a aussi servi de lieu d'exécutions. Pendant la Première Guerre mondiale, 48 personnes sont fusillées par l'armée allemande. 44 d'entre elles reposent maintenant dans l'enclos des fusillés du cimetière de Robermont, un Anglais, un Néerlandais et un Français ont été rapatriés dans leur pays. Seuls restent inhumés dans le petit enclos, comportant 48 croix, les frères Antony et Louis Collard. En 1982, le monument comportant les noms des 48 fusillés et leur date d'exécution est transféré, ici, de la prison Saint-Léonard lorsque celle-ci est démolie[9].

Seuls subsistent le dernier couloir voûté que traversait les condamnés à mort et une casemate avec un petit musée consacré aux fusillés du fort de la Chartreuse.

Notes et références

Notes

  1. La prison Saint-Léonard et le fort de la Chartreuse servent aussi de lieux d'enfermement pour les patriotes.
  2. De l'endroit de ces premières exécutions, il ne reste rien. Seule une grande croix blanche marque le lieu (50° 39′ 09″ N, 5° 34′ 49″ E).

Références

  1. Romain Cammereri, « Liège: 10 plaques de bronze volées à l'Enclos des Fusillés de la Citadelle », La Meuse, Bruxelles, Groupe Rossel, région - Liège, (lire en ligne [html])
  2. Jean-Marie Levo, « L'abbé Mathieu Voncken, aumônier des Fusillés » [html], Regards et Rencontres, sur army-chaplaincy.be, Diocèse aux Forces Armées, (consulté le ) : « Publication no 108 »
  3. (nl) Frans Van Humbeek, Paul Van Caesbroeck, « Monument gesneuvelden, met naam en gedenkplaat Cpt Avi Paul Henri de la Lindi » [html], sur aviationheritage.eu, Hangar Flying (consulté le ) : « Source : Georges Lecomte »
  4. Francis De Look, « À la mémoire de Raymond Lépouse alias « Sam » » [html], sur maisondusouvenir.be (consulté le ) : « Source : La Meuse »
  5. Francis De Look, Guy Vanwissen, « La résistance durant la guerre 1940-1945 » [html], sur maisondusouvenir.be (consulté le ) : « Source : Antoine Léonard, journal Le Papegaie, Visé »
  6. Jacques Dujardin, Jules Loxhay et Annie Gadisseur, « Les évadés » [html], sur users.skynet.be/jacques.dujardin (consulté le )
  7. Francis De Look, Raymond Smeers, « une authentique mais terrifiante histoire » [html], sur maisondusouvenir.be (consulté le )
  8. n.c., « Casemates et puits de la Citadelle de Liège » [html], Patrimoine - Biens classés et Zones de protection, sur lampspw.wallonie.be, Région wallonne, (consulté le ) : « Dossier 62063-CLT-0247-01 »
  9. n.c., Philippe Hamoir (photographe), « Site de la Chartreuse - Stèle des fusillés de 1914-1918 » [html], Liège, sur bel-memorial.org (consulté le ) : « Sources : Philippe Hamoir et Olivier Hamal »

Voir aussi

Bibliographie

  • Mathieu Voncken, Nos fusillés nous parlent ! : mes quatorze stations à la Citadelle de Liège : lettres des fusillés (du 21 mai au 29 janvier 1943), Liège, Soledi, , 323 p., 20 cm (OCLC 67830707)
  • Annie Gadisseur (d'après les carnets de Georges Gadisseur), J'étais un condamné à mort, Bressoux, Dricot, , 332 p. (ISBN 978-2-87095-442-3, OCLC 865469636)

Articles connexes

Lien externe

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