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El Hamma (gouvernorat de Gabès)

El Hamma (arabe : الحامة) est une ville oasis du sud de la Tunisie située à une trentaine de kilomètres à l'ouest de Gabès.

El Hamma
El Hamma (gouvernorat de Gabès)
Aperçu du village d'El Hamma.
Administration
Pays Drapeau de la Tunisie Tunisie
Gouvernorat Gabès
Délégation(s) El Hamma
Code postal 6020
DĂ©mographie
Population 41 607 hab. (2014[1])
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 33° 53′ 14″ nord, 9° 47′ 50″ est
Localisation
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El Hamma
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El Hamma

    RattachĂ©e administrativement au gouvernorat de Gabès, elle est le chef-lieu d'une dĂ©lĂ©gation couvrant une superficie de 263 700 hectares et comptant une population totale d'environ 62 390 habitants. Elle constitue Ă©galement une municipalitĂ© comptant 41 607 habitants en 2014[1] et divisĂ©e en plusieurs secteurs dont les plus importants sont El Kasr, Debdaba, Sombat, Bechima et Bou Attouch.

    Étymologie

    Le nom arabe hamma (حامة) vient du mot « eau chaude » (الماء الحام), allusion aux eaux des sources thermales répandues dans la région. Les noms Hamma ou Hammamet (villes thermales) sont aussi donnés à d'autres villes et villages de l'Afrique du Nord.

    GĂ©ographie

    SituĂ©e sur la route Gabès-KĂ©bili, Ă  une cinquantaine de mètres d'altitude, elle borde le Chott el-Fejej. C'est l'un des exutoires naturels de la grande nappe albienne. L'oasis compte plusieurs sources qui, rĂ©unies, forment l'oued El Hamma et se trouvent Ă  300 mètres les unes des autres. Parmi celles-ci se trouvent AĂŻn El Bordj, AĂŻn Chaaliya et AĂŻn Abdelkader.

    Un petit massif montagneux de 220 mètres d'altitude sĂ©pare El Hamma de la ville de Gabès.

    Histoire

    Origine

    Selon Ibn Khaldoun, dans son Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale, des Matmata vivent à l'ouest de la ville, bâtie près d'une source chaude ; il l'appelle Hamma Matmata[2].

    La ville et toute sa région sont le berceau de la grande tribu des Beni Zid. Ils sont voisins des tribus des Matmata au sud et des Ouled Yakoub à l'ouest.

    RĂ©cits de voyages

    Il n'existe pas de littérature importante sur l'histoire de la ville. Les descriptions existantes sont principalement issues de récits de voyages dont celui de Léon l'Africain qui décrit El Hamma vers le milieu du XVIe siècle. Il évoque la source extrêmement chaude qui coule à un mille et demi de la ville et forme le ruisseau qui traverse la ville en son milieu dans de larges canaux :

    « Près de la cité, environ un mille vers le midi, sort une grosse fontaine très chaude qui prend son cours par la cité, la traversant à grands canaux, dans lesquels et dessous terre il y a quelques édifices, comme des chambres séparées les unes des autres, dont le pavé est le fond du canal par où l'eau s'écoule tellement qu'elle peut arriver jusqu'au nombril de ceux qui y entrent ; mais il s'en trouve bien peu qui s'y veulent hasarder pour la trop âpre chaleur [...] Du côté de la tramontane, hors la cité, cette eau s'écoule tout en un lieu auquel elle forme un lac qui s'appelle le lac des Lépreux parce qu'il a vertu et propriété de faire recouvrer santé à ceux qui sont entachés de la lèpre et cicatriser les plaies[3]. »

    Les auteurs occidentaux s'intéressent au site à partir du XVIIIe siècle. C'est d'abord le docteur Thomas Shaw qui, dès 1743, parle de la ville en ces termes :

    « La ville d'El Hamma est à quatre lieues à l'ouest de Gabès : les Tunisiens y ont un petit fort et une garnison parce que c'est l'une de leurs places frontières [...] Il y a ici plusieurs bains, qui ont chacun un toit couvert de paille, et dans leurs bassins, qui ont à peu près douze pieds en carré et quatre de profondeur, il y a, pour la commodité de ceux qui se baignent, des bancs de pierre un peu au-dessous de la surface de l'eau[4]. »

    Victor Guérin en donne en 1862 la description suivante : « À une heure, nous arrivons à El Hamma. Cette oasis est formée de plusieurs villages, qui sont : El Kasr, le plus important de tous, Dabdaba, où nous demandons l'hospitalité au cheikh, Soumbat, Zaouïet El Madjeba et Bou Atouche. Des plantations de palmiers arrosées par des eaux courantes environnent ces villages. Ces eaux proviennent de quatre sources chaudes dont trois se trouvent à Dabdaba et la quatrième entre Dabdaba et El Kasr.

    Elles étaient jadis renfermées dans des bassins construits en fort belles pierres de taille et existent encore, du moins en partie, car beaucoup de blocs ont été déplacés ou enlevés. À chacun de ces bassins est adjoint un petit établissement de bains de construction moderne mais divisés intérieurement en plusieurs compartiments qui sont antiques. La température de ces sources varie : la plus chaude a quarante-cinq degrés centigrades, celle qui l'est le moins en a trente-quatre. Entre Dabdaba et El Kasr s'étendait autrefois une ville qui portait le nom d'Aqua Tacapitanae, parce qu'elle dépendait de Tacape, dont elle était séparée par un intervalle de 18 milles romains. Il en est question dans l'Itinéraire d'Antonin. Elle est complètement détruite actuellement et ses débris ont servi à bâtir les villages modernes qui lui ont succédé ainsi qu'un fort appelé Bordj El Hamma »[5].

    Récemment, dans La Revue tunisienne, organe de l'Institut de Carthage, l'hypothèse est faite qu'aux temps mythologiques, l'antique oasis d'El Hamma ait été riveraine du fameux lac Triton. Surtout depuis les temps modernes, ce lac fabuleux alimenté par un fleuve et se déversant dans une mer célèbre pour les périls de sa navigation, est l'objet de controverses si nombreuses et encore si peu décisives que le temps ne semble pas venu de se prononcer à son égard. Toutefois, Shaw fait coïncider précisément l'oued El Hamma avec l'ancien fleuve Triton. Un autre explorateur (Rennel) ainsi que plusieurs autres, surtout des voyageurs arabes, ont affirmé que la petite Syrte devait entrer jadis plus profondément dans le littoral et qu'elle communiquait avec le lac.

    Époque contemporaine

    Pendant la colonisation française, la ville est un foyer de résistance[6].

    Durant la pandémie de Covid-19, la ville est gravement touchée par le virus avec une propagation rapide à partir du début août 2020, des mesures exceptionnelles étant prises pour contrer cette propagation[7].

    DĂ©mographie

    La dĂ©lĂ©gation correspond Ă  la partie nord de l'ancien territoire agropastoral de la tribu des Beni Zid. SituĂ©e en zone bioclimatique aride infĂ©rieur, cette rĂ©gion est caractĂ©risĂ©e par une pluviomĂ©trie faible et irrĂ©gulière (170 millimètres en moyenne par an). Ă€ l'instar du Sud tunisien dans son ensemble, El Hamma est le théâtre de la transformation profonde du rapport des populations Ă  leur territoire en relation avec le dĂ©clin du nomadisme au cours de la pĂ©riode coloniale puis après l'indĂ©pendance. Ă€ la fin du XIXe siècle, la tribu des Beni Zid compte, selon les estimations d'AndrĂ© Martel[8], près de 19 000 habitants dont un quart rĂ©sident en permanence dans l'oasis d'El Hamma situĂ©e au centre gĂ©ographique de leur espace, les trois quarts de la population pouvant alors ĂŞtre qualifiĂ©s de semi-nomades.

    Habitant sous la tente la plus grande partie de l'annĂ©e, ils pratiquent l'Ă©levage sur parcours associĂ© Ă  une cĂ©rĂ©aliculture Ă©pisodique. L'extension des labours, localisĂ©s principalement sur les terres de culture les plus favorables du point de vue du bilan hydrique, est en outre Ă©troitement dĂ©pendante des conditions pluviomĂ©triques. La complĂ©mentaritĂ© des ressources agricoles (oasis et cultures en sec) et des ressources pastorales de la steppe fonde, dans le contexte d'un fort alĂ©a pluviomĂ©trique, un mode d'exploitation basĂ© sur la mobilitĂ© et l'appropriation communautaire des ressources pastorales. De nos jours, la population de l'ancien territoire des Beni Zid compte environ 70 000 habitants sĂ©dentaires dont près des deux tiers rĂ©sident Ă  El Hamma selon une estimation de l'Institut national de la statistique en 1994. L'essor dĂ©mographique, la sĂ©dentarisation d'agropasteurs de la tribu des Beni Zid dans la zone steppique de Menzel Habib et le dĂ©but d'urbanisation de celle-ci, la progression de l'Ă©conomie marchande et la montĂ©e en puissance de l'État sont classiquement avancĂ©s pour interprĂ©ter la dynamique sociale et la transformation de l'espace rĂ©gional.

    Économie

    Bien que l'agriculture ait longtemps constitué le principal secteur d'activité, l'économie de la ville s'est diversifiée ces dernières années et l'industrie emploie plus du tiers des actifs :

    AgricultureIndustrieServicesAdministrationSecteur non déclaréTotal
    1 9785 1403 3132 36013412 925
    Sources : Institut national de la statistique (recensement de 2004)

    L'hĂ´tellerie et le tourisme connaissent Ă©galement un dĂ©veloppement particulièrement important grâce Ă  un programme de rĂ©habilitation gĂ©othermique cofinancĂ© par la Banque mondiale[9]. El Hamma Ă©tait la première destination thermale du sud du pays mais, Ă  la suite de la rĂ©alisation de plusieurs sondages profonds en vue d'alimenter en eau la cimenterie de Gabès dans les annĂ©es 1980 et 1990, il y eut un tarissement de plusieurs sources thermales chaudes, dont AĂŻn Echoffa, et une dĂ©gradation de la palmeraie[9]. C'est pour relancer El Hamma qu'une station thermale d'une capacitĂ© de 2 500 curistes doit ĂŞtre construite dans la localitĂ© d'El Khebayat Ă  douze kilomètres d'El Hamma. Elle comprendra des habitats touristiques individuels et groupĂ©s, un terrain de golf d'une superficie de 75 hectares, un centre sportif, un centre de congrès, une zone de camping et des espaces verts[10].

    Personnalités

    Références

    1. (ar) « Populations, logements et ménages par unités administratives et milieux » [PDF], sur census.ins.tn (consulté le ).
    2. Ibn Khaldoun (trad. William Mac Guckin de Slane), Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale, t. I, Alger, Imprimerie du gouvernement, (lire en ligne), p. 246.
    3. LĂ©on l'Africain, De l'Afrique, t. II, Paris, Imprimerie de L. Cordier, (lire en ligne), p. 67-68.
    4. Thomas Shaw, Voyages de M. Shaw dans plusieurs provinces de la Barbarie et du Levant, t. I, La Haye, Jean Neaume, (lire en ligne), p. 276-277.
    5. Victor Guérin, Voyage archéologique dans la régence de Tunis, Paris, Plon, , 395 p. (lire en ligne), p. 235.
    6. « La lutte armée (1881-1956) », sur hmp.defense.tn (consulté le ).
    7. « El Hamma à Gabés : haro sur l'inquiétante propagation du coronavirus dans la région », sur tunivisions.net, (consulté le ).
    8. André Martel, Les confins saharo-tripolitains de la Tunisie (1811-1911), Paris, Presses universitaires de France, .
    9. « Réhabilitation géothermique : la renaissance d'El Hamma ! », sur webmanagercenter.com, (consulté le ).
    10. « Le conseil régional adopte la phase finale du projet »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur archives.lapresse.tn, .
    11. « Rafik Abdessalem : « Si je suis nommé ministre des Affaires étrangères… » », sur leaders.com.tn, (consulté le ).
    12. « Tunisie : Rached Ghannouchi, leader islamiste historique pris à son propre piège », sur h24info.ma, (consulté le ).

    Liens externes

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