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Edo meisho zue

L’Edo meisho zue (æ±Ÿæˆžćæ‰€ć›łäŒš, « Guide illustrĂ© des lieux cĂ©lĂšbres d’Edo ») est un meisho zue, c’est-Ă -dire un guide illustrĂ© de lieux cĂ©lĂšbres, rĂ©digĂ© et publiĂ© par Saitƍ Yukio, Saitƍ Yukitaka et Saitƍ Genshin et illustrĂ© par Hasegawa Settan. Il est publiĂ© entre 1834 et 1836 durant l’époque d’Edo au Japon. VĂ©ritable encyclopĂ©die illustrĂ©e, il recueille des informations et anecdotes sur plusieurs milliers de lieux d’Edo, ancien nom de Tokyo, et offre un aperçu de la vie et des coutumes d’alors.

Tsurumi-bashi Ă  Yokohama traversĂ© par la route du Tƍkaidƍ, paysage dit « Ă  vol d’oiseau ».
Scùne d’Edo au quartier de Suruga, avec le mont Fuji en fond.
Pharmacie d’Edo encourageant l’achat de Kintaien, un produit de mĂ©decine bouddhique populaire censĂ© soigner tout type de maux.
DĂ©tente au pied de la cascade Fudo Ă  ƌji.

Description

Les meisho zue sont des guides illustrĂ©s de lieux ou vues cĂ©lĂšbres (les meisho) du Japon, qui fleurissent au XVIIIe siĂšcle. Ces lieux cĂ©lĂšbres pouvaient concerner temples, sanctuaires, routes, provinces, boutiques, restaurants, maisons de thĂ©, quartiers de divertissement
 Les guides Ă©taient organisĂ©s sous la forme de recueils ou listes de lieux dĂ©crits par un texte, tandis que de nombreuses illustrations pleine page en noir et blanc Ă©gayaient les ouvrages, en proposant un aperçu rĂ©aliste de la topologie et en mettant en scĂšne les habitants locaux de toutes les classes sociales et de tous les Ăąges[1] - [2] - [3].

L’Edo meisho zue fait partie des meisho zue les plus connus, portant sur la ville d’Edo (ancienne Tokyo, la capitale du shogunat Tokugawa), sa population et ses alentours[4]. Les premiers guides illustrĂ©s de ce type apparaissent Ă  Kyoto avec le Kyƍ warabe en 1658, et rencontrent un grand succĂšs. Saitƍ Yukio ChƍsĆ« (1737-1789) dĂ©cide de rĂ©aliser un recueil illustrĂ© similaire pour Edo. Ce travail est poursuivi et achevĂ© par son fils Saitƍ Yukitaka Nagatamaro (1772-1818). C’est finalement son propre fils, Saitƍ Genshin Yukinari (1804-1878), qui publie le guide illustrĂ© en 1836[5]. À la diffĂ©rence du Kyƍ warabe, la rĂ©alisation de l’Ɠuvre ne semble pas avoir Ă©tĂ© financĂ©e par l’éditeur, les spĂ©cialistes y voyant plutĂŽt un passe-temps pour les Saitƍ qui brossent un portrait vivant et flatteur de leur ville ; la question de leurs motivations reste toutefois incertaine car les Saitƍ occupaient une place de fonctionnaire hĂ©rĂ©ditaire d’Edo (nanushi)[6]. Les auteurs furent aidĂ©s dans leur compilation d’informations par de nombreux anonymes, habitants d’Edo passionnĂ©s par leur ville[7]. PubliĂ© entre 1834 et 1836 aprĂšs environ quarante ans de travail, l’Edo meisho zue remporte un succĂšs immĂ©diat[4].

L’illustration est dirigĂ©e par Hasegawa Settan et son fils Hasegawa Settei, mais le nombre important d’images indique que d’autres peintres ont dĂ» ĂȘtre impliquĂ©s dans le projet[8]. Les compositions en noir et blanc prĂ©sentent le plus souvent un point de vue en hauteur, dit « Ă  vol d’oiseau », typique de la peinture japonaise[9].

L’Edo meisho zue est composĂ© de vingt livres organisĂ©s en sept volumes ou parties regroupant plus d’un millier de lieux fameux[4] - [10] - [9], ce qui en fait l’« un des plus complets du genre[5] ». D’aprĂšs les estimations de Fujikawa Reman, quelque 60 % des lieux concernent les temples bouddhiques et les sanctuaires shinto, mais les vues restantes prĂ©sentent une grande variĂ©tĂ© de sujets[11]. Ainsi, si les vues cĂ©lĂšbres sont traditionnellement liĂ©es Ă  la poĂ©sie et Ă  la littĂ©rature, ils Ă©voluent Ă  l’époque d’Edo pour concerner des lieux fameux pour leur histoire, leurs anecdotes, leur intĂ©rĂȘt commercial ou les divertissements qu’ils proposent[12] - [13]. Cette nouvelle conception, vivace Ă  Edo car la tradition des meisho y est moins ancienne, se retrouve pleinement dans l’Edo meisho zue, par exemple avec l’entrĂ©e dĂ©crivant la fĂȘte des champignons[13].

Les Saitƍ ont utilisĂ© pour leur travail plusieurs guides gĂ©ographiques ou meisho-ki publiĂ©s prĂ©cĂ©demment ; Suzuki Ken’ici a identifiĂ© au moins quatorze sources : l’Azuma meguri (1643), le Tƍkaidƍ meisho ki (1659), l’Edo meisho ki (1662), l’Edo suzume (1677), le Murasaki no hitomoto (1683), l’Edo kanoko (1687), le Kokyƍgaeri no Edo banashi(1687), l’Edo sunako (1732), le Zoku Edo sunako (1735), le KƍfĆ« meishƍ shi (1733), le Saihen Edi sƍ kanoko meisho taizen (1751), le Saikƍ Edo sunako (1772), le Jiseki gakkƍ (1772) et le Nankƍ sawa (1751-1765)[14].

L’Edo meisho zue a influencĂ© Hiroshige pour la rĂ©alisation de ses sĂ©ries d’estampes ukiyo-e sur Edo, notamment les Cent vues d'Edo pour le choix des lieux[15]. De nos jours, outre les informations gĂ©ographiques, il offre un aperçu fidĂšle sur les coutumes et les cĂ©rĂ©monies de l’époque[5], ainsi que la vie quotidienne et la dĂ©mographie et la ville[16].

Notes et références

  1. VĂ©ronique BĂ©ranger, « Les recueils illustrĂ©s de lieux cĂ©lĂšbres (meisho zue), objets de collection », Ebisu, no 29,‎ , p. 81-113 (lire en ligne).
  2. (en) Jilly Traganou, The Tokaido Road: Travelling and Representation in Edo and Meiji Japan, Psychology Press, , 270 p. (ISBN 978-0-415-31091-8, lire en ligne), p. 111.
  3. Iwao et Iyanaga 2002, tome 2, p. 1785-1786.
  4. Goree 2010, p. 12-13, 24.
  5. Iwao et Iyanaga 2002, tome 1, p. 506-507.
  6. Goree 2010, p. 87-88.
  7. Goree 2010, p. 72-73.
  8. Goree 2010, p. 870.
  9. (ja) ゾャパンナレッゾ版 ă€Žæ±Ÿæˆžćæ‰€ć›łäŒšă€ ăźă”æĄˆć†… (Sur l'Edo meisho zue, les lieux cĂ©lĂšbres d'Edo), Japan Knowledge [lire en ligne][lire en ligne].
  10. (ja) « æ±Ÿæˆžćæ‰€ć›łäŒš (Edo meisho zue) », universitĂ© Waseda (consultĂ© le ).
  11. Goree 2010, p. 68.
  12. (en) Laura Nenzi, « Cultured Travelers and Consumer Tourists in Edo-Period Sagami », Monumenta Nipponica, vol. 59, no 3,‎ , p. 285-319 (lire en ligne).
  13. Goree 2010, p. 68-69.
  14. Ichiko et Suzuki 1997, p. 57-65.
  15. Henry D. Smith (trad. Dominique Le Bourg), Cent vues célÚbres d'Edo par Hiroshige, Hazan, (ISBN 2-85025-126-8 (édité erroné)), p. 9-10.
  16. Goree 2010, p. 117.

Voir aussi

Bibliographie

  • VĂ©ronique BĂ©ranger, « Les Recueils illustrĂ©s de lieux cĂ©lĂšbres (meisho zue), objets de collection », Ebisu, no 29,‎ , p. 81-113 (lire en ligne).
  • (en) Robert Dale Goree (thĂšse), Fantasies of the real : Meisho zue in early modern Japan, universitĂ© Yale, .
  • (ja) Ken’ichi Ichiko (dir.) et Natsuo Suzuki (dir.), æ±Ÿæˆ¶ćæ‰€ć›łäŒšäș‹ć…ž (Dictionnaire de l’Edo meisho zue), Chikuma Shobƍ, coll. « Chikuma gakugei bunko »,‎ (ISBN 978-4-480-08338-8).
  • Seiichi Iwao et Teizo Iyanaga, Dictionnaire historique du Japon, Maisonneuve et Larose, , 2993 p. (ISBN 978-2-7068-1633-8).

Liens externes

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