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Dysgénisme

Le dysgĂ©nisme[Note 1] est une augmentation de la frĂ©quence d'allèles dĂ©lĂ©tères (« gènes dĂ©fectueux Â») dans une population, Ă  cause du traitement de maladies hĂ©rĂ©ditaires des individus de cette population[2]. Le plus frĂ©quemment, on rencontre ce terme dans le contexte de la gĂ©nĂ©tique humaine, oĂą l'effet dysgĂ©nique dĂ©signe une hypothèse selon laquelle les interventions mĂ©dicales et l'action sociale interfèrent avec la sĂ©lection naturelle en faisant s'accumuler des gènes dĂ©favorables dans les populations humaines. Cette hypothèse est notamment associĂ©e au livre Dysgenics: Genetic Deterioration in Modern Populations (qu'on peut traduire par DysgĂ©nisme : DĂ©tĂ©rioration gĂ©nĂ©tique dans les populations modernes), Ă©crit par Richard Lynn, psychologue racialiste controversĂ©.

Effet dysgénique

Dans les populations humaines, un effet dysgĂ©nique, ou cacogĂ©nique, est une hypothèse selon laquelle des soins mĂ©dicaux ou l'action sociale, en favorisant la reproduction, peuvent faire augmenter la frĂ©quence d'un allèle « dĂ©fectueux Â» qui normalement devrait rester faible du fait de la sĂ©lection naturelle. Cela peut concerner des allèles responsables de maladies gĂ©nĂ©tiques, ou des allèles de disposition Ă  certaines maladies multifactorielles. Cet effet s'oppose Ă  la sĂ©lection naturelle, qui maintiendrait ces allèles Ă  des frĂ©quences basses. Certains chercheurs pensent que la mĂ©decine[3] empĂŞche l'effet eugĂ©nique de la sĂ©lection naturelle.

Selon René Frydman, le diagnostic préimplantatoire (DPI) a un effet dysgénique dans les maladies récessives, car il aboutit à remplacer un fœtus atteint par un enfant normal dans 1/3 des cas et par un enfant hétérozygote dans 2/3 des cas. Il crée donc un avantage des hétérozygotes porteur de l'allèle muté, dans la mesure où avant les pratiques de DPI, les couples à risques étaient dissuadés de faire un enfant. De plus, il existerait un effet dysgénique lorsqu'on soigne certains malades, ce qui leur permet d'arriver à un âge suffisant pour procréer[4].

Pour le généticien Jean-Louis Serre, dans le cas d'une maladie génétique due à un allèle dominant, la fréquence de cette maladie est en théorie égale à la fréquence d'apparition de cette mutation dans les populations. Le fait de guérir 90 % des malades augmente la proportion d'individus atteints jusqu'à une fréquence d'équilibre, qui restera faible. De plus, cette évolution est très longue, de l'ordre du million d'années[5].

En science-fiction

Certains auteurs de science-fiction ont utilisé l'effet dysgénique comme prémisse pour imaginer des sociétés dystopiques. Dans la nouvelle La Longue Marche des cornichons publiée en 1951, Cyril M. Kornbluth dépeint une société du futur dans laquelle la majorité de l'humanité est constituée d'imbéciles entretenus par une minuscule élite intelligente, mais surmenée. L'auteur explique cette détérioration par une fécondité trop faible des gens à haut QI et une fécondité trop forte des personnes faiblement intelligentes[6].

Le film Idiocracy, sorti au cinéma en 2006, propose une fiction quasi identique[7]. Dans sa critique négative de ces deux de œuvres de fiction, Paul Z. Meyers met l'accent sur le fait que la logique des auteurs est apparentée à l'eugénisme et à ses excès, et qu'il n'existe pas de sous-populations humaines avec des potentiels différents pour l'intelligence : les imbéciles n'engendrent pas nécessairement des imbéciles et l'élite intellectuelle n'a pas de garantie de produire des génies[8]. Cependant, la critique de Meyers n'explique pas, par exemple, les différences de QI moyens observés entre groupes géographiques ou ethniques.

Sources

Notes et références

Notes

  1. Le terme anglais le plus apparenté, le substantif dysgenics, désigne l'étude de la perpétuation et de l'accumulation des allèles défavorables dans une population[1].

Références

  1. (en) « Medical Definition of dysgenics », sur merriam-webster.com (consulté le ).
  2. Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), Tests génétiques : questions scientifiques, médicales et sociétales, Paris, Les éditions Inserm, , 392 p. (ISBN 978-2-85598-870-2, lire en ligne), p. 336.
  3. Josué Feingold, directeur de l'unité INSERM 155, Génétique et maîtrise de la procréation.
  4. René Frydman, Dieu, la médecine et l'embryon, p. 139 (lire en ligne)
  5. J-L Serre, Génétique des populations, 2006.
  6. (en) Peggy Kolm, « Marching Morons and the Inheritance of Intelligence », sur Biology in Science Ficiton, (consulté le ).
  7. (en) Idiocracy (lire en ligne).
  8. (en) « There are no marching morons », sur scienceblogs.com (consulté le ).

Voir aussi

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