AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Dynamique des faisceaux de particules chargées

La dynamique des faisceaux de particules chargées est une discipline de la physique qui traite du transport et de l'optimisation des caractéristiques des faisceaux dans les accélérateurs de particules.

Le transport d'une particule chargée est décrit dans les champs électromagnétiques produits par l'accélérateur. On peut en déduire les propriétés propres à l'accélérateur (en relation avec un type de particule) qui vont permettre de définir :

  • une particule de rĂ©fĂ©rence subissant le transport idĂ©al dans l'accĂ©lĂ©rateur et dont la trajectoire devra ĂȘtre contrainte par les besoins des utilisateurs,
  • un formalisme de transport (parfois linĂ©aire) autour de cette particule de rĂ©fĂ©rence pour les particules non idĂ©ales qui devront demeurer dans une acceptance dĂ©finie par de nombreux critĂšres (dispersion en taille et divergence, courant perdu admissible). Cette acceptance permet de dĂ©terminer les meilleures conditions d'injection et de transport du faisceau dans l'accĂ©lĂ©rateur.

Le faisceau de particules est caractérisé par des grandeurs statistiques (par exemple : dimension quadratique moyenne) dont on peut décrire analytiquement l'évolution au cours de l'accélération dans des conditions simplifiées de transport. Une simplification pertinente des paramÚtres permet une description rapide et trÚs utile du comportement du faisceau pour la définition et le réglage des principaux éléments de l'accélérateur tels que les aimants ou les cavités accélératrices.

Fréquemment, le transport du faisceau à travers l'accélérateur est réalisé à l'aide de logiciels dédiés appelés codes de transport. On peut transporter alors, soit des propriétés statistiques du faisceau, soit un échantillonnage de macro-particules représentant le faisceau, soit la fonction de distribution du faisceau. Ces codes permettent d'accéder au calcul des interactions des particules avec leurs congénÚres (charge d'espace), le gaz résiduel (diffusion coulombienne, neutralisation, recombinaison) ou avec l'accélérateur (champs induits dans la structure). Ils permettent aussi de vérifier l'influence des imperfections de l'accélérateur sur les propriétés du faisceau.

Transport d'une particule

Représentation d'une particule - Espaces des phases

La dynamique des particules peut ĂȘtre dĂ©crite soit dans un rĂ©fĂ©rentiel galilĂ©en (bonne approximation du rĂ©fĂ©rentiel du laboratoire), soit dans un rĂ©fĂ©rentiel mobile liĂ© Ă  l'accĂ©lĂ©rateur.


Représentation classique dans un référentiel galiléen

Une particule de masse m et de charge q est décrite, à un instant t, par un point dans un espace des phases à 6 dimensions représentant :

  • sa position :
.
.


Plus gĂ©nĂ©ralement, 6 coordonnĂ©es (3 de position, 3 de dĂ©placement) suffisent Ă  dĂ©crire la dynamique de la particule en fonction d'une variable indĂ©pendante τ donnĂ©e (ici le temps).


Représentation dans un référentiel mobile

Un accĂ©lĂ©rateur de particules est conçu de maniĂšre Ă  accĂ©lĂ©rer une particule de rĂ©fĂ©rence (dite particule synchrone) qui se propage sur une trajectoire de rĂ©fĂ©rence avec une chronomĂ©trie bien prĂ©cise. Cette trajectoire de rĂ©fĂ©rence peut ĂȘtre linĂ©aire (linac), circulaire (synchrotron) ou spirale (cyclotron).

  • Il est alors courant de choisir comme variable indĂ©pendante τ, non pas le temps, mais une abscisse s le long de la trajectoire de rĂ©fĂ©rence. L'abscisse associĂ©e Ă  une particule correspond au point d'intersection entre la trajectoire de rĂ©fĂ©rence et le plan normal Ă  cette trajectoire qui contient la particule.
.
alternative textuelle
Référentiel mobile sur une trajectoire de référence
  • En ce qui concerne sa position, la particule peut ĂȘtre repĂ©rĂ©e par ses 2 coordonnĂ©es (x,y) dans un rĂ©fĂ©rentiel mobile contenu dans le plan normal Ă  la trajectoire de rĂ©fĂ©rence. GĂ©nĂ©ralement x repĂšre la position dans le plan horizontal (plan de dĂ©viation du faisceau dans un accĂ©lĂ©rateur circulaire), y dans le plan vertical. L'autre coordonnĂ©e d'espace Ă©tant fixĂ©e par s, les particules sont finalement diffĂ©renciĂ©es par leur instant de passage Ă  l'abscisse s (comme une photo finish sur la ligne d'arrivĂ©e d'une course). Dans la plupart des accĂ©lĂ©rateurs utilisant des cavitĂ©s radio-frĂ©quences de frĂ©quence f, cet instant d'arrivĂ©e est normalisĂ© par la multiplication par 2π·f. On obtient alors une phase φ qui exprime l'Ă©volution du champ dans les cavitĂ©s. Il peut alors ĂȘtre pertinent d'utiliser la diffĂ©rence de phase Ί entre la particule et la particule synchrone.
.


  • En ce qui concerne son dĂ©placement, il est usuel de choisir, pour le plan transverse, les 2 pentes x' et y' que fait la trajectoire de la particule par rapport Ă  la trajectoire de rĂ©fĂ©rence. L'intĂ©rĂȘt porte sur leurs mesure et interprĂ©tation faciles. Pour la troisiĂšme composante du dĂ©placement, on peut trouver, pĂȘle-mĂȘle, la quantitĂ© de mouvement p de la particule, sa diffĂ©rence relative de la quantitĂ© de mouvement par rapport Ă  celle de la particule synchrone ÎŽ, l'Ă©nergie cinĂ©tique de la particule E ou sa diffĂ©rence d'Ă©nergie avec la particule synchrone ΔE.
.


La particule pourra finalement ĂȘtre reprĂ©sentĂ©e par un vecteur Ă  6 composantes dont on exprimera l'Ă©volution en fonction de la variable indĂ©pendante τ :

.

Équations du mouvement


Référentiel du laboratoire (galiléen)

Les équations du transport de la particule dans un champ électromagnétique sont données par la relation fondamentale de la dynamique relativiste :

.

oĂč :

γ est l'énergie réduite de la particule (ou facteur de Lorentz (appellation impropre dans ce cas présent)) reliée à la quantité de mouvement par la relation :
.
c est la constante de la physique correspondant Ă  la vitesse de la lumiĂšre dans le vide.


Dans le référentiel galiléen, en utilisant le temps t pour variable indépendante, ces équations s'appliquent directement.


Référentiel mobile

Dans le rĂ©fĂ©rentiel mobile, en utilisant l'abscisse s pour variable indĂ©pendante, quelques transformations doivent ĂȘtre apportĂ©es. Elles sont dues au fait que les vecteurs de la base mobile ne sont pas obligatoirement invariants lors du transport.

Soit ρ(s), le rayon de courbure de la trajectoire de rĂ©fĂ©rence au point s dans le plan (par dĂ©finition de ). En considĂ©rant que ρ>0 si le vecteur pointe vers l'extĂ©rieur du virage, nous avons :

.

De plus, s étant la projection de la particule sur la trajectoire de référence, nous avons :

.

À partir de ces derniĂšres Ă©quations et des Ă©quations du transport dans le rĂ©fĂ©rentiel galilĂ©en, il est possible de dĂ©terminer les Ă©quations qui donnent les dĂ©rivĂ©es par rapport Ă  s de chacune des coordonnĂ©es des particules dans l'espace des phases choisi.


Quel que soit le référentiel

Finalement, quel que soit le rĂ©fĂ©rentiel, si τ est la variable indĂ©pendante (t ou s), l'Ă©quation vectorielle du transport peut s'Ă©crire :

.

Linéarisation - transport matriciel

Dans ce paragraphe, nous introduisons un formalisme propre aux accélérateurs, et nous choisissons délibérément l'abscisse s pour variable indépendante. La justification est donnée par la suite.


Le traitement le plus simple du transport d'une particule consiste Ă  :

  • Utiliser ses coordonnĂ©es relatives Ă  la particule synchrone,
.
  • LinĂ©ariser la variation de la force de rappel vers la particule synchrone.
.


On obtient alors les Ă©quations d'Ă©volution des composantes :

.


On peut alors utiliser le formalisme matriciel pour transporter la particule d'un point s Ă  un point s+ds :

Soit :


Ce formalisme matriciel peut ĂȘtre utilisĂ© pour aller d'un point s0 Ă  un point s1:

.

est la matrice de transfert entre le point s0 et le point s1.


Formellement, elle peut s'obtenir à partir de la multiplication des matrices sur des petits pas ds de s0 à s1 (ce qui revient à intégrer pas à pas les équations du transport) :

.


ConcrÚtement, l'accélérateur est découpé en une succession d'éléments Ei dont on connaßt les matrices de transfert Ti.

Le transport de l'entrée de l'élément i à la sortie de l'élément j (ou à l'entrée de l'élément j+1, avec j>i) est alors donné par la matrice de transfert :

.

On peut, par cette méthode, transporter les particules, élément aprÚs élément, tout le long de l'accélérateur.

C'est justement parce que les Ă©lĂ©ments sont positionnĂ©s tout le long de l'accĂ©lĂ©rateur que nous avons choisi l'abscisse s comme variable indĂ©pendante. L'utilisation du temps comme variable indĂ©pendante pose des difficultĂ©s car, Ă  un instant t donnĂ©, toutes les particules ne sont pas forcĂ©ment dans le mĂȘme Ă©lĂ©ment de l'accĂ©lĂ©rateur. Il faudrait une matrice par particule !!

Description statistique d'un faisceau

alternative textuelle
Distribution des particules d'un faisceau dans deux sous-espaces des phases 2D

Un faisceau est constitué d'un grand nombre de particules. Ce nombre étant souvent trÚs grand, il est généralement impossible de suivre (calculer, mais aussi mesurer) les caractéristiques individuelles de chacune des particules. On réduit alors la description du faisceau à quelques propriétés statistiques qu'il est possible de transporter dans l'accélérateur. Cette représentation statistique du faisceau peut se faire de 3 maniÚres différentes :

  • Par une fonction de distribution continue dont on transporte numĂ©riquement une discrĂ©tisation le long de l'accĂ©lĂ©rateur. Cette reprĂ©sentation permet aussi, dans certaines conditions, d'obtenir des distributions d'Ă©quilibre analytiques pour le faisceau.
  • Par des macro-particules, moins nombreuses que le nombre rĂ©el de particules, que l'on transporte en rĂ©solvant les Ă©quations du mouvement des particules (sorte de sondage). Cette technique est essentiellement numĂ©rique.
  • Par des moments d'ordres plus ou moins Ă©levĂ©s de la distribution. Ils pourront ĂȘtre transportĂ©s en utilisant des formalismes simples, tels que le formalisme matriciel.

Des illustrations de modélisation issues du code de transport de faisceau TraceWIN sont données à droite.

Elles correspondent Ă  la projection dans 2 sous-espaces des phases (transverse: (x,x') et longitudinal: (phase, Énergie)) d'un mĂȘme faisceau, Ă  une abscisse s donnĂ©e, pour diffĂ©rents types de modĂ©lisation.

Fonction de distribution

alternative textuelle
Fonction de distribution d'un faisceau dans deux sous-espaces des phases 2D - Échelle logarithmique

Pour une valeur donnĂ©e de la variable indĂ©pendante τ, un faisceau de particules est dĂ©fini par la fonction de distribution Ă  1 corps des particules qui le constituent. Chaque particule pouvant ĂȘtre reprĂ©sentĂ©e par 6 coordonnĂ©es (3 de position, 3 de dĂ©placement, modĂ©lisĂ© par le vecteur ), cette fonction de distribution dĂ©pend donc de 6 + 1 (variable indĂ©pendante) variables. Elle reprĂ©sente la densitĂ© de particules dans l'espace des phases 6D (position-dĂ©placement) pour une valeur donnĂ©e de τ :

donne le nombre de particules dans le petit hyper-volume de l'espace des phases situĂ© entre et Ă  τ.

L'évolution de cette fonction de distribution à travers les champs électromagnétiques de l'accélérateur est solution :

  • soit de l'Ă©quation de Vlassov, si 2 particules "proches" dans l'espace subissent une variation lisse et continue de la force,
  • soit l'Ă©quation de Fokker-Planck, si les particules "proches" dans l'espace peuvent subir des forces qui diffĂšrent fortement (collision). Dans ce cas, les termes de Fokker-Planck modĂ©lisent ces interactions par une diffusion continue de la fonction de distribution. Cette diffusion correspond Ă  l'effet de nombreuses petites collisions. Cela peut ĂȘtre le cas, par exemple, des collisions coulombiennes particule-particule, des collisions avec le gaz rĂ©siduel, ou de l'Ă©mission de rayonnement synchrotron.
  • soit l'Ă©quation de Boltzmann, si la simple modĂ©lisation par une diffusion continue ne suffit pas (par exemple, les collisions aux grands angles).

Le choix de l'équation dépendra de la densité, de l'environnement ou/et de la durée de vie du faisceau, mais aussi du pas de discrétisation de la fonction de distribution (espace, déplacement et temps ce qui permet de définir la notion de "proche") lors d'une résolution numérique.

Macro-particules

alternative textuelle
Faisceau représenté par des macro-particules dans deux sous-espaces des phases 2D

Le faisceau, constituĂ© de N particules, est sous-Ă©chantillonnĂ© par un ensemble de n macro-particules (n<N) qui portent une macro-charge plus forte d'un facteur N/n (pour le calcul des champs induits) mais qui subissent la mĂȘme dynamique que les particules du faisceau (voir ci-avant).

Le transport de ces macro-particules est simulĂ© Ă  l'aide de logiciels. Les propriĂ©tĂ©s du faisceau et les champs Ă©lectromagnĂ©tiques induits peuvent ĂȘtre calculĂ©s Ă  partir de cet Ă©chantillon de macro-particules.

NB : MĂȘme si on pouvait simuler N particules, cela resterait un modĂšle statistique car les conditions initiales rĂ©elles de chaque particule ne peuvent jamais ĂȘtre mesurĂ©es et sont, de toute maniĂšre, non reproductibles.

Moments de la distribution

alternative textuelle
Faisceau représenté par un ellipsoïde déduit de ses moments d'ordre 1 et 2 dans deux sous-espaces des phases 2D

À partir de la distribution des particules, il est possible de calculer, pour τ donnĂ©e, la valeur moyenne d'une fonction A des coordonnĂ©es de l'espace des phases :

.

Les 6 coordonnées du centre de gravité du faisceau dans l'espace des phases sont données par les moments d'ordre 1 de la distribution :

;

Les dimensions quadratiques moyennes du faisceau dans l'espace des phases sont données par les moments d'ordre 2 centrés de la distribution :

.

Elles correspondent, pour chaque direction de l'espace des phases, à la racine carrée de la moyenne des carrés des distances de toutes les particules au centre de gravité du faisceau. Elles ont la dimension de l'espace des phases. Elles sont d'autant plus grandes que la distribution est étalée dans l'espace des phases. En ce sens, elles donnent une "mesure" de l'étalement de la distribution des particules.

Le faisceau peut ĂȘtre dĂ©fini par une matrice 6×6, notĂ©e σ, donnant l'ensemble des moments d'ordre 2 centrĂ©s de la distribution des particules :

.

Cette matrice est symétrique. On retrouve le carré des dimensions quadratiques moyennes sur sa diagonale. D'un point de vue statistique, il s'agit de la matrice de covariance de la distribution du faisceau.

Notes et références


    Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.