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Droit au logement en France

En droit français, plusieurs législations fondamentales mentionnent ou garantissent un droit au logement.

Droit constitutionnel

Le droit au logement est considéré comme découlant, en France, de la rédaction des 10e et 11e alinéas du préambule de la Constitution du 27 octobre 1946, qui fait partie de textes à valeur constitutionnelle :

10. La Nation assure à l'individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement.
11. Elle garantit Ă  tous, notamment Ă  l'enfant, Ă  la mĂšre et aux vieux travailleurs, la protection de la santĂ©, la sĂ©curitĂ© matĂ©rielle, le repos et les loisirs. Tout ĂȘtre humain qui, en raison de son Ăąge, de son Ă©tat physique ou mental, de la situation Ă©conomique, se trouve dans l'incapacitĂ© de travailler a le droit d'obtenir de la collectivitĂ© des moyens convenables d'existence.

Droit fondamental, mais non sanctionné juridiquement

CitĂ© par la loi Quilliot du (« Le droit Ă  l'habitat est un droit fondamental »), puis par la loi Mermaz du [1], le droit au logement est l'objet principal de la loi du visant Ă  la mise en Ɠuvre du droit au logement[2], dite loi Besson. Cette loi affirme que « garantir le droit au logement constitue un devoir de solidaritĂ© pour l'ensemble de la nation ». Ce droit ne signifie pas que la nation a l'obligation de fournir un logement Ă  toute personne qui en fait la demande, mais qu'elle doit apporter une aide, dans les conditions prĂ©vues par ladite loi, aux personnes qui remplissent les conditions pour en bĂ©nĂ©ficier.

Dans sa dĂ©cision du , le Conseil constitutionnel a considĂ©rĂ© que « la possibilitĂ© de disposer d’un logement dĂ©cent est un objectif Ă  valeur constitutionnelle »[3]. Enfin, la jurisprudence l'a rendu invocable dans certains cas prĂ©cis, notamment lors d'une demande d'expulsion de Gens du voyage dans une commune de plus de 5 000 habitants n'ayant aucun terrain d'accueil[4].

Le droit au logement est rĂ©affirmĂ© dans la loi du par son article 1 : « garantir le droit au logement constitue un devoir de solidaritĂ© pour l’ensemble de la nation ». La loi SRU du prĂ©cise lui la notion de « logement dĂ©cent ».

Le Haut comitĂ© pour le logement des personnes dĂ©favorisĂ©es a proposĂ© dans plusieurs de ses rapports annuels[5] de rendre le droit au logement opposable devant les tribunaux. Au-delĂ  de l'obligation de moyens imposĂ©e par la loi Besson, il Ă©tait proposĂ© de crĂ©er une obligation de rĂ©sultat : les groupements intercommunaux seraient responsables, par dĂ©lĂ©gation de l'État, de la garantie du droit au logement. Cette idĂ©e a Ă©tĂ© reprise par le gouvernement Raffarin et par plusieurs candidats Ă  l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2007 dont SĂ©golĂšne Royal (inscrit dans le projet socialiste[6]) et Nicolas Sarkozy (en son seul nom[7]).

Le droit international propose cependant la possibilité de plaider l'inconventionnalité du droit interne au regard des engagements internationaux de la France.

Droit au logement opposable (DALO)

L'adjectif « opposable », dans son sens juridique, est apparu en 1845. Il signifie : « que l'on peut faire valoir contre autrui ». La revendication d'un droit au logement opposable a remplacé à partir de 2003 dans le discours politique celle d'une « Couverture logement universelle », prÎnée en 2001 par le Conseil national de l'habitat. Le droit au logement opposable permettrait aux personnes sans domicile de recourir auprÚs des autorités pour le faire appliquer, de maniÚre d'abord amiable, puis juridictionnelle.

L'expression est apparue en 2002 dans un rapport du Haut comité pour le logement des personnes défavorisées, qui proposait de créer « une obligation de résultat juridiquement opposable » pour le droit au logement.

À la suite de la plate-forme pour le droit au logement opposable Ă©laborĂ©e en octobre 2003 sous l'Ă©gide d'ATD Quart Monde, une manifestation pour le droit au logement opposable a Ă©tĂ© organisĂ©e le dans plusieurs villes de France. Une plate-forme nationale pour un DALO a Ă©tĂ© constituĂ©e autour d'ATD Quart Monde par 51 associations[8].

Le DALO est redevenu d'actualité notamment aprÚs les incendies mortels de l'été 2005 dans des immeubles abritant des mal-logés, comme boulevard Vincent-Auriol ()[9]. Une proposition de loi déposée le par Christine Boutin était restée sans suite[10]. En mai 2006, le gouvernement a annoncé le principe de l'expérimentation volontaire de ce droit par les collectivités locales, aprÚs proposition du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale ; expérimentation restée sans suite concrÚte à la fin 2006. Le gouvernement avait, en revanche, rejeté le DALO proposé par les parlementaires socialistes le , au cours des débats sur la loi Engagement national pour le logement; le ministre de la Cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, ayant alors jugé cette initiative « prématurée et irréaliste »[11].

Évolutions lĂ©gislatives de 2007

La médiatisation du droit au logement opposable est en grande partie liée à l'action débutée le de l'association Les Enfants de Don Quichotte qui a organisé un campement de tentes le long du canal Saint-Martin à Paris, repris avec une audience moindre dans une dizaine de villes de province[12].

Le projet de loi de 2007 demandĂ© par le PrĂ©sident de la RĂ©publique le , tel qu'Ă©bauchĂ© par le dĂ©putĂ© UMP Georges Fenech, prĂ©voirait des « moyens convenables de logement », mais pas prĂ©cisĂ©ment un logement ; il interpelle la collectivitĂ©, mais l'imprĂ©cision de ce terme rend difficile d'identifier l'interlocuteur responsable : État ou une (laquelle ?) collectivitĂ© territoriale ?

Le texte instituant le droit au logement opposable entrerait en vigueur en deux étapes. Depuis le , il concerne les personnes dans les situations les plus difficiles : sans domicile fixe, travailleurs pauvres, femmes isolées avec enfants, personnes en logement indigne ou insalubre. Depuis le , la loi concerne toute personne éligible aux logements sociaux[13].

MalgrĂ© le manque de considĂ©ration de sa ministre Catherine Vautrin, rĂ©pondant Ă  l'Ă©motion face aux difficultĂ©s de logement subies par des salariĂ©s prĂ©caires et Ă  l'interpellation de nombreux responsables politiques[14], le prĂ©sident de la RĂ©publique Jacques Chirac a demandĂ© lors de ses vƓux du [15] de faire voter un texte crĂ©ant le DALO avant la fin de son mandat.

C'est ce qui fut fait avec la loi no 2007-290 du instituant le droit au logement opposable et portant diverses mesures en faveur de la cohésion sociale, publiée au Journal officiel du [16].

Le comitĂ© de suivi de la mise en Ɠuvre du logement opposable a Ă©tĂ© mis en place le par le ministre du Logement et de la Ville, Christine Boutin en prĂ©sence de son prĂ©sident, Xavier Emmanuelli. Il devrait ĂȘtre saisi des projets de dĂ©crets d'application, notamment de ceux relatifs Ă  la mise en place du recours administratif prĂ©alable Ă  la saisine du tribunal[17].

Les bénéficiaires de la loi

Pour pouvoir bĂ©nĂ©ficier du droit Ă  un logement dĂ©cent et indĂ©pendant garanti par l'État, il faut en premier lieu :

  • ĂȘtre de nationalitĂ© française, ou rĂ©sider sur le territoire français de façon rĂ©guliĂšre (sans condition d'anciennetĂ© de son titre de sĂ©jour ou carte de rĂ©sidence) et dans les conditions de permanence dĂ©finies par les articles R.300-1 et R.300-2 du code de la construction et de l'habitation ;
  • ne pas ĂȘtre en mesure d'accĂ©der par ses propres moyens Ă  un logement dĂ©cent et indĂ©pendant et de s'y maintenir (diffĂ©rentes Ă©valuations estiment le nombre de mĂ©nages dans cette situation de l'ordre de 600 000, soit 1 700 000 personnes, au regard du seul critĂšre des conditions de logement) ;
  • avoir dĂ©posĂ© une demande de logement social (HLM) et disposer d'une attestation d'enregistrement dĂ©partementale de cette demande (« numĂ©ro unique ») ;
  • ĂȘtre de « bonne foi »[18].

Les personnes susceptibles d'ĂȘtre reconnues au titre du droit au logement opposable doivent rĂ©pondre Ă  un ou plusieurs des 7 critĂšres suivants :

  • ĂȘtre dĂ©pourvu de logement ;
  • ĂȘtre menacĂ© d'expulsion sans relogement ;
  • ĂȘtre hĂ©bergĂ© dans une structure d'hĂ©bergement ou une rĂ©sidence hĂŽteliĂšre Ă  vocation sociale (RHVS) de façon continue depuis plus de 6 mois ou logĂ© temporairement dans un logement de transition ou un logement foyer depuis plus de 18 mois ;
  • ĂȘtre logĂ© dans des locaux impropres Ă  l'habitation ou prĂ©sentant un caractĂšre insalubre ou dangereux ;
  • ĂȘtre logĂ© dans un logement ne prĂ©sentant pas d'Ă©lĂ©ments d'Ă©quipement et de confort exigĂ©s (absence de chauffage, eau potable...), Ă  condition d'avoir Ă  sa charge au moins un enfant mineur ou une personne handicapĂ©e ou de prĂ©senter soi-mĂȘme un handicap (=logement indĂ©cent) ;
  • ĂȘtre dans un logement suroccupĂ© ;
  • ĂȘtre demandeur de logement social depuis un dĂ©lai supĂ©rieur au « dĂ©lai anormalement long » (ce dĂ©lai varie d'un dĂ©partement Ă  l'autre) sans avoir reçu de proposition de logement adaptĂ©e[19].

Les étapes de la procédure

La dĂ©marche s’articule en trois Ă©tapes :

  • constitution de la demande ;
  • examen de la situation du demandeur par la commission de mĂ©diation ;
  • si la commission juge la demande recevable, le prĂ©fet est chargĂ© de trouver un logement. S’il n’y parvient pas, un recours devant le tribunal administratif est possible.

DĂ©pĂŽt de la demande

La demande doit ĂȘtre adressĂ©e au SecrĂ©tariat de la commission de mĂ©diation du droit au logement du dĂ©partement. Si le dossier est reconnu complet, un accusĂ© de rĂ©ception sera dĂ©livrĂ© par le secrĂ©tariat de la commission.

Délais de réponse

  • Pour un logement :
    Lorsqu’elle est saisie d’une demande de logement, la commission de mĂ©diation rend sa dĂ©cision dans un dĂ©lai de trois mois au plus Ă  compter de l’accusĂ© de rĂ©ception du dossier (six mois pour les dĂ©partements avec une population supĂ©rieure Ă  1 million et pour les dĂ©partements d'outre-mer)[20].
  • Pour un hĂ©bergement :
    Lorsqu’elle est saisie d’une demande d’accueil dans une structure d’hĂ©bergement, un Ă©tablissement ou logement de transition, un logement-foyer ou une rĂ©sidence hĂŽteliĂšre Ă  vocation sociale, la commission rend sa dĂ©cision dans un dĂ©lai de 6 semaines Ă  compter de l’accusĂ© de rĂ©ception de cette demande.

Notification de la décision

La dĂ©cision de la commission de mĂ©diation est notifiĂ©e Ă  l’intĂ©ressĂ©(e) par Ă©crit. Si la commission considĂšre que le demandeur n’est pas prioritaire, elle en indique les motifs.

Le demandeur dĂ©signĂ© comme prioritaire par la commission de mĂ©diation et qui n’aura pas obtenu de proposition de logement ou d’hĂ©bergement Ă  l’issue du dĂ©lai de rĂ©ponse accordĂ© au prĂ©fet peut, Ă  partir du , engager un recours contentieux devant le tribunal administratif pour faire valoir son droit au logement ou Ă  l’hĂ©bergement[21].

RĂ©actions Ă  la loi sur le DALO

Pour Martin Hirsch (EmmaĂŒs-France), « il ne suffit pas de le proclamer pour le faire ». Il faut, selon lui, d'abord « privilĂ©gier les logements trĂšs sociaux et privilĂ©gier la solidaritĂ© entre les villes pauvres et les villes riches » et « accepter qu'il y ait des gens de milieux dĂ©favorisĂ©s Ă  cĂŽtĂ© des quartiers plus aisĂ©s ». Il est rejoint en ce sens par le dĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral de la Fondation AbbĂ©-Pierre, Patrick Doutreligne : la prise de position de Jacques Chirac est « positive, mais il faut attendre, pour que cela ne soit pas juste un slogan »[22].

Le Secours catholique s'est « rĂ©joui » mais « sera attentif au suivi et Ă  la mise en application de ces mesures en 2007, et s’engage Ă  faire partie du comitĂ© de suivi de ce programme »[23].

Pour l'ancienne ministre du Logement PS Marie-NoĂ«lle Lienemann : « Cette opposabilitĂ© doit ĂȘtre universelle et ne saurait se limiter Ă  un droit Ă  l’hĂ©bergement. En effet, les mal-logĂ©s ne sont pas seulement les SDF, qui, bien sĂ»r, doivent immĂ©diatement se voir offrir un hĂ©bergement permanent et durable en vue d’obtenir un logement. Mais, il faut, aussi, rĂ©pondre Ă  toutes celles et ceux qui vivent dans un habitat insalubre, ou entassĂ©s dans des logements trop exigus, qui subissent une cohabitation forcĂ©e, etc. Mais qu’on ne s’y trompe pas, l’obligation de rĂ©sultats ne sera atteinte qu’au prix d’importants moyens consacrĂ©s au logement (...) ».

SégolÚne Royal, bien qu'elle approuve le principe de ce droit, estime, compte tenu de la pénurie d'habitations à loyers accessibles, que la réforme du gouvernement « n'est pas applicable ». « C'est une forme de tromperie »[24]. Dans un discours du devant les militants socialistes, François Hollande a tourné en ridicule la reconnaissance du droit opposable par le gouvernement pour son irréalisme.

Le vice-prĂ©sident de la RĂ©gion Île-de-France chargĂ© du logement Jean-Luc Laurent (MRC) y voit lui aussi le risque d'un leurre par « une nouvelle dĂ©fausse de l'État vers les collectivitĂ©s locales ». Si la rĂ©gion IDF demande depuis Ă  ĂȘtre reconnue autoritĂ© organisatrice, « nous ne sommes prĂȘts Ă  accepter cette nouvelle compĂ©tence que si l'État transfĂšre tous les moyens financiers correspondants »[25].

À la suite de la proposition de Jacques Chirac, l'UMP est devenue un soutien du DALO : « la pĂ©nurie de logements puisse devenir une cause de plainte en justice de maniĂšre Ă  dĂ©bloquer un certain nombre d'initiatives Ă  la fois locales et nationales en faveur du logement car il existe aujourd'hui encore trop de freins », mais « l'idĂ©e est de libĂ©rer les initiatives et certainement pas de crĂ©er du conflit. » L'UMP dĂ©clare : « Promouvoir une France des propriĂ©taires »[26].

Jean-Marie Le Pen (FN) a dĂ©noncĂ© le DALO : « Le droit au logement opposable, c'est une violation trĂšs directe du droit de la propriĂ©tĂ©, qui est non seulement garanti dans la Constitution mais qui est mĂȘme un des quatre droits de l'homme de la rĂ©volution de 1789 »[27].

« Le droit au logement opposable, c'est une trĂšs belle idĂ©e, sauf que c'est trĂšs dangereux pour notre pays », a jugĂ© Guillaume Peltier pour le MPF. « Ça va faire glisser la sociĂ©tĂ© française vers une sociĂ©tĂ© de la dĂ©pense publique : qui va payer ? »[28].

Pour Vincent BĂ©nard, analyste Ă  l'Institut Turgot, le droit opposable au logement est un « droit sans contrepartie » qui entretient l'idĂ©e fausse que l'État peut apporter une rĂ©ponse Ă  tout. La loi DALO Ă©tendrait le logement social Ă  des limites telles que l'État serait de toute façon incapable d'y rĂ©pondre Ă©tant donnĂ© sa situation financiĂšre ; BĂ©nard[29] considĂšre que le problĂšme essentiel est celui de l'offre insuffisante de logements qui ne peut ĂȘtre rĂ©glĂ© que par une libĂ©ration des contraintes pesant sur le foncier avec, entre autres, les plans locaux d'urbanisme, comme le reconnaĂźt Bernard Seillier, rapporteur au SĂ©nat du projet de loi DALO[30]. Pour BĂ©nard, la crise actuelle du logement est due Ă  cette trop forte intervention de l'État qui dissuade le marchĂ© de rĂ©pondre Ă  la demande existante.

Mise en Ɠuvre de la loi DALO

Le , le tribunal administratif de Paris a reconnu le droit opposable au logement (DALO) dans une ordonnance rendue au bénéfice d'une famille mal logée qui contestait le rejet de son dossier par la préfecture[31].

Un premier bilan Ă  l'Ă©chelle de la petite couronne de l'Île-de-France, 6 mois aprĂšs l'entrĂ©e en vigueur du dispositif, permet de constater des effets positifs mais trĂšs limitĂ©s au regard de l'importance des besoins.

  • À Paris, 7200 demandes ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©s et 10 familles relogĂ©es
  • Dans les Hauts-de-Seine, 1779 demandes dĂ©posĂ©es, 6 familles relogĂ©es
  • En Seine-Saint-Denis, 2685 dossiers dĂ©posĂ©s, 122 propositions de logements par la commission, 46 familles relogĂ©es

Comme l'indique Edwige Le Net, responsable dĂ©partementale de l'association française Droit au logement — le DAL —, « La procĂ©dure DALO vise Ă  Ă©crĂ©mer au maximum les demandeurs et, par la mĂȘme occasion, Ă  les dĂ©courager. C'est un dispositif en entonnoir avec des filtres successifs pour que ne soit acceptĂ© en commission que le nombre de dossiers Ă©quivalant aux possibilitĂ©s de relogements », ce qui est confirmĂ© implicitement par la PrĂ©fĂšte dĂ©lĂ©guĂ©e Ă  l'Ă©galitĂ© des chances de Seine-Saint-Denis, « Au regard du nombre de demandes, un jeune couple qui vit chez ses parents n'est pas considĂ©rĂ© comme prioritaire, mĂȘme si sa demande est lĂ©gitime. En Seine-Saint-Denis, seuls les plus prioritaires des prioritaires sont Ă©ligibles au DALO »[32].

En effet, l'offre de logement reste insuffisante et l'instauration du DALO n'y change rien, voire aggrave la crise par ses effets pervers selon les auteurs libéraux[33].

Pour la mise en Ɠuvre du DALO, un nouveau fichier informatisĂ© est crĂ©Ă©. L'arrĂȘtĂ© du autorise « la crĂ©ation par le ministĂšre de l'Ă©cologie, de l'Ă©nergie, du dĂ©veloppement durable et de la mer, chargĂ© des technologies vertes et des nĂ©gociations sur le climat (direction de l'habitat, de l'urbanisme et des paysages), d'un traitement automatisĂ© de donnĂ©es Ă  caractĂšre personnel dĂ©nommĂ© « DALO » ». Un second fichier est Ă©galement crĂ©Ă© afin de compiler des statistiques, le DALORIF.

Comité de Suivi de la loi DALO

La loi no 2007-290 du [34] instituant le droit au logement opposable prĂ©voit aussi la mise en place d’un comitĂ© de suivi de la mise en Ɠuvre du DALO auprĂšs du ministre du logement. Le dĂ©cret n° 2007-295 du instituant « le comitĂ© de suivi de la mise en Ɠuvre du droit au logement opposable » Ă©tablit le fonctionnement et les caractĂ©ristiques de celui-ci, notamment sa mission et ses 65 membres[35]. Le comitĂ© de suivi DALO est prĂ©sidĂ© par le prĂ©sident du Haut ComitĂ© pour le Logement des Personnes DĂ©favorisĂ©es (article 4) et composĂ© des 17 membres du HCLPD, du prĂ©sident du Conseil national de l’habitat, d'un membre du Conseil Ă©conomique, social et environnemental, d'un membre du Conseil national des politiques de luttes contre la pauvretĂ© et l’exclusion, d'un membre de l’Observatoire national de la pauvretĂ© et de l’exclusion sociale, de 6 membres reprĂ©sentant respectivement l’Association des maires, des dĂ©partements, des rĂ©gions, des maires des grandes villes, des communautĂ©s, des communautĂ©s urbaines de France (associations d’élus) et de 37 membres reprĂ©sentants les grands rĂ©seaux d’acteurs associatifs[36].

La mission du comitĂ© de suivi est de formuler des constats et des propositions concernant la mise en Ɠuvre du droit au logement opposable. Il donne son avis sur toute question dont le gouvernement le saisit. Chaque annĂ©e, il rĂ©dige un rapport et le remet au PrĂ©sident de le RĂ©publique, au Premier ministre ainsi qu’au Parlement (article 1).

Des rĂ©unions plĂ©niĂšres rĂ©unissant le comitĂ© de suivi ont lieu 5 Ă  6 fois par an. Cinq groupes de travail traitent d’aspects particuliers de la mise en Ɠuvre de la loi: accĂšs au droit / expulsion, Île-de-France / relogement des mĂ©nages reconnus au titre du Dalo, hĂ©bergement, avenir du Dalo.

Le comitĂ© de suivi n’a pas pour mission de renseigner ou accompagner les particuliers. Pour des conseils ou un accompagnement dans le dĂ©pĂŽt d’un recours ou dans son suivi, il est prĂ©fĂ©rable de s’adresser Ă  un travailleur social ou Ă  une association spĂ©cialisĂ©e dans l’accĂšs au droit.

Le comité de suivi a notamment mis en place 2 cellules de veille[37] :

  • « expulsions » : celle-ci centralise les signalements concernant les mĂ©nages reconnus au titre du droit au logement opposable faisant l’objet d’une procĂ©dure d’expulsion en contradiction avec la circulaire du 26 octobre 2012
  • « mauvaise interprĂ©tation des critĂšres de reconnaissance au titre du Dalo par les commissions de mĂ©diation » : celle-ci reçoit des signalements de personnes estimant qu'elles auraient dĂ» ĂȘtre reconnues au titre du DALO (en accord avec les critĂšres prĂ©vus par la loi) mais que ce statut leur a Ă©tĂ© refusĂ© (en effet les taux de dĂ©cisions favorables des commissions de mĂ©diation varient de 20 Ă  80 % selon les dĂ©partements, ce qui suggĂšre des dysfonctionnements dans certaines d'entre elles[38]).

Bilan du DALO en 2016

À cause de la pression du risque de recours (ainsi que de l'obligation de moyens et de rĂ©sultats de la part de l’État), inscrire l’opposabilitĂ© dans la loi, a permis une profonde Ă©volution des politiques publiques, en particulier concernant l’offre de logement disponible Ă  l’attention des publics dĂ©favorisĂ©s. Notamment, l’État a lancĂ© une « reconquĂȘte de ses logements », c'est-Ă -dire une reconquĂȘte des contingents prĂ©fectoraux qui n’étaient que partiellement gĂ©rĂ©s. Depuis la loi Molle de 2009, 25 % des attributions d’Action logement sont rĂ©servĂ©s aux publics prioritaires. Cependant, seuls « 123 000 demandeurs ont Ă©tĂ© relogĂ©s » de 2008 Ă  2016 dans le cadre du droit Ă  un logement opposable alors que « plus de 215 000 dĂ©cisions favorables ont Ă©tĂ© rendues par les commissions de mĂ©diation »[39].

Cependant, malgrĂ© un contexte rĂ©cent d’aggravation de la crise du logement, le nombre de mĂ©nages reconnus au titre du droit au logement opposable est en baisse depuis 2014. Selon le comitĂ© de suivi, cette situation est due Ă  de pratiques de plus en plus restrictives des commissions de mĂ©diation chargĂ©es d’instruire les recours. Ceci entraĂźne une baisse du dĂ©pĂŽt du nombre de recours, ce qui met en pĂ©ril l’existence mĂȘme du droit au logement opposable dans certains territoires[40].

Depuis plusieurs annĂ©es, le HCLPD et le ComitĂ© de suivi du Dalo constatent que l’offre de logement destinĂ©e aux mĂ©nages reconnus au titre du Dalo n’est que partiellement mobilisĂ©e. Le contingent de logements de l’État n’est pas pleinement utilisĂ©, l’objectif prĂ©vu par la loi de 25 % d’attributions d’Action Logement n’atteint en rĂ©alitĂ© que 8 ou 9 %[41], et la mobilisation du parc privĂ© Ă  travers les logements conventionnĂ©s reste Ă  un niveau dĂ©risoire[38].

Notes et références

  1. Texte intégral: LégiFrance
  2. Loi n°90-449 du 31 mai 1990 visant à la mise en Ɠuvre du droit au logement
  3. « La dĂ©fense du droit au logement, Lutte contre l’insalubritĂ© - Vie-publique.fr »
  4. J5XCX2003X12X000009802526
  5. Voir par exemple le rapport 2003 : [PDF] Droit au logement : construire la responsabilité, Haut Comité pour le logement des personnes défavorisées, 2003.
  6. Toute l’actualité politique par le parti socialiste » Blog Archive » Le droit au logement opposable doit ĂȘtre universel
  7. UMP - S'informer - Discours - RĂ©union publique - PĂ©rigueux - 12 octobre 2006
  8. Texte téléchargeable sur http://www.atd-quartmonde.asso.fr/article.php3?id_article=190
  9. Christian Hivert, « Des baux glissants vers l'incendie des taudis, Vincent Auriol », sur mouvementautonome.com, (consulté le ).
  10. no 2541 - Proposition de loi de Mme Christine Boutin instituant un droit au logement opposable
  11. Le droit au logement opposable doit ĂȘtre universel, Thierry Repentin, L'Hebdo du Parti socialiste, 4 janvier 2007
  12. Ă©mission ArrĂȘt sur images, France 5, 14 janvier 2007
  13. Brochure explicative du DALO par le ministĂšre du logement et de la ville
  14. Par exemple, l'ancienne ministre du Logement Marie-Noëlle Lienemann http://www.marie-noelle-lienemann.eu/article/articleview/5872/1/916/
  15. VƓux aux Français: allocution du PrĂ©sident de la RĂ©publique
  16. Texte de la Loi du 5 mars 2007
  17. Source : Réponse ministérielle à question écrite du sénateur Thierry Repentin, publiée au JO Sénat du 23/08/2007 - page 1484.
  18. Haut Comité Pour le Logement des Personnes Défavorisées, « Comment accéder au droit au logement opposable (Dalo)? », sur www.hclpd.gouv.fr, (consulté le )
  19. « Droit au logement opposable (Dalo) : faire valoir son droit à un logement | service-public.fr », sur www.service-public.fr (consulté le )
  20. "Comment exercer son droit au logement par le DALO, Page consultée le 3 juillet 2008
  21. Faire valoir votre droit au logement
  22. Logement : Droit au logement opposable : "il ne suffit pas de le proclamer" - France
  23. Le Secours Catholique se rĂ©jouit de l'annonce d'un changement radical dans l'accueil des personnes Ă  la rue - COMMUNIQUÉ DE PRESSE
  24. Selon Mme Royal, l'État doit vendre des terrains Ă  moitiĂ© prix pour construire du logement social, Bertrand Bissuel et Isabelle Mandraud, Le Monde, 21 janvier 2007
  25. La Tribune, page 29, 9 janvier 2007
  26. Conférence de presse de Valérie Pécresse du 2 janvier 2007 https://fr.news.yahoo.com/070103/226/5cmlb.html
  27. /https://fr.news.yahoo.com/03012007/5/jean-marie-le-pen-denonce-le-droit-au-logement-opposable.html
  28. https://fr.news.yahoo.com/04012007/5/pour-le-mpf-le-droit-au-logement-opposable-est-tres.html
  29. ThÚse développée dans Le logement : crise publique, remÚdes privés, Romillat, 2007, (ISBN 2-87894-136-5)
  30. Le débat du jour, Radio France internationale, 3 janvier 2008
  31. Le droit opposable au logement reconnu pour la premiĂšre fois, nouvelobs.com, 20 mai 2008
  32. Nathalie Perrier, « DROIT AU LOGEMENT OPPOSABLE : En six mois, le 93 a fait nettement mieux que les autres dĂ©partements franciliens. Un effort encore insuffisant pour les associations », Le Parisien, Ă©dition Seine-Saint-Denis,‎
  33. [PDF]LOGEMENT : Crise publique, remÚdes privés par Vincent Bénard.
  34. Loi n° 2007-290 du 5 mars 2007 instituant le droit au logement opposable et portant diverses mesures en faveur de la cohésion sociale (lire en ligne)
  35. DĂ©cret n° 2007-295 du 5 mars 2007 instituant le comitĂ© de suivi de la mise en Ɠuvre du droit au logement opposable (lire en ligne)
  36. DĂ©cret n° 2008-567 du 18 juin 2008 relatif Ă  la composition du comitĂ© de suivi de la mise en Ɠuvre du droit au logement opposable et modifiant le dĂ©cret n° 2007-295 du 5 mars 2007 instituant le comitĂ© de suivi de la mise en Ɠuvre du droit au logement opposable, (lire en ligne)
  37. Haut Comité Pour le Logement des Personnes Défavorisées, « Le comité de suivi », sur www.hclpd.gouv.fr, (consulté le )
  38. Marie-Arlette Carlotti, « L’effectivitĂ© du Droit au logement opposable », rapport de la mission Carlotti,‎ (lire en ligne)
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  40. « Droit au logement opposable : une « interprĂ©tation de plus en plus restrictive » de la loi », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consultĂ© le )
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