Don des larmes
Le don des larmes (gratia lacrimarum / donum lacrimarum) est une notion qui renvoie à l'efficacité des pleurs dans la prière. Elle trouve sa source dans l'Ancien Testament ainsi que dans le Nouveau Testament, et elle sera reprise et développée au IVe siècle par les Pères du désert, qui verront dans les larmes une forme réelle de prière.
Si cette notion est un peu oubliée dans un monde contemporain où le fait de pleurer est facilement assimilé à une faiblesse ou à une mise en scène théâtrale, les larmes, en particulier si elles sont versées lors d'une prière, sont vues dans la tradition chrétienne, plus particulièrement au Moyen Âge, comme un signe de componction, d'humilité et de piété.
Origines
L’Église catholique qualifiera parfois la vie de « vallée des larmes », en référence à cette parole du Livre des Psaumes : « Heureux l’homme qui attend de Vous son secours, et qui dans cette vallée de larmes a résolu en son cœur de monter et de s’élever jusqu’au lieu que le Seigneur a établi »[1]. Dans le Nouveau Testament, le Christ pleure par trois fois, et on trouve d'autres personnages qui versent des larmes: Marie de Magdala, l'apôtre Pierre. On trouve aussi dans le Sermon sur la montagne la parole « Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés ».
Époque contemporaine
En se fondant sur leur autobiographie respective, on mentionne parfois deux saints de l’Église catholique, le Padre Pio et le curé d'Ars, qui auraient possédé ce don. Leurs détracteurs ont souvent vu dans ce « don des larmes » le signe clair d'une dépression chronique tandis que leurs fervents admirateurs considèrent, eux, que cela constitue au contraire une preuve supplémentaire de la présence même de Dieu.
Notes et références
- Psaume 84, 6-7 traduction Lemaistre de Sacy. À noter que les éditions modernes de la Bible (TOB, Bible de Jérusalem...) proposent une traduction assez différente de ce passage: « Heureux l'homme qui trouve chez toi sa force : de bon cœur il se met en route ; en passant par le val des Baumiers ils en font une oasis, les premières pluies le couvrent de bénédictions. » (italiques ajoutées)
Bibliographie et sources
- Piroska Nagy, Le Don des larmes au Moyen Âge, Paris, Albin Michel, , 448 p. (ISBN 978-2-226-12054-0, présentation en ligne). — Lire une recension de l'ouvrage: Florence Chave-Mahir, « Le Don des larmes au Moyen Age. Un instrument spirituel en quête d'institution Ve-XIIIe siècle », Médiévales, 41, (consulté le ), p. 172-174.
- Pierre-Paul Bracco, Le don ordinaire des larmes : une voie de ressourcement, Paris, L'Harmattan, , 163 p. (ISBN 978-2-343-06671-4 et 2-343-06671-X, présentation en ligne).
- Anne LĂ©cu, Des Larmes, Paris, Le Cerf, , 152 p.
- Nathalie Nabert, Les larmes, la nourriture, le silence, Paris, Beauchesne, 2001 et 2005, 154 p.
- Pierre-Yves Le Priol, « Contre le cœur sec, le « don des larmes » », sur la-croix.com, La Croix, (consulté le ).
- Anne Lécu et Sophie de Villeneuve, « Qu'est-ce que le "don des larmes" ? », sur croire.la-croix.com (consulté le ).
- « François invite à entrer en Carême en recevant le « don des larmes » », sur radiovaticana.va, Radio Vatican, (consulté le ).
- (en) Kimberley Christine Patton and John Stratton Hawley (Eds)., Holy Tears : Weeping in the Religious Imagination (Propose une approche de la question des larmes dans différentes religions), Princeton, N.J., Princeton University Press, , xii + 318 (ISBN 978-0-691-11444-6, lire en ligne) (Lire recension en ligne - Consulté le 11 février 2020)