Domitila Barrios de Chungara
Domitila Barrios de Chungara, née le à Llallagua et morte le à Cochabamba, est une leader éminente du féminisme bolivien.
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(Ă 74 ans) Cochabamba |
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Cimetière général de Cochabamba (d) |
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Issue d'une famille modeste, elle a donné de nombreux témoignages sur les souffrances subies par les mineurs de son pays. Elle est connue pour sa lutte pacifique contre les dictatures de René Barrientos Ortuño et Hugo Banzer Suárez.
Biographie
Domitila Barrios naît le dans la communauté de Catavi (en), près de la mine Siglo XX. A dix ans, les conditions de vie difficiles dans la ville minière coûtent la vie à sa mère et elle a doit s'occuper de ses cinq jeunes sœurs car son père travaille toute la journée comme couturier pour la police minière. Elle commence à travailler dans la mine en tant que palliri[1] - [2].
En 1952, en tant qu'épouse d'un travailleur minier, elle est membre du Comité des maîtresses de maison de l’arrondissement minier Siglo XX, dont elle est nommée secrétaire générale.
Elle s'exile dans les années 1980, mais retourne rapidement en Bolivie et s'installe à Cochabamba, où elle dirige un centre de formation politique spécialement destiné aux jeunes femmes des quartiers les plus pauvres de la ville.
Massacre de San Juan
En , le président René Barrientos Ortuño envoie un contingent militaire dans les communautés de Catavi et Llallagua, pour réprimer les revendications des mineurs qui protestent contre l'exploitation et les abus des grands chefs d'entreprise. Après la tuerie, Domitila Barrios Cuenca est emprisonnée et torturée par les militaires. À la suite de ces abus elle a perd le bébé dont elle était enceinte. Ces faits sont connus sous le nom de Massacre de San Juan.
Grève de la faim de 1978
DĂ©but 1978, Barrios est appelĂ©e Ă faire partie du deuxième piquet de grève mis en place par le prĂŞtre LuĂs Espinal Camps (en) dans les locaux du journal PrĂ©sencia, avec le prĂŞtre Xavier AlbĂł, pour soutenir la grève de la faim que quatre femmes mineurs avaient prĂ©cĂ©demment organisĂ©e contre la dictature ; en peu de temps, plus de 1 500 personnes rejoignent la grève. Au fil des heures, les grĂ©vistes se multiplient par milliers, et le rĂ©gime militaire n'a pas d'autre choix que d'abandonner en faveur de la dĂ©mocratie.
Barrios contribue à faire éclater la dictature militaire du général Hugo Banzer Suárez en le forçant à initier une véritable ouverture démocratique et non un simulacre, comme cela était prévu à l'origine.
Comme beaucoup de femmes de son milieu social et de sa génération, elle s'identifie aux projets révolutionnaires des années 1960 et 1970 et en paye le prix fort, car les forces gouvernementales n'ont pas hésité à faire taire sa voix.
En 1976, son témoignage est consigné dans le livre Si me permiten hablar... (es), de Moema Libera Viezzer (es).
Candidature à la vice-présidence
Dans ce contexte, en 1978, elle accompagne le leader paysan Casiano Amurrio comme candidate à la vice-présidence.
Elle a rĂ©dige des livrets de formation syndicale et politique. Elle fonde l'École de formation syndicale mobile qui porte son nom et travaille Ă Quillacollo et Ă Cochabamba. En 1975, elle participe Ă la tribune de l'AnnĂ©e internationale de la femme organisĂ©e par les Nations unies, tout en Ă©tant la seule femme de la classe ouvrière Ă avoir assistĂ© Ă l'Ă©vĂ©nement[3]. En 1978 elle entame une grève de la faim, rapidement rejointe par des dizaines de personnes de tout le pays, aboutissant Ă la chute du dictateur de l'Ă©poque Hugo Banzer[4]. Elle est Ă©galement nominĂ©e pour le prix Nobel de la paix en 2005 avec Ana MarĂa Romero de Campero et Nicolasa Machaca, parmi 1 000 femmes exceptionnelles dans le monde, un an avant de crĂ©er le Mouvement Guevarista, un groupe politique qui vise Ă reprĂ©senter la lutte populaire.
Elle meurt d'un cancer du poumon dans la ville de Cochabamba le à l'âge 74 ans.
Hommages
Après sa mort, le gouvernement national de la Bolivie déclare alors 3 jours de deuil national et la décore à titre posthume de l'ordre du Condor des Andes. La distinction est remise par le président Evo Morales, venu dans la vallée pour rendre hommage à Barrios[5].
En 2012, un buste en son honneur est dévoilé au cimetière général de Cochabamba[6], où elle est enterrée.
Références
- (es) « Domitila Chungara, la minera que se enfrentĂł a las dictaduras », El PaĂs,‎ (lire en ligne)
- (es) « Domitila Chungara, una mujer de las minas y su legado », sur EA Bolivia
- Segura GraĂño 1998, p. 26.
- La Jornada: Fallece opositora al régimen de Bánzer
- «Cóndor de los Andes póstumo para Domitila Barrios Cuenca de Chungara» [archive du ] (consulté le )
- (es) « Busto de Domitila Chungara en homenaje a la lucha sindical del paĂs », (version du 23 octobre 2019 sur Internet Archive).
Voir aussi
Bibliographie
- (es) Cristina Segura GraĂño, Diccionario de mujeres en la Historia, Editorial Espasa Calpe, (ISBN 84-239-8631-4)
- (es) Moema Viezzer, Si me permiten hablar... : Testimonio de Domitila, una mujer de las minas de Bolivia, Buenos Aires
Liens externes
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- (es) Vidéo sur Domitila Barrios