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Dispositif d'invalidation

Dans le domaine de l'automobile, un dispositif d'invalidation est un concept juridique dĂ©finissant un dispositif permettant de rĂ©duire de maniĂšre indue l'efficacitĂ© du systĂšme de contrĂŽle des Ă©missions d'un vĂ©hicule. Ce type de dispositif est interdit par une directive europĂ©enne de 2007 et par l'United States Environmental Protection Agency (EPA) et par l'additif rĂšglement technique mondial n° 15: ProcĂ©dure d’essai mondiale harmonisĂ©e en ce qui concerne les Ă©missions des voitures particuliĂšres et vĂ©hicules utilitaires lĂ©gers.

Essais de l'EPA, Ann Arbor, Michigan, 1973.

La version anglophone du terme (defeat device) provient du Clean Air Act, Ă©lĂ©ment de la rĂ©glementation lĂ©gislative des États-Unis. Elle se rĂ©fĂšre Ă  tout ce qui empĂȘche un systĂšme de contrĂŽle des Ă©missions de fonctionner[1]. L'EPA a entrepris des actions visant Ă  faire respecter cette interdiction par les compagnies qui ont dĂ©libĂ©rĂ©ment, par erreur ou par nĂ©gligence, permis Ă  des dispositifs d'invalidation d’interfĂ©rer avec les contrĂŽles de pollution notamment dans les usines Ă©lectriques et les vĂ©hicules Ă  moteur. Les Ă©lĂ©ments de seconde monte et les accessoires, tels que des modifications de composants du systĂšme de propulsion, qui affectent les Ă©missions, sont considĂ©rĂ©s comme des dispositifs d’invalidation[1].

DĂ©nomination

Dans le rĂšglement CEE-ONU 83, le terme defeat device Ă©tait traduit par dispositif de manipulation.

« Par «dispositif de manipulation», tout Ă©lĂ©ment de construction qui mesure la tempĂ©rature, la vitesse du vĂ©hicule, le rĂ©gime moteur (tours par minute), le rapport de transmission, la dĂ©pression Ă  l’admission ou d’autres paramĂštres en vue d’activer, de moduler, de retarder ou de dĂ©sactiver le fonctionnement d’un composant du systĂšme antipollution, qui rĂ©duit l’efficacitĂ© dudit systĂšme dans des conditions que l’on peut raisonnablement s’attendre Ă  rencontrer dans des circonstances normales de fonctionnement et d’utilisation du vĂ©hicule. Un tel Ă©lĂ©ment de construction peut ne pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un dispositif de manipulation:

2.16.1 Si la nécessité de ce dispositif est justifiée pour protéger le moteur contre des dommages ou accidents et pour assurer la sécurité de fonctionnement du véhicule; ou

2.16.2 Si ce dispositif ne fonctionne pas au-delà des exigences liées au démarrage du moteur; ou

2.16.3 Si les conditions sont fondamentalement incluses dans les procĂ©dures d’essai du type I ou du type VI; »

— rùglement CEE-ONU 83

« L’utilisation d’un dispositif de manipulation est interdite. »

— rùglement CEE-ONU 83

Dans les nouveaux rĂšglements (GTR-15), il est traduit par dispositif d'invalidation.

« Par «dispositif d’invalidation» tout Ă©lĂ©ment de conception qui prend en compte la tempĂ©rature, la vitesse du vĂ©hicule, le rĂ©gime moteur (tours par min), le rapport de transmission, la dĂ©pression Ă  l’admission ou d’autres paramĂštres en vue d’activer, de moduler, de retarder ou de dĂ©sactiver le fonctionnement d’un Ă©lĂ©ment du systĂšme antipollution, avec pour effet de rĂ©duire l’efficacitĂ© de ce systĂšme dans les conditions normalement susceptibles d’ĂȘtre rencontrĂ©es dans le fonctionnement et l’usage normaux du vĂ©hicule. Un tel Ă©lĂ©ment de conception, toutefois, peut dans certains cas ne pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un dispositif d’invalidation, Ă  savoir:

a) Si la nécessité de ce dispositif pour protéger le moteur contre des avaries ou accidents et pour assurer la sécurité de fonctionnement du véhicule est démontrée; ou

b) Si ce dispositif ne fonctionne pas en dehors des conditions nécessaires pour le démarrage du moteur; ou

c) Si les conditions pertinentes sont essentiellement prises en compte dans les procĂ©dures d’essai de type 1. »

— RĂšglement technique mondial 15: ProcĂ©dure d’essai mondiale harmonisĂ©e en ce qui concerne les Ă©missions des voitures particuliĂšres et vĂ©hicules utilitaires lĂ©gers

« L’utilisation de tout dispositif d’invalidation est interdite »

— RĂšglement technique mondial 15: ProcĂ©dure d’essai mondiale harmonisĂ©e en ce qui concerne les Ă©missions des voitures particuliĂšres et vĂ©hicules utilitaires lĂ©gers

Chronologies

Années 1970

ContrĂŽle des Ă©missions automobiles, Norwood, Ohio en 1975.

En 1973, les membres du Big Three (Chrysler, Ford Motor Company et General Motors) ainsi que Toyota ont reçu de l'EPA l'ordre d'arrĂȘter l’utilisation de la tempĂ©rature ambiante pour invalider les contrĂŽles de pollution Ă  basse tempĂ©rature. Les fabricants d'automobile ont acceptĂ© de cesser d'utiliser cette indication de tempĂ©rature de cette maniĂšre que l'EPA considĂ©rait comme une violation de la rĂ©glementation du Clean Air Act, tout en insistant que le mĂ©canisme n'Ă©tait pas un dispositif d'invalidation dont le but aurait Ă©tĂ© de se soustraire Ă  la rĂ©glementation[2]. Ces sociĂ©tĂ©s automobiles soutenaient que ces dispositifs amĂ©lioraient la performance du moteur rĂ©duisant ainsi la pollution[3]. L'ordre de l'EPA affecte 2 millions de vĂ©hicules du modĂšle de l'annĂ©e 1973 en cours de production, mais n'a pas nĂ©cessitĂ© un rappel des vĂ©hicules dĂ©jĂ  en circulation[3].

En 1973, Volkswagen a d'abord cachĂ© Ă  l'EPA l'existence d'interrupteurs avec dĂ©tecteurs de tempĂ©rature qui dĂ©sactivaient partiellement les systĂšmes de contrĂŽles d'Ă©mission sur 25 000 voitures. Pour mettre fin Ă  une plainte de l'EPA, le constructeur a acceptĂ© de payer 120 000 dollars sans toutefois avoir Ă  admettre avoir fraudĂ©. En 1974, Volkswagen prĂ©sente officiellement les mĂȘmes dispositifs dans sa candidature aux tests de l'EPA. L'organisme refuse alors le passage des voitures, et Volkswagen retire finalement les interrupteurs[4].

Années 1990

Cadillac Seville modÚle 1995. Les émissions n'étaient plus contrÎlées lorsque le chauffage ou la climatisation étaient allumés.

En 1995 General Motors a reçu l'ordre de faire rappeler 470 000 vĂ©hicules d'un modĂšle de Cadillac des annĂ©es 1991 Ă  1995 et a payĂ© une amende de 11 millions de dollars pour avoir programmĂ© dans l'unitĂ© de commande Ă©lectronique (dĂ©nommĂ© electronic control unit (ECU) en langue anglaise) du vĂ©hicule l'enrichissement du rapport air/combustible Ă  chaque fois que l'air conditionnĂ© ou le chauffage fonctionnait, puisque les essais de l'EPA sont rĂ©alisĂ©s lorsque ces systĂšmes sont Ă©teints[5]. L'enrichissement du mĂ©lange Ă©tait rendu nĂ©cessaire pour rĂ©pondre au problĂšme de motorisation, gĂ©nĂ©rant une augmentation des Ă©missions de l'ordre de 10 grammes de monoxyde de carbone (CO) par distance d'un mile, soit presque trois fois la limite des 3,4 grammes par mile parcouru. Alors que l'EPA et le DĂ©partement de la Justice des États-Unis ont considĂ©rĂ© que General Motors avait intentionnellement violĂ© les normes d’émission, l'entreprise a considĂ©rĂ© que cela Ă©tait sujet Ă  interprĂ©tation. En plus de l'amende (la seconde plus importante dĂ©livrĂ©e au titre du Clean air act), General motors a Ă©tĂ© contraint d'investir 34 millions de dollars pour combler sa faute en programmes anti-pollutions. 470 000 Cadillac de l'Ă©poque 1991-1995, dont les modĂšles Eldorado, Fleetwood, DeVille et Seville, ont dĂ» ĂȘtre rappelĂ©es. La seule amende plus forte infligĂ©e par la mĂȘme loi s'Ă©lĂšve Ă  11,1 millions de dollars, payĂ©s par le fabricant de matĂ©riel Louisiana-Pacific[5].

En 1996, Ford a acceptĂ© d'investir 7,9 millions de dollars pour Ă©viter un procĂšs Ă  la suite de la dĂ©couverte d'un dispositif d'invalidation sur 60 000 vĂ©hicules d'un modĂšle de l'annĂ©e 1997 Econoline qui utilisait une stratĂ©gie de contrĂŽle Ă©lectronique sophistiquĂ©e conçue pour amĂ©liorer l'Ă©conomie de carburant, invalidant les contrĂŽles d'Ă©mission des NOx (oxyde d'azote) lorsque les vĂ©hicules Ă©taient conduits Ă  des vitesses d'autoroute, une circonstance qui ne se produit pas durant les essais en laboratoire oĂč est vĂ©rifiĂ©e la conformitĂ© aux seuils rĂ©glementaires d'Ă©missions[6].

En 1998, Honda a convenu d'un accord avec l'EPA les contraignant à étendre les garanties et offrir des services libres pour les possesseurs de 1,6 million de voitures des modÚles des années 1995, 1996 et 1997 Acura, Accord, Civic, Prelude et Odyssey. Honda avait invalidé un témoin d'alarme, d'alerte et/ou de signalisation moteur qui aurait sinon conduit les conducteurs à une réparation. Honda a dû dépenser un total de 267 millions de dollars en garanties, services et projets de réduction de pollution, et 12,6 millions de dollars en amendes civiles[6].

En 1998 l'EPA a annoncĂ© des amendes pour un total de 83,4 millions de dollars Ă  l'encontre de sept fabricants de poids lourds, la plus importante amende Ă  ce jour, pour avoir invalidĂ© les essais en coupant les contrĂŽles d'Ă©mission durant la conduite sur autoroute alors que le vĂ©hicule semblait ĂȘtre conforme aux normes durant les essais en laboratoire[7]. Les sept, Caterpillar, Cummins, Detroit Diesel, Mack Trucks, Navistar International, Renault Trucks, et Volvo Trucks, ont aussi acceptĂ© de payer plus de 1 milliard de dollars pour corriger le problĂšme[8]. Ces camions Ă©taient dotĂ©s d'un logiciel d'ECU conçu pour n'enclencher la rĂ©duction de la pollution que durant les vingt minutes des essais en laboratoire pendant lesquels Ă©tait vĂ©rifiĂ©e la conformitĂ© au Clean Air Act. Les Ă©missions n'Ă©taient plus contrĂŽlĂ©es lors de la circulation normale sur autoroute, Ă©mettant jusqu'Ă  trois fois le seuil maximum autorisĂ© d'oxyde d'azote[8].

Années 2010

Au milieu de l'annĂ©e 2015, l'EPA annonce que le logiciel utilisĂ© dans des millions de vĂ©hicules diesel TDI du groupe Volkswagen Group inclut des fonctionnalitĂ©s dont le but est d'invalider les rĂ©sultats des essais en laboratoire[9]. 11 millions de vĂ©hicules (dont 600 000 aux États-Unis) sont concernĂ©s[10].

En juin 2017, 774 000 vĂ©hicules diesel Mercedes (majoritairement des fourgons Vito) Ă©quipĂ©s de logiciels truquĂ©s doivent ĂȘtre rappelĂ©s en Europe[11].

En octobre 2018, un total de 95 000 voitures (dont certaines dĂ©jĂ  mises Ă  jour) Opel de modĂšles Cascada, Insignia et Zafira de norme Euro 6 Ă©quipĂ©es de logiciels truquĂ©s doivent ĂȘtre rappelĂ©es en Europe Ă  la suite de perquisitions aprĂšs que le constructeur ait niĂ© utiliser des logiciels non conformes[12].

À la suite de ce scandale, le plus grand incident de l'histoire liĂ© aux dispositifs d'invalidation, le 20 septembre 2017, au Japon, l'avis public stipulant les dĂ©tails des normes de sĂ©curitĂ© des vĂ©hicules routiers a Ă©tĂ© Ă  nouveau rĂ©visĂ©, et l'utilisation de dispositifs d'invalidation a Ă©tĂ© interdite pour toutes les voitures particuliĂšres, quel que soit le type de carburant, la capacitĂ© de charge ou la cylindrĂ©e[13].

Années 2020

Au sens du rĂšglement dĂ©lĂ©guĂ© (UE) 2021/1244 du 20 mai 2021, « les opĂ©rateurs ne sont pas considĂ©rĂ©s comme exerçant une activitĂ© commerciale lĂ©gitime lorsqu’ils prĂ©conisent ou proposent des opĂ©rations de rĂ©paration ou d’entretien qui auraient une incidence nĂ©gative sur les performances en matiĂšre d’émissions du vĂ©hicule. Ces opĂ©rations sont notamment les suivantes :

a) désactiver ou retirer des dispositifs de maßtrise de la pollution ou des systÚmes de contrÎle des émissions, ou dégrader leurs performances ou dissimuler leur fonctionnement défectueux ;

b) installer des dispositifs d’invalidation[14] ou mettre en place des stratĂ©gies d’invalidation[15] ;

c) neutraliser, retirer ou modifier des dispositifs de surveillance de la consommation de carburant ou d’énergie Ă©lectrique, ou manipuler le compteur kilomĂ©trique ;

d) modifier l’unitĂ© de commande du moteur, y compris la puissance nominale du moteur. »[16].

Articles connexes

Références

  1. United States Environmental Protection Agency, Air Enforcement, (lire en ligne).
  2. « Auto makers and EPA split victories on '73 vehicles », Chronicle-Telegram, Inscription nĂ©cessaire,‎ .
  3. United Press International, « Defeat Devices Must Go », The News Herald (Panama City), Inscription nĂ©cessaire,‎ .
  4. VW emissions 'defeat device' isn't the first, (lire en ligne).
  5. Laura Myers, Associated Press, « Cadillacs Recalled To Remove Illegal Device », The Buffalo News, Buffalo, New York, Inscription nĂ©cessaire,‎ (lire en ligne).
  6. David E. Alexander, Clean Air Act Prohibits "Defeat Devices" in Vehicles, Engines; Honda to Spend $267 Mil, Ford $7.8 Mil. to Settle Charges, United States Environmental Protection Agency, , Adobe PDF (lire en ligne).
  7. United States Environmental Protection Agency, Mack Trucks Diesel Engine Settlement, (lire en ligne).
  8. Jeff Plungis, Bloomberg News, « Carmakers cheating on emissions almost as old as pollution tests », Daily Herald,‎ (lire en ligne).
  9. Matt Burt, « VW emissions scandal: how Volkswagen's 'defeat device' works », sur autocar.co.uk, (consulté le ).
  10. « Moteurs truquĂ©s : aprĂšs VW et Renault, enquĂȘte sur Fiat », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  11. « Moteurs diesel truquĂ©s: Daimler abaisse une nouvelle fois ses prĂ©visions 2018 | Mercedes-Benz », La Presse,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  12. « Dieselgate : rappel de 43 000 voitures Opel », (consultĂ© le ).
  13. ă‚Źă‚œăƒȘăƒłă‚šăƒłă‚žăƒłè»Šă‚‚ćŻŸè±Ąă€æ—„æœŹă§ăƒ‡ă‚Łăƒ•ă‚ŁăƒŒăƒˆăƒ‡ăƒă‚€ă‚čçŠæ­ąăŒæ˜ŽçąșにăȘăŁăŸïŒ - Carview・2017ćčŽ9月21æ—„.
  14. Tels que dĂ©finis Ă  l’article 3, paragraphe 10, du rĂšglement (CE) no 715/2007.
  15. Tels que dĂ©finies Ă  l’article 3, paragraphe 8, du rĂšglement (CE) no 595/2009.
  16. « L_2021272FR.01001601.xml », sur europa.eu (consulté le ).
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