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Dina Dreyfus

Dina Dreyfus, née Fernande Dreyfus à Milan le et morte à Paris le , est une philosophe, ethnologue, résistante et haute fonctionnaire française.

Dina Dreyfus
une illustration sous licence libre serait bienvenue

Elle a effectué des recherches pour l'ethnologie conjointement avec son premier mari, Claude Lévi-Strauss et a notamment eu pour élÚve Françoise Héritier.

Biographie

Jeunesse et formation

NĂ©e en Italie, Dina Dreyfus arrive avec sa famille Ă  Paris Ă  l'Ăąge de treize ans. ÉlĂšve au lycĂ©e Lamartine, puis auditrice libre au lycĂ©e MoliĂšre, elle y obtient le baccalaurĂ©at et entreprend Ă  la Sorbonne des Ă©tudes de philosophie, qui comportent alors un certificat d'anthropologie. Elle Ă©pouse en 1932 le jeune agrĂ©gĂ© Claude LĂ©vi-Strauss – ami d'enfance de son frĂšre Pierre – et obtient elle-mĂȘme l'agrĂ©gation de philosophie en 1934[1].

CarriĂšre

Entre 1935 et 1938, Dina Dreyfus participe Ă  la mission culturelle française de la nouvelle universitĂ© de SĂŁo Paulo et donne un cours d'ethnologie qui attire un grand public. Avec MĂĄrio de Andrade, elle fonde la premiĂšre sociĂ©tĂ© d'ethnologie du BrĂ©sil et publie son premier texte, en portugais. Entre 1936 et 1938, elle mĂšne des enquĂȘtes chez les Bororo et les Nambikwara, avec son mari et leur jeune collĂšgue brĂ©silien Luiz de Castro Faria. En 1938, elle doit quitter l'expĂ©dition Ă  cause d'une infection oculaire et rentre Ă  SĂŁo Paulo, puis Ă  Paris. Le couple LĂ©vi-Strauss se sĂ©pare en 1939. Le divorce est prononcĂ© au plus tard en 1945, quand Claude se remarie[1].

En 1937, des objets collectionnĂ©s auprĂšs des Bororo sont exposĂ©s Ă  Paris dans une exposition dont le titre « Indiens du Mato-Grosso (Mission Claude et Dina LĂ©vi-Strauss) Â», reconnaissait la contribution scientifique des Ă©poux. Pourtant, aprĂšs leur sĂ©paration, Dina Dreyfus ne publie plus rien en ethnologie. Sa contribution aux recherches de terrain en particulier auprĂšs des groupes de femmes, les seules que Claude Levi-Strauss ait jamais entreprises, est largement oubliĂ©e. Dans Tristes Tropiques, Claude LĂ©vi-Strauss ne mentionne son ex-compagne qu'une seule fois, pour son dĂ©part de l'expĂ©dition ; dans son album Saudades do Bresil, Levi-Strauss exclut toutes les photographies qui la reprĂ©sentent. Ce n'est qu'en 2001 que paraissent enfin des documents photographiques authentiques et non retouchĂ©s de l'expĂ©dition attestant l'important travail de terrain de Dina[1].

Durant l'Occupation, Dina Dreyfus participe Ă  la RĂ©sistance dans la rĂ©gion de Montpellier. Son alias est « Denise Roche Â»[1].

AprÚs la guerre, Dina Dreyfus enseigne à nouveau la philosophie, d'abord en classe préparatoire à Versailles et au lycée MoliÚre de Paris. Elle tient pendant longtemps la chaire de philosophie de premiÚre supérieure du lycée Fénelon, tout en étant parallÚlement chargée de cours à la Sorbonne auprÚs de Vladimir Jankélévitch.

Quittant la khĂągne de FĂ©nelon, elle est nommĂ©e en 1962 « Inspecteur[2] de l'AcadĂ©mie de Paris Â», et se consacre aux questions de pĂ©dagogie et de didactique de la philosophie. Avec son collĂšgue Claude Khodoss, elle publie en dĂ©cembre 1965 un article fondateur qui contribue Ă  la mise en place de nouveaux programmes d'enseignement de la matiĂšre dans les lycĂ©es[3]. Elle devient alors la premiĂšre femme Ă  ĂȘtre nommĂ©e Ă  l'Inspection gĂ©nĂ©rale de philosophie. Elle travaille Ă  la modernisation de la discipline, intĂ©grant entre autres les nouveaux mĂ©dias parmi les dispositifs pĂ©dagogiques. Elle inaugure ainsi les premiĂšres Ă©missions de radio tĂ©lĂ©vision scolaire en philosophie, rĂ©alisĂ©es de 1964 Ă  1968 par Jean FlĂ©chet, avec la collaboration d'Alain Badiou[4].

Parmi ses élÚves et étudiants, on peut citer Françoise Héritier, Assia Djebar, Anne Fagot-Largeault, Bertrand Saint-Sernin ou encore DaniÚle Sallenave.

Publications

  • InstruçÔes prĂĄticas para pesquisas de antropologia fĂ­sica e cultural, Boletim da Sociedade de Etnografia e Folclore, SĂŁo Paulo, 1936.
  • Indiens du Mato-Grosso (Mission Claude et Dina LĂ©vi-Strauss), catalogue, 1937.
  • La Transcendance contre l'Histoire chez Simone Weil, Mercure de France 1053 (1951).
  • Imposture et AuthenticitĂ© dans l'ƒuvre de Bernanos, Mercure de France 1069 (1952).
  • CinĂ©ma et langage, DIOGÈNE - revue trimestrielle publiĂ©e sous les auspices du Conseil International de la Philosophie et des sciences humaines et avec l'aide de l'UNESCO / Gallimard (1961)
  • Freud : Psychanalyse, textes choisis, coll. « Les grands textes », Paris : PUF, 1963.
  • PrĂ©sentation des Ă©missions de philosophie Ă  la tĂ©lĂ©vision, in L'Éducation nationale, no 36 (1964), repris dans Cahiers philosophiques, no 55 (1993).
  • (Avec Claude Khodoss) « L’enseignement philosophique Â», Les Temps Modernes, no 235, dĂ©cembre 1965, p. 1001-1047.
  • (Avec Florence Khodoss) Hume : L'Homme et l'expĂ©rience, textes choisis, coll. « Les grands textes », Paris : PUF, 1967.
  • Figures de la pensĂ©e philosophique : Ă©crits de Jean Hyppolite, 1931-1968, coll. « EpimĂ©thĂ©e Â», Paris : PUF, 1971.
  • Le temps des philosophes, textes des Ă©missions de philosophie conçues par Dina Dreyfus en 1965 et 1966 repris dans Cahiers philosophiques, n° hors sĂ©rie (juin 1993).
  • Écrits, Ă©ditĂ©s et prĂ©sentĂ©s par Christiane Menasseyre et Bertrand Saint-Sernin, Paris : Hermann, 2013.

Notes et références

Bibliographie

  • Bertrand Saint-Sernin, « Dina Dreyfus ou la raison enseignante », Les Temps modernes, vol. 44, no 516,‎ , p. 142-157.
  • (de) Ellen Spielmann et Antonio Arnoni Prado, Das Verschwinden Dina LĂ©vi-Strauss' und der Transvestismus MĂĄrio de Andrades : Genealogische RĂ€tsel in der Geschichte der Sozial- und Humanwissenschaften im modernen Brasilien, Berlin, Wissenschaftlicher Verlag Berlin, , 105 p. (ISBN 978-3-936846-16-4).
  • Annabelle Bonnet, « Dina Dreyfus et Simone de Beauvoir, deux horizons pour des temps nouveaux », in La Barbe ne fait pas le philosophe. Les femmes et la philosophie en France (1880-1949), CNRS Éditions, 2022, p. 289-309.

Notes

  1. Dreyfus, Dina, 1911-1999. et Saint-Sernin, Bertrand., Écrits, Paris, Hermann, 260 p. (ISBN 978-2-7056-8337-5 et 2705683372, OCLC 856652505, lire en ligne).
  2. PremiĂšre femme Ă  ĂȘtre nommĂ©e, quelques annĂ©es plus tard, « inspecteur gĂ©nĂ©rale de philosophie », elle a toujours refusĂ© la fĂ©minisation du nom de sa fonction.
  3. Les nouveaux programmes n'entrent en vigueur qu'en 1973 aprÚs de longues délibérations, mais trouvent leur point de départ dans le projet de février 1966 de l'Inspection générale. Sur cette histoire et le rÎle de l'article de Dreyfus et Khodoss, voir Bruno Poucet, Enseigner la philosophie : histoire d'une discipline scolaire 1860-1990, CNRS éditions, 2002, chapitre 12, p. 331-357.
  4. http://www.cndp.fr/media-sceren/lettreinfo/index17.php

Liens externes

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