AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Dimension homologique

En algĂšbre, la dimension homologique d'un anneau R diffĂšre en gĂ©nĂ©ral de sa dimension de Krull et se dĂ©finit Ă  partir des rĂ©solutions projectives ou injectives des R-modules. On dĂ©finit Ă©galement la dimension faible Ă  partir des rĂ©solutions plates des R-modules. La dimension de Krull (respectivement homologique, faible) de R peut ĂȘtre vue comme une mesure de l'Ă©loignement de cet anneau par rapport Ă  la classe des anneaux artiniens (resp. semi-simples, rĂ©guliers au sens de von Neumann (en)), cette dimension Ă©tant nulle si, et seulement si R est artinien (resp. semi-simple, rĂ©gulier au sens de von Neumann). Dans le cas d'un anneau commutatif noethĂ©rien R, ces trois dimensions coĂŻncident si R est rĂ©gulier, en particulier si sa dimension homologique est finie[1] - [2].

RĂ©solutions

  • Soit un R-module. La suite exacteest appelĂ©e une rĂ©solution gauche de . Si pour tout , le module est projectif (respectivement plat, libre), cette rĂ©solution est dite projective (resp. plate, libre). Si et pour tout , cette rĂ©solution est dite de longueur . S'il n'existe pas de tel entier , cette rĂ©solution est dite de longueur infinie.
  • La suite exacteest appelĂ©e une rĂ©solution droite de . Si pour tout , le module est injectif, cette rĂ©solution est dite injective. On dĂ©finit comme plus haut la longueur d'une rĂ©solution injective.
  • Tout R-module admet des rĂ©solutions libres, et donc des rĂ©solutions projectives et plates. Tout R-module admet Ă©galement des rĂ©solutions injectives[3].

Dimensions d'un module

  • Dans ce qui suit, et l'on prend pour convention que pour tout , , et .
  • Soit un R-module Ă  gauche. Sa dimension projective (resp. injective, plate), notĂ©e (resp. [4]) est la borne infĂ©rieure dans des longueurs des rĂ©solutions projectives (resp. injectives, plates) de .
  • On a .
  • Pour que soit projectif (resp. injectif, plat) il faut et il suffit que (resp. ).

Dimensions d'un anneau

Nous ne revenons pas ici sur la dimension de Krull.

Dimension homologique

  • Soit la catĂ©gorie des R-modules Ă  gauche. Les quantitĂ©s suivantes sont Ă©gales[5] :
  • Leur valeur commune est appelĂ©e la dimension globale Ă  gauche de R et est notĂ©e dans ce qui suit . Cette quantitĂ© est la borne supĂ©rieure dans des quantitĂ©s pour lesquelles il existe deux R-modules Ă  gauche et tels que (voir l'article Foncteur dĂ©rivĂ©)[6].

On dĂ©finit de mĂȘme la dimension globale Ă  droite de R, notĂ©e dans ce qui suit .

  • Lorsque = (c'est Ă©videmment le cas lorsque R est commutatif), leur valeur commune est appelĂ©e la dimension globale de R et est notĂ©e [7].
  • La notion de dimension globale s'Ă©tend au cas d'une catĂ©gorie abĂ©lienne quelconque de sorte que, si (resp. ), cette dimension coĂŻncide avec la quantitĂ© (resp. ) dĂ©finie plus haut[8].

Dimension faible

Les quantités suivantes sont égales[9] :

Leur valeur commune est appelée la dimension globale faible de R, notée dans ce qui suit[10]. Cette quantité est la borne supérieure dans des quantités pour lesquelles il existe un R-module à droite et un module à gauche tels que (voir l'article Foncteur dérivé).

Propriétés

  • On a .
  • On a avec Ă©galitĂ© si R est noethĂ©rien Ă  gauche.
  • Si R est noethĂ©rien, on a .
  • Soit un anneau commutatif ; alors (thĂ©orĂšme des syzygies de Hilbert). Par consĂ©quent, si est un corps commutatif (ou, plus gĂ©nĂ©ralement, un anneau commutatif semi-simple), [11].
  • Soit R un anneau commutatif, un ensemble multiplicatif ne contenant pas de diviseurs de zĂ©ro et le localisĂ© . On a et [12].
  • Un anneau d'Ore R est un anneau de Dedekind qui n'est pas un corps si, et seulement si [5]
  • Un anneau commutatif intĂšgre R est un anneau de PrĂŒfer (en) si, et seulement si [13].
  • Un anneau de BĂ©zout commutatif R qui n'est pas principal est un anneau de PrĂŒfer[14], et vĂ©rifie donc . En revanche, il n'est pas noethĂ©rien, donc n'est pas un anneau de Dedekind, et par suite .

Anneaux réguliers

  • Un anneau R est dit rĂ©gulier Ă  gauche si tout R-module Ă  gauche de type fini admet une rĂ©solution finie. On dĂ©finit de mĂȘme un anneau rĂ©gulier Ă  droite, et un anneau est dit rĂ©gulier[15] s'il est rĂ©gulier Ă  gauche et Ă  droite[16] - [17].
  • Si , R est Ă©videmment rĂ©gulier Ă  gauche, mais Nagata a donnĂ© en 1962 l'exemple d'un anneau commutatif rĂ©gulier noethĂ©rien de dimension globale infinie[18].
  • Si R est un anneau commutatif rĂ©gulier, alors tout localisĂ© de R est rĂ©gulier. Si R est rĂ©gulier et noethĂ©rien, alors il en va de mĂȘme de [19].
  • Soit R un anneau de BĂ©zout Ă  gauche. Tout R-module Ă  gauche de type fini est de prĂ©sentation finie, donc R est rĂ©gulier Ă  gauche[20].

Notes et références

Notes

  1. McConnell et Robson 2001, 7.1.9 ; Lam 1999, (5.94), (5.95).
  2. La dimension de Goldie, également appelée dimension uniforme, qui a une signification tout à fait différente, n'est pas traitée ici. Voir par exemple McConnell et Robson 2001, §2.2.
  3. Rotman 2009, Prop. 6.2 et 6.4.
  4. Le de peut ĂȘtre la premiĂšre lettre du mot anglais flat ou du mot français faible.
  5. McConnell et Robson 2001, 7.1.8.
  6. C'est ce que Bourbaki 2007 (§8.3), qui ne considÚre que des modules à gauche, appelle la dimension homologique de l'anneau R, et note . Il ne définit pas la dimension homologique faible.
  7. McConnell et Robson 2001, 7.1.11. Notation anglaise: pour la dimension globale Ă  gauche, pour la dimension globale Ă  droite, pour la dimension globale.
  8. Mitchell 1965. Il n'est pas nĂ©cessaire de supposer que ait « suffisamment de projectifs Â» ou « suffisamment d'injectifs Â».
  9. McConnell et Robson 2001, §7.1.
  10. Notation anglaise : .
  11. Bourbaki 2007, §8, Thm. 1.
  12. McConnell et Robson 2001, §7.4. Résultat semblable dans le cas non commutatif en introduisant la notion d'ensemble dénominateur.
  13. Rotman 2009, Example 8.20.
  14. Rotman 2009, §4.4.
  15. À ne pas confondre avec un anneau de von Neumann rĂ©gulier.
  16. McConnell et Robson 2001, 7.7.1.
  17. Lam 1999, p. 201, exige, avec d'autres auteurs, que, de plus, R soit noethérien à gauche.
  18. Lam 1999, (5.94) ; Nagata 1962, Appendix.
  19. McConnell et Robson 2001, 7.7.3, 7.7.5. Des extensions au cas non commutatif des propriétés énoncées ici sont données dans ces références.
  20. Ceci n'est bien sûr exact que si l'on n'exige pas la propriété noethérienne dans la définition de la régularité.

Références

  • N. Bourbaki, AlgĂšbre, Chapitre 10 : AlgĂšbre homologique, Springer, , 216 p. (ISBN 978-3-540-34492-6 et 3-540-34492-6)
  • N. Bourbaki, AlgĂšbre commutative, chapitres 1 Ă  4, Springer, , 356 p. (ISBN 3-540-33937-X)
  • (en) Paul Moritz Cohn, Free Rings and their Relations (2nd ed.), London/Orlando/San Diego etc., Academic Press Press, , 588 p. (ISBN 0-12-179152-1)
  • (en) Tsit Yuen Lam, Lectures on Modules and Rings, New York/Berlin/Heidelberg, Springer, , 557 p. (ISBN 0-387-98428-3)
  • (en) John C. McConnell et James C. Robson, Noncommutative Noetherian Rings, American Mathematical Society, , 636 p. (ISBN 0-8218-2169-5, lire en ligne)
  • (en) Masayoshi Nagata, Local Rings, Interscience, , 234 p. (ISBN 0-470-62865-0)
  • (en) Barry Mitchell, Theory of Categories, New York/London, Academic Press, , 273 p. (ISBN 0-12-499250-1)
  • (en) Joseph J. Rotman, An Introduction to Homological Algebra, Springer, , 2e Ă©d., 710 p. (ISBN 978-0-387-24527-0 et 0-387-24527-8)
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.