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Dibothriocéphalose

La dibothriocĂ©phalose ou diphyllobothriose (anciennement bothriocĂ©phalose) est un tĂ©niasis dĂ» Ă  diffĂ©rentes espèces de cestodes de grande taille. L'espèce la plus commune chez l'homme est Dibothriocephalus latus, plus connue sous le nom gĂ©nĂ©rique de « tĂ©nia du poisson » ou de « grand tĂ©nia des poissons ». D. latus est le plus long des tĂ©nias chez l'humain ; il mesure en moyenne 2 Ă  8 mètres de long, et exceptionnellement jusqu'Ă  20 m[1]. Chez les adultes, les proglottides sont habituellement relativement longs (d’oĂą le nom de grand tĂ©nia). Comme chez tous les cestodes de l’ordre des pseudophyllides, les pores gĂ©nitaux s'ouvrent au milieu du ventre. Les adultes peuvent pondre jusqu'Ă  un million d'Ĺ“ufs par jour. Quelques espèces restĂ©es dans le genre Diphyllobothrium, comme Diphyllobothrium hians ou Diphyllobothrium cameroni, affectent très occasionnellement les humains.

Dibothriocéphalose
Description de l'image Diphyl proglottidE.JPG.
Causes Dibothriocephalus latus, Dibothriocephalus dendriticus, Dibothriocephalus nihonkaiensis, Dibothriocephalus cordatus, Diphyllobothrium hians
Transmission Transmission de pathogène
Symptômes Anémie, nausée, douleur abdominale, diarrhée et exanthème
Classification et ressources externes
CIM-10 B70.0
CIM-9 123.4
DiseasesDB 29539
MedlinePlus 001375
eMedicine 216089
MeSH D004169

Wikipédia ne donne pas de conseils médicaux Mise en garde médicale

Le terme de « bothriocĂ©phalose Â» ne doit pas ĂŞtre utilisĂ© pour la maladie humaine puisque les Bothriocephalus sont des parasites proches gĂ©nĂ©tiquement des Diphyllobothrium mais qui ne parasitent pas l'homme. Ils sont exclusivement trouvĂ©s dans l'intestin de poissons d'eau douce (notamment carpes). Le terme de « diphyllobothriose » est lui aussi Ă  abandonner puisque le genre Dibothriocephalus est ressuscitĂ© depuis 2017 et inclut les parasites les plus communs pour l'humain, dont Dibothriocephalus latus mais aussi Dibothriocephalus dendriticus et Dibothriocephalus nihonkaiensis[2]. D. latus est très proche au point de vue morphologique des autres membres de la famille des Diphyllobothriidae, mais peut parfois ĂŞtre distinguĂ© par l’hĂ´te. Quatorze espèces de cette famille sont rĂ©pertoriĂ©es pour ĂŞtre capables d’infecter les humains, notamment Dibothriocephalus dendriticus (le tĂ©nia du saumon), qui a une zone d’endĂ©mie beaucoup plus Ă©tendue (la totalitĂ© de l'hĂ©misphère nord). D. latus est originaire de Scandinavie, de Russie occidentale, et de la Baltique, bien qu'il soit maintenant Ă©galement prĂ©sent en AmĂ©rique du Nord, particulièrement sur la cote Pacifique au nord-ouest. Au Japon, la plus rĂ©pandue des espèces infestantes est Dibothriocephalus nihonkaiensis, qui n'a Ă©tĂ© identifiĂ©e comme Ă©tant une espèce distincte de D. latus qu'en 1989[3]. Plusieurs autres espèces de Diphyllobothriidae ont Ă©tĂ© rĂ©pertoriĂ©es susceptibles d’infecter les humains, mais avec une frĂ©quence moindre : parmi elles sont citĂ©es Dibothriocephalus cordatus, Dibothriocephalus ursi, Dibothriocephalus dalliae, Adenocephalus pacificus, Diphyllobothrium lanceolatum, et Diphyllobothrium stemmacephalum (parfois mentionnĂ© dans la littĂ©rature sous le nom Diphyllobothrium yonagoense dĂ©sormais synonymisĂ©).

Cycle parasitaire

cycle parasitaire de D. latum.
Cliquer sur l'image pour l'agrandir.

Les ténias adultes peuvent infecter les humains, les canidés, les félins, les ours, les pinnipèdes, et les mustélidés, cependant la réalité des cas enregistrés chez certaines des espèces non humaines est contestée. Des œufs non embryonnés sont éliminés dans les selles du mammifère hôte (hôte définitif, où les vers se reproduisent). Dans des conditions appropriées, les œufs ou oncosphère deviennent matures (en 18 à 20 jours approximativement) et dans l’eau se transforment en coracidium (embryon cilié nageur). Après l'ingestion par un crustacé d'eau douce comme un cyclops (le premier hôte intermédiaire) le coracidium devient une larve procercoïde (d’aspect vermiforme). Après l'ingestion du crustacé par un deuxième hôte intermédiaire, en général un vairon ou un autre petit poisson d'eau douce, les larves de procercoïdes sont libérées du crustacé et migrent dans la chair du poisson où elles se transforment en larves plérocercoïdes. Les larves plérocercoïdes constituent l'étape contagieuse pour l’hôte définitif (humains y compris).

Puisque les humains ne mangent gĂ©nĂ©ralement pas de vairons insuffisamment cuits et d’autres petits poissons d'eau douce, ceux-ci ne reprĂ©sentent pas une source importante d'infection. NĂ©anmoins, ces deuxièmes hĂ´tes intermĂ©diaires de petite taille peuvent ĂŞtre mangĂ©s par de plus grandes espèces prĂ©datrices, par exemple, la truite, la perche, et le brochet. Dans ce cas, les larves peuvent migrer vers les muscles des poissons prĂ©dateurs plus grands et les mammifères peuvent contracter la maladie en mangeant ces poissons infectĂ©s hĂ´tes intermĂ©diaires ultimes, crus ou pas assez cuits. Après l'ingestion des poissons infectĂ©s, les larves plĂ©rocercoĂŻdes se transforment en adultes immatures puis en tĂ©nias adultes mĂ»rs qui rĂ©sideront dans l’intestin grĂŞle. Les adultes se fixent Ă  la muqueuse intestinale au moyen de deux crochets bilatĂ©raux (bothries) de leur scolex. Les adultes peuvent atteindre plus de 10 mètres (jusqu'Ă  30 m) de long pour certaines espèces telles que D.latum, avec plus de 3 000 proglottides. Des Ĺ“ufs immatures sont Ă©vacuĂ©s des proglottides (jusqu'Ă  1 000 000 Ĺ“ufs par jour et par ver) et sont Ă©liminĂ©s dans les selles. Les Ĺ“ufs apparaissent dans les selles 5 Ă  6 semaines après le dĂ©but de l’infection. Le tĂ©nia peut vivre jusqu'Ă  20 ans. Les larves survivent Ă  la mort du poisson et sont dĂ©truites par une tempĂ©rature supĂ©rieure Ă  50 °C.

La meilleure manière pour les humains d’éviter l'infection est de ne pas manger les poissons insuffisamment cuits. En outre, parce que les selles humaines sont un important vecteur pour la propagation des œufs, un traitement approprié des eaux d'égout peut réduire l'infection des poissons et ainsi des humains.

Distribution géographique

La bothriocéphalose se propage dans les zones où la présence de lacs et de fleuves est associée à des habitudes de consommation humaine de poissons d'eau douce crus ou insuffisamment cuits. De tels secteurs se retrouvent dans hémisphère nord (l’Europe, les états nouvellement indépendants de l'ex Union Soviétique, l’Amérique du Nord, l’Asie), l’Ouganda et le Chili.

Caractéristiques cliniques

En l’absence de traitement la bothriocéphalose peut se prolonger pendant des décennies. La plupart des infections sont asymptomatiques. Les manifestations peuvent comprendre des douleurs abdominales, de la diarrhée, des vomissements et une perte de poids. Il peut se produire une carence en vitamine B12 avec pour conséquence une anémie pernicieuse, mais l’infection par D. latum peut persister pendant plusieurs décennies sans provoquer d’anémie, probablement en raison d'une amélioration de la nutrition. Dans un essai, presque la moitié de la vitamine ingérée a été absorbée par D.latum chez des patients auparavant en bonne santé, alors que le taux d’absorption par le ver était de 80 à 100 % chez des patients présentant une anémie. Il est impossible de savoir pourquoi une anémie se produit dans certains cas seulement et pas dans d'autres cas. Les infections massives peuvent avoir comme conséquence une occlusion intestinale. La migration des proglottides peut provoquer une cholécystite ou une angiocholite.

Dans les cultures où les femmes préparent des plats traditionnels tels que le gefilte fish, elles sont davantage infectées que les hommes, car elles goûtent le poisson émincé avant de le faire cuire[4].

Diagnostic

L'identification microscopique des œufs dans les selles est la base du diagnostic spécifique. Les œufs sont habituellement nombreux et peuvent être découverts sans avoir besoin de techniques de concentration. L'examen des proglottides éliminés dans les selles a également une valeur diagnostique.

Outil diagnostique : microscopie et comparaison morphologique avec d'autres parasites intestinaux. Bien qu'il soit difficile d'identifier les œufs ou les proglottides jusqu’au niveau de l’espèce, la distinction a peu d'importance médicale puisque, comme la plupart des ténias adulte dans l'intestin, tous les membres de ce genre répondent aux mêmes médicaments.

Traitement

Le praziquantel est la molécule principalement utilisée en l'absence de contre-indication, le plus souvent à la dose de 10 mg/kg en prise unique. Une autre possibilité est la niclosamide à la dose unique de 2 gr pour les adultes et de 1gr pour les enfants de plus de six ans[5] - [6].

Le retrait sous coloscopie est possible mais nécessite le retrait complet du ver (y compris le scolex) pour que le traitement soit efficace[7]

Des cas anecdotiques de guérison ont été rapportés après administration d'un produit de contraste iodé la gastrografine susceptible d'éliminer un ver adulte vivant dans les selles[8] - [9], mais ce n'est pas un traitement de choix à cause de son coût et de sa lourdeur en technique (fluoroscopie)[7].

Prévention

Éviter l'ingestion des poissons d'eau douce crus. Une cuisson suffisante ou la congélation des poissons d'eau douce tuera les larves de ténia de poissons enkystées dans la chair.

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Roberts, Larry S. and Janovy, John Jr. Gerald D. Schmidt and Larry S. Roberts' Foundations of Parasitology, Seventh edition. 2005.

Liens externes

Notes et références

  1. Le parasitisme, Louis Gallien, Que sais-je ?, 1980
  2. (en) Andrea Waeschenbach, Jan Brabec, Tomáš Scholz, D Timothy J Littlewood et Roman Kuchta, « The catholic taste of broad tapeworms - multiple routes to human infection », International Journal for Parasitology, Elsevier, vol. 47, no 13,‎ , p. 831-843 (ISSN 0020-7519 et 1879-0135, OCLC 01771044, PMID 28780153, DOI 10.1016/J.IJPARA.2017.06.004)
  3. (en) Lou YS, Koga M, Higo H. et al., « A human infection of the cestode, Diphyllobothrium nihonkaiense », Fukuoka Igaku Zasshi, vol. 80,‎ , p. 446–50
  4. Y-J. Golvan, Éléments de parasitologie médicale, Paris, Flammarion Médecine-Sciences, , 571 p. (ISBN 2-257-12589-4), p. 109-111.
  5. O. Bouchaud, CMIT, Parasitoses intestinales, Paris, Alinéa Plus, , 720 p. (ISBN 978-2-916641-68-3), p. 538.
    dans E. PILLY 2020, 27e Ă©dition.
  6. Muhammad I. Durrani, Hajira Basit et Eric Blazar, « Diphyllobothrium Latum », dans StatPearls, StatPearls Publishing, (PMID 31082015, lire en ligne)
  7. Pauline Falaise, « Les parasites de poisson : agents de zoonoses.Thèse d'exercice, Médecine vétérinaire, Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse - ENVT, 248 p », sur univ-toulouse.fr, , p. 109
  8. (en) Waki K, Oi H, Takahashi S. et al., « Successful treatment of Diphyllobothrium latum and Taenia saginata infection by intraduodenal 'Gastrografin' injection », Lancet, vol. 2,‎ , p. 1124–6
  9. Hye Kyung Shin, Joo-Hyung Roh, Jae-Won Oh et Jae-Sook Ryu, « Extracorporeal Worm Extraction of Diphyllobothrium nihonkaiense with Amidotrizoic Acid in a Child », The Korean Journal of Parasitology, vol. 52, no 6,‎ , p. 677–680 (ISSN 0023-4001, PMID 25548421, PMCID 4277032, DOI 10.3347/kjp.2014.52.6.677, lire en ligne, consulté le )
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