Derwies
La famille von Derwies ou Derviz, en russe фон Дервиз (russification de von der Wiese[1]), est une famille de la noblesse allemande et russe, originaire de Hambourg, où ses membres étaient enregistrés comme bourgeois depuis le XVe siècle. Son membre alors le plus connu, Heinrich-Dietrich[2] von Wiese (1676-1728), descendant de pasteurs luthériens, y fut bourgmestre du au . Son arrière-petit-neveu, Johann Adolf, s’engage dans l’armée royale suédoise, puis devient conseiller de justice au service du duché de Holstein sous le règne du futur empereur Pierre III de Russie, qu’il suivra jusqu’à Saint-Pétersbourg lors de l’accession de ce dernier au trône de Russie. En 1761, Il obtient du duc des armoiries de chevalier héréditaire[3] du Saint-Empire[4], et transforme à cette occasion son patronyme en von der Wiese[5]. Son fils, Ivan Ivanovitch (mort en 1806), est général-major et son petit-fils, Grigori Ivanovitch (1797-1855), devient directeur de l’orphelinat de Gatchina. Mais c’est surtout l’un de ses arrière-petits-fils[6], Pavel Grigoriévitch (1826-1881), qui rend célèbre cette famille en devenant l'un des magnats russes du chemin de fer les plus riches de l’Empire russe et l'un des hivernants les plus fameux de la Côte d’Azur. Deux de ses frères, Nikolaï Grigoriévitch, chanteur classique, et Dimitri Grigoriévitch, membre du conseil d’État (il fut le premier ober-prokuror (haut procureur) de la Cour de cassation civile du sénat) illustrent aussi le blason familial.
Les Derwies sont inscrits aux registres du livre II de la noblesse du gouvernement de Kostroma, au livre III de celle de Moscou et à la noblesse des gouvernements de Saint-Pétersbourg, Riazan et Tver.
Autres personnalités
- Nadejda Iakovlevna von Derwies (née Simonovitch, 1866-1907), épouse du peintre Vladimir von Derwies (1853-1937) et mère de l'artiste-peintre Maria Vladimirovna Favorskaïa (1887-1959) et de la pianiste Elena (dite Liola) Vladimirovna Derwies (1890-1975)
Armes
Les armes des Derwies ont fait l'objet d'un enregistrement en 1885 dans l'Armorial général de la noblesse de l'Empire russe[7].
Elles se lisent, sarmatico more : d'azur à la fasce d'argent[8], accompagnée en chef d'un étoile d'or à cinq rayons et en pointe d'un cœur du même. L'écu sommé d'un casque de gentilhomme couronné d'un tortil de baron et coiffé d'un vol de sable, une étoile d'or entre les ailes. Lambrequins: argent et azur - or et azur.
L'étoile sur fond azur, reprise dans le vol, signale le (nouveau) chevalier[9] ; le vol indique le conseiller d'État (ce que furent, pour le moins, Grégoire I., Paul G. et Dmitri G.), au moment de l'enregistrement (1885)[10]. Le tortil est celui d'un baron, quoique les armes enregistrées dans l'AGNER soient des armes simples, sans titre aucun, correspondant à celles d'une famille de noblesse de service récente[11]. Le Rietstap mentionnant des armes similaires en 1884, il semble que l'enregistrement des armes des Derwies ait été définitivement entériné en 1884/1885[12].
Illustrations
- Portrait de Liola Derwies par Valentin Serov (1888), Galerie Tretiakov
- Portrait de Madame Derwies (Marina Sergueïevna Derwies, née Schoenig) par Benjamin-Constant (1845-1902), collection privée (1899)
- Portrait d'Anne von Derwies par Ivan Kramskoï (1881), musée de Lvov
- L'escalier d'honneur de l'hôtel particulier des Derwies au no 28 quai des Anglais à Saint-Pétersbourg
- Chapelle funéraire du baron et de la baronne Serge von Derwies (née Schoenig) au cimetière du Grand Jas (Cannes)
Domaines et propriétés
- Hôtel particulier au no 6 de la rue Sadovaïa-Tchernogriazskaïa à Moscou, aujourd’hui Institut de médecine expérimentale
- Hôtel particulier au no 20 du quai des Anglais à Saint-Pétersbourg
- Hôtel particulier au no 28 du quai des Anglais à Saint-Pétersbourg, aujourd'hui palais des mariages
- Hôtel particulier au no 34 du quai des Anglais à Saint-Pétersbourg, aujourd'hui théâtre de musique de chambre opéra de Saint-Pétersbourg
- Château de Valrose à Nice, aujourd’hui dépendant de l’université de Nice
Sources
- La famille Derwies à Saint Pétersbourg et en Russie[13], Victor V. Antonoff, Fontanka, 4-2009.
- (ru) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en russe intitulé « Дервиз » (voir la liste des auteurs).
- Valrose par Dominique Laredo, 336 pages, Université de Nice Sophia Antipolis, 2006
Notes
- Soit, en français : Du pré ou De la prairie.
- Hinrich Diederich, selon l'orthographe de l'époque.
- Concession d'armoiries ; l'étoile d'or sur fond d'azur du blason familial signale la qualité de chevalier héréditaire reconnue aux von Derwies. De mauvaises langues ont attribué cet honneur, non aux qualités du nouveau chevalier, mais au fait que son épouse Christina v. Herkle fut la nourrice du duc. Il semble toutefois que la famille faisait déjà partie de la noblesse de la principauté de Hambourg, conformément à la charge qu'avait tenue Heinrich Dietrich en 1720-1728.
- Cf. le paragraphe sur les armes des v. Derwies.
- Fait habituel dans le Saint Empire, où le nouveau noble changeait de nom, signalant ainsi son passage dans son nouvel état. Il est possible qu'on ait aussi voulu oublier le nom Wiese, qui faisait pouvait aussi se prononcer à Hambourg Wise, soit le "savant".
- Fils du précédent.
- Armorial officiel de l'Empire ; elles sont répertoriées dans le volume 13, page 90, volume qui n'a jamais fait l'objet de publication sous l'Empire.
- Cette fasce est parfois damasquinée sur certains blasons décorant les propriétés des Derwies en Russie, vraisemblablement pour des raisons d'esthétique.
- Donc le noble héréditaire, hérédité obtenue par un des ordres de chevalerie russe ; ici, c'est vraisemblablement la croix de Saint Vladimir, qui sanctionnait généralement la carrière d'un haut fonctionnaire méritant de l'Empire, quoique ces armes soient aussi celles du maire de Hambourg, mort en 1728.
- Pour cette raison, il semble que les éléments originels des armes des Derwies/Wiese, si elles ont existé avant l'irruption de cette famille au sein de la noblesse russe, soient, peut-être la fasce, surtout le cœur d'or sur fond azur.
- Une famille titrée de l'Empire est d'ailleurs (quasiment) systématiquement (re) qualifiée de lignée (russe: род), ce qui n'est aucunement le cas pour les v. Derwies. Néanmoins, ceux-ci sont connus en France sous ce titre, quoique l'État russe, très sourcilleux en la matière, ne l'aie jamais ni homologué, ni considéré...
- L'enregistrement à cette date ne signifie pas que leur inscription à la noblesse ne soit pas antérieure (ils auraient d'ailleurs eu un petit domaine de rapport au milieu du XIXe siècle, avec une dizaine d'âmes, chose impossible à l'époque à des roturiers) ; nombre de familles de la noblesse de service (et les Derwies n'ont jamais caché relever de ce statut) n'ont jamais fait enregistrer leurs armes (même quand elles en avaient) dans l'AGNER, s'agissant là d'une vanité onéreuse et somme toute inintéressante depuis qu'il n'était plus publié ; il leur importait bien plus d'être inscrites dans les registres de la noblesse de l'oblast dont elles dépendaient.
- Род Дервизов в Петербурге и в России.