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Denis Gautier-Sauvagnac

Biographie

Origines et débuts professionnels

Fils d'un directeur de banque, il suit ses études au lycée Janson-de-Sailly puis à la faculté de droit de Paris. Il préside la Conférence Olivaint en 1963. Il est diplômé de l´Institut d'études politiques de Paris et entre à l'École nationale d'administration (promotion Marcel Proust, 1967)[2].

Il commence à sa sortie de l'ÉNA, une carrière dans l'administration des finances, comme adjoint à l'Inspection générale des finances en 1967, inspecteur des finances en 1969 et attaché à la direction du Trésor en 1971. Il approche le pouvoir politique, auprès des instances européennes, comme attaché financier à la représentation permanente de la France auprès de la Communauté européenne (1972) puis auprès de François-Xavier Ortoli comme conseiller économique (1973-74) directeur adjoint (1974-1976) et directeur de cabinet (1976), avant d'être nommé Secrétaire général adjoint du Comité interministériel pour les questions de coopération économique européenne, entre 1978 et 1979[2].

Marié à Solange Fauchon de Villeplée, issue d'une famille de la bourgeoisie originaire de la Manche[3] ; installé au manoir d'Isigny-le-Buat (« Le Logis »), il s'engage dans la vie politique locale et devient suppléant du député Émile Bizet entre 1978 et 1981.

Dirigeant de l'Union laitière normande

Fort de sa connaissance de la politique agricole commune, et avec l'appui du CrĂ©dit agricole de la Manche, il prend la tĂŞte en 1981 de la coopĂ©rative laitière locale devenue grande entreprise agrico-alimentaire l'Union laitière normande (7000 salariĂ©s et 35000 producteurs de lait)[4]. Face aux pertes de l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente (76 MF en 1980), il met en Ĺ“uvre avec une Ă©quipe de direction resserrĂ©e un plan de redressement vigoureux qui permet dès 1981 le retour Ă  l'Ă©quilibre des comptes[5]. Dans un contexte de turbulences monĂ©taires et de dĂ©bats sur le prix du lait (affectĂ© par les montants compensatoires) ces mesures passent d'abord mal : blocages d'usines et grèves[6]. S'ajoute Ă  cela un conflit politico-juridique de 1981 Ă  1984 pour le contrĂ´le de PREVAL. L'ULN obtient gain de cause auprès des tribunaux[7]. L'instauration des quotas laitiers en 1984 le contraint Ă  lancer un nouveau plan d'adaptation avec des cessions d'actifs et des accords de collecte avec la concurrence[4]. MalgrĂ© ces Ă©cueils, cette gestion rigoureuse (baisse des effectifs, modĂ©ration des hausses de salaires et du prix du lait, maĂ®trise des coĂ»ts, adaptation de l'outil industriel pour une production Ă  plus forte valeur ajoutĂ©e, relance commerciale et marketing) permet de maintenir l'Ă©quilibre des comptes et de restaurer la confiance des banques, des sociĂ©taires et des pouvoirs publics. Il quitte l'ULN courant 1985 laissant Ă  son successeur une situation assainie[6].

Candidat dissident du RPR aux élections législatives dans la Manche, avec la liste Confiance dans la Manche, il perd malgré le soutien officieux de Jacques Chirac[8] cependant que le Parti socialiste conquiert un deuxième siège dans ce département traditionnellement acquis à la droite. Faute d'avenir politique, il poursuit sa carrière liée au monde agricole comme directeur de cabinet de François Guillaume, ministre de l´Agriculture (1986-1988), et chargé de mission à la Caisse nationale de crédit agricole en 1988[2].

En 1990, il devient P-DG de la banque d’affaires Kleinworth Benson France[2].

Il préside également le conseil d'administration de Capitol Europe, usine d'emballages plastiques implantée dans le Bas-Rhin.

Présidence de l'UIMM

En 1994, Denis Gautier-Sauvagnac entre à l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) comme délégué général à la suite de Pierre Guillen, puis ajoute la fonction de vice-président en 1996. Reconnu pour ses talents de négociateur, il est élu président à l'unanimité en 2006, succédant à Daniel Dewavrin[9].

Membre important du MEDEF de par ses fonctions au sein de la première fédération du syndicat patronal, il en est membre du conseil exécutif depuis 2000, président de la commission relations du travail et politiques de l'emploi et, à ce titre, préside en alternance avec les syndicats de salariés, l'UNEDIC depuis 1994. Il est le négociateur du patronat pour la convention Unedic et le système chômage des intermittents du spectacle.

En novembre 2007, il est contraint à la démission de la présidence de l'IUMM, après la révélation dans la presse de retraits suspects de 17 à 20 millions d’euros en espèces des caisses de l’UIMM, entre 2000 et 2007[10].

Ces fonds, issus d'une « caisse de secours mutuelle » créée en 1972 sous le nom d'« EPIM » (entraide professionnelle des industries de la métallurgie), auraient servi à financer une caisse d'assurance pour les cas de grèves et selon ses dires, à financer les syndicats[11]. Mis en examen le 15 janvier 2008 pour abus de confiance, recel d’abus de confiance et travail dissimulé, Denis Gautier-Sauvagnac refuse d'indiquer les destinataires des sommes en liquides, se bornant à déclarer qu'elles « servaient à fluidifier les relations sociales ».

L'UIMM lui accorde un parachute dorĂ© de 1,5 million d'euros bruts en s'engageant Ă  prendre en charge financièrement toutes consĂ©quences en cas de condamnation dans l'affaire des retraits suspects d'argent liquide[12] et lui maintient sa confiance comme dĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral avec un salaire mensuel de 20 000 euros[13] jusqu'Ă  l'Ă©lection d'un nouveau titulaire, en juin 2008[14]. Après la rĂ©vĂ©lation de cet accord qui coĂ»te son poste au prĂ©sident de l'Unedic, Michel de Virville, ces indemnitĂ©s de dĂ©part sont rĂ©duites Ă  780 000 euros bruts, avant impĂ´ts et cotisations sociales[15].

AccusĂ© d'avoir dĂ©tournĂ© 19 millions d'euros[16], jugĂ© en correctionnelle en 2013 pour abus de confiance et travail dissimulĂ©, Denis Gautier-Sauvagnac est condamnĂ© le 10 fĂ©vrier 2014, par le tribunal correctionnel de Paris Ă  trois ans de prison dont un ferme, et une amende de 375 000 euros[17]. En appel, le 1er dĂ©cembre 2015, la condamnation est rĂ©duite Ă  2 ans avec sursis et 100 000 euros d'amende, la Cour expliquant son « indulgence » par « l’absence d’enrichissement personnel » au regard des investigations dans les comptes de l'accusĂ© et de ses proches, et n'ayant pas retenu le travail dissimulĂ©[18] - [19] - [20]. Un an plus tard, il obtient l'effacement de sa condamnation de l'extrait du casier judiciaire par arrĂŞt du 13 fĂ©vrier 2017 de la Cour d'appel de Paris[21].

DĂ©corations

En juillet 2021, il est suspendu de la Légion d'honneur et de l'Ordre national du mérite à titre disciplinaire pour une durée de 5 ans[22].

Sources

Notes et références

  1. Sauvagnac était le patronyme d'une aïeule, qu'il a été autorisé à adjoindre à son nom de naissance.
  2. Notice biographique, Who's Who in France.
  3. Pierre-Marie Dioudonnat, Le Simili-nobiliaire français, Sedopols, 2002 (ISBN 9782904177194).
  4. Henri Presse, « Accords de coopération à l'ouest entre ULN/BRIDEL/UNICOPA », Ouest France, 2/3 février 1985.
  5. LE DOUAR - Ouest France 29 juin 1982.
  6. Serge Koulytchizky, « L'Union laitière normande (ULN). Histoire d'une implosion coopérative. 45 ans de vie en travelling arrière » in Daniel Côté (dir.), Les holdings coopératifs, De Boeck Université, 2001, p. 203.
  7. Hervé Plagnol, « L'ULN gagne la bataille », Ouest France, 9 octobre 1984.
  8. Séverine Cazes (avec Louis Laroque), « « DGS », l'homme par qui le scandale arrive », Le Point no 1831, 18 octobre 2007.
  9. Agnès Laurent, « Denis Gautier-Sauvagnac en piste à l'UIMM », L'Usine nouvelle', 23 février 2006.
  10. Voir sur liberation.fr.
  11. Franck Johannès, « Retraits d'argent de l'UIMM : M. Gautier-Sauvagnac « assume » et reconnaît l'existence d'une caisse de 600 millions d'euros », Le Monde daté du 24 octobre 2007, no 19517, page 12.
  12. « Le nouveau scandale de l’UIMM », France Soir du 1er mars 2008.
  13. Le Monde.fr : « M. Gautier-Sauvagnac a négocié une indemnité de 1,5 million d'euros » - Société.
  14. Le nouveau délégué général de l'UIMM entre en fonction, Challenges.fr, 2 juin 2008
  15. « UIMM: les indemnités de Gautier-Sauvagnac réduites de près de la moitié », Le Point.fr, 20 juin 2008.
  16. « Caisse noire de l’UIMM : Denis Gautier-Sauvagnac condamné en appel à deux ans avec sursis », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  17. « Procès de l'UIMM : Denis Gautier-Sauvagnac condamné à un an ferme » », Le Monde, .
  18. Arrêt de la cour d'appel de Paris, pôle 5, chambre 12, 1er décembre 2015.
  19. La Manche libre, 12 décembre 2015.
  20. « Denis Gautier Sauvagnac échappe à la prison », Challenges.fr, 1er décembre 2015.
  21. La Manche libre, 29 juillet 2017.
  22. Décret du 2 juillet 2021 prononçant une peine disciplinaire à l'encontre d'un membre de la Légion d'honneur. JORF du 6 juillet 2021.
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