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Dante Alighieri (cuirassé)

Le Dante Alighieri est le premier cuirassé de type dreadnought construit pour la Regia Marina. Premier cuirassé au monde à posséder des tourelles triples, il participe à la Première Guerre mondiale en tant que navire amiral. Il n'est cependant engagé qu'une seule fois, à Durazzo en 1918, où il n'a pas l'occasion de se mesurer aux forces ennemies. Modernisé en 1923, le Dante Alighieri est retiré du service en 1928.

Dante Alighieri
illustration de Dante Alighieri (cuirassé)
Le Dante Alighieri en 1914.

Type Cuirassé
Histoire
A servi dans Regia Marina
Chantier naval Chantier naval de Castellammare
Quille posée [1]
Lancement
Commission
Statut : rayé des listes
Équipage
Équipage 31 officiers
950 officiers mariniers et marins.
Caractéristiques techniques
Longueur 168,1 m
MaĂ®tre-bau 26,6 m
Tirant d'eau 8,8 m
DĂ©placement 19 552 t
Port en lourd 21 600 t
Propulsion 4 turbines Parsons
23 chaudières Blechynden
(7 au mazout, 16 mixtes)
Puissance 32 190 ch
Vitesse 22,83 nœuds (42,28 km/h)
Caractéristiques militaires
Armement 12 canons de 305 mm
20 canons de 120 mm
13 canons de 76 mm
3 TLT de 450 mm
Rayon d'action 4 800 milles marins (8 900 km) Ă  10 nĹ“uds (19 km/h)
Pavillon Royaume d'Italie

Conception

Caractéristiques techniques

Plan du Dante Alighieri. Les zones ombrées représentent le blindage.

Le Dante Alighieri est le premier cuirassĂ© de type dreadnought construit pour la marine royale italienne[1]. Il est conçu par l'ingĂ©nieur et contre-amiral Edoardo Masdea, constructeur en chef de la Regia Marina, selon les principes Ă©noncĂ©s par le gĂ©nĂ©ral Vittorio Cuniberti qui prĂ´ne la rĂ©alisation d'un cuirassĂ© dotĂ© de canons principaux Ă  calibre unique et optimisĂ©s pour le feu de bordĂ©e. Dans le mĂŞme temps, il est prĂ©vu une rĂ©duction drastique de la taille de la superstructure et des cheminĂ©es[2]. Le dreadnought est long de 158,4 m au niveau de la ligne de flottaison et de 168,1 m au total. Le navire est large de 26,6 m et dispose d'un tirant d'eau de 8,8 m. Il dĂ©place 19 552 tonnes Ă  vitesse normale et 21 600 t Ă  pleine charge[1]. Le Dante Alighieri est Ă©galement pourvu de deux gouvernails, situĂ©s l'un devant l'autre[3]. L'Ă©quipage se compose de 31 officiers et de 950 matelots[1].

Le vaisseau est propulsĂ© par quatre hĂ©lices entraĂ®nĂ©es par des turbines Ă  vapeur de type Parsons. L'Ă©nergie nĂ©cessaire pour le fonctionnement des turbines est fournie par vingt-trois chaudières Blechynden, sept d'entre elles Ă©tant alimentĂ©es par du pĂ©trole et les seize autres par un mĂ©lange de pĂ©trole et de charbon. Les chaudières sont sĂ©parĂ©es en deux compartiments, très Ă©loignĂ©s l'un de l'autre et dotĂ©s chacun de deux cheminĂ©es. Les turbines sont installĂ©es entre les deux tourelles centrales[3]. Conçu pour atteindre une vitesse maximale de 23 nĹ“uds (42,6 km/h) dĂ©veloppant 35 000 ch (soit 26 000 kW)[2], le Dante Alighieri ne parvient pas Ă  atteindre cet objectif lors de ses essais en mer. Le navire rĂ©alise en effet une performance maximale de seulement 22,83 nĹ“uds (42,28 km/h) dĂ©veloppant 32 190 ch (soit 24 000 kW)[1]. Le bâtiment peut transporter jusqu'Ă  3 000 t de charbon et une quantitĂ© inconnue de mazout[2], portant son rayon d'action Ă  4 800 milles nautiques (8 900 km) Ă  10 nĹ“uds (18,52 km/h) et Ă  1 000 milles nautiques (1 900 km) Ă  22 nĹ“uds (40,74 km/h)[1].

Armement

L'armement principal du Dante Alighieri est composĂ© de douze canons de 305 mm modèle 1909[3] rĂ©partis en quatre tourelles triples disposĂ©es au centre du navire et non-superposĂ©es. Le Dante Alighieri est ainsi le premier navire au monde Ă  ĂŞtre Ă©quipĂ© de tourelles triples[1]. Les rĂ©centes classes de cuirassĂ©s et de croiseurs de bataille entrĂ©es en service dans la marine impĂ©riale russe partagent les caractĂ©ristiques des tourelles du Dante Alighieri mais les preuves existantes montrent que le choix fait par les Russes a Ă©tĂ© encouragĂ© par d'autres raisons[4]. Les sources divergent sur les performances de ces canons, mais l'historien maritime Giorgio Giorgerini affirme qu'ils sont capables de tirer des obus perforants de 452 kg, Ă  raison d'une salve par minute, avec une vitesse Ă  la bouche de 840 m/s pour une portĂ©e maximale de 24 km[5].

L'armement secondaire du navire comprend vingt canons de 120 mm, dont huit montĂ©s sur des tourelles doubles au niveau des tourelles principales Ă  l'avant et Ă  l'arrière, les douze autres Ă©tant installĂ©s dans des casemates le long de la coque. Ces canons, capables de s'abaisser Ă  -10°, disposent d'une Ă©lĂ©vation maximale de 15°, avec une cadence de tir de six coups par minute. Le projectile explosif de 22,1 kg est alors propulsĂ© Ă  une vitesse de 850 m/s jusqu'Ă  une distance maximale de 11 km. Pour se dĂ©fendre contre les torpilleurs, le Dante Alighieri possède treize canons de 76 mm montĂ©s sur tourelles. Ces pièces ont la mĂŞme portĂ©e que les canons secondaires mais bĂ©nĂ©ficient d'une cadence de tir plus Ă©levĂ©e (10 coups par minute). L'obus ne pèse plus que kg et est propulsĂ© jusqu'Ă  9 100 m avec une vitesse Ă  la bouche de 815 m/s[6]. Le navire emporte Ă©galement trois tubes lance-torpilles immergĂ©s de 450 mm, un sur chaque bord et le troisième Ă  l'arrière[2].

Le Dante Alighieri dispose en outre sur la ligne de flottaison d'une ceinture blindĂ©e allant jusqu'Ă  254 mm d'Ă©paisseur. Le pont blindĂ© du navire est quant Ă  lui Ă©pais de 38 mm. Les tourelles principales sont protĂ©gĂ©es par un blindage de 254 mm d'Ă©paisseur au maximum tandis que celui des tourelles secondaires et des casemates est de 98 mm. Enfin, le château est recouvert par des plaques de blindage de 305 mm d'Ă©paisseur[1]. Les batteries de moyens calibres disposĂ©es en tourelles au lieu de batteries constituent une importante innovation pour l'Ă©poque. De plus, c'est le premier navire italien Ă  ĂŞtre propulsĂ© par quatre hĂ©lices. Vers 1913, un hydravion de reconnaissance Curtiss est installĂ© Ă  bord du Dante Alighieri. En 1915, ses 13 canons de 76 mm/40 sont remplacĂ©s par 16 canons de 76 mm/50[7], dont 3 sont utilisĂ©s comme canons antiaĂ©riens[1].

Histoire

Le Dante Alighieri au mouillage.

Le Dante Alighieri, du nom du poète médiéval italien, est le seul cuirassé à avoir été baptisé en l'honneur d'un poète[8]. Il est mis sur cale au chantier naval de Castellammare di Stabia le , lancé le et achevé le [1]. Le navire est d'abord utilisé pour tester les hydravions Curtiss de 1913 à 1914[9]. Lorsque l'Italie entre dans la Première Guerre mondiale en , le Dante Alighieri sert comme navire amiral de la 1re escadre de bataille stationnée à Tarente et au sein de laquelle il demeure jusqu'en 1916. Le navire est ensuite affecté aux forces maritimes de l'Adriatique et de la mer Ionienne jusqu'à la fin de la guerre[2]. Sous les ordres du vice-amiral Paolo Emilio Thaon di Revel, il est chargé d'empêcher toute tentative de sortie des navires austro-hongrois basés à Cattaro pendant que la flotte alliée bombarde la ville de Durazzo, le . Les Austro-Hongrois restent au port et le Dante Alighieri ne fait aucun usage de ses canons au cours de la bataille[10].

En 1922, le roi Victor-Emmanuel III reçoit Ă  bord du Dante Alighieri des dĂ©lĂ©guĂ©s conviĂ©s Ă  la confĂ©rence de GĂŞnes[11]. Le cuirassĂ© est modernisĂ© en 1923 avec l'ajout d'un mât tripode et d'un pont d'envol aĂ©rien sur la tourelle no 3 et une surĂ©lĂ©vation de la taille des cheminĂ©es afin de rĂ©duire la prĂ©sence de fumĂ©e sur le pont[3]. Un nouveau système de conduite de tir est introduit en 1924 et accentue la portĂ©e Ă  26 km ; bien qu'insuffisamment robuste par rapport au poids du système, le triple mât est cependant considĂ©rĂ© comme rĂ©ussi et installĂ© par la suite sur les cuirassĂ©s de la classe Conte di Cavour[12]. La mĂŞme annĂ©e, le Dante Alighieri conduit Benito Mussolini Ă  Palerme, en Sicile[13]. Ă€ la fin des annĂ©es 1920, l'Ă©conomie italienne, fortement affaiblie par la participation du pays Ă  la Première Guerre mondiale, n'est plus en Ă©tat d'entretenir une flotte devenue nombreuse. En consĂ©quence, l'amiral Giovanni Sechi dĂ©cide de faire dĂ©molir le Dante Alighieri et le cuirassĂ© Leonardo da Vinci afin de rĂ©duire le budget naval[14]. Le Dante Alighieri est retirĂ© du service le et envoyĂ© Ă  la ferraille peu après[1].

Notes et références

  1. Gardiner et Gray 1985, p. 259
  2. (en) Antony Preston, Battleships of World War I : An Illustrated Encyclopedia of the Battleships of All Nations 1914–1918, New York, Galahad Books, , 260 p. (ISBN 0-88365-300-1), p. 175.
  3. (en) Peter Hore, Battleships, Londres, Lorenz Books, , 256 p. (ISBN 0-7548-1407-6), p. 174.
  4. (en) Stephen McLaughlin, Russian & Soviet Battleships, Annapolis, Naval Institute Press, , 496 p. (ISBN 1-55750-481-4), p. 209 Ă  215.
  5. Giorgerini 1980, p. 268 et 276.
  6. Giorgerini 1980, p. 268 et 277.
  7. Friedman 2011, p. 243
  8. (en) Stanley Sandler, Battleships : An Illustrated History of their Impact. Weapons and Warfare, Santa Barbara, ABC Clio, , 229 p. (ISBN 978-1-85109-410-3 et 1-85109-410-5, lire en ligne), p. 102.
  9. (en) Enrico Cernuschi et Vincent O'Hara, « Search for a Flattop: The Italian Navy and the Aircraft Carrier 1907–2007 », dans John Jordan, Warship 2007, Londres, Conway, (ISBN 1-84486-041-8), p. 62.
  10. (en) Paul G. Halpern, A Naval History of World War I, Annapolis, Md, Naval Institute Press, , 616 p. (ISBN 978-1-61251-172-6, OCLC 847738593, lire en ligne), p. 175.
  11. (en) Carole Fink, « Italy and the Genoa Conference of 1922 », The International History Review, Taylor & Francis, vol. 8, no 1,‎ , p. 41 (JSTOR 40105562).
  12. (en) Norman Friedman, Naval Firepower : Battleship Guns and Gunnery in the Dreadnought Era, Annapolis, Naval Institute Press, , 319 p. (ISBN 978-1-59114-555-4), p. 262.
  13. (en) John Dickie, Cosa Nostra : A History of the Sicilian Mafia, New York, Palgrave Macmillan, , 370 p. (ISBN 1-4039-7042-4), p. 152.
  14. (en) Erik Goldstein et John H. Maurer, The Washington Conference, 1921–22 : Naval Rivalry, East Asian Stability and the Road to Pearl Harbor, Hoboken, Taylor and Francis, (ISBN 0-7146-4559-1), p. 226.

Bibliographie

  • (en) Robert Gardiner et Randal Gray, Conway's All the World's Fighting Ships (1906-1921), [dĂ©tail de l’édition]
  • (en) Norman Friedman, Naval Weapons of World War One : Guns, Torpedoes, Mines and ASW Weapons of All Nations, Seaforth Publishing, [dĂ©tail de l’édition]
  • (en) Giorgio Giorgerini, « The Cavour & Duilio Class Battleships », dans John Roberts, Warship IV, Londres, Conway Maritime Press, (ISBN 0-85177-205-6), p. 267–79.

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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