DaGenius

« Créer pour se sentir utile et vivant », cette expression empruntée à Capitaine Alexandre reflète son essence artistique. Né le 12 novembre 1984 à Moroni, DaGenius est un pionnier du slam comorien. Il se définit comme un artisan plutôt qu’un artiste, préférant le message utilitaire à la beauté « accidentelle » dans son maniement du verbe. Tout commence pour lui avec l’image. Influencé par l’univers des bandes dessinées, dès l’enfance il s’exerce aux portraits. De ses dessins naît l’envie de mettre en scène des histoires. Il prend la plume et écrit en 2000, ses premiers textes de slam. De l’écriture fuse une passion croissante pour la lecture. Il s’inspire de plus d’un monde, ce qui lui a valu son surnom devenu plus tard son nom de scène, DaGenius, un clin d’œil pour son caractère touche-à-tout. Ses références sont de ses terres et d’ailleurs, Seda Ibrahim[1] (peintre), Maalesh ou encore Eliasse Ben Joma[2] (musiciens), Capitaine Alexandre, Oxmo Puccino, Gaël Faye, Mariama jalloh[3], Ayọ et bien d’autres. Forgé à « l’école de la nouvelle génération », il aurait aimé pouvoir s’effacer derrière sa signature et ne laisser parler que les mots ou l’image. Il est propulsé sur le devant de la scène en 2006, année de sa première scène libre de slam. Fin 2007, il fonde avec des amis le collectif « Slameurs de la lune », qui lui vaut sa première véritable scène de slam en mars 2008. Ses projets ? un album. Étant décidé à s’accomplir en indépendant, comme tout artisan qui se respecte, DaGenius a choisi de s’épanouir à travers la création multiple.

Le Centre de Création Artistique et Culturelle Mavuna[4] voit le jour en Grande-Comore en 2012 et il y trouve très vite sa place. Il y évolue et obtient sa première résidence artistique en février 2013. Ainsi naît Bangazo Slam, son premier spectacle de slam musical. Les résidences se suivent avec Zainou El Abidine Ali Mohamed[5] et Seda Ibrahim[1] pour une exposition de peinture intitulée Msuko Koiffe[5].

Dessinateur depuis toujours, le dessin lui apparaît alors comme une excellente manière de lier et de mettre en mouvement les différentes passions qui l’animent déjà ; l’image, les mots et la musique. Il participe a des exposé sur des festivals comme la FACC[6] et monte des expositions solo liant l'écriture et le visuel ou encore des jeux interactifs comme ses 5 minutes to sketch[7] sur les réseaux sociaux.

En 2018, aux côtés de ses compatriotes musiciens Fahad Bastos et Baco[8], il porte l’étendard des Comores à la première édition du Marché des Arts et du Spectacle d’Abidjan[9]. En novembre de la même année, il participe à la Coupe d’Afrique de Slam Poésie à N’Djamena[10]. Une aventure dans laquelle il se lance grâce à l’appui de Sakara[11], une association qu’il cofonde en 2015, investie dans la promotion des arts et de la culture aux Comores.

Avec Sakara[11], il fait fleurir le slam auprès de la jeunesse comorienne notamment à travers des événements tels que le Championnat de slam national[12] né en 2015, ou encore le festival Slamer un pied sur la lune[13] lancé en 2016.

La première édition du magazine Sakmag[14] en février 2017, porte-voix de l’association Sakara[11], participe à la valorisation des arts et cultures du pays. DaGenius anime des ateliers à travers l’île, crée des ponts entre le monde comorien du slam et d’autres horizons en organisant des rencontres avec des slameurs malgaches et continentaux.

En 2019 il réalise son rêve et sort son premier album intitulé Msafara, Voyage poétique[15]. Cet album est issu d’une étroite collaboration entre des artistes de tous horizons. Msafara[15] a également gagné la confiance de nombreux collaborateurs nationaux et internationaux. C’est ainsi que l’album a été réalisé par Miou Sonor Studio[16] de Madagascar, par All Mapitcha[17] de Mayotte pour ses photos, par Junior des Comores pour ses dessins vectoriels, par Fatima Salim[18] des Comores également pour son community management. Msafara[15] qui a été financé grâce à Shinoon[19], une plateforme de financement participatif avec un cofinancement du SCAC (Service de Coopération et d’Action Culturelle) de l’ambassade de France.

En 2021, il réalise son exposition Magnile[20], un projet de création mélangeant deux univers, l’art plastique et l’écriture où champs anthropologique, social et esthétique se retrouvent, ouvrant ainsi la réflexion sur la symbolique et l’esthétique des cheveux et de toutes les coiffures marginalisées afro dans la communauté noire.

Dans la même année lui et l'association Sakara[11] organise la troisième édition du festival Slamer un pied sur la Lune[21].

L'année 2021 n'est pas de tout repos pour DaGenius, qui effectue sa tournée dans l'ensemble de l'Union des Comores, pour son album MSAFARA, Voyage poétique[15].

Ses projets ? Des évènements avec Sakara[11], une collaboration avec Capitaine Alexandre, des films, des expositions, un album. Sa propre voie à tracer, étant décidé à s’accomplir en indépendant, comme tout artisan qui se respecte. Redoublant en slam comme en graphisme, en calligraphie, en photographie, en dessin ou encore en peinture. DaGenius est bel et bien un artiste qui a choisi de s’épanouir à travers la création multiple.

Il vit à Moroni, capitale des Comores, pas de femme et pas d'enfants.