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DĂ©mocratie nouvelle

Démocratie nouvelle est une revue mensuelle créée en 1947 par le Parti communiste français. Dirigée, de sa création jusqu'à la fin de sa parution en 1968, par Jacques Duclos[1], ses rédacteurs en chef successifs sont deux parlementaires chevronnés, Joanny Berlioz puis Pierre Villon. Journaliste professionnel, Paul Noirot en a été le rédacteur en chef-adjoint de 1953 jusqu'en 1968. Elle traite principalement de politique étrangère et de questions internationales. Confrontée aux difficultés financières de l'ensemble de la presse communiste et à des dissensions politiques internes au sein du PCF, elle cesse de paraître en octobre 1968[1].

DĂ©mocratie nouvelle
Image illustrative de l’article Démocratie nouvelle

Discipline Politique internationale
Langue Français
Directeur de publication Jacques Duclos
RĂ©dacteur en chef Joanny Berlioz (1947-1962)
Pierre Villon (1962-1968)
Paul Noirot (adjoint : 1953-1968)
Publication
Maison d’édition Parti communiste français
PĂ©riode de publication 1947-1968
Fréquence mensuelle

Historique

La création en janvier 1947, avant la "guerre froide"

CrĂ©Ă©e en janvier 1947, plus de neuf mois avant la fondation Ă  Moscou du Kominform, la revue est prĂ©sentĂ©e par le PCF comme un " lieu de rencontre " entre les dirigeants des partis communistes, et se fait connaĂ®tre par la suite pour avoir  publiĂ© des Ă©tudes de plusieurs d'entre eux[1].

En octobre 1947, la fondation Ă  Moscou du Kominform censĂ© ĂŞtre lui aussi un lieu de coordination des partis communistes  de tous les pays entraĂ®ne la crĂ©ation par ce dernier d'une revue qui prive sa concurrente française de son objet[2], et elle se recentre sur un lectorat français[2], bĂ©nĂ©ficiant d'une certaine autonomie[2] car Raymond Guyot vient de reprendre le secteur international au PCF mais sans reprendre la revue Ă  Jacques Duclos[2].

L'espace de libertĂ© est acquis d'autant plus tĂ´t que la crĂ©ation du Kominform  en octobre ne fait l'objet d'aucune information du PCF, ni Ă  ses militants ni aux journalistes[2]. Paul Noirot, futur cadre de la revue est alors en poste Ă  l'AFP et n'a pas connaissance de cet Ă©venement. La crĂ©ation de la revue s'effectue Ă  un moment oĂą l'hebdomadaire issu de la RĂ©sistance Action (hebdomadaire) a encore un lectorat important et un espace de libertĂ© au sein de la presse communiste, qui seront rĂ©duits en 1949.

L'arrivée de Paul Noirot

Jacques Duclos et le rĂ©dacteur en chef Joanny Berlioz[3] - [4], sĂ©nateur-maire PCF d'Épinay-sur-Seine, ex rĂ©dacteur en chef du bulletin de l'Internationale communiste avant-guerre, Correspondance internationale, reçoivent dès 1951 le renfort, sous forme de pigiste, d'un journaliste expĂ©rimentĂ©, Paul Noirot,  fils d'un cofondateur de  l'Agence France-Presse[5], oĂą il a Ă©tĂ© recrutĂ© en 1945 avant de devenir un syndicaliste CGT, licenciĂ© en 1951, peu de temps après avoir menĂ© une grève[6]. En novembre 1951, il rejoint la rĂ©daction de Ce soir, quotidien communiste dont Pierre Daix a Ă©tĂ© promu rĂ©dacteur en chef, depuis avril 1950.  

Paul Noirot est chargĂ© de la politique Ă©trangère[4] pendant près d'un an Ă  Ce soir [4], oĂą il est considĂ©rĂ© comme un contestataire et ne quitte cette seconde rĂ©daction que peu avant la disparition en fĂ©vrier 1953 de ce journal, quand il insiste pour obtenir un poste de journaliste permanent Ă  DĂ©mocratie nouvelle, y parvenant juste avant le dĂ©clenchement le 13 fĂ©vrier 1953 de l'affaire du Complot des blouses blanches.

À partir de 1958, la revue, toujours mensuelle, s'est donné un nouvel objectif, consistant à ouvrir le dialogue au-delà des frontières du monde communiste, sur fond de Guerre d'Algérie[1].

Les années 1960

Le rĂ©dacteur en chef-adjoint Paul Noirot fonde l’Association de solidaritĂ© franco-africaine et poursuit ensuite la collaboration avec des milieux favorables au FLN[4], voyageant en AlgĂ©rie en 1966 mais aussi en Chine maoiste et dans de nombreux pays de l’Est[4]. Les articles de DĂ©mocratie nouvelle apportent un prudent soutien aux rĂ©formes de Khrouchtchev en URSS et parvient Ă  conserver une relative autonomie, au moment oĂą Maurice Kriegel-Valrimont est licenciĂ© d'une autre publication du PCF, France Nouvelle[7]. Les dĂ©bats au sein du parti communiste de TchĂ©coslovaquie font l'objet de deux numĂ©ros spĂ©ciaux, en mai 1964 puis en septembre 1966, ce qui permet Ă  la revue d'ĂŞtre première, au dĂ©but de 1968, Ă  publier une interview de Alexander DubÄŤek, premier secrĂ©taire du Parti communiste tchĂ©coslovaque en 1968-1969 [1] et figure centrale du Printemps de Prague, Ă©crasĂ© par les chars russes durant l'Ă©tĂ© 1968, mais cet interview cause le renvoi de Paul Noirot car elle a irritĂ© la direction du PCF[4] puis l'exclusion de Noirot[8].

Entre-temps, dès dĂ©cembre 1967, en pĂ©riode de rapprochement entre PCF et SFIO, Paul Noirot prend l'initiative de lancer trois dĂ©bats publics avec la Revue socialiste et avec le Nouvel Observateur, qui vont attirer au Palais de la MutualitĂ© Ă  Paris d'importants auditoires[1], dans les mois prĂ©cĂ©dant les Ă©vĂ©nements de Mai 68.  DĂ©but octobre, son Ă©quipe de direction tente sans succès d'obtenir la publication d'un nouveau numĂ©ro spĂ©cial sur la TchĂ©coslovaquie, alors que dans la nuit du 20 au 21 aout 1968, les forces du Pacte de Varsovie sont entrĂ©es en TchĂ©coslovaquie.

Le dernier numĂ©ro de DĂ©mocratie nouvelle, est datĂ© de juin-juillet 1968[4] et contient des entretiens avec ÄŚestmĂ­r CĂ­saĹ™ (de) sur le Printemps de PragueHĂ©lène Mabille sur le syndicalisme femme CGT[2], ou encore avec AimĂ© Halbeher sur les usines Renault. La direction du PCF ne lui pardonne pas le titre : « Pour servir l’histoire du mouvement de mai 1968… et pour prĂ©parer demain Â»[4], et exige de Pierre Villon[9] qu'il dĂ©missionne pour le remplacer par Jacques Denis[4]. La revue Politique aujourd'hui, crĂ©Ă©e par Noirot pour remplacer DĂ©mocratie nouvelle ne rĂ©ussit pas plus que celle-ci Ă  acquĂ©rir et stabiliser un lectorat qui assurât sa pĂ©rennitĂ© financière[4]

Notes et références

  1. Le Monde du 21 octobre 1968
  2. "La mémoire ouverte", 1976, par Paul Noirot
  3. Jean Maitron, Claude Pennetier, notice BERLIOZ Joanny, le maitron en ligne.
  4. Biographie Le Maitron de Paul Noirot
  5. Biographie Le Maitron de Paul Noirot
  6. Jean-Claude Renard, « Une vie engagée dans l'Histoire », Politis, n°1062-1064, p.4-5, 23 juillet 2009.
  7. "MĂ©moires rebelles" par Maurice Kriegel-Valrimont et Olivier Biffaud Odile Jacob, 1999 -
  8. Jean-Pierre Gaudard, "Les orphelins du PC", Editions Belfond, 1986
  9. Claude Willard, notice VILLON Pierre (GINSBURGER Roger, Salomon, dit), le maitron en ligne.

Lien externe

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