DĂ©composition de Bruhat
En mathĂ©matiques, la dĂ©composition de Bruhat (introduite par François Bruhat pour les groupes classiques et par Claude Chevalley en gĂ©nĂ©ral) G = BWB de certains groupes algĂ©briques G en cellules peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une expression gĂ©nĂ©rale du principe d'Ă©limination de Gauss-Jordan, qui permet d'Ă©crire une matrice gĂ©nĂ©rique comme produit d'une matrice triangulaire supĂ©rieure et d'une matrice triangulaire infĂ©rieure â mais avec des cas exceptionnels. Elle est liĂ©e Ă la dĂ©composition en cellules de Schubert des variĂ©tĂ©s de drapeaux gĂ©nĂ©ralisĂ©es : voir le groupe de Weyl pour ce thĂšme.
Plus généralement, tout groupe admettant une BN-paire a une décomposition de Bruhat.
DĂ©finitions
- G est un groupe algébrique réductif connexe sur un corps algébriquement clos ;
- B est un sous-groupe de Borel de G ;
- W = NG(T)/T est le groupe de Weyl de G correspondant Ă un tore maximal T de B.
La décomposition de Bruhat de G est la décomposition
de G comme union disjointe de doubles classes de B paramétrées par les éléments du groupe de Weyl W. (NB : bien que W ne soit pas en général un sous-groupe de G, la classe wB est toujours bien définie car le tore maximal T est contenu dans B.)
Exemples
Soit G le groupe linĂ©aire gĂ©nĂ©ral GLn des matrices inversibles Ă coefficients dans un corps algĂ©briquement clos, qui est un groupe rĂ©ductif. Alors le groupe de Weyl W est isomorphe au groupe symĂ©trique Sn sur n lettres, avec les matrices de permutation comme reprĂ©sentants. Dans ce cas, on peut prendre pour B le sous-groupe des matrices inversibles triangulaires supĂ©rieures. La dĂ©composition de Bruhat dit alors que l'on peut Ă©crire n'importe quelle matrice inversible A comme un produit U1PU2 oĂč U1 et U2 sont triangulaires supĂ©rieures et P est une matrice de permutation. En Ă©crivant cela comme P = U1â1AU2â1, cela signifie que toute matrice inversible peut ĂȘtre transformĂ©e en une matrice de permutation via une sĂ©rie d'opĂ©rations sur les lignes et les colonnes, oĂč l'on ne s'autorise Ă ajouter un multiple de la ligne i (resp. la colonne i) Ă la ligne j (resp. colonne j) si i > j (resp. i < j ). Les opĂ©rations sur les lignes correspondent Ă U1â1, les opĂ©rations de colonne correspondent Ă U2â1.
Le groupe spĂ©cial linĂ©aire SLn des matrices (inversibles) de dĂ©terminant 1 est un groupe semi-simple et donc rĂ©ductif. Dans ce cas, W est toujours isomorphe au groupe symĂ©trique Sn. Cependant, le dĂ©terminant d'une matrice de permutation est la signature de la permutation, donc pour reprĂ©senter une permutation impaire dans SLn, on peut prendre l'un des Ă©lĂ©ments non nuls comme Ă©tant â1 au lieu de 1. Ici B est le sous-groupe des matrices triangulaires supĂ©rieures de dĂ©terminant 1, donc l'interprĂ©tation de la dĂ©composition de Bruhat dans ce cas est similaire au cas de GLn.
Géométrie
Les cellules de la décomposition de Bruhat correspondent à la décomposition cellulaire de Schubert (en) des variétés de drapeaux généralisées. La dimension de la cellule correspondant à un élément w du groupe de Weyl est la longueur (en) de cet élément. La dualité de Poincaré contraint la topologie de la décomposition cellulaire, et donc l'algÚbre du groupe de Weyl ; par exemple, la cellule de dimension maximale est unique (elle représente la classe fondamentale (en)) et correspond à l'élément le plus long d'un groupe de Coxeter (en).
Calculs
Le nombre de cellules de dimension k donnée dans la décomposition de Bruhat est le coefficient de degré k du q-polynÎme[1] du diagramme de Dynkin associé.
Doubles cellules de Bruhat
Avec deux sous-groupes de Borel opposés, on peut considérer l'intersection des cellules de Bruhat pour chacun d'eux : une telle intersection est appelée une double cellule de Bruhat :
Articles connexes
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Bruhat decomposition » (voir la liste des auteurs).
- John Baez, « This Week's Finds in Mathematical Physics, Week 186 », sur Université de Californie à Riverside, (consulté le ).
Bibliographie
- Armand Borel, Linear Algebraic Groups, vol. 126, New York, Springer, coll. « Graduate Texts in Mathematics », (1re éd. 1969) (ISBN 0-387-97370-2, DOI 10.1007/978-1-4612-0941-6, MR 1102012)
- Nicolas Bourbaki, Groupes et algĂšbres de Lie : Chapitres 4, 5 et 6, Hermann, coll. « ĂlĂ©ments de mathĂ©matiques », (ISBN 2-225-76076-4, MR 0240238, zbMATH 0483.22001)