Accueil🇫🇷Chercher

Décoction (pratique funéraire)

La décoction est une pratique funéraire médiévale qui consistait à faire bouillir le corps d'un défunt, après l'avoir éviscéré. Elle permettait de séparer les différentes parties du corps et faciliter le transport des reliques. La décoction est d'abord réservée aux grands personnages dès le XIIe siècle, puis se diffuse dans la Chrétienté au XIIIe siècle. Elle est condamnée par la bulle papale de Boniface VIII en 1299. Elle disparaît progressivement aux XIVe siècle et XVe siècle[1].

Bulle papale de Boniface VIII

Pratique

Certains chrétiens font pratiquer la décoction, lorsque l'un des leurs, noble ou haut dignitaire meurt loin de ses terres. Afin d'assurer rapidement une sépulture, le traitement permet de débarrasser la chair des os du défunt sur les lieux du décès. Seuls les os sont acheminés vers la région choisie pour l'inhumation.

Le corps est d'abord éviscéré, démembré, coupé en morceaux, puis jeté dans une eau bouillie au feu. Lorsqu'enfin la chair se détache des os, ceux-ci sont récupérés pour le transport[1].

Dans certains cas, la pratique permet de diviser les corps pour garantir une duplication de sépulture. L'usage de cette coutume se multiplie vers la fin du XIIIe siècle. Elle est guidée par des intentions pieuses personnelles, mais aussi politiques.

Condamnation

En 1291, avant d'être condamnée, un théologien dominicain Olivier de Tréguier considère pourtant que le dépècement et la décoction d'un cadavre ne sont pas préjudiciables à la résurrection, la divine puissance pouvant instantanément réunir toutes les parties d'un corps dispersées.

Boniface VIII

La pratique est proscrite dans la bulle dénommée Detestande feritatis, du nom des deux premiers mots latins qui la composent. Dans cette bulle datée du , Boniface VIII frappe d'excommunication les chrétiens qui poursuivront cet usage, qualifié d'« une férocité abominable » ; le corps du défunt qui aurait «été traité de façon aussi inhumaine» se verrait aussi privé de sépulture ecclésiastique[1].

La solution alternative proposée par le pape en cas de mort distante, consiste à laisser le corps tomber en poussière, pour ne transporter les os sur le lieu de repos qu'une fois cette étape achevée. En d'autres termes, les os doivent se séparer naturellement du corps avant transport, et non par la «main des fidèles» qui viendraient à «se souiller monstrueusement »[1].

Personnages illustres

La décoction et le démembrement sont répandus aux XIIe et XIIIe siècles si bien que différents dignitaires y sont soumis :


  • Henri Ier Beauclerc
    Henri Ier Beauclerc
  • Lothaire III
    Lothaire III
  • Frédéric Barberousse
    Frédéric Barberousse
  • Gisant de Richard Cœur de Lion à Rouen
    Gisant de Richard Cœur de Lion à Rouen
  • Gisant de Richard Cœur de Lion à Fontevraud
    Gisant de Richard Cœur de Lion à Fontevraud
  • Gisant de Richard Cœur de Lion à Châlus
    Gisant de Richard Cœur de Lion à Châlus
  • Thomas d'Aquin
    Thomas d'Aquin
  • Louis IX dit Saint-Louis
    Louis IX dit Saint-Louis
  • Philippe III
    Philippe III

Notes et références

  1. Agostino Paravicini Bagliani, « Le triste sort des rois démembrés », L'Histoire, , p. 52 (ISSN 0182-2411)
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.