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Culte athénien

Chaque citĂ© de la GrĂšce antique possĂ©dait des spĂ©cificitĂ©s cultuelles lui permettant de renforcer son identitĂ© propre. Ces adaptations sont facilitĂ©es par l'absence de dogmes Ă©crits et par le rattachement du clergĂ© au pouvoir politique. Elles se caractĂ©risent gĂ©nĂ©ralement par l'existence d'une divinitĂ© tutĂ©laire, et une histoire romancĂ©e puis sacralisĂ©e. À AthĂšnes nous retrouvons ces Ă©lĂ©ments dans un mythe fondateur.

Mythe fondateur

La ville aurait Ă©tĂ© fondĂ©e selon le mythe par CĂ©crops, un autochtone Ă  corps de serpent issu de la terre de l'Attique et premier roi des lieux. Pour HĂ©rodote[1], les dieux de l'Olympe ne seraient pas absents de cette fondation. En effet, AthĂ©na et PosĂ©idon se disputaient la protection de la citĂ©, et pour sĂ©duire les habitants ils offrirent respectivement le premier olivier et les chevaux. Le prĂ©sent de la dĂ©esse fut celui qui sĂ©duisit le plus les autochtones. CĂ©crops choisit en effet l'olivier, qui fut le fondement de l'agriculture de l'Attique tout au long de l'AntiquitĂ© ; en Ă©change, la ville prit le nom de sa nouvelle dĂ©esse protectrice, choisit comme emblĂšme la chouette (animal reprĂ©sentant couramment AthĂ©na), promit de ne plus pratiquer le sacrifice humain et vĂ©nĂ©ra Zeus comme roi des dieux. L'ÉrechthĂ©ion, temple de l'Acropole, fut construit en mĂ©moire de cet Ă©vĂ©nement sur le lieu oĂč se serait effectuĂ© le choix du souverain. Pour l'anecdote l'olivier sacrĂ© prĂ©tendu offert par AthĂ©na, et duquel proviendraient tous les oliviers du monde, aurait rĂ©sistĂ© Ă  l'incendie de l'Acropole dĂ©clenchĂ© par les Perses en 480 avant notre Ăšre, si l'on en croit toujours HĂ©rodote. Outre CĂ©crops, Érichthonios, autre roi lĂ©gendaire d'AthĂšnes, passe pour ĂȘtre le fondateur de la fĂȘte des PanathĂ©nĂ©es et l'inventeur du char, que lui aurait inspirĂ© AthĂ©na. C'est en son honneur que fut bĂąti l'ÉrechthĂ©ion.

Enfin, le lĂ©gendaire roi ThĂ©sĂ©e est le responsable du synƓcisme athĂ©nien, aprĂšs avoir libĂ©rĂ© sa ville du joug crĂ©tois imposĂ© par le Minotaure, Le souvenir du synƓcisme Ă©tant gardĂ© par les SynƓcies (ÏƒÏ…ÎœÎżÎčÎșίαÎč / sunoikĂ­ai), fĂȘtĂ©es tous les ans, le seiziĂšme jour du mois d'hĂ©catombĂ©on.

Religion civique

ThĂ©ophraste a Ă©crit que les anciennes prescriptions du culte athĂ©nien avaient Ă©tĂ© copiĂ©es sur le rĂšglement des cĂ©rĂ©monies des Corybantes crĂ©tois[2]. La religion occupe une place prĂ©pondĂ©rante dans la vie des grecs, tous les Ă©vĂ©nements Ă©tant rattachĂ©s aux volontĂ©s divines. Pour les athĂ©niens s'ajoute Ă  ce fort respect grec des cultes et mythes une dĂ©votion particuliĂšre envers leur dĂ©esse protectrice due Ă  l'attribution Ă  AthĂ©na de l'invention de l'huile d'olive, essence de l'agriculture des habitants de l'Attique, ainsi que des succĂšs militaires de la citĂ© par l'assimilation de la dĂ©esse de la Victoire NikĂ© Ă  AthĂ©na. L'importance donnĂ©e Ă  cette derniĂšre au sein du PanthĂ©on ne fit donc que croĂźtre avec l'augmentation de la domination militaire athĂ©nienne qui se traduit par un vĂ©ritable impĂ©rialisme. La richesse provenant de cette hĂ©gĂ©monie, et notamment le tribut de la ligue de DĂ©los servit Ă  bĂątir les superbes temples de l'Acropole, l'objectif Ă©tant tant de remercier la dĂ©esse bienfaitrice que d'impressionner les autres citĂ©s. Le rayonnement culturel athĂ©nien bĂ©nĂ©fice aussi de la fortune nouvelle de la citĂ©, le thĂ©Ăątre devient ainsi gratuit pour les citoyens. Ce divertissement, le plus populaire, est rattachĂ© au dieu Dionysos, dont le culte festif semble avoir Ă©tĂ© le plus estimĂ© dans la GrĂšce antique. Cette divinitĂ© est donc le principal contrepoids Ă  une domination de l'espace religieux athĂ©nien par la seule dĂ©esse AthĂ©na. Pour comprendre l’importance de la religion dans la sociĂ©tĂ© athĂ©nienne, il faut savoir qu’à son apogĂ©e on rĂ©pertoriait plus de 100 jours chĂŽmĂ©s pour honorer les divinitĂ©s, dont notamment Dionysos et AthĂ©na.

La religion pratiquĂ©e par les athĂ©niens se distingue non seulement par sa trĂšs forte focalisation sur ces deux divinitĂ©s mais aussi par sa fonction d'intĂ©gration. Les PanathĂ©nĂ©es, plus grandes fĂȘtes d'AthĂšnes, exclusivement en l'honneur d’AthĂ©na, sont ainsi l’occasion de rĂ©unir tous les habitants de la ville dont les mĂ©tĂšques (Ă©trangers), les femmes et les enfants qui dĂ©filent en queue du cortĂšge se rendant au temple de l'ErechthĂ©ion avec le pĂ©plos, longue tunique tissĂ©e spĂ©cialement par une centaine de jeunes filles athĂ©niennes vierges pour recouvrir la statue en bois d’AthĂ©na Polias (protectrice). La participation de tous Ă  ce rite central de la religion athĂ©nienne est le symbole mĂȘme du caractĂšre d’unitĂ© sociale de cette religion, et permet donc de la considĂ©rer comme « civique ».

La religion ne constitue pas un ciment de la sociĂ©tĂ© athĂ©nienne uniquement Ă  travers cette cĂ©lĂ©bration, comme le prouvent les Thesmophories, fĂȘtes rĂ©servĂ©es aux femmes, pendant laquelle des proies Ă©taient sacrifiĂ©es Ă  DĂ©mĂ©ter. Cette religion civique s'inscrit dans un cadre plus large que reprĂ©sentent les liturgies, tĂąches d'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral financĂ©es par un riche citoyen, dont certaines sont religieuses comme l'organisation de spectacles thĂ©Ăątraux gratuits.

Adaptations démocratiques

Le nouveau régime de démocratie athénienne mis en place par ClisthÚne enrichit la religion officielle d'un nouveau culte fondé sur des mythes préexistants et légitimant la réorganisation spatiale de l'Attique. Il renforce l'aspect civique de la religion athénienne. Ainsi les entités politiques sur lesquelles reposent les nouvelles institutions démocratiques, les 10 tribus, reçoivent chacune la protection d'un héros éponyme, il y en a donc 10 :

Des cĂ©lĂ©brations ont lieu sur l’agora en l'honneur de ces protecteurs locaux, nĂ©anmoins la croyance est faible, ce nouveau culte ne rencontre aucune ferveur populaire. Il sert avant tout de symbole de la cohĂ©sion des AthĂ©niens comme le prouve l'existence du monument aux hĂ©ros Ă©ponymes, composĂ© de 10 statues de bronze reprĂ©sentant l'ensemble de ces hĂ©ros et situĂ© devant le BouleutĂ©rion, c’est-Ă -dire au centre d'AthĂšnes, cette estrade servait accessoirement Ă  afficher les dĂ©crets et lois de l'EcclĂ©sia.

Notes et références

  1. Hérodote, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne].
  2. De l'abstinence, cité par Porphyre de Tyr (Livre II, 20)
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