Ecclésia
LâEcclĂ©sia ou ekklesia (en grec ancien : áŒÎșÎșληÏία â l'assemblĂ©e) est lâAssemblĂ©e du peuple citoyen dans de nombreuses polis antiques et notamment dans la citĂ© dâAthĂšnes. Elle prend surtout de l'importance sous les rĂ©formes de ClisthĂšne[1].
Le mot a donnĂ© en français « Ăglise » (assemblĂ©e des fidĂšles) et « ecclĂ©siastique », entre autres.
Ă AthĂšnes
Dans l'AntiquitĂ©, lâEcclĂ©sia est, Ă AthĂšnes, lâAssemblĂ©e des citoyens. Elle vote les lois, le budget, la paix ou la guerre, l'ostracisme. Elle tire au sort les bouleutes (prĂ©sidents du conseil), les hĂ©liastes (membres des tribunaux), les 10 archontes (magistrats qui dirigent la rĂ©publique) et Ă©lit les dix stratĂšges.
Elle Ă©tait composĂ©e de tous les citoyens ; leur nombre pouvait sâĂ©lever jusqu'Ă 40 000, extrĂȘme limite supĂ©rieure de cette estimation, sur une population dans toute la rĂ©gion dâAttique estimĂ©e approximativement entre 200 000 et 300 000 habitants[2]. L'EcclĂ©sia se rĂ©unissait quatre fois par mois.Ces citoyens pouvaient participer aux quarante rĂ©unions par annĂ©e en proposant des amendements. L'espace disponible limitait la participation Ă 6 000 citoyens ; ce qui correspond Ă©galement au quorum nĂ©cessaire pour certaines dĂ©cisions, comme la naturalisation d'un nouveau citoyen. La participation Ă©tait parfois moindre en raison de lâabsentĂ©isme dĂ©noncĂ© par les auteurs comiques de lâĂ©poque, et plus particuliĂšrement Aristophane. Cette assemblĂ©e votait Ă main levĂ©e ou Ă bulletin secret les lois, la guerre et lâostracisme ou autres projets de loi de la BoulĂš que lisait un hĂ©raut, ou encore Ă©lisait aussi les stratĂšges, gĂ©nĂ©raux et magistrats. LâEcclĂ©sia a dâabord siĂ©gĂ© sur lâAgora avant dâĂȘtre transfĂ©rĂ©e sur la colline de la Pnyx sous PĂ©riclĂšs (Le nom de la Pnyx est issu dâune racine signifiant en grec « serrĂ© »[3]).
Les prytanes, dĂ©lĂ©guĂ©s de lâune des dix tribus Ă la BoulĂš pendant un des dix mois de lâannĂ©e athĂ©nienne, convoquaient, organisaient et prĂ©sidaient les sĂ©ances de lâEcclĂ©sia, suivant l'ordre du jour Ă©dictĂ© par la BoulĂš. Par la suite cette prĂ©sidence fut transfĂ©rĂ©e aux neuf proĂšdres.
C'est notamment au Ve siÚcle av. J.-C. à AthÚnes que l'Ecclésia a pris du pouvoir (accompagnée de la BoulÚ, des Magistrats et de l'Héliée) durant la démocratie, sous le stratÚge PériclÚs.
Elle Ă©tait, depuis les rĂ©formes de Solon, ouverte Ă tous les citoyens, mĂȘme si ceux-ci Ă©taient divisĂ©s en quatre classes, par rapport Ă leurs revenus sur les richesses agricoles (qui dĂ©terminaient leur place dans l'armĂ©e) :
- les pentacosiomedimnes (revenus supérieurs ou égaux à 500 médimnes) ;
- les hippeis (revenus entre 300 et 500 médimnes) ;
- les zeugites (revenus entre 200 et 300 médimnes) ;
- les thÚtes ne possÚdent pas de terres ou ont un revenu inférieur à 200 médimnes.
Références
- Claude mossé, Les institutions grecques, Armand colin,
- Ădouard Will, Le Monde grec et lâOrient, tome I, Le Ve siĂšcle av. J.-C. (510-403), P.U.F. 1972, p. 419 note 1.
- Robert FlaceliĂšre, La Vie quotidienne en GrĂšce au siĂšcle de PĂ©riclĂšs, Hachette, 1971, p. 51.
Voir aussi
Source antique
- Aristophane, Les Acharniens, Ă©d. Les Belles Lettres, 1987.
- BoulĂš Ă AthĂšnes
Bibliographie
- Claude Mossé, Les Institutions grecques, Paris, Armand Colin, 1968.
- Mogens H. Hansen, La Démocratie athénienne à l'époque de DémosthÚne, Paris, Texto, 2009.
- Gustave Glotz, article « Ekklesia » dans Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines, Charles Daremberg et E. Saglio (sous la direction de), Hachette, Paris, 1877 - 1919, p. 515-531.
- Pierre Briant, « La BoulĂš et lâĂ©lection des ambassadeurs Ă AthĂšnes au IVe siĂšcle av. J.-C. », Revue des Ătudes anciennes, t. 70, nos 1-2,â , p. 7-31 (lire en ligne, consultĂ© le ).
Articles connexes
- Démocratie athénienne
- DikastĂšrion
- Halia ou apella, l'Ă©quivalent Ă Sparte
- Ecclesia et Synagoga