Crue centennale
Une crue centennale (prononcer [sÉÌ.te.nal]) est une crue dont la probabilitĂ© d'apparition (dite pĂ©riode de retour) sur une annĂ©e est de , en termes de dĂ©bit. Autrement dit, chaque annĂ©e, la probabilitĂ© que son dĂ©bit soit atteint ou dĂ©passĂ© est de .
Il est donc faux de dire, comme l'affirme la croyance populaire, qu'une telle crue ne survient que tous les cent ans.
De mĂȘme une crue millĂ©nale a une probabilitĂ© d'apparition sur une annĂ©e de . Enfin, une crue dĂ©cennale est celle avec une probabilitĂ© de retour sur une annĂ©e de .
Ces notions s'appliquant sur la base des crues constatĂ©es, cette dĂ©nomination statistique n'a donc aucune valeur prĂ©dictive immĂ©diate, ni valeur de pĂ©riodicitĂ©. De plus, ces notions sont variables en fonction Ă la fois des Ă©vĂ©nements constatĂ©s et des amĂ©nagements rĂ©alisĂ©s (ex. : barrage, endiguement, impermĂ©abilisationâŠ). La dĂ©termination de ces probabilitĂ©s est difficile car les donnĂ©es historiques de crues anciennes ne sont pas exprimĂ©es en termes de dĂ©bit mais plutĂŽt en cote maximale de crue : il faut donc les estimer en dĂ©bit pour pouvoir les intĂ©grer dans les sĂ©ries rĂ©centes de valeurs. Il s'agit le plus souvent du dĂ©bit maximal instantanĂ© lors de la pointe de crue, mais il peut parfois s'agir du dĂ©bit maximal journalier.
Un exemple de crue centennale est, en France, la crue de la Seine de 1910[1].
Crue centennale
Une crue centennale est revenue en moyenne tous les 100 ans â soit une fois par siĂšcle â mais ne s'est pas nĂ©cessairement produite rĂ©guliĂšrement tous les 100 ans : en fait il n'y a pas 2 chances sur 3 d'observer une crue centennale sur une pĂ©riode de 100 ans. De mĂȘme son occurrence une annĂ©e n'exclut pas sa rĂ©pĂ©tition une ou quelques annĂ©es plus tard, puisque les phĂ©nomĂšnes pluvieux n'ont pas de raison d'ĂȘtre liĂ©s d'une annĂ©e Ă la suivante.
Selon la définition ci-dessus, sur une période de 100 ans, la probabilité de ne pas avoir eu de crue centennale est donc de , soit une probabilité de [2].
RĂ©ciproquement, la probabilitĂ© d'avoir au moins une crue centennale sur une pĂ©riode de cent ans est donc de . La pĂ©riode de retour d'une telle crue est de cent ans. Il est important de noter qu'une crue dĂ©cennale n'est pas une crue centennale. Il est donc possible, et mĂȘme probable, qu'une crue puisse ĂȘtre qualifiĂ©e de dĂ©cennale sans ĂȘtre qualifiĂ©e de centennale. L'inverse est pourtant vrai, ainsi une centennale sera toujours une crue dĂ©cennale. De mĂȘme, mĂȘme si cela est peu probable, deux crues centennales peuvent se produire Ă moins de 10 ans d'intervalle.
Par exemple en 2006, la Thaya connut deux crues centennales en mars et en juin. Il en est de mĂȘme pour l'ensemble des crues qui ont une pĂ©riode de moins de 100 ans, (voir autres pĂ©riodicitĂ©s), qui se produiront certainement en dehors d'une crue centennale et qui se produiront avec certitude durant une crue centennale.
Crue millénale
Une crue millénale est une crue dont la probabilité d'apparition sur une année est de , en termes de débit. Autrement dit, la probabilité que son débit soit atteint ou dépassé est chaque année de .
Ainsi, une crue millénale revient en moyenne tous les 1 000 ans - soit une fois par millénaire -, mais ne se produit pas nécessairement tous les 1 000 ans.
La probabilité de ne pas atteindre une crue millénale sur une période de 1000 ans est de , soit [2]. La probabilité d'atteindre au moins le niveau d'une crue millénale sur une période de 1 000 ans n'est donc que de .
Un exemple de crue millénale est l'inondation de la Sainte-Madeleine de 1342 sur le Rhin et en Europe centrale.
Autres probabilités d'occurrence et d'importance
Les hydrologues gĂ©nĂ©ralisent ce classement d'importance des crues et parlent de crues n-ennales dont les dĂ©bits ont une probabilitĂ© d'ĂȘtre atteints ou dĂ©passĂ©s chaque annĂ©e, de (et qui apparaissent donc en moyenne toutes les annĂ©es). On parle usuellement de crues annuelle, biennale, triennale, quinquennale, dĂ©cennale, centennale, millĂ©nale...
Le tableau ci-dessous indique la terminologie relative aux probabilités d'occurrence d'une crue dans l'année ainsi que le probabilité d'occurrence sur la période considérée (probabilité pour que le débit instantané soit atteint au moins une fois sur la période continue de n ans ; ex : il y a une probabilité de 0,6513, soit un pourcentage de 65,13%, qu'une crue décennale intervienne sur une période de 10 ans).
Comme indiqué dans les sections précédentes, il est incorrect d'assimiler ces probabilités de retour à une périodicité stricte d'occurrence. Ainsi par exemple, il ne faut pas prétendre "Puisqu'il y a eu une crue décennale cette année, il n'y en aura plus d'autre d'ici 10 ans".
retour | n | période | Proba d'occurrence |
---|---|---|---|
annuel(le) | 1 | 100% | |
biennal(e) | 2 | 75% | |
triennal(e) | 3 | 70,37% | |
quadriennal(e) | 4 | 68,34% | |
quinquennal(e) | 5 | 66,23% | |
décennal(e) | 10 | 65,13% | |
quindécennal(e) | 15 | ||
vicennal(e) | 20 | ||
trentennal(e) | 30 | trentenaire | |
quadragennal(e) | 40 | quarantenaire | |
cinquantennal(e) | 50 | cinquantenaire | |
centennal(e) | 100 | centenaire | 63,39% |
bicentennal(e) | 200 | bicentenaire | |
millénal(e) | 1 000 | millénaire | 63,23% |
décamillénal(e) | 10 000 | dix-millénaire |
Notes et références
- Selon un rapport de l'OCDE, Paris serait vulnérable par rapport à une nouvelle crue centennale du type de celle de 1910. Pour limiter les dommages dus à ce type de crue, il est nécessaire de raviver la mémoire collective et d'unifier les circuits de décision (cf. « Le scénario catastrophe d'une crue de la Seine », Europe1, 24 janvier 2014, lire en ligne)
- Pour ces calculs de probabilités, voir aussi l'article Loi de Poisson