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Critique de la raison pratique

Critique de la raison pratique (Kritik der praktischen Vernunft) est un ouvrage d'Emmanuel Kant paru en 1788 et traitant de philosophie morale.

Critique de la raison pratique
Image illustrative de l’article Critique de la raison pratique

Auteur Emmanuel Kant
Pays Allemagne
Chronologie

Présentation

Deuxième grand ouvrage critique de Kant et « suite Â» de la Critique de la raison pure (1781-1787), la Critique de la raison pratique abandonne l'analyse de la raison dans son usage spĂ©culatif pour se consacrer Ă  son usage pratique. Elle concerne donc le domaine de l'agir et non plus celui de la connaissance thĂ©orique. Elle aura une influence dĂ©terminante dans les champs de l'Ă©thique et de la philosophie morale. L'une des innovations notables de la Critique de la raison pratique par rapport Ă  la Fondation de la mĂ©taphysique des mĹ“urs (1785) est l'apparition de la notion d'un faktum (fait non empirique) de la loi morale, qui s'impose Ă  la raison alors mĂŞme qu'elle ne peut ĂŞtre dĂ©duite analytiquement du concept positif de libertĂ© et de dignitĂ©, puisque nous connaissons ce dernier par la loi morale, et non l'inverse (§7 chap. I).

Plan

Préface
Introduction
Première partie : Doctrine élémentaire de la raison pure pratique

  • Livre premier : L'analytique de la raison pratique
    • Chapitre premier - Des principes de la raison pure pratique
      • I. De la dĂ©duction des principes de la raison pure pratique
      • II. Du droit qu'a la raison pure, dans l'usage pratique, Ă  une extension qui n'est pas possible pour elle dans l'usage spĂ©culatif
    • Chapitre II - Du concept d'un objet de la raison pure pratique
    • Chapitre III - Des mobiles de la raison pure pratique. Examen critique de l'analytique de la raison pure pratique
  • Livre deuxième : Dialectique de la raison pure pratique
    • Chapitre premier - D'une dialectique de la raison pure pratique en gĂ©nĂ©ral
    • Chapitre II - De la dialectique de la raison pure dans la dĂ©termination du concept du souverain bien
      • I. L'antinomie de la raison pratique
      • II. Solution critique de l'antinomie de la raison pratique
      • III. De la suprĂ©matie de la raison pure pratique dans sa liaison avec la raison pure spĂ©culative
      • IV. L'immortalitĂ© de l'âme comme postulat de la raison pure pratique
      • V. L'existence de Dieu comme postulat de la raison pure pratique
      • VI. Sur les postulats de la raison pure pratique en gĂ©nĂ©ral
      • VII. Comment est-il possible de concevoir une extension de la raison pure, au point de vue pratique, qui ne soit pas accompagnĂ©e d'une extension de la connaissance, comme raison spĂ©culative
      • VIII. De l'assentiment venant d'un besoin de la raison pure
      • IX. Du rapport sagement proportionnĂ© des facultĂ©s de connaĂ®tre de l'homme Ă  sa destination pratique

Deuxième partie: Méthodologie de la raison pure pratique
Conclusion

Influence de Rousseau

Il faut noter, au-delĂ  de l'anecdote, que Rousseau a profondĂ©ment influencĂ© la conception kantienne de l'autonomie. La formule du Contrat social, selon laquelle « L'obĂ©issance Ă  la loi qu'on s'est prescrite est libertĂ©. » (livre I, chap. 8) est considĂ©rĂ©e par plusieurs grands historiens de la philosophie et spĂ©cialistes de Kant, comme Victor Delbos[1] ou Roger Verneaux , comme l'une des origines de la notion d'autonomie chez Kant : celui-ci intĂ©riorise au fond la libertĂ© civile dans la personne et sa vie morale.

Préface et introduction

La prĂ©face et l'introduction consistent pour l'essentiel dans une comparaison entre le statut de la raison thĂ©orique et celui de la raison pratique. La première Critique s'attachait Ă  Ă©tudier les prĂ©tentions de la raison pure thĂ©orique Ă  la connaissance de principes dĂ©passant les limites possibles de toute expĂ©rience. Il ressortait de cette Ă©tude que l'usage de la raison pure thĂ©orique devait ĂŞtre limitĂ©e Ă  la sphère de l'expĂ©rience car elle produisait des difficultĂ©s insolubles quand elle cherchait Ă  s'appliquer Ă  l'au-delĂ  de l'expĂ©rience. Cependant il ne s'agit pas ici de critiquer la raison pure pratique mais d'en prouver la possibilitĂ©; la raison pure pratique (non mĂŞlĂ©e d'expĂ©rience), si elle existe, ne peut se dĂ©passer elle-mĂŞme (Ă  l'inverse de la raison pure spĂ©culative) : sa seule existence prouve la rĂ©alitĂ© de ses concepts. En consĂ©quence de quoi, dit Kant, il s'agira de faire une critique « non de la raison pure pratique, mais seulement de la raison pratique en gĂ©nĂ©ral », ceci s'expliquant par le fait « que la raison pure, quand on a montrĂ© qu'elle existe, n'a pas besoin de critique ». Il s'agira donc de critiquer l'idĂ©e que la raison empirique est le seul principe dĂ©terminant notre volontĂ©, et de montrer qu'il existe une raison pure, qui ne s'affirme rĂ©ellement que dans le transcendantal, et dont les prĂ©tentions dĂ©passent lĂ©gitimement l'expĂ©rience, contrairement Ă  la raison pure spĂ©culative, dont c'est le principal dĂ©faut.

Si la première Critique pouvait affirmer que Dieu, la liberté et l'immortalité ne sont pas connaissables, la seconde va transformer le sens de cette thèse. On peut savoir (wissen) que la liberté transcendantale peut exister parce que la force de la loi morale en démontre la possibilité. Kant utilise, pour ce faire, deux exemples successifs (§7 chap. I). Dans le premier, un homme qui prétend être irrésistiblement lié par sa passion luxurieuse avouerait nécessairement, si on lui édifiait, devant sa maison, un gibet auquel il serait pendu une fois sa passion satisfaite, qu'il pourrait se maîtriser. Dans le second, si un seigneur demandait à ce même homme d'établir un faux témoignage contre un homme honnête que le souverain voudrait pendre pour des raisons spécieuses, ce même homme ne pourrait pas ne pas se dire — quoi qu'il fasse effectivement — qu'il pourrait ne pas obéir à cet ordre inique et préférer la mort à cet acte immoral. Selon Kant, le fait que la loi morale s'impose et puisse primer même sur la vie, c'est-à-dire sur les mobiles sensibles qui nous poussent à vivre et à chercher le bonheur, montre de quelle façon celle-ci s'impose en tant que faktum, ou « fait [non empirique] de la raison ».

Par contre on ne peut pas la connaĂ®tre (erkennen) comme on connaĂ®t des thĂ©orèmes mathĂ©matiques ou des lois physiques. Dieu et l'immortalitĂ©, mĂŞme s’ils sont des concepts qui se rattachent Ă  la libertĂ©, restent nĂ©anmoins encore des postulats indĂ©montrables : on doit juste en « admettre la possibilitĂ© au point de vue pratique ».

Selon Kant, la Critique de la raison pratique suppose la Fondation de la métaphysique des mœurs, parce que cette dernière initiait le lecteur au principe du devoir ; « pour le reste, (le système de la Critique de la raison pratique) se suffit à lui-même ».

Finalement, Kant prĂ©sente dans l'introduction le plan de la Critique de la raison pratique. Il est calquĂ© en apparence sur celui de la première Critique : analytique, dialectique, mĂ©thodologie. Mais son plan diffère car Kant se fonde non sur la disposition des facultĂ©s humaines (1re critique) mais sur leurs objets.

Citations célèbres

La conclusion de l'ouvrage comporte une des citations les plus célèbres de Kant, qui est aussi l'un de ses rares moments de lyrisme, et finira inscrite sur sa tombe :

« Deux choses remplissent le cœur d'une admiration et d'une vénération toujours nouvelles et toujours croissantes, à mesure que la réflexion s'y attache et s'y applique : le ciel étoilé au-dessus de moi et la loi morale en moi. »

— Emmanuel Kant, Critique de la raison pratique.

Voir aussi

Articles connexes

Sources

  • AlquiĂ© Ferdinand, Leçons sur Kant, Paris, CDU les cours de Sorbonne, 1963 (rĂ©Ă©ditĂ© en Poche dans la collection « la petite vermillon Â») : un cours particulièrement clair et pĂ©dagogique sur les Fondements de la mĂ©taphysique des mĹ“urs et la Critique de la Raison pratique.
  • Delbos Victor, La philosophie pratique de Kant, Paris, Felix Alcan, 1905 (plusieurs fois rĂ©Ă©ditĂ©): ouvrage de rĂ©fĂ©rence sur la morale de Kant et sur le dĂ©veloppement de la philosophie morale de Kant.
  • Weil Éric, Problèmes kantiens, Paris, Vrin, 1975 : ouvrage classique qui montre la prĂ©Ă©minence du point de vue pratique dans la philosophie kantienne en gĂ©nĂ©ral.

Références

  1. Victor Delbos, « Rousseau et Kant », Revue de métaphysique et de morale,‎ , p. 429-439 (ISSN 0035-1571, lire en ligne)

Liens externes

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