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Crise laitière de 2015

La crise laitière de 2015 est une période de forte baisse des prix du lait dans l'Union européenne après la fin des quotas laitiers de la politique agricole commune. Le revenu des éleveurs subit la même baisse, tandis que la production de lait en Europe augmente.

Historique

Contexte

L'idée des quotas laitiers[1] était de produire moins pour ne plus avoir de surplus et ainsi de faire remonter les prix.

En 2014, le marchĂ© du lait est prospère et, bien que les quotas existent encore, la production augmente de six millions de tonnes pour atteindre 148 millions. La production est en augmentation continue, les agriculteurs souhaitant rester compĂ©titifs face Ă  la fin des quotas qui se prĂ©pare[2]. Par ailleurs l’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture prĂ©voyant le doublement de la demande en lait d'ici Ă  2050, l'investissement dans le secteur ne parait pas risquĂ©.

La fin des quotas laitiers était prévue depuis 2003 pour [3], dans le but de libéraliser le secteur et de limiter les coûts de l'Union européenne pour la gestion de ces quotas[4].

L'échéance approchant, le risque de crise laitière est prédit par les organisations paysannes et les politiques, comme le député européen Marc Tarabella[5].

Les impacts de la suppression des quotas laitiers

Le et les jours qui suivent, les agriculteurs manifestent pour montrer leur mécontentement alors que la précédente crise du secteur date seulement de 2009[6].

La fin de la régulation de la quantité de lait produite par les fermes a lieu le [2]. Un objectif est de favoriser la compétitivité des producteurs laitiers européens, notamment pour répondre à une demande mondiale en augmentation, notamment de la part de l’Asie et de l’Afrique. Cela éviterait également aux principaux pays producteurs de continuer à payer des pénalités pour non-respect des quotas.

En conséquence, la production européenne s'est envolée et a entraîné une crise de surproduction. La production n’a pas augmenté de manière uniforme en Europe modifiant la répartition des parts de marché[7]. L’organisation des producteurs de lait prévoit quelques mois plus tard que l’année sera pire que 2009[8].

L’offre se déplace vers la droite car la production de lait augmente et la demande est inélastique.

Face à cette offre abondante, les prix du lait ont reculé de plus de 10 %, sur un marché qui était déjà suralimenté[9]. D'autres facteurs ont engendré cette baisse des prix comme l'embargo russe, mais aussi la forte baisse au début de 2014 de la demande de la Chine (qui avait augmenté à partir de 2008 après l’affaire du lait frelaté) qui a affecté les cours mondiaux[10].

Une autre cause potentielle est le manque d’organisation des producteurs, jouant sur leurs possibilité de négoce face aux transformateurs et distributeurs[7].

Réponses apportées par les gouvernements et l’Union européenne

En France, le gouvernement applique un plan d'urgence, duquel se plaignent les Ă©leveurs allemands[11].

Celui-ci a pour ambition de les inciter Ă  rĂ©duire leur production pour, sur le long terme, faire remonter le prix du lait. L’Union EuropĂ©enne va alors dĂ©bloquer un demi milliard d’euros pour financer ce projet[12]. Dans ces 500 millions d’euros, 150 millions sont destinĂ©s Ă  rĂ©compenser individuellement les Ă©leveurs qui acceptent de rĂ©duire leur production de lait : soit entre 11 et 14 centimes d’euros par litre de lait non produit.

Les autres 350 millions d’euros sont, eux, distribuĂ©s aux États qui devront veiller Ă  ce qu’ils ne servent pas Ă  redynamiser la production mais au contraire Ă  la rĂ©duire[13].

Le , la commission européenne, pour répondre à la crise, autorise le plafonnement de la production ainsi que le stockage du double de la quantité auparavant permise de poudre de lait et de beurre[14].

La crise persiste

Durant l’année 2017, la surproduction continue en Europe (notamment en Irlande, mais aussi en France et en Allemagne), mais les prix à la consommation augmentent légèrement. Le , le conseil des ministres européens décide tout de même de cesser le dispositif d’intervention sur les prix[15].

Les États généraux de l'alimentation tenus en France pendant le second semestre de 2017 ont abouti à la fixation du prix en fonction des couts de production, mais la mesure s’avère complexe à mettre en œuvre[15].

En 2022, la Chine, sortie de la crise de la covid, augmente ses importations de lait ce qui fait augmenter significativement les prix. Cependant, dans un contexte de forte inflation (en), les bénéfices pour les éleveurs restent faibles, surtout en France où le lait est principalement transformé en produits laitiers sans bénéficier de l’augmentation mondiale des prix à l’export[16]. Les revenus pour les paysans y restent trop faibles et ceux-ci se tournent parfois vers la production céréalière dont la guerre en Ukraine fait envoler les prix[17].

Controverse sur la répartition de la valeur ajoutée

En , le journal Basta ! dénonce l’enrichissement des propriétaires d’entreprises agroalimentaires dans le secteur du lait pendant que la crise du lait est subie par les producteurs. En effet, selon le journal, les éleveurs recevaient 43,3 % du prix de vente d’une bouteille de lait en 2014 contre 31 % en 2016. Dans le même temps, le patrimoine de la famille Fiévet, détentrice de 71 % des parts de l’entreprise Unibel, aurait vu son patrimoine augmenter de 86 %. Celui de la famille Besnier (détentrice de 51 % du capital de Lactalis) aurait augmenté de 38 %. Et celui de la famille Bongrain (détentrice du groupe Savencia à 67 %) aurait augmenté de 58 %[18].

Bibliographie

Notes et références

  1. « Quelles perspectives pour l'après quotas dans le secteur laitier européen ? », sur agriculture.gouv.fr (consulté le )
  2. « Crise du lait : « Agrandir les élevages n’est pas la solution » », sur Reporterre, (consulté le )
  3. Julie Lallouët-Geffroy, « La fin des quotas laitiers : un maelström pour les petits paysans », sur Reporterre (consulté le )
  4. Marie-Josée Cougard, « Agriculture : pourquoi l'Europe met fin aux quotas », sur lesechos.fr, (consulté le )
  5. Frédéric Hénin, « Parlement européen « 2015 : Aube d'une grave crise du lait » », sur Web-agri, (consulté le )
  6. « Crise agricole : « La responsabilité des industriels du lait est énorme » », sur Reporterre, (consulté le )
  7. (en) Bertrand Valiorgue, « Sept questions pour comprendre la crise laitière », The Conversation,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  8. « Crise du lait : 2015 s’annonce bien pire que 2009, année de la grève du lait ! », sur www.producteurs-lait.com, (consulté le )
  9. « Les quatre sources qui expliquent la crise du lait », sur lesechos.fr, (consulté le )
  10. « Crise du lait : quel rôle a joué la Chine ? », Europe 1,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. Cécile Boutelet, Dominique Gallois et al., « La crise du lait n’épargne pas les producteurs allemands », sur lemonde.fr, (consulté le )
  12. Dominique Gallois, « La crise du lait en quatre questions », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  13. Céline Schoen, « Comment l’Union européenne compte régler la crise laitière », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  14. Clémence Apetogbor, « Crise du lait: L'Europe autorise une réduction de la production », sur 20minutes.fr, (consulté le )
  15. Christophe Violette, « Crise du lait : la sonnette d’alarme est tirĂ©e. », sur Ouest-france.fr, (consultĂ© le ).
  16. Laura Bannier, « Au Luxembourg, le prix du lait n’a jamais été aussi haut », sur Luxemburger Wort - Edition francophone, (consulté le ).
  17. Catherine Eme-Ziri, « Haute-SaĂ´ne : « Je n'ai qu’une envie, voir mes vaches partir Â», Patrice Haeze abandonne la production laitière », sur le site de France 3 Bourgogne-Franche-ComtĂ©, (consultĂ© le ).
  18. Mathieu Paris, « Pendant que les éleveurs agonisent, les grandes familles du lait amassent des milliards », sur Bastamag.net, (consulté le )
  19. « Crise du lait : quelles perspectives pour 2016, Elevage - Pleinchamp », sur www.pleinchamp.com, (consulté le )
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