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Couvent Saint-François de Nice

Le couvent Saint-François est un ancien couvent franciscain situé dans le Vieux-Nice dont il ne subsiste que des vestiges aujourd'hui. Une réhabilitation de l'ensemble a été entreprise en 2016 par la municipalité pour lui rendre ses allures d'origine.

Couvent Saint-François
Image illustrative de l’article Couvent Saint-François de Nice
La tour Saint-François
Présentation
Culte catholique romain
Type couvent
Rattachement Ordre des frères mineurs
DĂ©but de la construction 1250
Protection Logo monument historique Inscrit MH (1993, 2020)
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la France France
Ville Nice
CoordonnĂ©es 43° 41′ 58,46″ nord, 7° 16′ 42,6″ est

Historique

D'après la tradition, les franciscains s'Ă©tablissent Ă  Nice en 1239, dans le couvent Saint-RĂ©cupĂ©rat ou Saint-RecoubrĂ©, situĂ© Ă  l'est du port Lympia[1]. Loin de la ville, sous la menace des pillards, leur supĂ©rieur Raymond Ricardi dĂ©cide onze ans plus tard d'Ă©difier un nouveau couvent au pied de la colline du château[1]. Le , un meunier, Augier Badat, leur fait don d'un terrain « pour le salut de [son] âme[2] Â». Le couvent est construit au niveau des actuels rue de la Tour et place Saint-François[1] - [3].

Pierre Gioffredo indique, dans son ouvrage Nicæa civitas, qu'au sein du couvent sont consacrés une chapelle en 1377 et plusieurs autels en 1448[2]. Des travaux sont réalisés en 1483 avec le renouvellement de la voûte de l'église du couvent, laquelle est d'abord dénommée Sainte-Croix puis par la suite dédiée à Saint-François, ainsi que l'agrandissement des caveaux[2]. En 1477, l'un des frères, Louis Terrini, fait ériger une croix au milieu du cimetière du couvent, lequel est situé à l'emplacement actuel de la place Saint-François[4]. Il s'agit de ce qui est aujourd'hui la croix de Cimiez[4].

Durant les trois sièges de Nice, notamment celui de celui de 1705-1706, le couvent subit d'importants dégâts[4]. Après l'annexion par la Première République française du comté de Nice en 1792, les autorités françaises expulsent les frères et le couvent est alors reconverti en corps de garde, tribunal civil et tribunal de commerce, ainsi que bureau du magistrat de santé[4]. Les troupes napoléoniennes utilisent une partie du couvent comme écurie en attendant leur départ pour la première campagne d'Italie[4].

Jean-Louis Truchi et Joseph Pollan rachètent tous deux le couvent aux enchères le pour 343 000 francs[5]. Le de la mĂŞme annĂ©e, l'Ă©glise est vendue, Ă©galement aux enchères, Ă  Joseph Tomassi et Toulane pour 209 000 francs[5]. Le couvent devient par la suite l'hĂ´tel de l'Aigle d'Or avant que la ville de Nice s'en porte acquĂ©reur et permette Ă  la ConfĂ©dĂ©ration gĂ©nĂ©rale du travail des Alpes-Maritimes de s'y installer[5]. L'Ă©glise quant Ă  elle devient au rez-de-chaussĂ©e une fabrique de glace puis des locaux pour le service de nettoiement de la ville, et au premier Ă©tage un cinĂ©ma puis un dancing[5].

La tour

L'Ă©glise du couvent est d'abord surmontĂ©e d'un clocheton comportant deux cloches. En 1722, il est bâti un clocher coiffĂ© d'une coupole et d'une croix très Ă©lancĂ©e[4] - [6] - [7]. En 1798, le gouvernement français, qui vend l'Ă©glise et le couvent, conserve le clocher qui devient propriĂ©tĂ© de la commune, dans le but de l'orner d'une horloge[6]. Il n'existait alors en effet qu'une seule horloge publique dans la ville, celle de la tour Rusca[6]. MĂŞme si en 1813 un devis est rĂ©digĂ© pour « la construction d'une horloge Ă  placer au clocher de l'ancien couvent Saint-François Â»[8], le projet n'aboutit pas avant près de trente annĂ©es[9]. Le clocher se dĂ©grade peu Ă  peu et sa coupole menace de s'effondrer. En 1833, le conseil communal dĂ©cide de planifier des travaux, mais la ville ne dispose pas des moyens financiers nĂ©cessaires.

Il faut attendre 1836 pour que la commune puisse rassembler 2 000 lires pour la rĂ©novation et l'installation d'une horloge[9]. Elle charge alors l'architecte Joseph Vernier de concevoir le projet et d'en Ă©valuer le coĂ»t[9]. En 1837, celui-ci remet son projet d'un coĂ»t de 3 380 lires. Il prĂ©voit : la dĂ©molition de la coupole et de l'attique curviligne supĂ©rieur, la construction d'un nouvel attique, de forme carrĂ©e, mesurant 8,7 mètres et destinĂ© Ă  recevoir l'horloge, la construction d'un campanile pour la cloche, et des travaux visant Ă  uniformiser la partie du clocher qui a Ă©tĂ© conservĂ©e[9]. La pierre nĂ©cessaire sera issue de la carrière de Bon Voyage au nord-est de Nice[9].

En , la ville rassemble la somme nécessaire et procède à la mise aux enchères publiques avec rabais afin de déterminer l'entreprise qui aura en charge les travaux. C'est finalement l'entrepreneur niçois Bernard Spinetta avec une offre inférieure de 15 % à la somme de départ qui est choisi[9]. En ce qui concerne l'horloge, la ville fait appel en à l'horloger niçois Auguste Davin et lui demande d'installer une horloge fabriquée à Morez (Jura) et d'en assurer l'entretien[9].

En 1839, la ville annonce l'achat d'une cloche de 100 rubs[10] soit environ 800 kilogrammes afin que le son des heures et demi-heures soit entendu jusqu'Ă  une demi-lieue de distance[11]. La première cloche, installĂ©e par le fondeur niçois Dominique Rosina, s'avère dĂ©fectueuse et est donc retirĂ©e[11]. La ville passe au mĂŞme fondeur une nouvelle commande pour une cloche de 140 rubs (1 100 kg), car les Niçois avaient jugĂ© la première trop petite par rapport Ă  la hauteur de la tour[11]. Cependant, Dominique Rosina ne livrera jamais la cloche, pour une raison inconnue[11]. En , la ville fait finalement appel Ă  la fonderie Pagano et Boero de GĂŞnes qui propose un prix de 24,5 lires le rub (contre 28 et 29 lires pour les cloches de Rosina). Mais le poids n'ayant pas Ă©tĂ© prĂ©cisĂ© lors de la commande, la fonderie livre une cloche de 200 rubs (1 500 kg), ce qui oblige Ă  effectuer de nouveaux travaux sur le campanile et l'ossature mĂ©tallique qui doit supporter la cloche[11]. Le montant des dĂ©penses est revu Ă  la hausse et l'on doit procĂ©der Ă  un appel aux dons. En , une somme de 1 200 lires, fournie par quatorze donateurs, principalement des notables de la ville, est ainsi rassemblĂ©e[11].

Le est effectuée la réception de tous les travaux[11].

Vestiges

La tour du clocher, le chœur et la façade latérale est de l'ancienne église sont inscrits aux monuments historiques par arrêté du [12].

Réhabilitation de l'ensemble Saint-François

Ce lieu historique de la vieille ville de Nice connait un développement important au XIIIe siècle. La communauté des Franciscains se structure en y construisant un couvent et une église, à côté de laquelle sera édifié le Palais Communal près de trois siècles plus tard. L'ensemble qui forme une partie du contour de la place Saint-François actuelle va évoluer progressivement au cours des siècles. Ce qui est particulièrement le cas de l'ancienne église : des éléments structurels vont s'y ajouter successivement entre le XIIIe siècle et le XVIIe siècle, notamment des chapelles latérales, une tour haute de 41 mètres, un cimetière et un cloitre. Des ornements de style baroque parachèveront l'évolution au XVIIIe siècle.

À partir du milieu du XIXe siècle, des particuliers vont acheter tour à tour les bâtiments et en transformer les lieux. Au début du XXIe siècle, la municipalité va racheter progressivement l'ensemble et engager des travaux de rénovation du couvent et du Palais communal en 2016, puis de la Tour et de l'église en 2018[13]. Au centre des bâtiments historiques, la place a également été rénovée entre 2018 et 2019[14]. C'est une des plus grandes réhabilitations du patrimoine historique de la deuxième décennie du XXIe siècle en France. Les travaux de réhabilitation de l'ancienne église devraient s'étaler sur trois ans, de 2018 à 2021[15].

Notes et références

  1. Georges Véran, « Le couvent des frères mineurs et la tour Saint-François » in Nice-Historique, n°275, 1991, p. 47
  2. Pierre Gioffredo (1629-1692), Nicæa Civitas sacris monumentis illustrata, Turin, 1658, IIe partie, p. 183
  3. Alain Venturini, « Franciscains Â» in Ralph Schor (sous la direction de), Dictionnaire historique et biographique du comtĂ© de Nice, Serre, 2002, 412 page, (ISBN 2-86410-366-4)
  4. Georges VĂ©ran, op. cit., p. 49
  5. Georges VĂ©ran, op. cit., p. 51
  6. Georges VĂ©ran, op. cit., p. 54
  7. Émile Négrin, Guide des étrangers : Promenades de Nice, 1841.
  8. Archives communales de Nice, série M1.
  9. Georges VĂ©ran, op. cit., p. 55
  10. Le rub est une unité de mesure utilisée à Nice à cette époque (G. Véran in Nice-Historique).
  11. Georges VĂ©ran, op. cit., p. 57
  12. Notice no PA00125704, base Mérimée, ministère français de la Culture
  13. https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/la-formidable-renovation-de-l-eglise-des-franciscains-a-nice-lance-8-mois-de-travaux-1521037464
  14. https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/alpes-maritimes/nice/place-saint-francois-retrouve-son-prestige-apres-8-mois-travaux-nice-1493753.html
  15. https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/alpes-maritimes/nice/nice-eglise-franciscains-va-etre-renovee-1440841.html

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • Georges VĂ©ran, « Le couvent des frères mineurs et la tour Saint-François » in Nice-Historique, n°275, 1991, pp. 47-62 [lire en ligne]
  • Alain Venturini, « Franciscains » in Ralph Schor (sous la direction de), Dictionnaire historique et biographique du comtĂ© de Nice, Serre, 2002, 412 page, (ISBN 2-86410-366-4)
  • Pierre Gioffredo (1629-1692), Nicæa Civitas sacris monumentis illustrata, Turin, 1658, IIe partie.
  • Dominique Foussard, Georges Barbier, Baroque niçois et monĂ©gasque, p. 178-181, Picard Ă©diteur, Paris, 1988 (ISBN 2-7084-0369-9)
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