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Couteau de combat Fairbairn-Sykes

Le couteau de combat Fairbairn-Sykes est un couteau créé par les capitaines William Ewart Fairbairn et Eric Anthony Sykes, officiers dans la police de Shanghai puis dans l'armée britannique.

Couteau de combat Fairbairn-Sykes
Image illustrative de l'article Couteau de combat Fairbairn-Sykes
Dague F-S troisième modèle
Présentation
Pays d'origine Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Type Couteau de combat

Ce couteau est principalement connu pour son utilisation par les commandos britanniques et du Commonwealth pendant la Seconde Guerre mondiale. Avec les années, il a subi plusieurs modifications. Il est toujours en production à ce jour.

Histoire

L’ancêtre du couteau de combat Fairbairn-Sykes est une arme similaire conçue au début des années 1930 à Shanghai. À cette époque, la ville est confrontée à une forte criminalité liée à la présence de triades, comme la Bande Verte, contre laquelle essaye de lutter la Shanghai Municipal Police (en). William Ewart Fairbairn, responsable de l’entraînement au corps-à-corps et de l’unité spéciale de la police, et Eric Anthony Sykes, responsable de l’armurerie, mettent au point avec Sam Yeaton, un Marine, un petit couteau dont le but est de pouvoir infliger des blessures graves à un adversaire pour le mettre hors de combat[1].

RentrĂ©s en Grande-Bretagne en 1940, Fairbairn et Sykes sont chargĂ©s de l’entraĂ®nement des commandos et des agents du Special Operations Executive[2]. Ă€ cette date, le couteau ne figure pas dans la dotation standard des commandos et les soldats utilisent une grande variĂ©tĂ© de modèles diffĂ©rents[3]. Fairbairn et Sykes organisent alors en une rencontre avec John Wilkinson-Latham, le directeur de Wilkinson Sword, afin de concevoir un couteau pour leurs troupes[4]. Bien que les spĂ©cifications aient Ă©tĂ© proches de celles de la dague de Shanghai, Wilkinson semble s’être davantage inspirĂ© de modèles prĂ©cĂ©demment rĂ©alisĂ©s par son entreprise pour concevoir l’arme, ce qui sera vivement critiquĂ© par Fairbairn[5]. Environ 7 000 exemplaires sont commandĂ©s, au prix unitaire de 13 shilling et 6 pences[6].

La première version de l’arme est produite jusqu’en . La production, en partie rĂ©alisĂ©e Ă  la main, Ă©tant trop lente pour rĂ©pondre aux besoins, l’armĂ©e demande Ă  cette date Ă  Wilkinson de simplifier le couteau pour le rendre plus rapide Ă  produire, tout en recourant Ă  une main d’œuvre moins qualifiĂ©e[7]. Un millier d’exemplaires du second modèle sont commandĂ©s en pour Ă©quiper les unitĂ©s auxiliaires. D’autres sont vendues au gouvernement letton en exil et, de manière individuelle, Ă  des pilotes de l’U.S. Air Corps[8]. En , le fourreau est Ă©galement simplifiĂ© et 38 700 exemplaires commandĂ©s. Pour accĂ©lĂ©rer la production, le ministère de l’approvisionnement demande Ă©galement Ă  d’autres couteliers de Sheffield de fabriquer l’arme, ces lots se rĂ©vĂ©lant toutefois pour beaucoup ĂŞtre de qualitĂ© infĂ©rieure[9].

Une troisième version est conçue en afin de simplifier encore la conception pour accĂ©lĂ©rer la cadence de production et rĂ©duire le recours Ă  des matĂ©riaux en pĂ©nurie. Ce modèle entre progressivement en production entre l’automne et la fin de l’annĂ©e 1943, le temps d’écouler les stocks de pièces du second modèle[10]. Le troisième modèle est produit jusqu’à la fin de la guerre, la production totale destinĂ© au gouvernement britannique des deuxième et troisième modèles dĂ©passant les 200 000 exemplaires[11].

Typologie

Dague de Shanghai

Le couteau conçu Ă  Shanghai par Fairbairn et Sykes prĂ©sente une lame de 120 mm Ă  140 mm de long, qui a probablement Ă©tĂ© fabriquĂ©e Ă  partir de baĂŻonnettes 1888 Lee Metford ou 1903 Enfield. La garde est en aluminium, avec gĂ©nĂ©ralement une virole en laiton, et la poignĂ©e en buis, bien qu’il existe quelques exemplaires oĂą d’autres matĂ©riaux sont utilisĂ©s, notamment l’ébène[12]. Le fourreau est prĂ©vu pour tenir l’arme poignĂ©e vers le bas et a Ă©tĂ© conçu par Jack Martin, futur inventeur du holster Berns-Martin (en)[13].

Dague F-S premier modèle

Le premier modèle de la dague F-S possède une lame Ă  double tranchant de 175 mm de long. Celle-ci est dotĂ©e Ă  sa base d’un ricasso plat dĂ©corĂ© du logo de Wilkinson Sword d’un cĂ´tĂ© et de l’inscription The F-S Fighting Knife de l’autre[14]. La garde en forme de S ne fait que 50 mm de long afin de ne pas accrocher les vĂŞtements lorsque l’arme est tirĂ©e. La poignĂ©e en laiton est gravĂ©e d’un motif de losange et prĂ©sente un gonflement dans sa moitiĂ© la plus proche de la lame afin d’amĂ©liorer la prise en main. Le pommeau est vissĂ© sur la soie, qui traverse la poignĂ©e sur toute sa longueur[15].

Dague F-S deuxième modèle

Dague F-S deuxième modèle et son fourreau au musée de Salisbury.

Le second modèle est similaire au premier, mais certains éléments sont simplifiés pour rendre la fabrication plus rapide. Le ricasso est notamment éliminé, la lame étant aiguisée sur toute sa longueur[7]. Le logo Wilkinson Sword et la mention The F-S Fighting Knife sont conservées uniquement sur les exemplaires produits par Wilkinson, ceux produits par les autres producteurs étant généralement vierges d’inscriptions à l’exception de ceux provenant de Birmingham Small Arms et Clarke, qui sont marqués sur la garde[16]. Celle-ci est désormais droite, mais la poignée reste inchangée[7]. La poignée et la garde des couteaux produits à partir d’ sont noircis en usine afin d’éviter les reflets sur le métal nu pouvant trahir la position du porteur pendant les opérations de nuit[9].

Dague F-S troisième modèle

Dague F-S troisième modèle et son fourreau.

Le troisième modèle se distingue aisément par une nouvelle poignée sur laquelle la gravure à motif de losange est remplacé par un motif côtelé. En raison des pénuries de laiton, elle est réalisée en alliage de zinc plaqué de cuivre et produite de manière industrielle par coulage au lieu du tournage manuel des versions précédentes. La lame ne comporte par ailleurs plus aucune inscription, quel que soit le producteur[10].

Stylets USMC Raider et OSS

Stylet OSS

Ă€ la fondation des Marine Raiders en , plusieurs des officiers sont des connaissances de Fairbairn. Sam Yeaton, qui a contribuĂ© Ă  la conception de la dague de Shanghai, commande lui-mĂŞme l’un des bataillons. Par consĂ©quent, lorsqu’il est question d’équiper l’unitĂ© avec un nouveau couteau, le choix s’oriente vers une copie du couteau Fairbairn-Sykes. Le produit rĂ©sultant ressemble Ă  son modèle, mais s’en distingue par une lame plus fine et non forgĂ©e, ce qui a pour consĂ©quence qu’elle est sensiblement plus fragile. La production totale se monte Ă  15 000 exemplaires, qui ont Ă©tĂ© distribuĂ©s non seulement aux Marine Raiders, mais aussi au Paramarines et plus tard au troupes aĂ©roportĂ©es canadiennes[17].

En 1942, l’Office of Strategic Services (OSS) fait rĂ©aliser une copie du couteau Fairbairn-Sykes pour ses groupes opĂ©rationnels[18]. Après avoir brièvement envisagĂ© de les acheter au Royaume-Uni, l’OSS commande finalement 10 000 exemplaires Ă  l’entreprise Landers, Ferry & Clark[19]. Cette dague est presque identique au couteau F-S deuxième modèle, Ă  ceci près que le motif quadrillĂ© s’étend sur toute la longueur de la poignĂ©e et que tous les exemplaires sont entièrement vierges d’inscriptions[18]. La variante de l’OSS se distingue surtout par son fourreau pancake flapper ou « pelle Ă  pancake » en raison de la forme de la large pièce mĂ©tallique situĂ©e sur le dessus afin de permettre de l’accrocher au ceinturon. Celle-ci ressemble en effet Ă  une spatule de cuisine, probablement en raison de la rĂ©utilisation d’une matrice prĂ©existante, Landers, Ferry & Clark Ă©tant une usine d’ustensiles mĂ©nagers avant la guerre[19].

Utilisation

Commandos s’entraînant à neutraliser des sentinelles, 1943.

L’utilisation du F-S par les commandos est basé sur la méthode de combat développé par Fairbairn lorsqu’il était à Shanghai. La posture idéale est jambes fléchies, le couteau tenu fermement avec l’index et le pouce, le reste de la main le tenant plus légèrement, sauf au moment d’asséner un coup. L’objectif est de viser les points sensibles et en particulier les artères, afin que l’hémorragie fasse perdre connaissance rapidement à l’adversaire[20]. Les attaques de taille ciblent notamment les artères radiales et brachiales afin d’empêcher l’adversaire de tenir son arme en plus de l’hémorragie. Les coups d’estoc sont très utilisés lors des attaques par surprise et cherchent à perforer l’artère subclavière et les carotides. Dans ce dernier cas, l’idéal est d’attraper l’adversaire par derrière, de lui tirer la tête en arrière et sur la gauche en lui couvrant la bouche de la main et d’asséner le coup de haut en bas[21].

Conçu uniquement pour le combat, le F-S s’avère mal adapté pour d’autres usages, par exemple comme couteau utilitaire, sa pointe ayant tendance à casser facilement. Sa longueur le rend également peu pratique dans les cas où la liberté de mouvement est limitée, par exemple dans le cas des parachutistes pour couper les lignes de leur toile ou à bord de petites embarcations pour les Marines. Ces derniers abandonnèrent d’ailleurs progressivement leur copie du F-S, qui de surcroît était plus fragile que l’original, pour adopter le Ka-Bar[22].

Notes et références

  1. Thompson 2011, p. 8-9.
  2. Thompson 2011, p. 10-11.
  3. Thompson 2011, p. 11.
  4. Thompson 2011, p. 14.
  5. Thompson 2011, p. 14-15.
  6. Thompson 2011, p. 16.
  7. Thompson 2011, p. 22.
  8. Thompson 2011, p. 23.
  9. Thompson 2011, p. 24.
  10. Thompson 2011, p. 25.
  11. Thompson 2011, p. 26.
  12. Thompson 2011, p. 9-10.
  13. Thompson 2011, p. 10.
  14. Thompson 2011, p. 17.
  15. Thompson 2011, p. 18.
  16. Thompson 2011, p. 22, 24.
  17. Thompson 2011, p. 31.
  18. Thompson 2011, p. 32.
  19. Thompson 2011, p. 32-33.
  20. Thompson 2011, p. 39.
  21. Thompson 2011, p. 39-40.
  22. Thompson 2011, p. 43-44.

Bibliographie

  • Giles Milton (trad. de l'anglais par Florence Hertz), Les saboteurs de l'ombre : la guerre secrète de Churchill contre Hitler [« The Ministry of Ungentlemanly Warfare »], Libretto, (1re Ă©d. 2018) (ISBN 9782369147565).
  • (en) Leroy Thompson, Fairbairn-Sykes Commando Dagger, vol. 7, Osprey Publishing, coll. « Weapon », , 80 p. (ISBN 9781849084314).
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