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Coup d'État de 1965 au Burundi

Le coup d'État de 1965 au Burundi constitue l'événement où un groupe d'officiers hutus de l'armée du Burundi tente de renverser le gouvernement du Burundi par un coup d'État, les 18 et 19 octobre 1965. Les rebelles protestent contre ce qu'ils perçoivent comme du favoritisme, de la part de la monarchie burundaise, en faveur de la minorité tutsi dans un contexte où, après l'indépendance obtenue de la Belgique en 1962, des tensions ethniques croissantes étaient apparues. Le Premier ministre est blessé par balle mais le coup d'État échoue et provoque une réaction contre les Hutus durant laquelle des milliers de personnes, y compris les participants au coup d'État, sont tuées. Cela facilite aussi un militantisme tutsi à l'encontre de la monarchie tutsi modérée, lequel se traduit par deux coups d'État ultérieurs en juillet et novembre 1966. À l'occasion de ce dernier, la monarchie est abolie, le général Michel Micombero, un Tutsi, s'installe au pouvoir et se comporte en dictateur.

Contexte

En 1962, le mandat belge sur le Ruanda-Urundi prend fin, aboutissant Ă  l'indĂ©pendance de deux pays devenus la RĂ©publique du Rwanda et le Royaume du Burundi. Les deux États ont historiquement des monarchies tutsi gouvernant des populations majoritairement hutu. La monarchie rwandaise est abolie en 1959-1961. Durant les premières annĂ©es de son indĂ©pendance, le Brurundi semble avoir obtenu un Ă©quilibre entre les groupes ethniques (ou pseudo-ethniques), lesquels disposent de reprĂ©sentants dans le gouvernement, sous la direction du roi (mwami) Mwambutsa IV, un Tutsi apprĂ©ciĂ© par les deux groupes. Les Tutsis, les Hutus et les Ganwas sont prĂ©sents dans le parti politique dominant, l'Union pour le progrès national (UPRONA)[1]. En octobre 1961, un peu avant la date prĂ©vue de l'indĂ©pendance, le Premier ministre, le prince Louis Rwagasore est assassinĂ©, ce qui entraĂ®ne des tensions qualifiĂ©es d'« ethniques Â» dans le pays[2] - [1]. Après une pĂ©riode oĂą tous les Premiers ministres sont tutsis, Mwambutsa nomme en 1963, une première dans l'histoire du Burundi, un Premier ministre hutu, Pierre Ngendandumwe, qui est assassinĂ© en 1965 (il n'Ă©tait plus Premier ministre) par un Tutsi rwandais. Les Ă©lections lĂ©gislatives de 1965 se tiennent dans un atmosphère de fortes tensions ethniques. Les Hutus obtiennent la majoritĂ©, mais le roi Mwambutsa rĂ©voque le Premier ministre hutu Joseph Bamina, remplacĂ© par un Tutsi, LĂ©opold Biha (en), en octobre 1965[1].

Le coup d'État et ses conséquences

L'arrivée au pouvoir de Biha en tant que Premier ministre provoque des dissensions entre les Hutus et la monarchie burundaise[2], à tel point que des officiers de l'armée fomentent un coup d'État contre le gouvernement tutsi les 18 et 19 octobre 1965[3].

Un petit groupe de Hutus venus de l'armĂ©e et de la gendarmerie marche sur le palais royal. Biha est blessĂ© par balle[1]. Le coup d'État est dĂ©jouĂ© par les troupes menĂ©es par un officier tutsi, le colonel Michel Micombero[1]. Les chefs rebelles sont Gervais Nyangoma, un parlementaire, et Antoine Serukwavu, secrĂ©taire d'État Ă  la gendarmerie[4]. Trente-quatre soldats Hutus, impliquĂ©s dans le coup d'État, sont arrĂŞtĂ©s et exĂ©cutĂ©s. Des Hutus prĂ©sents dans la police et dans l'armĂ©e, qui n'avaient pris aucune part aux Ă©vĂ©nements, sont aussi arrĂŞtĂ©s et beaucoup sont exĂ©cutĂ©s. Cette tentative provoque d'immĂ©diates tensions qualifiĂ©es d'« ethniques Â» dans tout le pays. Des milliers de personnes, la plupart hutus, sont tuĂ©es dans ce qui est vu comme un prĂ©lude au gĂ©nocide de 1972[4].

À la suite de ces événements, le roi Mwambutsa part en exil et ne revient jamais au Burundi[4]. L'échec de ce coup d'État hutu provoque une contre-réaction tutsi sous forme de factions extrémistes désireuses de se saisir du pouvoir. Elles fomentent un coup d'État en juillet 1966, installant un nouveau mwami puis, en novembre 1966, portent le général Michel Micombero au pouvoir[5]. Ce dernier devient le premier président de la République et, de facto, un dictateur, jusqu'en 1976[4].

Références

  1. (en) David-Ngendo Tshimba, « 2015 as a repeat of 1965 in Burundi: the stubbornness of political history », Thinking Africa, (consulté le )
  2. Lemarchand 1995, p. 59.
  3. Lemarchand 1995, p. 59-60.
  4. Jean-Pierre Bat, « Le premier coup d’État au Burundi (18 octobre 1965) », Libération (Africa4),‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. Lemarchand 1995, p. 60.

Bibliographie

  • (en) RenĂ© Lemarchand, Burundi : Ethnic Conflict and Genocide, New York, Woodrow Wilson Center Press, , 206 p. (ISBN 0-521-45176-0)
  • Augustin Mariro, Burundi 1965 : la 1re crise ethnique. Genèse et contexte gĂ©opolitique, Paris, L'Harmattan, , 273 p. (ISBN 978-2-7475-9021-1 et 2-7475-9021-6)
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